Le Livre de l’Atlantide/Les preuves scientifiques

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Maurice Glomeau (p. 17-43).




CHAPITRE II
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LES PREUVES SCIENTIFIQUES
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Le récit de Platon a été de tout temps le sujet de nombreuses discussions. Au moyen-âge, la question de l’Atlantide a été soulevée, et de nombreux moines ont mis en doute l’existence de l’Atlantide, se basant sur le fait que Moïse n’en parlait pas dans la Bible, qu’ils n’avaient pas su traduire. Or, la Bible étant considérée comme l’histoire véritable du monde primitif, on rejeta le récit de Platon, comme étant un récit profane et païen. Seuls les adeptes aux initiations gnostiques et égyptiennes admettaient l’existence du continent disparu, mais gardaient cette tradition pour eux. La question de l’Atlantide constitua le motif qui poussa Colomb à partir dans l’inconnu. Au fond, son but était d’éclaircir ce problème. Ses calculs lui avaient appris que la terre était ronde. Il pensait avec raison qu’en allant droit devant lui à travers cet océan Atlantique que l’on n’osait parcourir, si l’Atlantide existait encore, il le verrait bien. Car, depuis le déluge qui avait occasionné l’engloutissement de Poseidonis, aucun marin n’avait osé s’aventurer sur l’Océan Atlantique. Les navigateurs de l’antiquité racontaient que l’on était arrêté, les uns par une barrière de flammes, un khéroub à l’épée flamboyante, les autres par un immense banc de vase, recouvert par une végétation luxuriante qu’il était impossible de franchir. Beaucoup affirmaient aussi qu’il y avait là un abîme qui conduisait à l’Enfer. La vérité était, sans doute, qu’à la suite de l’engloutissement de Poséidonis, il s’était élevé à sa place, dans la mer, dés bancs de pierres ponces, des amas de débris volcaniques, ainsi qu’on a pu l’observer à propos du Krakatoa. Cette barrière avait forcé les hardis navigateurs de l’antiquité à rebrousser chemin, et l’on avait pris l’habitude de considérer l’Atlantique comme fermé à toute possibilité de navigation. Puis l’horreur qu’avait causée le cataclysme, les dangers éprouvés par les survivants du déluge avaient aussi été la cause d’une interdiction dès prêtres antiques de s’aventurer dans les parages du continent disparu. Donc la route de l’Atlantique avait été abandonnée depuis la catastrophe de Poseidonis et Colomb ne voulut l’explorer à nouveau qu’à la suite d’un récit mystérieux d’un moine Irlandais qui prétendait être parti avec des navigateurs normands à travers l’Atlantique et avoir abordé à une terre immense peuplée d’hommes rouges. Colomb crut que cette terre était un débris de l’Atlantide et voulut s’en rendre compte. Et ce fut ainsi qu’il découvrit l’Amérique, sans encombre, ne se heurtant point à cette mystérieuse barrière dont parlaient les navigateurs antiques et que le temps et la mer avaient peu à peu dissoute. Beaucoup crurent que l’Amérique n’était autre que l’Atlantide. Elle était en effet peuplée d’hommes rouges. Le philosophe Bacon se rangea à cet avis. Mais Rome intervint. Cette découverte d’un continent nouveau dérangeait son dogmatisme — qu’allait devenir alors la légende d’Adam et d’Ève, et le paradis terrestre localisé en Asie ? Mais des prêtres démontrèrent avec raison que l’Amérique ne pouvait être l’Atlantide, car le continent nouveau était connu depuis bien longtemps. On y avait abordé par la route des Indes et jusqu’alors on l’avait considéré comme des terres inexplorées appartenant à l’Asie. Les enfants d’Adam, partis d’Asie, avaient essaimé sur le continent américain comme ils avaient essaimé en Europe, en Afrique. D’ailleurs les Dominicains citèrent à l’appui de ces dires la similitude des rites religieux, des mœurs, des usages qui existaient entre l’ancien et le nouveau continent. Les Indiens connaissaient la Croix et l’adoraient, ils connaissaient la communion donc ils tenaient ces révélations divines d’Adam ou ils les tenaient du diable. Cette dernière supposition rencontra des Croyants. Ce fut le motif de beaucoup de massacres d’Indiens ordonnés par des évêques fanatiques d’Espagne et du Portugal. Ainsi Rome parvint à rattacher l’Amérique à son histoire sacrée et les Peaux Rouges, aux Fils d’Adam. La question de l’Atlantide fut abandonnée et le récit de Platon ne rencontra plus que des incrédules. Elle ne fut étudiée à nouveau qu’au XVIIIe siècle. Des géologues et des naturalistes reprirent la discussion de l’existence de l’Atlantide, frappés par les observations qu’ils avaient faites de la modification physique des terrains et aussi pour chercher une explication des similitudes existant entre les races animales et les flores du nouveau et de l’ancien continent. On ne voyait pas, en effet, comment certaines espèces animales avaient pu traverser à la nage l’Océan Atlantique. Il avait dû y avoir un pont naturel, un continent intermédiaire. Mais les philosophes intervinrent. Th. Martin et Humboldt traitèrent l’Atlantide de mythe. Buffon, Tournefort, Oviedo, Mac Culloch, Paw, Bory de Saint Vincent, Gaffarel, prouvèrent par contre que l’Atlantide avait existé et la plaçaient dans l’Océan Atlantique. Enfin, les théories de Lamarck et de Darwin vinrent renforcer la discussion. Le monogénisme et le polygénisme l’activèrent, puis les découvertes paléontologiques et anthropologiques affirmèrent la nécessité de continents intermédiaires permettant l’évolution de certains progéniteurs de nos espèces actuelles passées en instance d’évolution d’Amérique en Europe. Sous la Révolution, l’astronome Bailly, maire de Paris, affirmait dans uni ouvrage l’existence de l’Atlantide, mais plaçait ce continent au Groenland, au Spitzberg, à la Nouvelle Zemble. Le continent dont il parle n’est point l’Atlantide, c’est le continent hyperboréen. L’Atlantide de Bailly n’est donc que le continent hyperboréen des traditions. Rudbek place l’Atlantide en Scandinavie. Nous verrons que la Scandinavie a appartenu à l’Atlantide mais n’a jamais constitué à elle seule ce continent. Son Atlantide serait plutôt le continent boréen, berceau de la race blanche et qui, en effet, d’après la tradition, était situé en Scandinavie, vers le cap Nord. Buache place l’Atlantide entre le Cap de Bonne Espérance et le Brésil. Qu’il y eût là un prolongement de l’Atlantide, c’est fort possible, mais il est plus certain que le continent auquel il fait allusion n’est autre que la Lémurie des traditions. Puis des historiens aimant la fantaisie, comme Latreille, ont vu l’Atlantide dans la Perse ! Pourquoi la Perse ? Aucune tradition antique ne lui donne cet habitat et cependant, sur le lieu de l’Atlantide, ces traditions convergent et donnent une hypothèse cent fois plus simple. Mais voilà, elle est trop simple. Par ailleurs un cataclysme, un déluge semblent à beaucoup un conte de fées. Quant à de Baer, il voit dans le récit de Platon le symbole des douze tribus juives. L’écroulement de l’Atlantide est renfermé dans l’allégorie de l’engloutissement de Gomorrhe et de Sodome. Que Gomorrhe et Sodome se rattachent à un fait historique corollaire de l’histoire atlante, c’est fort possible, mais voir là dedans l’Atlantide de Platon, c’est une pure fantaisie, Gomorrhe et Sodome étaient des colonies atlantes. Ces deux villes étaient situées sur l’emplacement actuel de la Mer Morte. Lorsque le dernier déluge eut lieu, il en résulta par toute la terre des tremblements formidables. Un peu partout des volcans tonnèrent et crachèrent du feu. Sodome et Gomorrhe furent englouties dans une crevasse d’où jaillit un volcan qui disparut à son tour laissant à sa place la Mer Morte que nous connaissons et qui n’est qu’un lac d’asphalte. Le bitume de ses eaux révèle assez son origine volcanique.

