Le Poète malheureux

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LE GÉNIE
AUX PRISES
AVEC LA FORTUNE,
OU
LE POÈTE
MALHEUREUX,


Pièce qui a concouru pour le Prix de cette année.



Barbarus… ego ſum quia non intelligor illis.


Par M. Gilbert.


À AMSTERDAM.
1772.


PRÉFACE.



Pourquoi mettre au jour un Ouvrage rejetté par l’Académie Françaiſe ? Les lumières, la juſtice de ce Corps reſpectable peuvent-elles être ſuſpectes ? Que voulez-vous, amis Lecteurs. N’eſt-il pas vrai que vous êtes tous bons Catholiques ? Cependant croyez-vous à l’infaillibilité du Pape ? L’Académie, qui n’eſt point aſſurément inſpirée du Ciel, n’auroit-elle donc pû ſe tromper ? N’avez-vous pas cent fois annullé ſes jugemens ? Par exemple, s’il vous en ſouvient, elle couronna l’année dernière un Ouvrage dont je crois me rappeller le titre. C’eſt, c’eſt… les talens dans leur rapport avec le bonheur & la ſociété. Le Public déſapprouva ſon choix, & ſiffla ſans pitié le Poëme qu’on nous avoit annoncé comme un chef-d’œuvre. Or je vous demande, ſi par une raiſon contraire, il ne ſeroit pas poſſible qu’un Ouvrage fût trouvé bon, quoique ce Tribunal, d’ailleurs très-équitable, l’ait jugé indigne du prix. Je ne prétends point l’avoir mérité : j’ai lu deux Pièces envoyées au concours, dont j’aurois vu couronner l’auteur avec plaiſir. Il en eſt ſans doute encore d’autres qui pouvoient être diſtinguées. Mais que parmi tant de rivaux, le Public nomme un vainqueur. Puiſque l’Académie garde le ſilence : c’eſt à lui ſeul de nous juger ; & ſa déciſion toujours juſte, vengera bien les offenſés.

Je ſais combien ma franchiſe va me ſuſciter d’ennemis ; je connois leur pouvoir : mais quand on a le courage de dire la vérité, on ſait ſouffrir avec conſtance tous les maux que peut nous cauſer cette noble audace. Un temps viendra peut-être où j’oſerai davantage. Je dirai que M. de Voltaire, Membre d’un Corps autrefois compoſé des Racine, des Corneille, des Dépréaux, &c. eſt pour la Poéſie Françaiſe ce que Séneque fut pour l’Éloquence Latine. Je dirai que ce Corps, fait pour donner l’exemple du bon goût, encourage tous les deux ans nos Auteurs à s’affranchir du joug de la rime, oubliant que jamais mauvais rimeur ne fut un bon poëte ; que le célèbre Fontenelle, qui connoiſſoit parfaitement les licences permiſes à la Poéſie, ſe plaignit autrefois à l’Académie aſſemblée, des mêmes abus que je lui reproche aujourd’hui. Mrs Marmontel, d’Alembert ont bien écrit que Boileau n’a ni verve, ni fécondité ; que Racine, en peignant l’amour, parloit plus en métaphyſicien, qu’en homme ſenſible ; que Rouſſeau ne faiſoit que des vers. Telle eſt leur opinion ; on leur pardonna de l’avoir expoſée. N’aurois-je donc pas le même privilège ? Revenons à mon Ouvrage.

Pluſieurs gens de lettres d’un grand mérite m’ont paru trouver le ſujet vicieux. Ils peuvent avoir raiſon ; mais l’Académie n’a point dû rejetter ma Piece, par ce motif. N’a-t-elle pas couronné le Poète ? Cette Épitre & la mienne ont le même fond. L’Auteur dans l’une promet à ſon ami de lui tracer les caractères[1] du Poète. Dans l’autre le Poète ſe peint lui-même. Je l’ai ſuppoſé malheureux, pour donner à mon Ouvrage un autre mérite ; & ma Pièce en effet a cet avantage ſur celle de mon antagoniſte, qu’elle a un intérêt plus général, parce que le nombre des Poètes eſt bien moindre que celui des infortunés. Au reste, je prie M. de la Harpe d’aſſurer dans ſon prochain Mercure que mes vers ſont déteſtables, car les ſiens me ſemblent fort mauvais.

