Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean/Chapitre 6

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Léger Brousseau (p. --140).



CHAPITRE VI




LA COLONISATION




I


Il y avait maintenant vingt-six ans que les membres de « l’Association des 21 » avaient pénétré dans le Saguenay, non comme des cultivateurs pour y défricher des terres, mais comme des aventuriers pour en exploiter les magnifiques richesses forestières. Cependant, ils avaient ouvert la voie vers cette contrée réputée inaccessible et défendue par de puissants intérêts, jaloux de tout établissement nouveau. Ils avaient tracé la route et de nombreux colons, accompagnés de leurs familles, s’étaient portés dans des directions diverses et avaient pris des terres jusqu’à des distances considérables dans l’intérieur du pays. Mais ceux qui avaient affermé les « Postes du Roi » s’y opposaient comme ils l’avaient fait jadis, parce que leur bail n’était pas encore expiré et ne devait expirer que le 1er octobre, 1842. D’un autre côté, le gouvernement provincial ne voulait consentir à faire aucun arpentage ni disposer des terres, quoique la demande lui en eût été souvent faite, sous l’impression vraisemblablement qu’il n’en avait pas le droit. Mais cet état de choses allait promptement changer, comme on peut le voir par l’extrait suivant du rapport d’un voyage fait au Saguenay en 1845 par l’honorable D. B. Papineau, commissaire des Terres Publiques :

« Votre Excellence n’ignore pas que le territoire arrosé par la rivière Saguenay, formant une portion de l’étendue du pays nommé les Postes du Roi, avait été ci-devant, avec le reste de cette étendue, loué à feu M. Gaudie, constructeur de vaisseaux à Québec ; le bail avait été passé pour l’espace de 21 ans et est expiré le 10 octobre 1842. Pendant la durée de ce bail, le gouvernement provincial n’a voulu consentir à y faire faire aucun arpentage de terre pour établissements, quoique ça lui fût souvent demandé, sous l’impression, je pense, qu’il n’en avait pas le droit. Dans le cours du mois de juin, 1842, un autre bail de ce même territoire a été accordé pour un même espace de temps à l’honorable Compagnie de la Baie d’Hudson, à commencer du 2 octobre, 1842, avec condition et réserve expresse que le gouvernement ferait en aucun temps, s’il le jugeait à propos, arpenter et concéder ou vendre des terres pour y former tout de suite des établissements, cultiver, etc.

« En 1843, des ordres furent donnés par les autorités compétentes


Chantier de B. Scott sur la Péribonca, lac St-Jean.

d’arpenter plusieurs cantons dans cette étendue. Quelques individus

avaient déjà formé une société pour y bâtir des moulins à scies et y former des établissements. Quelque temps après, ils ont vendu à W. Price les intérêts qu’ils avaient respectivement dans cette entreprise, et ce monsieur a conduit ces opérations avec intelligence, énergie et diligence. Il possède maintenant plusieurs vastes établissements pour scier le bois, au moyen desquels il a pu, l’année dernière et cette année, charger de madriers plus de 60 vaisseaux. Un grand nombre de cultivateurs les plus pauvres des paroisses qui bordent le Saint-Laurent, presque réduits à la misère par une succession de mauvaises récoltes, sont allés résider en ce lieu afin de se procurer pour eux et leurs familles les moyens de subsistance, en travaillant soit aux moulins ou aux bâtisses qu’on y érigeait, soit dans les forêts, à couper et tirer le bois propre à être scié. Le manque de récolte avait mis la plupart du commun des cultivateurs dans l’incapacité de procurer de l’ouvrage à une nombreuse classe de journaliers agricoles qui, d’ordinaire, se fient pour leur subsistance sur les travaux qu’ils peuvent faire pour autrui, et eux-mêmes furent également forcés par la nécessité de recourir au Saguenay.