Un historien moderne, M. Berlioux, place l’Atlantide dans la région de l’Atlas et identifie les Atlantes et les Lebons, que l’histoire égyptienne montre comme de hardis marins, ayant cherché à dominer le bassin méditerranéen et à arracher aux Phéniciens et aux Égyptiens leurs colonies. Il voit dans la fête athénienne célébrant la victoire des Hellènes sur les Atlantes un épisode de la lutte des Lebons et des Grecs. C’est une grave erreur. Que la région de l’Atlas ait été une presqu’île du continent Atlantide, nous le montrerons plus loin. Identifier cette région avec le continent de Platon, c’est une hypothèse sans valeur. La région de l’Atlas a sans doute été, il y a 800.000 ans, une vaste île, car le Sahara était alors une mer. Cette île était une colonie peuplée d’Atlantes. Mais les Lebons ne sont point ces Atlantes. Ils n’en sont aucunement les fils. Les Atlantes étaient rouges, les Lebons sont représentés avec un teint blanc, des yeux bleus, des cheveux blonds. Les Lebons sont des boréens et non des rouges. Ils ont en effet lutté contre les Égyptiens, mais la victoire des Hellènes, que rapporte la tradition, ne les concerne point. Cette victoire eut lieu 9.000 ans avant J. C. Or, les Lebons n’ont occupé l’Afrique que vers 5 ou 4.000 ans avant J. C. Donc les Lebons ne peuvent point être assimilés aux Atlantes et l’hypothèse de M. Berlioux ne repose sur rien.

