Le Parfaict Macquereau suivant la Cour/01

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LE PARFAICT
MACQVEREAV
SVIVANT LA COVR,
Contenant vne Hiſtoire nouuellement
paſſée à la foire de S. Germain, Entre
vn Grand, & l’vne des plus notables
& renommées Courtiſannes
de Paris.


DEuriez vous pas donc Magdelaine,
Ainſi qu’on void vne Panteine
Des beccaſſes ſerrer le cous,
Außi ſerrer entre vos cuiſſes
Les ceruelats, & les ſauciſſes,
Qui ſe meurent cent fois pour vous.


Les ſauciſſons dedans Bolongne,
Ne portent point ſi bonne trongne,
Que fait le vit d’vn Cauallier :
Ny les andouilles de Troye,
Ny l’anguille, ny la lamproye,
N’égalent point ce doux gibier.

C’eſt vn Caualier ſans reproche,
Dur au combat comme vne roche :
Hà ! ie l’ay dit, n’en dites mot,
Son eſpee eſt de bonne trempe,
Son vit ardent comme vne lampe,
Ou vn cheual qui va le trot.

Je le ſçay bien (dites nous belle)
Qu’il a vne bonne alumelle :
Mais ie crains que comme le cocq
Apres l’auoir fait, le publie,
Qu’à tout le monde il ne le die,
Alors que deviendroit mon noc. CON.


Vous eſtes vne fine buſe,
Son vit n’eſt pas vne harquebuſe,
Qui deſchargeant meine du bruict,
Il eſt muet comme vne carpe,
Et l’on ne ſent preſque l’eſcarpe
De cet eſprit qui va de nuict.

Les beſtes qui ne ſont tant belles,
Que vous dites, s’en paſſent elles ?
Nenny par bleu, les morpions
Et toute autre petite beſte,
Comme puces, & poux de teſte,
Picquent ainſi que des lions.

Vn leurier ſur vne leurette,
Roidement tire ſa brayette,
Comme Robert ſur Alizon
Et crois, que tous pareils nous ſommes
A ces beſtes, fors que nous hommes
Avons vn peu moins de raiſon.


Jamais beſte ne ſe pollue,
Mais vne femme diſſolue
Se façonne vn gaudemiſi,
Qui la ſouille, fouille, farfouille,
Et chatouille, comme l’andouille
D’vn homme, qui foutroit ainſi.

C’eſt trop nous dõner d’eaux beniſtes,
Vous le dites, vous le dédites,
Vous donnez l’aßignation,
L’heure venue on s’y tranſporte,
Mais l’on ne baiſe que la porte,
Au lieu de vous baiſer le con.

L’autre iour i’aguettois mon maiſtre,
Sifflant deuant voſtre feneſtre,
Je me penſois tout en eſt dit,
I’haraſſois d’aiſe en ma chemiſe,
Me penſant qu’il vous auoit priſe
A la pointe de ſon beau vit.


Vous eſtes vne marte ſublime,
Gaufridi ne ſceut point l’eſcrime,
Si bien que vous, le Latin :
Et plus gros que deux Breuiaires
Vous auez faict des Commentaires
Des poſtures de l’Aretin.

Vous auez, ſçauante portefeſſe,
Publiquement par tout la Breſſe,
Monſtré de arte amandi,
Soubs le ſigne d’vne brayette :
Venus qui fut voſtre planette,
Vous fit naiſtre le Vendredi.

Vous le faiſiez pour vne pomme,
Iadis en Breſſe auec vn homme :
Maintenant vous n’auez égards,
Ma belle à cinquante piſtoles,
Vous qui n’auiez autres paroles,
Que qui en veut pour deux liards.


Vous ſçauez ſi Monſieur en manque,
Et ſi ſa bourſe eſt vne banque,
Où vous pouuez à cent pour cent,
Comme les Iuïfs faire l’vſure
Voſtre con eſt de fine bure,
Puiſqu’il eſt tant vendu d’argent.

Pendant que cet Hyuer nous dure,
Monſieur voudroit de cette bure
Faire à ſon vit vn balandran :
Il luy ſeroit fort bon, me ſemble,
Car quelques fois ce beau vit tremble
Comme l’eſguille d’vn cadran.

Voſtre con eſt doublé d’hermine,
On en feroit vne Hongreline
A ſon beau vit, ou vn robon :
Mais il faudroit que la peluche
Vn peu deuant l’on épeluche,
Pour en oſter le morpion.


Ce Caualier a tant d’addreſſes,
D’enchantemens, & de proueſſes,
Que dans le nid des paßereaux
Il va beſongner la femelle,
Si finement qu’il ne reſueille,
Ny le pere, ny les oyſeaux.

Voſtre con a vne languette,
Et ce pendant ell’ eſt muette,
Monſieur eſt tel que voſtre con,
Car bien qu’il aye vne languette,
Ce n’eſt pour eſtre la trompette
De l’affaire de queſtion.