Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Comme petis enfans d’une larve outrageuse »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 49).

XLIX.


Comme petis enfans d’une larve outrageuse,
D’un fantosme, ou d’un masque, ainsi nous avons peur,
Et redoutons ta mort, la concevant au ceur
Telle comme on la fait have, triste, & affreuse :

Comme il plait à la main ou loyale, ou trompeuse
Du graveur, du tailleur, ou du peintre flatteur
La nous représenter sur un tableau menteur,
Nous l’imaginons telle, agreable, ou hideuse :

Ces apprehensions torturant nos cerveaus
Nous chassent devant elle, ainsi comme bouveaus
Courent devant le loup, & n’avons pas l’espace

De la bien remarquer, ostons le masque feint,
Lors nous la treuverons autre qu'on ne la peint,
Gracieuse à toucher, & plaisante de face.