Le récit de Platon, si simple et si précis, a servi de base aux recherches de nos géologues et anthropologistes contemporains ; ceux-ci ont reconnu que ce récit était basé sur des faits réels et n’était nullement un mythe. C’était l’hypothèse la plus logique et la moins imaginative. Les recherches furent donc en conséquence effectuées dans l’Océan Atlantique. L’Angleterre envoya le Challenger, l’Hydra et le Proserpine opérer des sondages. Les États-Unis) suivirent cet exemple et le Dauphin, le Gettysburg en compagnie de la canonnière allemande La Gazette explorèrent les bas fonds de l’Atlantique à l’endroit indiqué par Platon. Il résulta de ces différents sondages l’affirmation qu’il y avait au fond de l’Océan une vaste île engloutie avec des vallées, des montagnes, des plateaux. Cette île mesurait 3.000 de long sur 100 milles de large. Une immense chaîne de montagnes la traversait et s’y épanouissait, allant dans la direction Sud-Ouest depuis le 50e Nord jusqu’aux côtes de l’Amérique méridionale. Un rameau de cette chaîne prenait une direction S. E. vers l’Afrique et bifurquait vers le sud jusqu’à Tristan d’Acunha ; cette chaîne était haute de 9.000 pieds et il a été prouvé à ce moment que les îles Açores : Saint Paul, Ascension, Tristan d’Acunha n’étaient que les pics de cette immense montagne engloutie. Donc il y a bien au fond de l’Océan un continent effondré dont les sommets des montagnes émergent seuls à l’heure actuelle et constituent des îles. Puis les sondages révélèrent encore que cette île immense était couverte de débris volcaniques provenant d’éruptions gigantesques. Or Platon, comme les livres mayas, raconte que l’engloutissement de l’Atlantide a été précédé d’éruptions volcaniques. Ces faits matériels constituent une preuve tangible de la vérité de la tradition.