 
Fractus ſi labatur orbis
Impavidum ferient ruinæ.


LE


POÈTE MALHEUREUX.





Vous que l’on vit toujours chéris de la fortune ;
De ſuccès en ſuccès promener vos deſirs,
Un moment, vains mortels, ſuſpendez vos plaiſirs :
Malheureux… ce mot ſeul déjà vous importune ?
On craint d’être forcé d’adoucir mes deſtins ?
Raſſurez-vous, cruels ; environné d’alarmes,
J’appris à dédaigner vos bienfaits incertains,
Et je ne viens ici demander que des larmes.
                                     
Savez-vous quel tréſor eût ſatisfait mon cœur ?
La gloire : mais la gloire eſt rebelle au malheur,
Et le cours de mes maux remonte à ma naiſſance.
Avant que dégagé des ombres de l’enfance,
Je puſſe voir l’abîme où j’étois deſcendu,
Père, mère, fortune, oui, j’avois tout perdu.
Du moins l’homme éclairé prévoyant ſa misère
Enrichit l’avenir de ſes travaux préſens ;
L’enfant croit qu’il vivra comme a vécu ſon père,
Et tranquille ; s’endort entre les bras du temps.

La raiſon luit enfin, quoique tardive à naître.
Surpris, il ſe réveille, & chargé de revers,
Il ſe voit ; ſans appui dans un monde pervers,
Forcé de haïr l’homme, ayant de le connaître.
                                    
Saison de l’ignorance, ô printemps de mes jours !
Faut-il que tourmenté par un inſtinct perfide,
J’aye, à force de ſoins, précipité ton cours,
Trop lent pour mes deſirs, mais déjà ſi rapide !
Ou faut-il qu’aujourd’hui ſans gloire & malheureux,
Juſqu’à te déſirer, je rabaiſſe mes vœux :
Pareil à cet aiglon qui de ſon nid tranquille,
Voyant près du ſoleil ſon père tranſporté,
Nager avec orgueil dans des flots de clarté,
S’élève, bat les airs de ſon aile indocile,
Retombe, & ne pouvant le ſuivre que des yeux,
En accuſe son nid, & d’un bec furieux,
Le diſperſe briſé, mais en vain le regrette,
Quand égaré dans l’ombre, il erre ſans retraite.
                                    
Mais on admire, on aime, on ſoutient les talens ;
C’eſt en vain qu’on voudroit repouſſer leurs élans :
Sur ſes pâles rivaux renverſant la barrière,
Le Génie à grands pas marche dans la carrière.
                                     
C’est vous qui l’aſſurez : & moi que les deſtins
Ont toujours promené ſur la ſcène du monde,
Je dis :(& ma jeuneſſe en naufrages féconde,
Étudia long-tems les perfides humains,
Apprit où s’arrêtoient les forces du génie : )
« Le talent rampe & meurt, s’il n’a des ailes d’or,
» Ou vendant ſes vertus rare & noble tréſor,
» Lève un front couronné de gloire & d’infamie. »

