Le Père De Smet/Chapitre 23

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H. Dessain (p. 473-485).


CHAPITRE XXIII

NOUVELLE MISSION PACIFICATRICE


1867


Le P. De Smet était rentré à Saint-Louis au commencement d’août. À un hiver glacial avaient succédé des chaleurs torrides ; le thermomètre Fahrenheit atteignait 100 degrés à l’ombre ; le choléra sévissait terriblement. Pour le missionnaire, qui venait de quitter l’air vif et frais des montagnes, la transition était rude. Il resta plusieurs mois brisé de fatigue, dévoré de rhumatismes, et, ce qui lui était le plus sensible, menacé de surdité.

L’automne lui apporta quelque répit. Avec son ordinaire enjouement, il écrivait à un de ses neveux : « Ma santé est, grâce à Dieu, assez bonne en ce moment. J’ai rarement recours au médecin, et encore plus rarement à ses drogues. J’ai, depuis trois mois, sur ma cheminée, deux petites bouteilles, qui témoignent des attentions du pharmacien. Jusqu’à présent, je n’ai fait que les regarder, et empêcher qu’elles ne s’évaporent, car je pourrai, plus tard, en avoir besoin. Bientôt je vais entrer dans ma soixante-septième année. C’est un âge où, d’ordinaire, le manteau couvre une multitude d’infirmités. Je finirai par croire que je porte assez légèrement mon âge, car chacun me le dit, et je fais rire les autres quand je veux leur assurer que ma fin est proche ».[1]

Cependant la guerre contre les tribus révoltées durait toujours.

Tandis que le P. De Smet, au prix d’incroyables fatigues, travaillait à maintenir ou à ramener la paix, les Américains semblaient prendre plaisir à ruiner son œuvre. Les soldats, aussi bien que les colons, ne cessaient d’exaspérer les Indiens.[2]

En novembre 1864, s’était passé, dans le Colorado, un fait d’une révoltante barbarie.

Six cents Cheyennes, après avoir refusé de se joindre aux révoltés, s’étaient réfugiés près du fort Lyon, réclamant la protection des Blancs. Arrive le colonel Chivington, ancien ministre méthodiste, parcourant le pays à la tête d’un millier d’hommes, pour donner la chasse aux Indiens. Malgré leurs démonstrations d’amitié, les Cheyennes sont massacrés. Non contents de tuer, les soldats font subir à leurs victimes les derniers outrages. On voit un lieutenant faire mourir de sa main trois femmes et cinq enfants, puis, avec un sauvage plaisir, leur arracher la peau du crâne[3].

Quand la nouvelle parvint à Washington, le Congrès exigea une enquête. On rédigea de nombreux rapports ; puis l’affaire fut ajournée. Personne ne fut puni ; bien plus, il se trouva des hommes pour applaudir à cette odieuse boucherie.

Le général Carleton, chef de brigade au Nouveau-Mexique, joignait le cynisme à la férocité, et s’efforçait de couvrir, à l’aide de théories absurdes, sa conduite et celle de ses collègues. « Dieu tout-puissant, disait-il, fait naître les causes quand, au temps marqué, il veut qu’une race disparaisse pour faire place à une autre race. C’est comme un grand cercle tracé visiblement par Lui ; mais ses raisons sont trop profondes pour qu’on les puisse comprendre. Le mammouth et le mastodonte sont venus et ont passé ; l’homme rouge d’Amérique passe et disparaît ».[4]

Les Indiens ne se résignaient point à disparaître. Expulsés de leur propre sol, traqués comme des bêtes fauves, ils se croyaient tout permis contre leurs oppresseurs. Plusieurs provinces, notamment le Colorado, étaient ravagées par le pillage, le meurtre et l’incendie[5].

Les révoltés étaient maintenant plusieurs milliers. Chaque jour, de nouvelles tribus entraient dans la coalition ; aux Sioux s’étaient joints les Cheyennes et les Pieds-Noirs ; il était urgent d’empêcher le progrès de l’insurrection.

Cette fois encore, le gouvernement eut recours au P. De Smet. « Chacun connaît, lui écrivit le commissaire des Affaires indiennes, vos relations avec les tribus, et le merveilleux ascendant que vous exercez sur elles. Il n’est pas douteux que votre présence au milieu de ces tribus n’obtienne les meilleurs résultats… Aucune instruction spéciale ne vous sera donnée ; je m’en rapporte complètement à vous sur les moyens à prendre[6].