L’anthropologie fournit à son tour des témoignages nombreux, en faveur du récit de Platon. La loi de l’évolution suppose pour se développer l’existence de progéniteurs. Nos races actuelles ont donc eu, d’après ce principe, des ancêtres moins évolués et présentant des caractères très nets d’infériorité physique. Ainsi notre cheval est le descendant évolué du protohippus et l’évolution porte sur le pied qui peu à peu s’est modifié et a perdu les doigts primitifs et inutiles pour la course, ne laissant subsister qu’un seul doigt dont l’ongle est devenu sabot. Il est à remarquer que l’on n’a point trouvé en Europe, en Asie, en Afrique, un grand nombre de progéniteurs de nos espèces actuelles, tandis qu’on les retrouvait dans les terres américaines à l’état fossile, quoique, chose étonnante, les produits de ces progéniteurs n’existassent point en Amérique lors, de sa découverte ! Ainsi le progéniteur du cheval, le protohippus, est un fossile américain. On ne l’a rencontré ni en Europe, ni en Afrique, Une de ses formes plus évoluées a sans doute été trouvée dans la région du Thibet, mais l’habitat réel du protohippus a bien été l’Amérique. Or le cheval, qui en descend, n’existait point en Amérique lors de sa découverte et on ne l’y a point retrouvé à l’état fossile, tandis que le cheval pullulait en Europe, en Afrique, en Asie. Il faut donc bien que le cheval ait émigré à une époque éloignée d’Amérique en Europe. Cette émigration n’a pu se faire à la nage. Il a fallu nécessairement qu’un continent intermédiaire existât, où les formes protohippiennes en instance d’évolution vécurent et se rendirent par ce pont naturel en Europe et en Afrique. Mais, dira-t-on, comment expliquer que le protohippus ne s’est point évolué également sur les terres américaines ? Cela tient à ce que les terrains où l’on a rencontré des fossiles du protohippus appartenaient à l’Atlantide et ont été à plusieurs reprises submergés. Les chevaux ont reculé devant l’eau envahissante et, par le moyen de l’Atlantide, ont gagné les terres nouvelles qui sortaient de l’Océan ; puis, lorsque l’Amérique est à son tour ressortie des eaux, ils ne sont point retournés en arrière, pour la bonne raison que l’Atlantide n’existait plus à ce moment, ou du moins né subsistait plus qu’à l’état d’île. Et voilà comment l’Amérique a été le berceau du cheval, de l’éléphant, du chameau, du rhinocéros, de l’élan irlandais, du bœuf musqué, du bison, du cerf, du lion. Toutes ces espèces se rencontrent à l’état fossile dans les terres américaines appartenant à l’Atlantide et ont émigré peu à peu en Europe, en Afrique, en Asie par ce continent intermédiaire. L’anthropologie admet donc nécessairement l’Atlantide, pour expliquer ces émigrations d’animaux originaires d’Amérique et qui n’y subsistaient plus lors de sa découverte. Ce qui est vrai pour la faune l’est également pour la flore. Des plantes ont émigré d’Amérique en Europe. Enfin se pose la fameuse question du bananier. Le bananier n’est qu’un plantain évolué par la culture. Il ne se reproduit que par des boutures et se transporte très difficilement. Il faut tous les soins qu’apporte dans ses expériences notre science moderne pour effectuer un transport de plants de bananier. Or le bananier se trouve en Afrique et en Amérique ! Il a fallu nécessairement que ce produit d’une civilisation fût apporté d’un pays dans un autre et, comme il ne peut se transporter, il a fallu qu’un continent intermédiaire lui permît d’émigrer peu à peu par des boutures successives. Ou il a émigré naturellement par boutures, ou il a été transporté par des hommes jouissant d’une civilisation avancée, et cela à une époque très reculée, car le bananier est connu depuis très longtemps. Ces hommes ne peuvent être ni les peuples de l’antiquité que nous connaissons, ni les Peaux-Rouges, car ni les uns ni les autres n’avaient les moyens d’effectuer un transport aussi délicat.

La malacologie montre aussi qu’il existe dans le pays des Basques une flore locale qui ne ressemble en rien à celle d’Europe et semble avoir été importée d’Amérique. L’Helix quimperiana et l’Helix constricta sont des produits de la flore Américaine et, chose curieuse, l’Helix quimperiana ne se rencontre en France qu’au pays des Basques et aux environs de Quimper, deux terres que la tradition considère comme ayant appartenu à l’Atlantide.

L’entomologie présente des résultats identiques. Bref au point de vue scientifique naturaliste, l’existence de l’Atlantide peut seule expliquer comment la faune et la flore fossile d’Amérique a pu se transporter en Europe et y arriver dans un degré d’évolution qu’elles n’ont point connu en Amérique. L’Atlantide a été la terre intermédiaire, où des formes primitives américaines ont évolué avant de s’adapter en Europe. Elle est donc, à tous les points de vue, un continent de transition. L’ethnologie est non moins significative que l’anthropologie. Elle montre en effet que des similitudes nombreuses existent entre certaines races des deux continents, et cela aux points de vue anatomique, sociologique, ethnographique, mœurs et usages.

