Le Socle

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La Cité des eauxMercure de France (p. 25).
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LE SOCLE


L’Amour qui souriait en son bronze d’or clair
Au centre du bassin qu’enfeuille, soir à soir,
L’automne, a chancelé en se penchant pour voir
En l’onde son reflet lui rire, inverse et vert.

Le prestige mystérieux s’est entr’ouvert ;
Sa chute, par sa ride, a brisé le miroir,
Et dans la transparence en paix du cristal noir
On l’aperçoit qui dort sous l’eau qui l’a couvert.

Le lieu est triste ; l’if est dur ; le cyprès nu.
L’allée au loin s’enfonce où nul n’est revenu
Dont le pas à jamais vibre au fond de l’écho ;

Et, de l’Amour tombé du socle qu’il dénude,
Il reste un bloc égal qui semble le tombeau
Du songe, du silence et de la solitude.