Le Miroir des jours/Idéal

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Idéal (1912)
Le Miroir des joursMontréal (p. 211-212).


IDÉAL


 
Malgré tous les soucis caché, toutes les peines
Dont s’affole son cœur misérable et lassé,
L’homme en lui voit surgir des lueurs souveraines,
Astre allumé par Dieu, sur sa douleur dressé.

L’idéal lumineux de ses grands rayons calmes
L’embrase avec douceur, intérieurement ;
Il entend des chansons, il voit flotter des palmes
Et son esprit guidé s’envole au firmament.


Il monte en la clarté que la foi lui dévoile ;
Ses ailes sont l’espoir, sa force le désir ;
Il monte, et se repose à la première étoile,
Si la fatigue du bonheur l’a pu saisir !

Heureux si, pour jamais, perdant ce goût de cendre
Que sa bouche reçut de la réalité,
Du sommet de son rêve il ne pouvait descendre
Et vivait dans l’azur pendant l’éternité !