Le P’tit Mimile

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LE P’TIT MIMILE

Air des Bourgeois de Châtres.
Air de Tous les bourgeois de Chartres, La clé du Caveau n°564, page 246.


J’apprends, mon p’tit Mimile,
Qu’tes palfrenier du roi :
Pers’onn’ dans notre ville,
N’sait pas plus c’que c’est qu’moi.
C’est sans dout’ queuqu’emploi
Bourgeois ou militaire.
Au surplus, ça n’nous r’garde pas :
Mon fieu, tu f’ras
Comm’ tu voudras.
Nous n’te tourmenterons guère.
J’te l’dirai sans rancune.
Je m’ doutais qu’ par là-bas
T’avais fait ta fortune.
Car tu n’écrivais pas.
Après tant d’embarras,
Pis qu’ t’es tiré d’affaire :
Envoi-nous un millier de ducats.
Ensuite lu f’ras, etc.
Etc., etc.
Ton père, que ta lettre
A contenté beaucoup,

Veut qu’ tu y envoi’ d’ quoi s’ mettre
Dans les vign’s jusqu’au cou ;
Mais n’ te gên’ pas pour ça,
Y n’ boit pas fort ton père,
Un tonneau d’ Bourgogn’ suffira,
Ensuite tu f’ras,
Etc., etc.
Ton oncle l’ garde chasse
Commence à bien s’user ;
Ta tante Boniface
Dit qu’i n’ sait plus viser.
Tu sais que son grand papa
D’ l’Etat fut pensionnaire :
Fais-lui rendre c’te pension-là ;
Ensuite, tu f’ras
Etc., etc.
Ton filleux, Fanfan 1’ bête,
Est un grand garnement,
Dans l’ cas de tenir tête
A tout un régiment.
Puisque c’ chien d’enfant-là
A l’ goût du militaire.
D’un’ épaulette y s’contentera ;
Ensuite, tu f’ras
Etc.. etc.
Ton cousin, l’ grand Giraffe,
Va tout droit a son but,
Y sait d’jà l’ostographe
Et l’ ba, be, bi, bo, bu.
Y en a d’ pus bêt’ que ça
Dans l’ nouveau ministère :
Mais c’est égal, pouss’ le par là ;
Ensuite, tu f’ras
Etc., etc.

Quand au cousin Bâtisse
Y n’ manqu’ra pas d’emploi,
Car il est royalisse
Encor’ plus que le roi ;
Pour n’ pas s’ battr’ y s’ cacha
Pendant la dernière guerre.
Y n’demande que la croix pour ça ;
Ensuite, tu fras
Etc., etc.
Maintenant chaque dimanche
Ton parrain Tournesol,
Porte un’ cocarde blanche
Larg’ comme un parasol.
Depuis vingt ans il a
Vingt fois changé d’ bannière,
Faut qu’ tu l’ fass’ jug’ de paix c’ti-là ;
Ensuite, tu fras
Etc., etc.
Y faudrait pour bien faire
Qu’ ton oncl’ Jean soit juré,
Qu’ not’ bedeau soit vicaire,
Qu’ not’ vicaire soit curé.
Pour finir c’t'articl’-là.
Enfin qu’ ton pèr’ soit maire,
L’ reste du village attendra ;
Ensuite, tu fras
C’que tu voudras
Nous n’ te tourmenterons guère.