Que ne puis-je, ô mortels, être accuſé d’erreur !
Quel que ſoit mon orgueil, oui, j’aimerois à croire
Que j’ai par trop d’audace irrité mon malheur ;
Que je frappois ſans titre aux portes de la gloire ;
Il en coûte à mon cœur de vous croire méchans ;
Mais expliquez, cruels, l’énigme de ma vie
Ou rendez-moi raiſon de votre barbarie.
Dieu plaça mon berceau dans la poudre des champs,
Je n’en ai point rougi ; maître du diadême,
De mon dernier ſujet j’euſſe envié le rang,
Et honteux de devoir quelque choſe à mon ſang,
Voulu renaître obſcur, pour m’élever moi-même.
À l’âge où la raiſon ſommeille, oiſive encor,
La mienne impatiente oſe prendre l’eſſor :
Au nom ſeul d’un grand homme on voit couler mes larmes,
Grand Dieu ! ne puis-je encor m’élancer ſur ſes pas ?
Condé bégaye à peine, il demande des armes,
Et déjà plein de Mars, reſpire les combats…
Donnez-moi des pinceaux. Qu’exiges-tu d’un père ?
Mon fils, crois-moi, ſurmonte un penchant téméraire :
Tu veux chercher la gloire ? Hé ! ne ſais-tu donc pas
Que les plus grands talens y montent avec peine,
Que noircis par l’envie, accablés par la haine,
Tous ont vu le bonheur s’échapper de leurs bras ?
Songe au ſort de Milton, ſonge au deſtin d’Homère :
L’homme, ingrat de leur tems, a-t-il changé depuis ?
Ah ! mon fils, je ſuis pauvre & tu n’as plus de mère,
Bientôt tu vas me perdre, ou ſeront tes appuis ?
Mon fils, crois-moi, mon fils, ſors de ton indigence,
Et vers la gloire alors dirige tes travaux :
Au nom de tous les ſoins qu’on prend de ton enfance,
Par mes cheveux blanchis. — Donnez-moi des pinceaux.

Hé bien ! vis à ton gré. Je te livre à toi-même,
Ingrat, mais en ſuivant ta folle paſſion,
Crains un père, reçois ſa malédiction.
Vous pleurez… ah ! mon fils,… votre père vous aime,
Ecoutez. — Des pinceaux ! Moi, ſillonnant les mers,
J’aurois donc ſur la foi du Zéphir infidèle,
Pourſuivi la fortune au bout de l’Univers ;
Et peut-être pour prix de mon avare zèle,
Enterré ſous les flots, en revenant au port,
Et mes jours & mon nom qui peut vaincre la mort ?
Qu’à ſon gré l’opulence, injuſte & vile amante,
Berce ſur le damas ce parvenu grossier,
Et laiſſe le Poète, à l’ombre d’un laurier,
Charmer par ſes concerts le ſort qui le tourmente !
Il n’eſt qu’un vrai malheur, c’est de vivre ignoré.
L’homme brille un moment, & la tombe dévore
Les titres faſtueux dont on fut décoré,
Nos maux, & ces plaiſirs que le vulgaire adore :
Tout périt ſous la faulx de la mort ou du temps ;
Mais la gloire du moins que l’homme a méritée
Survit a ſon trépas & s’accroît par les ans,
Et loin de les flétrir, la fortune irritée
Ajoute un nouveau luſtre aux talens glorieux.
                                     
Racine, dieu des Vers ! Corneille, eſprit ſublime !
Vous pouvez effrayer un cœur puſillanime ;
Peut-être avec dédain vos manes radieux
Du haut des monts ſacrés regardent qui nous ſommes.
Mais, ſi j’en crois mon cœur, on peut vous égaler ;
Le Ciel en vous formant voulut ſe ſignaler,
J’y conſens, mais enfin vous n’êtes que des hommes,

Ainsi je m’abuſois. Sans guide, ſans ſecours,
J’abandonne, inſenſé, mon paiſible village
Et les champs où mon père avoit fini ſes jours.
Cieux, tonnez contre moi, vents, armez votre rage,
Que vide d’alimens mon vaiſſeau mutilé
Vole au port ſur la foi d’une étoile incertaine
Et par vous loin du port ſoit toujours exilé !
Mon aſyle est par-tout où l’orage m’entraîne,
Qu’importe que les flots s’abyment ſous mes piés ;
Que la mort en grondant s’étende ſur ma tête ;
Sa préſence m’entoure ; & loin d’être effrayés,
Mes yeux avec plaiſir regardent la tempête ;
Du ſommet de la poupe, armé de mon pinceau,
Tranquile, en l’admirant j’en trace le tableau.
                                           
