Le Réveil d’Hélios (1852)

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Poëmes antiquesLibrairie de Marc Ducloux, éditeur (p. 209-211).
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XVI



LE RÉVEIL D’HÉLIOS.




Le Jeune homme divin, nourrisson de Délos,
Dans sa khlamyde d’or quitte l’azur des flots ;
De leurs baisers d’argent son épaule étincelle,
Et sur ses pieds légers l’onde amère ruisselle.

À l’essieu plein de force il attache soudain
La roue à jantes d’or, à sept rayons d’airain.
Les moyeux sont d’argent aussi bien que le siège.
Le dieu soumet au joug quatre étalons de neige,
Qui, rebelles au frein, mais au timon liés,
Hérissés, écumants, sur leurs jarrets ployés,
Hennissent vers les cieux, de leurs naseaux splendides.
Mais du quadruple effort de ses rênes solides,
Le fils d’Hypérion courbe leurs cols nerveux.
Et le vent de la mer agite ses cheveux ;
Et Séléné pâlit, et les heures divines
Font descendre l’aurore aux lointaines collines.
Le dieu s’écrie ! Il part, et dans l’ampleur du ciel
Il pousse étincelant le quadrige étertel.
L’air sonore s’emplit de flamme et d’harmonie.
L’Océan qui palpite en sa plainte infinie,

Pour saluer Hélios murmure un chant plus doux ;
Et semblable à la vierge en face de l’époux,
La Terre, au bord brumeux des ondes apaisées,
S’éveille en rougissant sur son lit de rosées.