L’Amérique était peuplée, lors de sa découverte, par un grand nombre de races. Il y avait la race rouge, représentée principalement par les Péruviens, les Mexicains, les Mayas et autres peuplades peaux rouges ; la race blanche, représentée par les tribus du Menomissec, du Dakota, du Mandan, du Zuni, avec des cheveux blonds, des yeux bleus ; la race noire, avec les indigènes du Kansas et de la Californie ; enfin la race jaune, avec certaines tribus du Nord et de l’Hudson. Mais à part la race rouge, qui était la plus nombreuse et qui s’était conservée pure, les autres races étaient plus ou moins mêlées à du sang rouge. D’où une diversité de types, un extraordinaire mélange de noir, de blanc, de jaune, de rouge, qui longtemps a intrigué les ethnologistes. Certains ont vu dans l’Amérique le berceau de toutes les races et ont expliqué ainsi cette diversité de couleurs. Mais la vérité est plus simple. La race rouge a d’abord exclusivement dominé en Amérique. Elle est le produit de ce sol. Des émigrations des noirs polynésiens ont créé ensuite un type rouge-noir par croisement. Ces émigrations ont eu lieu dès la plus haute antiquité et, de tous temps, les naturels des archipels polynésiens ont entretenu des relations avec l’Amérique. On sait en effet la hardiesse avec laquelle ils n’hésitaient point à franchir en mer de grandes distances sur de frêles esquifs. Il y eut ensuite des émigrations mongoles par le détroit de Behring, ce qui donna naissance à un type rouge cuivré aux yeux bridés, que l’on rencontre vers le lac Michigan. Ces émigrations de Jaunes furent nombreuses, et voilà l’origine de la découverte d’inscriptions chinoises en Amérique et de statuettes représentant Bouddha assis sur une tortue d’espèce asiatique et tenant le lotus en main. Enfin il y eut des émigrations boréennes par l’Islande, le Groenland, ce qui constitua, mélangé aux rouges, des individus à yeux bleus, à cheveux châtains, à teint légèrement bronzé, tels les Dakota, les Manda. Puis peu à peu, avant Colomb, de nombreuses barques de pirates normands abordèrent en Amérique, y laissant des colonies blanches et des inscriptions runiques. Donc il y a eu en Amérique une superposition de races de couleurs différentes qui se fondirent peu à peu entre elles et donnèrent cette variété infinie de types allant du noir au blanc par le jaune, le cuivre, le rouge, l’olive, mais toujours néanmoins avec une dominante rouge. Aussi, pour prouver l’Atlantide, nous ne nous arrêterons point à établir comme certains modernes les similitudes existantes entre les jaunes d’Amérique et ceux d’Asie, entre les blancs du nouveau continent et ceux de l’ancien. Ces similitudes découlent de la loi même des origines. Puis nous ne partageons pas l’avis des modernes, qui font venir de l’Atlantide les blancs, les noirs, les jaunes. L’Atlantide a ignoré la race blanche, née bien plus tard. Elle a civilisé sans doute les Noirs, mais cela par l’intermédiaire de ses colonies africaines. La race noire est un produit africain et non atlante. Rangeons-nous donc à l’avis de la tradition, qui donnait à l’Atlantide comme habitants une race essentiellement rouge, et admettait à ses côtés, une race jaune-cuivre, dont l’habitat était l’Asie. Et une race noire déchue, la race lémurienne. Et voilà pourquoi nous n’interrogerons en Amérique que les races exclusivement rouges dans les analogies qu’elles présentent avec les races de l’ancien continent qui se disent descendre des Rouges atlantes, tels les Égyptiens, les Basques, les Étrusques, les Chaldéens.

En Europe, une grande parenté existe entre les Basques, les Corses, les Guanches. Ce sont des dolichocéphales, ayant une forme crânienne des plus caractéristiques. Or il est curieux de constater que l’on rencontre cette dolichocéphalie chez certains naturels américains. Même crâne, même teint rougeâtre, mêmes caractères physiques. Cette race dolichocéphale, que l’on rencontre aussi en Afrique sur les côtes atlantiques, ne se rattache aucunement à la race indo-européenne. Elle forme sur notre continent un îlot à part, nettement défini au point de vue physique comme au point de vue mœurs et langages. Or cet îlot étranger à notre Europe et à ses races se rattache singulièrement aux races américaines. Elles découlent des mêmes progéniteurs physiques et sociaux. D’ailleurs, les Basques sont les premiers à reconnaître qu’au début, d’après leur tradition, ils vivaient isolés dans un pays restreint, borné de tous côtés par la mer. Ce n’est que plus tard, disent-ils, que des émigrations noires venant du Midi, puis des émigrations blanches venant du Nord envahirent le pays qui sortait des eaux et le peuplèrent. Ils se reconnaissaient en somme complètement en dehors de toute famille européenne, un peuple à part et d’une antiquité supérieure aux noirs et aux blancs. Leurs deux idiomes l’Eskualduna et l’Euskarien leur donnent raison. En effet, la linguistique est forcée de reconnaître que ces idiomes ne peuvent aucunement découler des langues indo-européennes. Ils ne se rattachent pas davantage aux langues africaines et asiatiques. Ils semblent cependant vaguement apparentés à la langue des Guanches, à l’Étrusque, à l’Égyptien primitif, et au Thibétain primitif. Mais cette parenté est extrêmement lâche, tandis qu’au contraire certains idiomes américains ressemblent à tel point à la langue basque que des naturels Peaux-Rouges du Canada pourraient comprendre sans difficulté un Basque. Cela ne peut être dû au hasard. Nous venons de dire que le Basque ne semblait dans l’ancien continent n’être que vaguement apparenté à l’Égyptien primitif, au Thibétain primitif, à l’Étrusque. Cela est vrai, car il est permis de supposer que les Basques, se rattachant à cette race rouge dont les Étrusques, les Égyptiens, et les Thibétains primitifs se disaient issus, avaient dû forcément avoir les mêmes progéniteurs linguistiques. Seulement, tandis qu’au pays basque la langue restait fixe et immuable comme elle l’est restée en Amérique dans certaines tribus, elle évoluait au Thibet et surtout en Égypte, se défigurant peu à peu au contact des idiomes noirs et boréens. Seul l’Étrusque qui, à l’heure actuelle, reste encore mystérieux, semble être une forme plus évoluée que le Basque, mais moins évoluée que l’Égyptien. L’avenir démontrera peut-être que cette langue est l’intermédiaire entre le Basque et l’Égyptien.