Je n’avois point alors eſſuyé de naufrage,
Mon génie abuſé croyoit à la vertu ;
Et contre les deſtins raſſemblant ſon courage,
Se nourriſſoit des maux qui l’avoient combattu.
« Mon ſort eſt d’être grand, il faut qu’il s’accompliſſe ;
» Oui, j’en crois mon orgueil, tout, juſqu’à mes revers,
» Qui de ceux dont la voix éclaira l’Univers,
» N’a point de la fortune éprouvé l’injuſtice ?
» Un Dieu, ſans doute un Dieu m’a forgé ces malheurs
» Comme des inſtrumens qui peuvent à ma vue
» Ouvrir du cœur humain les ſombres profondeurs,
» Source de vérités, au vulgaire inconnue,
» Rentrez dans le néant, préſomptueux rivaux ;
» Ainſi que le ſoleil dans ſa lumière immenſe,
» Cache ces aſtres vains, levés en ſon abſence,
» Je vais vous effacer par mes nobles travaux. »
Mon ame, (quel orgueil, grand Dieu ! l’avoit ſéduite),

Dévoroit des talens le trône révéré,
Et dans tous les objets dont je marche entouré,
Ma gloire en traits de feux déjà me ſemble écrite.
                                           
Prestiges que bien-tôt je vis s’évanouir !
Doux eſpoir de l’honneur ! trop ſublime délire !
Ah, revenez encor, revenez me ſéduire,
Pour les infortunés eſpérer, c’eſt jouir.
Je n’ai donc en travaux épuiſé mon enfance,
Que pour m’environner d’une affreuſe clarté
Qui me montrât l’abîme où je meurs arrêté.
Ne valoit-il pas mieux garder mon ignorance !
                                           
Trop heureux Philemon, s’il connoît ſon bonheur !
Fidèle au rang obſcur qu’il reçut de ſes pères,
Long-tems de ſa jeuneſſe il voit briller la fleur ;
Et cultivant en paix ſes champs héréditaires,
Ne craint pas que toujours ſes efforts abuſés
Laiſſent tomber ſon corps, privé de nourriture :
La terre au jour marqué lui rend avec uſure,
Les tréſors qu’en ſes flancs il avoit dépoſés.
Il n’a point, il eſt vrai, vu nos cités immondes,
D’où le Grand étonné de ſes vaſtes beſoins,
De leurs productions épuiſent les deux Mondes.
Nos Sciences, nos Arts, étrangers à ſes ſoins,
Ne l’ont point dépouillé de ses mœurs ingénues.
Roulez en char brillant votre heureux déshonneur,
Jamais de Philemon vous ne ſerez connues,
Beautés, dont on nourrit les vices ſans horreur :
Tandis que les talens, amis de l’innocence,
Méconnus, repouſſés dans leur premier eſſor,
Tombent découragés, & meurent d’indigence
Sous l’ombre d’un laurier qu’on leur diſpute encor.

