Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Celuy quiconque meurt en la verde jeunesse »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 31).
XIIII.


Celuy quiconque meurt en la verde jeunesse
Si de bon Citoyen il à fait le devoir,
Bon fils, & bon amis, ignare à décevoir :
Il à attaint le but de la courbe viellesse ;

Cest vivre longuement, vivre jusqu'a sagesse
Quiconque en est pourveu, s'il n'a peu se mouvoir
Plus longuement en vie, au moins il à fait voir
Que le but de la vie à la vertu se dresse :

L'ocieus ne meurt tard, mais il meurt longuement,
En ses jours bien que longs ne sont qu'un monument
Ou l'ame agit, & vit comme au cors d'une beste ;

Selon les actions, non pas selon les jours
Du temps je racourcis, ou prolonge le cours
On ne vit point quant l'ame à la mort est sujette.