« Le moyen de communication par terre le plus court serait le chemin projeté de Bagot, dont la longueur sera cependant de 66 milles et dont l’ouverture serait coûteuse, vu qu’il devra passer par un terrain qui ne sera jamais établi, et qui, s’il était une fois ouvert, deviendrait bientôt impraticable par le manque de bras et de moyens pour l’entretenir. »

À l’époque où nous sommes parvenus, c’est-à-dire en 1848, deux chemins rudimentaires, ouverts aux voitures pour la saison d’hiver seulement, reliaient la Grande-Baie, d’un côté à la Malbaie et de l’autre à la Baie Saint-Paul. Celui de la Malbaie, plus long que l’autre, avait été ouvert en 1843, et celui de la Baie Saint-Paul en 1846.


II


Les premiers colons s’étaient établis d’abord près des moulins, puis sur les terres voisines non arpentées, et ils avaient continué en reculant sans cesse les bornes du domaine cultivable. Mais aucun ordre ne présida à cet établissement, et souvent les colons se gênèrent les uns les autres en empiétant mutuellement sur les portions de terre qu’ils avaient défrichées. On ne connaissait pas alors la division méthodique des terres, telle qu’elle a été pratiquée depuis. Les colons non autorisés (squatters), s’étaient établis partout où le terrain leur avait paru le meilleur, de sorte que les arpenteurs se trouvèrent dans l’impossibilité de faire la division d’après le plan adopté et les instructions qu’ils avaient reçues.

Dès 1843, il y avait ainsi plusieurs centaines de familles établies dans le Saguenay, sans posséder aucun titre de propriété. La plupart de ces colons n’avaient le moyen d’acheter ni chevaux, ni vaches, ni bœufs. Ceux qui ne trouvaient pas d’ouvrage dans les chantiers de M. Price défrichaient et semaient, sans autres instruments que la hache et la pioche, et, cependant, il arriva que plusieurs de ces défrichements furent considérables.

Quant aux autres colons qui travaillaient aux chantiers, ils n’avaient que de courts intervalles à donner à la culture de leurs terres. L’hiver, ils transportaient eux-mêmes dans des traîneaux leur bois de chauffage et leurs provisions. Ils n’avaient ni chemins ni communications d’aucune espèce, si ce n’est par la rivière Saguenay, durant les mois d’été seulement. Ils vécurent ainsi isolés pendant de longues années, sans protection ni assistance de la part du gouvernement, obligés d’endurer toutes les privations et n’ayant jamais guère d’autre perspective que la misère. Le travail des chantiers les occupait pendant tout l’hiver et se prolongeait jusqu’à la descente des billots qui n’avait lieu qu’à la fin de mai ou au commencement de juin, quelquefois même plus tard, en sorte qu’ils ne pouvaient labourer ni ensemencer leurs terres que lorsque la saison était déjà fort avancée, et, naturellement, le grain semé à cette époque, ne venant pas à maturité avant les gelées de la fin d’août ou de septembre, la récolte était souvent perdue.

Les premiers travailleurs, ainsi que bon nombre de ceux qui se rendirent plus tard au Saguenay avec leurs amis ou compagnons, furent tous plus ou moins les employés de M. William Price. Grâce à eux, comme nous l’avons vu, les premiers défrichements se firent, puis s’étendirent, puis gagnèrent jusqu’au lac Saint-Jean, toujours en suivant le cours de la rivière Chicoutimi. Pendant longtemps, la maison Price fut seule à fournir des provisions et des vêtements aux nombreuses familles qu’elle tenait pour ainsi dire sous sa tutelle, de telle sorte qu’il y avait à peine un homme des chantiers ou un cultivateur des environs qui ne lui fût endetté.

