Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« L’enfance n’est sinon qu’une sterile fleur »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 51).

LIII.


L’Enfance n’est sinon qu’une sterile fleur,
La jeunesse qu’ardeur d’une fumiere vaine,
Virilité qu’ennuy, que labeur, et que peine,
Vieillesse que chagrin, repentance, & douleur,

Nos jeux que desplaisirs, nos bon-heurs que mal-heur,
Nos thresors et nos biens que tourment, & que geine,
Nos libertez que laqs, que prisons, & que chaine,
Notre aise, que mal-aise, & nostre ris que pleur :

Passer d’un àge à l’autre est s’en aller au change
D’un bien plus petit mal en un mal plus estrange
Qui nous pousse en un lieu d’ou personne ne sort.

Nostre vie est semblable à la mer vagabonde,
Où le flot suit le flot, et l’onde pousse l’onde,
Surgissant à la fin au havre de la mort.