Mais ce qui est caractéristique au point de vue de l’Atlantide, c’est cette conformité de langage de deux peuples ayant les mêmes caractères physiques et étant séparés par un Océan immense. De plus, ces deux peuples n’ont jamais été navigateurs. Il y a donc eu, à un moment donné, un pont naturel. Ce pont était l’Atlantide.

En Europe, certains types bretons à peau rouge, à nez en forme d’aigle, ressemblent aussi d’une façon étonnante, au point de vue physique, à certains types américains. Ces Bretons constituent de petits îlots, très concentrés, et jamais ne se sont mêlés aux peuples environnants, envers lesquels d’ailleurs ils affectent du mépris. Et il est curieux de constater la parenté physique de ces Bretons avec certaines peuplades italiennes descendant des Étrusques, avec certains types égyptiens et indous. Ces Bretons se rattachent donc à la race rouge et sont totalement étrangers aux Sudéens et aux Boréens.

Mais où la parenté existant entre les rouges d’Amérique et les rouges d’Europe éclate merveilleusement, c’est dans la comparaison des Égyptiens et des peuples qui s’y rattachent (Phéniciens, Rumero, Accadiens, Étrusques) avec les Péruviens, les Mayas du Yucatan et les Mexicains, peuples représentant en Amérique la race rouge dans toute sa pureté. Même forme crânienne, mêmes usages, mêmes architectures, mêmes conceptions métaphysiques. On a la sensation très nette d’un progéniteur commun et ce progéniteur, que reconnaissent les traditions de ces peuples est, disent-elles, le pays d’Atlan, d’Atzlan, d’Atlantide, l’île mystérieuse enfouie au fond de la mer.

Au point de vue linguistique, il est curieux de constater la ressemblance existant entre l’alphabet phénicien et l’alphabet maya du Yucatan, entre le grec et le maya, le chiapanec et l’hébreu. Cette ressemblance entre le grec et le maya est, paraît-il, si grande qu’un des explorateurs des contrées américaines connaissant l’ancien grec, comprit la plupart des Mayas sans difficulté. « Le grec d’Homère en Amérique ! s’écria-t-il, mais c’est une invention du diable ! »

Qu’est-ce que le maya ? L’idiome d’un peuple rouge qui prétend descendre des Atlantes.

Qu’est-ce que le grec ? Un dérivé de l’hébreu, venant de l’Égypte. Or cette Égypte prétend être fille de la race rouge et descendre des Atlantes. Sa langue est l’hébreu primitif : non point le dialecte syro-araméen que nous connaissons, mais l’idiome de Moïse, la langue de Sepher, la langue sacrée des peuples rouges échappés au déluge ! Donc le grec et le maya ont une origine commune, tous deux sont les dérivés d’une langue mère qui est la langue atlante, et l’Atlantide seule permet d’expliquer leur parenté. Un exemple :
Dieu au Mexique s’exprime par 2 mots : Théo et Zéo
Dieu en grec........................... Théo et Zéus
Dieu en Hébreu......................... Ja et Yah

Cette similitude frappante ne peut être due au hasard. Seule l’Atlantide donne la clé du mystère. Les rapports qui existent entre le chiapanec et l’Hébreu s’expliqueraient de la même manière. En un mot, l’hébreu primitif, qui était l’idiome sacré des Égyptiens, est une langue atlante, qui a été la mère, dans l’ancien continent, du grec (mélange d’hébreu et de celte) et du zeud (mélange d’hébreu et de pâli) ; et dans le nouveau, du maya et du chiapanec. On a été frappé aussi de la parenté existant entre l’alphabet maya et l’alphabet phénicien. Tous les deux sont à base phonétique et de nombreux signes concordent. Nous dirons pour expliquer cette parenté ce que nous avons dit pour faire comprendre celle qui unit le grec au maya. Le phénicien est un produit de l’Égypte. Son alphabet est né dans les temples Égyptiens, car l’Égypte a été la matrice où ont été enfantées les civilisations grecques phéniciennes, chaldéennes, indoues.