Mais outre M. Price, il y avait encore d’autres marchands envers qui le colon, qui s’était déjà endetté pour ses frais de premier établissement, contractait de nouvelles obligations. Les causes qui avaient empêché la récolte l’année précédente se renouvelaient, et le pauvre malheureux, abandonné à lui-même au milieu des bois, tourmenté, sujet à des vexations, obligé souvent de disputer la possession même des quelques arpents de terre arrosés de ses sueurs, et incapable de les conserver sans des frais énormes que ses moyens ne lui permettaient pas d’encourir, privé de la protection des lois et exposé à toute leur rigueur, se laissait parfois aller au découragement et abandonnait les lieux témoins de ses longues souffrances. Mais, en général, le courage des colons ne se ralentit pas. À force de travaux et de peines sans nombre, ils parvinrent à tirer de leurs terres plus qu’ils ne gagnaient aux chantiers. Ceux qui n’étaient pas trop endettés purent se libérer enfin, tandis que d’autres durent continuer à subir leur mauvais sort pendant encore assez longtemps ; mais leur nombre diminua à mesure que les terres s’ouvrirent et que les produits de l’agriculture se multiplièrent. Enfin, la concurrence commerciale vint apporter un certain équilibre dans les relations et soulager le défricheur, au point qu’il ne reste plus guère de trace aujourd’hui de ce sombre passé, de l’enfantement pénible qui amena au jour cette région nouvelle qui devait plus tard porter le nom de « grenier de la province ».


III


La Grande-Baie, comme nous l’avons dit déjà, est entourée d’un cercle de prairies d’une étendue considérable et dont le sol est remarquablement fertile. Entre la baie Ha ! Ha ! et Chicoutimi l’argile a quelquefois six cents pieds d’épaisseur. Elle semble avoir retenu quelque chose de l’impulsion que lui a imprimée le grand cataclysme d’où est sortie jadis la vallée du Saguenay, car elle est souvent encore tourmentée dans ses entrailles et elle a à subir de fréquents éboulements, à la suite desquels de gros lopins de terre sont arrachés et transportés au loin. Cette partie du bassin du Saguenay peut contenir trois cent mille acres de terre arable. Les MM. Price y avaient introduit, sur une des plus belles fermes qu’ils possédaient, tous les perfectionnements modernes en fait de culture, d’instruments aratoires et d’aménagement intérieur des bâtiments. Ils y avaient commencé l’élevage des bestiaux en vue de l’exportation, industrie qui devait prendre plus tard de si rapides développements. Cette industrie est, du reste, une des richesses futures de la région du haut Saguenay, qui lui convient sous le rapport du climat et de la nature du terrain. Encourageons-la avec toute l’énergie possible. Retenons les canadiens chez eux : mais envoyons les bœufs, les porcs et les moutons. Nous n’y perdrons aucun des nôtres et nous nous épargnerons tous les ennuis du rapatrîment.

Heureusement pour les colons du Saguenay, qui n’avaient pas de marchés à la main, les acheteurs de produits se rendaient eux-mêmes de Québec à Chicoutimi ou à la Grande-Baie, où ils faisaient des achats de produits en gros. Les habitants expédiaient aussi en goélette leurs récoltes ou leurs animaux sur les marchés de la ville ; mais le transport en goélette était trop incertain pour constituer un trafic régulier. Aussi les bouchers de Québec envoyaient-ils eux-mêmes leurs agents à Chicoutimi et à la Grande-Baie pour y faire des achats de porcs et de bestiaux.

* * *

Au fond de la Grande-Baie se trouvent, à un mille et demi seulement de distance l’une de l’autre, les deux paroisses dont nous venons de raconter succinctement les commencements laborieux. La première, Saint-Alphonse, contenait en 1879 seize cent sept âmes (1607), et la deuxième, Saint-Alexis, 1564. Malgré ces chiffres respectables, il n’en était pas moins vrai que, durant les huit années précédentes, il était parti de Saint-Alphonse seul cent, cinquante-six familles, et, cependant, la population n’avait pas diminué d’une année à l’autre. Si la paroisse n’avait rien gagné, du moins elle n’avait rien perdu ; elle avait perdu d’autant moins que l’émigration ne s’était pas faite de Saint-Alphonse aux États-Unis, mais au Lac Saint-Jean. C’est en quelque sorte comme si les cent cinquante-six familles émigrées étaient restées chez elles.