Le P. De Smet accepta, à la condition toutefois de ne recevoir aucune rémunération personnelle. « Je préfère, disait-il, être tout à fait indépendant en matière d’argent ; mon seul désir est d’être utile aux Blancs, et surtout aux pauvres Indiens ».[7]

Il allait, comme en 1864, relever sa mission officielle par l’exercice de l’apostolat.

Le départ de Saint-Louis eut lieu le 12 avril 1867. Le pacificateur n’était pas sans appréhension sur l’issue de l’entreprise : « Me recevront-ils parmi eux, ces fiers sauvages, dont le casse-tête est levé contre les Blancs, tandis que des centaines de chevelures pendillent au bout de leurs lances, et servent de parure aux guerriers et aux ardents coursiers qu’ils montent ?… La conviction que de ferventes prières m’accompagnent est pour moi un encouragement. Connaissant mon propre néant, je me mets avec confiance entre les mains de la Providence et sous la protection de notre bonne Mère, la Vierge Immaculée ».[8]

Pour échapper aux dangers qu’offrait chaque année, au printemps, la crue du Missouri, le P. De Smet avait pris la route de terre par Chicago jusqu’à Sioux City. Jamais encore il n’avait traversé la plaine ondulée de l’Iowa. « On dirait une mer agitée, devenue soudain immobile. Chaque jour, les mêmes aspects se représentent. Semblables à des vagues, collines et vallées se succèdent indéfiniment ; à peine aperçoit-on çà et là, au bord d’un ruisseau, la lisière d’un bois. En été, c’est un océan de verdure, parsemé de fleurs ; en automne, le feu consume tout, et laisse le pays couvert d’un sombre voile de deuil ; vient l’hiver, qui revêt la nature de son blanc linceul. En ce moment, l’hiver touche à sa fin ; la neige qui, dans la saison rigoureuse, atteint de deux à quatre pieds, fond et disparaît rapidement ; çà et là. quelques masses blanches, étincelantes et glacées, pendent encore au sombre flanc des collines ».[9]

À Sioux City, le P. De Smet monte sur un steamer, en compagnie du chef Pananniapapi, d’un petit groupe de Yanktons, et d’un interprète sioux. Plusieurs soldats destinés aux différents forts, font également route avec lui.

En sa qualité d’envoyé extraordinaire, il a reçu du gouvernement le titre de major, « titre, dit-il, singulièrement associé à celui de jésuite. Toutefois, il a cela de bon qu’il me donne libre accès auprès des soldats, dont plusieurs sont catholiques. Je leur consacre, non comme major, mais comme prêtre, tous mes moments disponibles… Nous avons à bord les exercices d’une petite mission ; mes journées se passent à faire le catéchisme et à confesser ».[10]

Les soldats ne sont pas seuls à bénéficier de son zèle. Chaque fois que s’arrête le bateau, il visite quelque village indien ou quelque famille canadienne ; il instruit, il bénit les unions, il baptise près de neuf cents enfants.

Le 24 mai, fête de Notre-Dame Auxiliatrice, il dresse en pleine campagne un autel rustique ; puis, sous l’azur du ciel, entouré de néophytes, il offre le saint sacrifice. À perte de vue, les marguerites, les renoncules, mille autres fleurs charmantes, étoilent la prairie. Avec une piété naïve, le vieux missionnaire invite ses jeunes amis d’Europe « à venir, sur ces vastes plateaux, cueillir de riches bouquets pour orner les autels de l’Illustre Vierge, l’Immaculée, la Reine du ciel ».[11]

Mais le soin des âmes ne le détourne pas de l’objet plus profane de sa mission. Les peuplades qu’il rencontre le long du fleuve n’ont pas encore pris les armes ; toutefois, la révolte est imminente. De concert avec Pananniapapi, il s’efforce de maintenir les bons rapports avec les Blancs. Ceux-ci, il est vrai, ont commis à l’égard des Indiens de criantes injustices ; mais les tribus sont incapables de résister longtemps à l’armée des États-Unis. Plutôt que de faire cause commune avec les bandes hostiles, ne vaut-il pas mieux s’assurer la protection du gouvernement ? Celui-ci, d’ailleurs, s’engage à faire droit à de justes revendications.

Partout le P. De Smet reçoit la même réponse :

— Souvent nous arrivent des commissaires et des agents du gouvernement. Ils sont affables, prodigues de discours et de promesses. Pourquoi tant de belles paroles n’aboutissent-elles à rien, absolument à rien ? Et les Indiens énumèrent les méfaits dont ils sont victimes.

