Le Sanglot de la Terre/Médiocrité

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Le Sanglot de la Terre
Le Sanglot de la TerreMercure de FranceI. Poésies (p. 23).


MÉDIOCRITÉ


Dans l’infini criblé d’éternelles splendeurs,
Perdu comme un atome, inconnu, solitaire,
Pour quelques jours comptés, un bloc appelé Terre
Vole avec sa vermine aux vastes profondeurs.

Ses fils, blêmes, fiévreux, sous le fouet des labeurs
Marchent, insoucieux de l’immense mystère,
Et quand ils voient passer un des leurs qu’on enterre,
Saluent, et ne sont pas hérissés de stupeurs.

La plupart vit et meurt sans soupçonner l’histoire
Du globe, sa misère en l’éternelle gloire,
Sa future agonie au soleil moribond.

Vertiges d’univers, cieux à jamais en fête !
Rien, ils n’auront rien su. Combien même s’en vont
Sans avoir seulement visité leur planète.