* * *

Saint-Alphonse est, de toutes les paroisses du Saguenay, celle où se font le plus d’étoffes canadiennes et où le commerce de bleuets est le plus considérable : celui-ci rapporte, bon an mal an, environ 25,000 dollars. Saint-Alphonse est aussi, en proportion du nombre de ses cultivateurs, la paroisse du Saguenay qui produit le plus de grains et qui élève le plus de bestiaux. Elle ne comptait en tout que cent huit propriétaires, il y a une quinzaine d’années ; mais le nombre des familles qui y vivaient absolument à l’aise s’élevait à deux cent douze. Le curé de l’endroit, M. Beaudet, donnait, en 1880, à l’auteur de ce livre une des raisons pour lesquelles la population de sa paroisse n’avait pas diminué, malgré l’exode de cent cinquante-six familles, dans l’espace de huit années : « Je n’ai enterré en 1876, nous a-t-il dit, que deux grandes personnes, et encore étaient-elles mortes de vieillesse. » Il n’est pas possible d’être plus désagréable envers le bedeau. La paroisse voisine, Saint-Alexis, était loin d’être dans des conditions aussi satisfaisantes ; ou y comptait en effet bon nombre de familles qui n’avaient à peu près aucun moyen de subsistance.

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La Grande-Baie est reliée par de bons chemins à Chicoutimi et à la tête du lac Kenogami. Le premier de ces chemins s’appelle chemin de la « Grande Ligne », et prend le nom de Sydenham à une lieue de son point de départ. Sa longueur est de douze milles, et il est flanqué de ravines et de gorges qui mesurent plusieurs centaines de pieds de profondeur, en certains endroits, et ne présentent autre chose que de la terre argileuse du sommet à la base. L’autre chemin conduit de la Grande-Baie au Portage-des-Roches, à la tête du lac Kenogami, distance de quinze milles, et porte le nom de chemin du « Bassin » ou du « Grande-Brûlé » : puis il continue, sous le nom de chemin « Kenogami », jusqu’aux dernières limites de la colonisation, jusqu’à la rivière Tekouapee qui borde le canton Normandin, à l’extrême nord-ouest du lac Saint-Jean. La longueur de ce chemin est d’environ cent milles, de la Grande-Baie aux confins des terres habitées.




Le chemin Kenogami est un des plus beaux de la province. Il n’a d’autre défaut que celui d’être parfois trop sablonneux ; d’autres fois, il devient pâteux, dans les fortes pluies, là où c’est la terre glaise qui domine, comme sur les bords du lac Kenogamichiche, mais pour de courts intervalles seulement. Il est coupé par de nombreux ruisseaux et petites rivières, sur lesquels il a fallu construire des ponts et des ponceaux. Comme le sol est impropre à la culture du côté sud du lac Kenogami, sur une longueur d’environ vingt-cinq milles, et qu’il s’y trouve par suite très-peu de colons, le gouvernement est obligé de veiller lui-même par ses agents à ce que le chemin soit tenu en bon ordre : et, pour se rembourser des frais qu’il lui en coûte, il a fait placer, à l’extrémité ouest du lac Kenogami, une barrière qu’on ne peut franchir qu’en payant un droit de dix centins.

Le chemin Kenogami, seule route qui conduisît du bassin du lac Saint-Jean aux ports du Saguenay, avant la construction du chemin de fer, n’était pas encore complètement fini en 1880, quoiqu’il eût été commencé vingt ans auparavant. Il y avait des terrassements de plusieurs arpents de longueur à faire dans les endroits où la crue des eaux recouvrait la terre chaque printemps et s’élevait jusqu’à sept ou huit pieds de hauteur, ce qui rendait le chemin impraticable pendant plusieurs semaines et interceptait toute communication, au grand détriment des habitants du pays.

