Le Livre pour toi/Dans le chemin libre de mes années

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XXVIII


Dans le chemin libre de mes années, je marchais fière et je me suis arrêtée.

Mes pas affranchis ne suivaient que leur fantaisie, tu as emprisonné mes chevilles dans des liens de soie.

Mes yeux guetteurs interrogeaient toute la vie, ils ne voient plus que toi.

Mes doigts actifs sont demeurés inertes dans tes doigts.

Ma bouche ne chante plus que la joie que tu m’as donnée.

Et je resterai ta captive, comme la tanche prise aux mailles du filet, comme la perdrix qui sent des mains tenaces abattues sur sa liberté.

Que j’ignore la route et le reste du monde,

Que j’oublie les mots qui ne disent pas mon amour, les gestes qui ne doivent pas t’enlacer,

Que l’horizon se ferme à ton sourire,

Mais, je t’en conjure, ô Sylvius, comme la plus humble des choses qui ont une place dans ta maison, garde-moi.