Le Mahâbhârata (traduction Ballin)/Volume 1/Chap6

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Traduction par Ballin, L..
Paris E. Leroux (1p. 45-48).


CHAPITRE VI


DISCOURS DE DOURYODHANA (Suite)


Argument : On passe la nuit sur le plateau de l’Himalaya. L’armée demande un généralissime. Le roi Douryadhana charge le fils de Drona de le désigner. Celui-ci choisit Çalya, roi de Madra, qui est accepté, et qui accepte le commandement en témoignant de son dévouement.


292. Sanjaya dit : Tous les guerriers, enchantés de combattre, étaient réunis sur le plateau de l’Himalaya.

293. Çalya, Citrasena, le grand guerrier Çakouni, Açvatthâman, Kripa, Kritavarman le Çatvatide,

294. Soushena, Arishtasena, l’héroïque Dhritasena, et Jayatsena. Tous ces rois passèrent la nuit (en cet endroit).

295. Le héros Karna étant tué, tes fils, tremblants de la peur (que leur inspiraient leurs ennemis) victorieux, ne trouvaient de sûreté que dans la montagne de l’Himalaya.

296. prince, tous, décidés à se battre, se réunirent près de Çalya et dirent au roi, après l’avoir honoré selon la règle :

297. Tu ne dois combattre les ennemis qu’après avoir établi un chef de l’armée, qui nous protège dans la bataille (et sous les ordres duquel) nous puissions vaincre nos adversaires,

298. Alors Douryadhana, se tenant sur son char (se souvint) du meilleur parmi les plus grands guerriers, habile à tous les combats, pareil à Antaka dans la bataille :

299. Beau de corps, ayant la tête (bien) couverte (de cheveux), porteur d’un collier de coquillages, les yeux semblables à des feuilles de lotus ouverts, ayant la face (terrible comme celle) d’un tigre, brillant d’or,

300. Semblable à un robuste taureau pour l’épaule, l’œil, la démarche et la voix, ayant le bras bien nourri, étendu, libre et grand, avec la poitrine large et ferme,

301. En vitesse et en force, semblable à Arounânouya (Garouda) et au vent, resplendissant comme le fils d’Aditi, égal en sagesse à Ouçâna.

302. Pareil à la lune pour ces trois (choses) : le charme, la beauté, et la fascination du regard, semblable à un amas d’or et de lotus, ayant les jointures (des membres) bien attachées,

303. La cuisse et la jambe bien rondes, de beaux pieds, de beaux doigts, de beaux ongles, créé avec effort par le créateur qui (dut) se rappeler à plusieurs reprises les (diverses) qualités, (pour les réunir en ce sens mortel).

304. Qui réunit tous les signes favorables, qui est habile, qui possède un océan de connaissances, (toujours) victorieux, que la force et l’énergie des ennemis ne saurait vaincre.

305. Qui connaît dans son essence la science des flèches, (science) comprenant quatre padas et dix angas (parties), ainsi que les sangas et les vedas qui sont au nombre de quatre, et que les Akhyânas (légendes) portent à cinq,

306. Le grand ascète engendré d’une mère qui n’était pas née d’une matrice de (femme) par Drona (qui lui-même) n’était pas né d’une matrice (de femme) et qui s’était concilié la faveur de Triambaka (Çiva) par l’exécution pénible de vœux terribles.

307. Ton propre fils s’étant approché, ô dompteur des ennemis, de cet homme aux œuvres incomparables, sans égal en beauté sur la terre, possédant un océan de qualités, arrivé à la limite extrême de toutes les sciences, dit à Açvatthâman : Le fils du Gourou (Drona) est notre refuge suprême à tous. C’est pourquoi ordonne qui sera le maître de mon armée, et celui (avec lequel), quand nous l’aurons mis à notre tête, nous vaincrons les Pandouides.

310. Le Dronide dit : Que Çalya soit notre chef d’armée. Il est doué de noblesse, d’héroïsme, d’énergie, de gloire, de respectabilité, de toutes les qualités.

311. Il est venu vers nous par reconnaissance, abandonnant les fils de sa sœur ; c’est un général (d’armée) aux grands bras semblable à un autre Mahâsena (Kârtikeya).

312. Ô les plus grands des rois, ayant mis ce roi à la tête de l’armée, la victoire peut être obtenue par nous, comme elle le fut par les dieux (quand ils eurent choisi pour chef) l’invincible Skanda.

313. Le fils de Drona ayant ainsi parlé, tous les grands guerriers sans exception entourèrent Çalya et firent entendre un cri de victoire.

314. 315. Ils pensèrent au combat et s’y résolurent absolument. Alors Douryodhana ayant mis pied à terre et fait l’añjali, dit à Çalya qui se tenait sur son char (et qui était) dans les batailles, l’égal de Drona et de Bhîshma : ô toi qui aimes tendrement tes amis, le temps est arrivé

316. Dans lequel les hommes sages distinguent leurs amis de leurs ennemis. Sois donc, à la tête de l’armée, le héros qui nous conduira (à la victoire).

317. Quand tu iras au combat les Pandouides au cœur faible, et les Pâñcâlas avec ceux qui les conseillent ne verront pas leurs efforts (couronnés de succès).

318. Çalya dit : Ô roi, je ferai ce que tu me demandes, car tout ce qui est à moi, vie, royauté, fortune, est dévoué à tes intérêts.

319. Douryodhana dit : Je te choisis pour être le chef de l’armée, toi qui n’as pas d’égal parmi mes oncles 7, maternels. Ô le meilleur des guerriers, protège-nous dans les combats comme Skanda protège les dieux.

320. Ô Indra des rois, sois arrosé de l’eau sacrée, comme le fut Pâvaki (Kârtikeya) par les dieux. Ô héros, triomphe des ennemis, comme le grand Indra (vainquit) les Dânavas.