Le Parnasse contemporain/1876/Abstineas, mors atra, precor

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Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]III. 1876 (p. 309-310).


ABSTINEAS, MORS ATRA, PRECOR


Imprimant sur la face et sur la chair entière,
Pour attester son œuvre, un doigt injurieux,
La Mort semble surtout, quand elle éteint les yeux,
Avoir chassé l’esprit d’un trône de lumière.


Vienne bien tard le jour que sous votre paupière
S’éteindra le rayon qui me fit anxieux !
Infirme, en attendant ma guérison des cieux,
J’ai, pour vous concevoir, besoin de la matière.

Et je ne songe pas sans défaillir qu’un jour,
Selon que le voudra le tout-puissant Amour,
Avant mes tristes yeux, vos yeux peuvent se clore.

Je ne vous verrai plus que dans mon souvenir,
Ce miroir que le Temps sera prompt à ternir
Et que soupirs et pleurs obscurciront encore.