Ce protecteur qui marche en ſemant les promeſſes,
Même en trompant ſes voeux, l’abaiſſa-t-il jamais ?
Burrhus qui va comptant les ingrats qu’il a faits,
Lui vient-il reprocher ſes honteuſes largeſſes ?
Au malheureux toujours on trouve des forfaits,
Et les plus généreux vendent cher leurs bienfaits.
Pour qui les verds boſquets ouvrent-ils leurs ombrages ?
Les tranquiles étangs, les tortueux vallons,
Les antres toujours frais, les ruiſſeaux vagabonds,
Les chants du peuple ailé, ſes jeux dans les feuillages,
Le paiſible ſommeil ſur des lits de gazon,
La juſtice, la paix, tout rit à Philemon.
Oh ! combien j’euſſe aimé cette beauté naïve,
Qui d’un époux abſent preſſentant le retour,
Raſſemble tous les fruits de ſon fertile amour,
Dirige des aînés la marche encor tardive,
Et portant dans ſes bras le plus jeune de tous,
Vole au bout du ſentier par où deſcend leur père ;
Elle le voit : grand Dieu, dérobe à ma miſère
L’aſpect de leurs plaiſirs dont mon cœur eſt jaloux…
N’eſt-ce donc point aſſez des tourments que j’endure !
Quoi ! je porte un cœur noble, & d’un œil plein d’effroi,
Je lis ſur tous les fronts le mépris & l’injure ?
Le dernier des mortels eſt plus heureux que moi ?
Ah ! briſons ces pinceaux ! tombe, lyre inutile !
Périſſe un monde injuſte ! Et, toi qui m’as perdu,
Gloire, phantôme ingrat, à la brigue vendu,
Va, je perds ſans regret ta couronne futile,
C’eſt le prix de l’intrigue, & je ne puis ramper.
                                           
Si pourtant, les deſtins ceſſoient de me frapper…
Des hommes quelquefois l’injuſtice ſe laſſe…

Je puis être du moins fameux par mon audace !
Oui, tremblez, fiers rivaux, détournez vos mépris ;
L’intrépide lion dans un piège ſurpris,
S’irrite du danger, & de ſa dent ténace
Ronge en grondant la toile où lui-même s’enlace,
Se roule, & peut enfin par un dernier effort,
La briſer, s’échapper, & prodiguant la mort
Au peuple de chaſſeurs qui l’attaque & le brave,
Marcher, Roi des forêts qui le virent eſclave.
Vain eſpoir ! qu’ai-je dit ? hélas ! ſans de longs jours,
Le poète languit dans la foule commune,
Et s’il fut en naiſſant, chargé de l’infortune,
Si l’homme, pour lui ſeul avare de ſecours,
Refuſe à ſes travaux même un juſte ſalaire ;
Que peut-il lui reſter… ô pardonnez, mon père,
Vous me l’aviez prédit… je ne vous croyois pas.
Ce qui peut lui reſter ? la honte & le trépas.
                                           
C’en eſt donc fait : déjà la perfide eſpérance
Laiſſe de mes longs jours vaciller le flambeau.
À peine il luit encor, & la pâle indigence,
M’entr’ouvre lentement les portes du tombeau.
Mon génie est vaincu : voyez ce mercenaire
Qui, marchant à pas lourds dans un ſentier ſcabreux
Tombe ſous ſon fardeau. Long-tems le malheureux
Se débat ſous le poids, lutte, se déſeſpère,
Cherchant au loin des yeux un bras compatiſſant :
Seul il ſoutient la maſſe à demi ſoulevée,
Qu’on lui tende la main, & ſa vie eſt sauvée.
Nul ne vient, il ſuccombe, il meurt en frémiſſant :
Tel eſt mon ſort. Bientôt je rejoindrai ma mère,
Et l’ombre de l’oubli va tous deux nous couvrir !

Ô Rives de la Saône où ma faible paupière
À la clarté des cieux commença de s’ouvrir,
Lieux où l’on ſait au moins reſpecter l’innocence,
Vous ne me verrez plus ! Mon dernier jour s’avance,
Mes yeux ſe fermeront ſous un ciel inhumain.
Amis !.. vous me fuyez ?.. cruels ! je vous implore,
Rendez-moi ces pinceaux échappés de ma main....
Je meurs.... ce que je ſens, je veux le peindre encore.



FIN.
  1. Terme impropre. On ne met ordinairement caractère au pluriel que pour ſignifier A, b, c, &c.