— Pourtant, disent-ils, nous voulons encore espérer que nos plaintes arriveront à l’oreille de notre Grand-Père, qu’elles entreront dans son cœur, et qu’il nous prendra en pitié. Aujourd’hui les paroles de la robe-noire affermissent notre confiance.[12]

Aux environs du fort Pierre, le P. De Smet rencontra les généraux Sully et Parker, nommés commissaires de paix, et chargés de recueillir les plaintes des tribus contre les Blancs. Comprenant quels services pouvait leur rendre le missionnaire, ils décidèrent de faire route avec lui jusqu’à l’embouchure du Yellowstone. L’officier qui, naguère, avait refusé la médiation du jésuite, maintenant s’estimait heureux de pouvoir, sous son égide, aborder les Indiens.

Alors commence une campagne pacifique, qui affirme plus que jamais le prestige de la robe-noire.

Au fort Sully, au fort Rice, au fort Berthold, au fort Union, partout où se trouvent groupées un certain nombre de loges, le P. De Smet, accompagné des deux généraux et de ses fidèles Yanktons, met pied à terre, va trouver le grand chef et l’invite à convoquer son conseil. Les guerriers une fois réunis, et le calumet présenté aux étrangers, le Père prend la parole. Il expose l’objet de sa mission, fait valoir les avantages de l’accord avec les Blancs, puis, désignant les commissaires :

— Votre Grand-Père, dit-il, désire connaître tous vos griefs, afin d’y apporter le remède efficace.

À leur tour, les généraux invitent les chefs à parler sans détour. Les plaintes formulées en conseil seront fidèlement envoyées à Washington, et soumises au président.

Rangés en cercle, les guerriers écoutent en silence. Alors un des chefs se lève et va se placer en face des commissaires. C’est un homme de haute taille, au fier regard, à la démarche grave, la tête ornée de plumes d’aigle, les pieds chaussés de riches mocassins. D’un geste rapide, il rejette en arrière la couverture de laine rouge qui lui sert de manteau, puis, levant la main, réclame l’attention.

— Quand le Grand-Père, dit-il, envoie dans mon pays des hommes honnêtes, j’aime à m’entretenir avec eux. Parmi vous, il est quelqu’un que je connais ; c’est un homme de Dieu ; mon peuple et moi nous l’aimons.

» Vous me dites que le Grand-Père aime ses enfants les Peaux-Rouges, qu’il veut être juste à leur égard et les rendre heureux. Jadis, nous étions tous heureux, parce que les Blancs qui venaient nous parler et tenir conseil avec nous ne nous trompaient point. Si réellement le Grand-Père nous aime tendrement, pourquoi nous a-t-il ensuite député des gens qui nous ont menti ?… Depuis que ces hommes sont venus parmi nous, tout est changé ; plus rien n’est bon, ni prospère ; le climat même, qui auparavant était agréable, est devenu mauvais…

» Nous n’allons jamais porter le trouble sur vos terres, et vous venez toujours sur les nôtres pour y semer le malheur. Pourquoi faites-vous cela ?… Vous avez construit quatre routes à travers mon pays, et fait fuir tous les animaux. Vous me refusez la poudre et le plomb. Pourquoi ?…Le gibier est devenu si rare, que je ne puis plus l’atteindre avec mon arc et mes flèches. Encore une fois, il me faut de la poudre et du plomb.

» Nous ne pouvons pas vivre en contact avec vous. Depuis que les Blancs viennent ici pour nous tromper, je suis honteux de mettre le pied dans la loge d’un Blanc, ou de recevoir sa visite. Les soldats, eux aussi, se sont mal conduits au milieu de nous. Si le Grand-Père veut nous débarrasser de ses soldats, et nous laisser seulement les marchands dont nous avons besoin, nous serons heureux, et le climat redeviendra bon. Il faut aussi qu’il renonce à tous les chemins de fer que ses gens ont construits sur mon territoire. Ce pays est le mien ; il ne vous appartient pas, et nous ne voulons aucunement vous en faire l’abandon. Nous ne voulons pas habiter les terres que vous nous proposez ; nous voulons demeurer ici. Mes guerriers et moi, nous aimons mieux nous battre et mourir en défendant ce qui est à nous, que de quitter notre pays pour ensuite mourir de faim. Nous jurons de scalper autant de têtes que nous pourrons, si le Grand-Père ne retire pas ses soldats et ne nous rend pas nos terres. J’ai dit.[13]

À ce fier défi, le général Sully répond que les soldats ont été attirés dans la région par les massacres du Minnesota et du Haut-Missouri.

— Si ces massacres continuent, dit-il, le nombre des soldats sera décuplé ; ils couvriront le pays comme les sauterelles couvrent la terre. Qu’on enfouisse le casse-tête, et les soldats regagneront la contrée d’où ils sont venus.