L’Égypte possédait quatre sortes d’écritures :

1° L’écriture épistolographique ; 2° l’écriture hiéroglyphique ; 3° l’écriture hiératique ; 4° l’écriture symbolique.

Le phénicien est un dérivé de l’écriture épistolographique égyptienne, qui était alphabétique, et les Égyptiens tenaient eux-mêmes cette écriture des Atlantes. Quant aux Mayas, ils tenaient leur alphabet, disaient-ils, des Colhnas, race qui s’était éteinte 1.000 ans avant J. C. Et ces Colhnas prétendaient venir du pays d’Atlan. Donc, là encore, l’Atlantide peut seule expliquer la parenté entre l’alphabet maya et l’alphabet phénicien. Les signes mayas sont hiéroglyphes en ce sens qu’ils représentent un objet et se manifestent par une décoration embrouillée et excessive. Les signes phéniciens ne sont en somme que ces hiéroglyphes, simplifiés par l’usage et l’évolution. Leur intermédiaire est l’écriture égyptienne, plus simple que le maya mais plus ornée que le phénicien. Voici d’ailleurs quelques exemples montrant l’identité des alphabets et la nécessité d’admettre un progéniteur commun :

Donc on peut établir scientifiquement qu’une réelle parenté existe entre les langues et les alphabets des peuples rouges de l’ancien et du nouveau continent. Ces peuples ont donc eu forcément des relations sur une terre commune. D’où la nécessité de l’Atlantide.

Les mœurs et les coutumes des Péruviens et des Mexicains offrent une curieuse ressemblance avec celles des Égyptiens et des peuples qui s’y rattachent. Au point de vue religieux, au Pérou comme en Égypte, étaient pratiqués les usages et rites suivants : le baptême, la confession, l’absolution, le carême, le mariage religieux, la communion sous les deux espèces et avec des hosties qui étaient des pains marqués du sceau sacré, l’embaumement des morts, la bénédiction avec la croix, l’adoration de la croix considérée comme symbole de la vie éternelle, la pénitence, la crémation. Des deux côtés de l’océan, même croyance en un seul Dieu, en l’immortalité de l’âme, en une vierge sacrée. Même culte sidéral, même adoration d’un disque d’or représentant le Soleil, mêmes fêtes religieuses, mêmes cérémonies. Pan était aussi adoré en Amérique qu’en Grèce, et sous le même nom. On connaissait au Pérou des ordres religieux, des ordres monastiques où la mort punissait celui qui trompait ses vœux. Il y avait aussi des vestales, gardiennes du feu sacré, vierges pures qui, si elles se laissaient séduire, étaient, comme à Rome, enterrées vivantes ! Les Chippewayames connaissaient l’histoire de Tantale, la légende d’Atlas, les Méduses aux cheveux de serpents, l’histoire de Deucalion ; et chez les Mexicains, Jupiter et son tonnerre étaient adorés ! Bref, on peut dire que la religion péruvienne est identique à la religion égyptienne, comme métaphysique et comme rites.

Est-ce pur hasard ?

Le calendrier maya est semblable au calendrier chaldéen et la chronologie maya est la même. Les noms des vingt jours du mois aztèque sont identiquement ceux du Zodiaque chaldéen.

Est-ce pur hasard ?

La magie était connue des Péruviens : ils la pratiquaient et admettaient, comme les Grecs, la lycanthropie. Ils se disaient, à l’égal des Égyptiens, fils du soleil et racontaient sur le déluge des histoires identiques à celles des Chaldéens. Ils avaient un Noé, qui construisit une arche. Ils brûlaient aussi leurs morts, ou bien les enterraient dans des tumuli comme les Étrusques, avec leurs armes, leurs bijoux, des vases précieux, ou encore les embaumaient. Or, le procédé d’embaumement que les Péruviens employaient était identique à celui des Égyptiens. Mêmes incisions, mêmes précautions, et les momies péruviennes comme les momies égyptiennes ont toutes dans la bouche une lame d’argent.

Est-ce pur hasard ?

