Le Rhin français/17

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Attinger Frères (p. 55-58).

XVII

Moyens imaginés par les Allemands pour coloniser la France.

En 1911, ce Grosses Deutschland essayait de résoudre pratiquement certaines difficultés de colonisation, d’allémanisation sur l’ex-frontière de la France, en Lorraine, en Champagne. Sur un territoire de plus de 1 700 000 hectares, peuplé d’environ 1 200 000 âmes, sur la haute Meuse, dans les départements des Vosges, de Meurthe-et-Moselle, de la Meuse, des Ardennes, on créera, suggère-t-il, une province de Franconie Occidentale, chef-lieu Nancy, sous-chefs-lieux Épinal et Verdun. La France en exportera à ses frais les habitants qui seront aussitôt remplacés par des vétérans de la guerre mondiale… De la sorte, l’Alsace-Lorraine sera comprimée à l’Est, à l’Ouest, au Nord, par des provinces de langue allemande.

La Belgique et la Hollande étant, comme il est naturel, annexées au Grand Empire, la France transportera, également à ses frais, en un laps de trois ans, et là où elle voudra, chez elle ou ailleurs, les trois millions de Wallons dont prendront immédiatement la place, sur des lots convenables, les héros ou sous-héros de la guerre de 1914-1915.

À ces deux transplantations de deux peuples, fort onéreuses pour nous, la Grande Allemagne ajoute entre autres peines afflictives et infamantes : la cession de notre flotte de guerre aux Allemands, le paiement d’une indemnité de 35 milliards de marks[1] ; la propriété des milliards prêtés par la France à la Russie ; l’adhésion à la neutralité de la Suisse et du Luxembourg, etc., etc.

Telles sont les ambitions territoriales du peuple dont Tacite disait : Cette nation considère comme abject d’acquérir par le travail ce que le sang peut lui donner.

  1. 43 750 000 000 de francs.