Une telle réplique n’était point pour assurer la paix. D’ailleurs, même après le départ des soldats, les Indiens ne seront-ils pas toujours opprimés par les agents ? Ceux-ci n’échapperont-ils pas toujours à l’action du gouvernement ?

— Il paraît, disent les sauvages, que le Grand-Chef des Blancs n’est pas capable de conduire ses braves ; le Grand-Père semble désarmé en face de ses enfants. Il perd patience quelquefois et se fâche, lorsqu’il voit les injustices que son peuple commet à l’égard des Peaux-Rouges. Sa voix se fait entendre comme le mugissement de la tempête ; mais cette voix s’affaiblit peu à peu, et un profond silence couvre nos plaintes.

Les Indiens restent défiants. Il faut, pour les convaincre, l’autorité du P. De Smet. Par des avis privés, plus que par les harangues, il calme les esprits, garantit la sincérité des commissaires, et fait espérer prompte justice.

Mais comment peut-il défendre une cause qui, à beaucoup d’égards, n’est pas celle du droit ?

Selon lui, nous l’avons vu, la résistance des Indiens devait finalement tourner à leur préjudice. De plus, les déclarations du gouvernement étaient formelles. Maintes fois, les présidents Lincoln et Johnson avaient envoyé aux tribus l’assurance de leur amitié. N’était-ce pas pour leur donner satisfaction qu’en ce moment même on s’enquérait de leurs griefs ? Comment croire que de tels engagements resteraient lettre morte ?

Jamais d’ailleurs les Indiens ne soupçonnèrent le P. De Smet de trahir leur cause. Il était toujours « le Blanc qui n’a pas la langue fourchue ». Ses sympathies étaient pour eux, ils le savaient, et avaient en lui pleine confiance :

— Si tous parlaient et agissaient comme vous, Robe-Noire, le Soleil de la paix ne s’éclipserait plus.

Au bout de quelques semaines, toutes les peuplades voisines du Missouri avaient renouvelé devant les généraux Sully et Parker leurs promesses de bonne entente. Même des tribus hostiles acceptaient de faire la paix.

Satanka, « l’Ours-Assis », grand chef des Kiowas, passait pour l’un des plus redoutables ennemis des Blancs. Plus d’une fois, sa tête avait été mise à prix par le gouverneur du Colorado. Grande fut la surprise des commissaires lorsque ce farouche chef de bandes vint solliciter leur amitié.

— Nous avons fait, dit-il, la guerre aux Blancs, mais la nécessité nous forçait à prendre les armes… Nous rendons grâce au Grand-Esprit de ce que nos maux vont bientôt finir, pour faire place à des jours de paix et d’union. Vous vous présentez en amis ; vous avez prêté l’oreille à nos plaintes. Sans hésiter, nous vous avons donné nos cœurs. Désormais, l’herbe de nos prairies ne sera plus rougie du sang des Blancs ; votre peuple sera notre peuple, et la paix sera notre commun héritage.

» Je suis vieux, et bientôt j’irai rejoindre mes frères ; mais ceux qui viendront après moi se souviendront de ce jour. Ce souvenir les accompagnera jusqu’à la tombe ; ils le transmettront à leurs descendants comme une tradition sacrée, et il passera jusqu’aux enfants de leurs petits-enfants.

» Adieu. Peut-être ne me verrez-vous plus jamais ; mais souvenez-vous de Satanka, l’ami des Blancs.[14]

Encouragé par ces succès, le P. De Smet songeait à pénétrer dans l’intérieur des terres, presque entièrement occupé par les tribus insoumises. Plusieurs chefs avaient exprimé le désir de le voir ; il espérait leur faire déposer les armes : mais les fatigues d’un voyage de quatre mois l’obligèrent à regagner Saint-Louis.

Il avait d’ailleurs amplement rempli sa mission ; plus de quinze mille sauvages s’étaient engagés à maintenir la paix.

« J’ai la ferme conviction, écrivait-il, que si le gouvernement tenait compte des justes réclamations des Indiens, si les annuités leur étaient payées régulièrement, si les agents et leurs subalternes les traitaient avec honnêteté, si on leur fournissait les instruments nécessaires à la charpenterie et à l’agriculture, toutes les tribus du Haut-Missouri, sans exception, resteraient amies des Blancs ; de plus, les bandes hostiles, qui infestent les vastes plaines du Far-West, cesseraient aussitôt leurs déprédations ».[15]

Ces vues étaient trop sages pour n’être pas admises, au moins en principe, par le gouvernement. Le secrétaire de l’Intérieur exprima au P. De Smet sa haute satisfaction ; mais celui-ci attribuait tout le succès aux prières de ses amis, surtout à celles des petits enfants.

    des Commissions de paix. Appendix to Doolittle Report, p. 432 et suiv.