Le chemin avait été fait graduellement, au fur et à mesure de la marche de la colonisation. En 1880, il ne dépassait guère le canton Ouiatchouane. Les gens qui l’habitaient n’avaient d’autre débouché qu’un sentier à travers le bois. Ils voyageaient en canot d’écorce, par la rivière Ouiatchouane et le Lac. Malgré ces difficultés de communication, les défrichements y étaient fort avancés à cette époque, quoiqu’ils eussent à peine quatre années d’existence. On semblait pressentir que la colonisation y marcherait rapidement, et, en effet, la paroisse de Saint-Prime, qui date de 1868, comptait déjà plus de six cents habitants, et Saint-Félicien, dont l’établissement remonte à cinq ans plus tard, et qui n’était pas encore constitué régulièrement en paroisse, renfermait une population d’au moins quatre cents âmes.

Saint Félicien était, il y a quinze ans, la limite extrême de la colonisation au lac Saint-Jean ; on verra, dans le dernier chapitre de cet ouvrage, où la colonisation en est arrivée aujourd’hui.


IV


Après avoir quitté la baie Ha ! Ha ! et remonté le cours du Saguenay sur un espace d’environ neuf milles, on aperçoit sur la rive nord un endroit communément appelé « l’Anse au Foin », qui a été érigé régulièrement en paroisse en 1872, sous le nom de Saint-Fulgence. C’était auparavant une mission desservie par le curé de Sainte-Anne, la paroisse voisine en remontant la rivière.

Cette mission, formée dans le canton Harvey, possédait dès avant 1859 une chapelle entourée d’un terrain spacieux. On y avait établi deux écoles pour cinquante enfants, et il y avait eu dans cette même année 22 baptêmes et deux mariages. « Le chemin sur le bord de l’eau », écrit un missionnaire, M. Gagnon, « était ouvert et praticable entre les deux chapelles de Saint-Fulgence et de Sainte-Anne. Ce chemin, que le gouvernement avait fait commencer en 1858 dans les cantons Simard et Tremblay, avait eu l’effet d’attirer bon nombre de personnes qui avaient pris des terres sur son parcours. Il porte le nom de chemin Price. » (On trouve à ce propos, dans les archives de la Chambre, que le 9 février. 1869, M. David Price signait en tête d’une pétition faite à l’Assemblée Législative pour demander le parachèvement des chemins Kenogami, Saint-Urbain et Price, ainsi que du chemin « Alma et Bourget », ce dernier partant de Sainte-Anne et aboutissant au lac Saint-Jean, douze lieues plus loin.) Quant à la mission de Sainte-Anne, elle recevait en 1859 un fort contingent d’immigration. Trente familles de la Baie Saint-Paul, des Éboulements et de Sainte-Agnès s’y étaient rendues et avaient ouvert des terres ; les habitants y construisaient une chapelle de 45 pieds sur 32, en même temps qu’un presbytère de 32 pieds sur 25, dans l’espoir d’obtenir qu’un prêtre demeurât au milieu d’eux en permanence. Ils étaient en ce temps-là, c’est-à-dire il y a trente-cinq ans, au nombre de 503, formant 88 familles : vingt ans plus tard la population de Sainte-Anne atteignait 1,760 habitants ; aujourd’hui elle est de deux mille à peu près.

* * *

Il y a plus de cinquante ans que des terres ont été prises à Saint-Fulgence ; mais le bord de la rivière seul est cultivé et habité : le haut des terres ne l’est pas. La paroisse, au lieu d’augmenter au point de vue de la population et de la culture, diminue chaque année ; ce qui augmente, c’est le nombre des terres que l’on déserte. Sa population s’élevait, en 1879, au chiffre de 627 âmes.

Il y avait à l’Anse-au-Foin une scierie qui donnait de l’emploi à trente ou quarante journaliers. Cette scierie appartenait à MM. Holiday et Fraser, de Québec : beaucoup de gens abandonnaient la culture pour y travailler. Le nombre des cultivateurs proprement dits ne dépassait guère une trentaine d’hommes ; le reste de la population aimait mieux travailler au jour le jour, tout en cultivant à moments perdus les produits les plus nécessaires.

L’intérieur de la paroisse n’est pas cultivé, comme nous le disons ci-dessus ; les gelées y sont trop fréquentes et causent trop de dommage, tandis que sur les bords de la rivière les terres sont bonnes et le climat favorable aux grains.