Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« L’un vit treslonguement, l’autre dés le berceau »

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Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 37).
XXVI.


L’un vit treslonguement, l’autre dés le berceau
Aussi tost mort que né dans la fosse devale,
L'un touche jusqu'au seuil de la viellesse palle,
L'autre au verd de ses jours tombe dans le tombeau :

Nous jours sans retourner s'ecoulent comme l'eau,
Nous sommes distinguez par certain intervalle
De vivre & de mourir, mais l'issue est egale,
Charon nous passe tous dans un mesme batteau.

Puisque donc il convient desloger de ce lieu
Apprens à bien mourir, c'est mourir selon DIEU
De mourir volontiers quand il nous le commande :

Qui tousjours à ses jours met la dernière main,
Celui franc des soucis du tardif lendemain
N'a que faire du tems, mais le tems il amende.