Le Père De Smet/Avant-propos
AVANT-PROPOS
Le P. De Smet est mort il y a quarante ans. Son œuvre a subi l’épreuve du temps ; il est possible de s’en faire une idée exacte : le moment est venu d’offrir au public une biographie.
Déjà le sujet a tenté plus d’un écrivain. L’année même où sa ville natale élevait une statue au grand Missionnaire, M. Godefroid Kurth consacrait à sa mémoire des pages éloquentes. Plus récemment, deux Américains ont publié une traduction de ses lettres, précédée d’une notice qui met surtout en relief son rôle d’explorateur[1].
Ces rapides esquisses faisaient désirer un portrait plus achevé. En même temps que l’apôtre et le défenseur des Indiens, il fallait montrer l’homme, avec son expansive nature, le religieux, avec son aimable vertu. C’est ce que nous avons tenté.
Les sources d’information ne nous ont pas manqué. Outre les ouvrages imprimés, nous avons consulté les notes et la correspondance inédite du P. De Smet. Dans ces lettres intimes adressées, soit à sa famille, soit à des amis, le missionnaire s’exprime avec une franchise qui, sur plus d’un point, permet de mieux entendre celles qui ont été écrites pour l’édification.
Nous avons retrouvé les témoignages des contemporains, jadis recueillis par le P. Deynoodt, en vue d’une histoire que lui-même se proposait d’écrire. Les vieillards qui connurent le P. De Smet nous ont communiqué leurs souvenirs. Enfin, nous avons interrogé les missionnaires, héritiers de ses travaux.
Il nous manque, sans doute, d’avoir visité le théâtre de son apostolat. Mais qui pourrait aujourd’hui le reconnaître ? La Prairie a fait place à des villes populeuses ; la race indienne est presque éteinte. C’est aux lettres du P. De Smet que les Américains eux-mêmes vont demander ce qu’était leur pays il y a soixante ans.
Si, après avoir lu ces pages, quelques-uns se sentent plus fiers de leur foi, plus ardents à la propager, notre ambition sera satisfaite, et nous ne regretterons pas notre effort.
- ↑ Chittenden et Richardson, Father De Smet’s Life and Travels among the North American Indians. New-York, 1905.