Le bilan de Boulanger/01

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Collectif
La Société des Droits de l’Homme et du Citoyen (p. Déclaration).

DÉCLARATION

Appartenant aux fractions diverses de la grande famille républicaine, nous croyons qu’une entente entre tous ceux qui sont demeurés fidèles à la République est nécessaire pour mettre un terme à l’aventure boulangiste, si humiliante pour notre pays. L’entente durera autant que le péril.

Au saut dans l’inconnu où l’on veut entraîner la France, nous opposons le développement régulier de la République.

Nous sommes acquis à la politique revisionniste ; mais nous voulons l’application sincère de cette politique, et non l’exploitation qu’en veut faire un général qui se pose en prétendant et qui recrute ses adhérents dans tous ces partis.

Fils de la Révolution française, admirateurs, non d’une seule période de cette Révolution, mais de toute cette marche en avant d’un peuple libre qui posa tous les problèmes, et qui les eût résolus, s’il n’eût été arrêté, nous sommes déterminés à user de tous les moyens pour empêcher la réaction césarienne de ramener notre pays en arrière pour la troisième fois.

La revision est nécessaire : La revision républicaine, non la revision bonapartiste réclamée comme expédient par les initiateurs du nouveau plébiscite afin d’aboutir à l’installation d’un pouvoir personnel.

Mais la revision seule ne peut suffire. Il faut reprendre à son point d’arrêt le mouvement national de la Révolution française et en devenir les continuateurs. Il faut sauvegarder les libertés individuelles et les libertés publiques, libertés de propagande, de presse, de réunion, d’association, garanties par la forme républicaine ; il faut poursuivre le développement intégral de la République, c’est à dire la réalisation progressive de toutes les réformes constitutionnelles, politiques, sociales qu’elle contient. Aux tentatives de dictatures qui nous menacent, il faut opposer la revendication des Droits de l’Homme et du Citoyen, proclamé par la Révolution.

Tel est notre but.

Nous trouverons l’instrument pour l’atteindre dans notre tradition républicaine, dans la renaissance des grandes associations politiques, qui, en groupant toutes les forces démocratiques de Paris et des départements, furent le stimulant des assemblés de la Révolution.

Nous fondons la Société des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Elle a pour objet la défense de la République, par la lutte sans merci contre toute entreprise de réaction de dictature.

LE COMITÉ D’ACTION
élu à l’assemblée constitutive du 23 mai :
Allemane, Avrial, Boysset, Député ; Paul Brousse, Conseiller m. ; Colfavru, Député ; Chabert, Conseiller m. ; Chautemps, Conseiller m. ; Clemenceau, Député ; Darlot, Conseiller m. ; Fournière, De La Forge, Député ; Gaillard (Vaucluse), Député ; Joffrin, Conseiller m. ; Labordière, Député ; René Laffon, Sigismon Lacroix, Députés ; Ch. Laurent ; Lavy, Conseiller m. ; Ernest Lefèvre, Député ; Lissagaray ; Henry Maret, Député ; Félix Mathé, Député ; Paulard, Conseiller m. ; Pelletan, Député ; Pichon, Député ; Ranc ; Tony Réveillon, Député ; Victor Simond, Schœlcher, Sénateur ; Strauss, Conseiller m. ; Thomson, Député.