Les naturels de la vallée du Mississipi pratiquaient cette curieuse coutume de la couvade, que l’on retrouve en Europe chez les Basques. Aussitôt accouchée, la femme se lève, et cède son lit au mari qui reçoit, couché, le poupon dans ses bras, les félicitations des amis ! Cet usage singulier n’est pratiqué en Europe que par les Basques. Or comment expliquer que cette coutume se retrouve ainsi localisée en Amérique ?

Est-ce pur hasard ?

Il y a une ressemblance étrange entre les noms de lieux et de personnages à Haïti et aux Canaries, au Pérou et en Égypte, au Mexique et en Grèce. Ainsi le mot Maya est un mot qui se retrouve à chaque pas en Grèce, en Égypte, dans l’Inde. Il a donné Marie, Miriame, Marianne, etc.. La coiffure égyptienne appelée Calantica se retrouve sur des statues du Mexique. Elle est cependant spéciale et caractéristique. Quant aux monuments égyptiens, ils ressemblent singulièrement aux monuments péruviens. Mêmes conceptions architecturales, même esthétique, mêmes procédés de construction et, ce qui est plus bizarre, même orientation des monuments religieux et même disposition des chambres intérieures et des galeries. Les pyramides d’Égypte sont identiques à celles du Pérou. Chez les deux peuples, elles sont un gnomon et expriment le symbole du quatre dans l’un. Les Mound builders de la vallée de l’Ohio sont des pyramides ayant des proportions analogues à celles d’Égypte. Celle de Cahokia a 97 pieds de hauteur. Il y a aussi une grande similitude entre les ruines de Teotihuacan et celles de Karnak. Les deux peuples ont construit des tumuli, des cairns, des cryptes, des aqueducs, des arches et ont employé le ciment, la brique. Les portiques de Kabah ressemblent à une construction romaine primitive., Quant aux sculptures, aux décorations murales, aux ornementations, elles sont de même étroitement parentes et certaines céramiques de Mexico seraient prises pour des céramiques égyptiennes.

Est-ce pur hasard ?

Puis, comment expliquer l’apparition du bronze en Europe sans qu’il y ait eu auparavant un âge du cuivre et un âge de l’étain ? Or un âge du cuivre a existé en Amérique vers les Grands Lacs, et c’est le seul lieu de la terre où il a existé ! Là seulement, on retrouve des instruments en cuivre pur. Partout ailleurs on ne retrouve que du bronze. Or le bronze n’a pu être trouvé avant un long usage du cuivre et de l’étain. Le bronze a donc été apporté en Europe, en Asie, en Afrique par un peuple commerçant et hardi. Comment expliquer aussi la découverte en Amérique de pointes de flèches, de haches, et de statuettes en néphrite et en jadéites, alors que nul gisement de ces pierres n’existe en ce pays ? Et d’où viennent ces marteaux de pierre portant le signe sacré et mystérieux du Swastika indou et égyptien.

Enfin, pourquoi ce parti pris des naturels américains de se servir, comme motif d’ornementation, de l’éléphant, qui a disparu de l’Amérique à la fin du Tertiaire et qui d’ailleurs n’y a existé que comme mammouth, lequel diffère sensiblement de l’éléphant ? Car les décorations péruviennes emploient l’éléphant qu’ils ne pouvaient pas connaître et non le mammouth. On trouve en effet au Pérou dés pipes en forme de tête d’éléphant, des vases, des sculptures représentant cet animal et une ornementation basée sur des trompes d’éléphants entrelacées. Notez aussi qu’en Irlande il a été retrouvé des pipes à tête d’éléphant et d’autres ornées qui ressemblent singulièrement aux pipes péruviennes ! Puis pourquoi des pipes en Irlande remontant à une époque très reculée, alors que l’introduction du tabac en Europe est récente ?

Le hasard n’a pu faire si bien les choses et il serait ridicule de vouloir s’appuyer uniquement sur lui dans le but de nier les traditions. Les traditions expliquent ces similitudes par l’existence de l’Atlantide ? Pourquoi ne point les admettre ? En effet, seule l’Atlantide permet d’établir le pourquoi de cette parenté. Elle devient le progéniteur nécessaire et tous ces faits affirment son existence.

Ainsi la science vient à l’appui de la tradition pour affirmer qu’il a dû y avoir un continent intermédiaire entre l’Amérique et l’Europe, un pont naturel qui a servi de passage à la flore, à la faune, et aux races humaines de ces deux continents. Maintenant, comment ce continent a-t-il pu s’écrouler et disparaître dans la mer, c’est que nous allons étudier.