  1. À Paul De Smet. — 26 novembre 1866.
  2. Les tribus voisines du fort Berthold étaient, nous l’avons vu, restées amies des Blancs. Pour les protéger contre les bandes hostiles, le gouvernement leur avait accordé des troupes ; mais celles-ci pouvaient impunément se livrer à la brutalité et au libertinage. « Tout l’hiver, écrit le P. De Smet, les Indiens ont été le jouet d’un capitaine qui semblait prendre à tâche de les tourmenter. Lorsque les femmes, avec leurs enfants affamés, s’approchaient du fort pour ramasser les restes dégoûtants de la cuisine des soldats, on les chassait sans pitié, en jetant de l’eau bouillante sur leurs corps amaigris et couverts de haillons ». (À Ch. De Coster. — Saint-Louis, septembre 1867).
    Quelques mois plus tard, un détachement militaire, sous les ordres du major général Hancock, sans aucune provocation connue, brûlait trois cents loges de Sioux amis, avec toutes leurs provisions, leurs vêtements, leurs ustensiles ; le tout représentant une valeur de 100 000 dollars. (Rapport du Bureau Indien à la Chambre des Représentants. — Juin 1867).
  3. Sur les détails de ce massacre, voir Helen Jackson, A Century of Dishonor, p. 343 et suiv.
  4. Rapport au Joint congressional Comitee on Indian Affairs, janvier 1867.

    Voici comment le vertueux général aidait la Providence à faire disparaître l’homme rouge :

    « Vous ferez la guerre aux Mascalaros et à tous les autres Indiens que vous trouverez dans le pays des Mascalaros, et cela jusqu’à nouvel ordre… Si les Indiens demandent à parlementer, dites-leur que vous n’avez pas le pouvoir de faire la paix, et que vous êtes là pour les tuer n’importe où vous les trouverez ». (Au colonel Carson, 12 octobre 1862).

    « Il faut que les troupes aillent à la poursuite des Indiens par petits groupes, marchant furtivement vers leurs repaires, restant patiemment en attente… Quand un chasseur poursuit le cerf, il essaie toutes sortes de ruses pour le tirer à bout portant. Un Indien est un animal plus sur le guet et plus rusé qu’un cerf ». (Au colonel Riggs, 16 août 1863).

    Ces lettres, et d’autres semblables, sont citées dans le Rapport

  5. Un jour, les Indiens apprennent qu’un train de voyageurs doit inaugurer une ligne traversant les forêts. Au dire de leurs espions, un des wagons est plein de poudre. Aussitôt les Peaux-Rouges se rassemblent, mettent le feu aux arbres, et, cachés non loin de là, le couteau à scalper à la main, ils attendent leurs victimes. Par bonheur, la nouvelle n’était vraie qu’en partie : le convoi ne renfermait aucune substance explosible.

    Cependant le mécanicien aperçoit les flammes. Que faire ? S’il avance, locomotive, wagons et voyageurs deviennent la proie de l’incendie ; s’il s’arrête, les Indiens sont là, prêts à massacrer cette poignée de Blancs. L’Américain prend un parti extrême. Il force la vapeur jusqu’à ses dernières limites, et lance audacieusement le train au milieu de la forêt embrasée. Des deux côtés se forme un puissant courant d’air, les flammes s’écartent, et la terrible fournaise est franchie sans encombre.

  6. Lettre du colonel Bogy. — Washington, 13 février 1867.
  7. À son frère François, — Saint-Louis, 29 mars 1867. Sans rien recevoir en échange des services qu’il rendait au gouvernement, le P. De Smet acceptait néanmoins de quoi couvrir ses frais de voyage et ceux de son interprète.
  8. Au P. Terwecoren. — Sioux City, 30 avril 1867.
  9. Lettre citée.
  10. Lettres choisies, 4e série, p. 21.
  11. Lettre à Émile de Meren. — Saint-Louis, octobre 1867.
  12. Lettres choisies, 4e série, p. 11.
  13. Ce discours est celui du Bouclier-de-Fer, chef des Minneconjous. Nous l’avons cité d’après la version anglaise envoyée à Washington et publiée par les journaux.
  14. D’après la version anglaise.
  15. Au commissaire des Affaires Indiennes, — Saint-Louis, septembre 1867.