Le Sonnet des cheveux

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L’IdoleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 14-15).




LE SONNET DES CHEVEUX





Le flot de ſes cheveux a baiſé le ſoleil :
Il en eſt demeuré rouge comme une aurore.
Il brille ſur la tête auguſte & la décore
Comme un ruiſſeau coulant dans un pays vermeil.

Les profonds cheveux bruns embaument le ſommeil ;
Les cheveux blonds ſont doux ; un miel exquis les dore ;
Mais les roux ſont plus beaux & plus puiſſants encore,
Et leur rayonnement aux flammes eſt pareil.


Ondes au cours puiſſant où mon déſir s’abreuve,
Ruiſſelez & roulez éparſes comme un fleuve,
Et faites à la chair un linceul endormant.

Je veux ſur le lit blanc des tièdes encolures,
Comme un noyé, conme un laſcif, éperdument
Plonger mes mains dans l’or vivant des chevelures.