Le bilan de Boulanger/02/11

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Collectif
La Société des Droits de l’Homme et du Citoyen (p. 15-27).
La séance du 4 juin

Toutes ces protestations isolées devaient enfin avoir un écho dans l’enceinte parlementaire. Le 4 juin, à la suite du dépôt par M. Boulanger de sa proposition de révision césarienne, trois discours étaient prononcés qui marquent la scission, cette fois absolue, entre les républicains et les boulangistes, désormais livrés à leurs alliés de la Droite :

Discours de M. Floquet

M. Charles Floquet, président du conseil, ministre de l’intérieur. — Messieurs, après cette discussion déjà longue et dans laquelle se sont produits tant d’incidents, où de divers côtés de la Chambre, ont été attaquées, avec une violence que nous réprouvons également les choses que nous respectons le plus : la République, les libres institutions, l’armée de notre pays… (Très bien ! Très bien ! à Gauche). — Interruptions à Droite), je crois que le gouvernement a le droit de demander à la majorité républicaine de cette Assemblée de s’unir pour repousser l’urgence… (Applaudissement répétés à Gauche et au Centre.)

M. Paul de Cassagnac. — Je demande la parole.

M. le président du conseil. — … pour repousser l’urgence de la proposition présentée par M. le général Boulanger.

M. Cunéo d’Ornano. — Nous voterons l’urgence de la vôtre. (Applaudissements et rires de la Droite.)

M. le président du conseil. — Eh bien, moi, monsieur, je ne voterais jamais l’urgence de la vôtre. (Très bien ! à gauche et au Centre.)

M. Cunéo d’Ornano. — Vous l’avez votée, monsieur Floquet !

M. le président du conseil. — Je ne l’ai jamais votée.

M. Cunéo d’Ornano. — Quand vous vouliez arriver au pouvoir vous avez voté avec nous ! Je vous montrerais le Journal officiel !

M. le président. — Monsieur Cunéo d’Ornano, si vous continuez à interrompre, je vous rappellerai à l’ordre.

M. le président du conseil. — Vous pouvez essayer de mettre vos adversaires en contradiction avec eux-mêmes.

M. Paul de Cassagnac. — Ce n’est pas difficile, avec vous !

À Droite — Souvenez-vous !

M. le président du conseil. — Quand vous voulez, non pas ici, — Ce serait trop long, — mais entre nous, nous instituerons un débat sur ce point.

M. Cunéo d’Ornano. — En juin 1884, vous avez voté l’urgence avec nous. (Très bien et rires à Droite.)

M. le président. — Je vous rappelle à l’ordre monsieur Cunéo d’Ornano.

Ne pouvez-vous donc pas, messieurs, permettre au gouvernement de s’expliquer et l’écouter avec respect ?

M. le président du conseil. — Je ne répondrai plus aux interruptions, parce que je voudrais abréger le débat et prononcer très peu de paroles.

Au surplus, je crois que l’honorable orateur qui est venu ici au commencement de la séance fait à sa proposition la plus cruelle injure en demandant l’urgence.

Cette exposé des motifs, qu’on pourrait appeler un nouveau résumé de toutes les contradictions politiques en matière constitutionnelle… (Rires à Gauche), mérite de fixer les plus longues médiations du législateur. (Rire et applaudissements sur un grand nombre de bancs.)

Nous n’avons pas été étonnés de le voir se produire à la tribune. On avait eu soin de nous annoncer, sous une forme solennelle, que, pour la première fois, le député du Nord viendrait à cette séance à une heure et demie. (On rit.)

À Droite. — Parlez en face !

M. le président. — Ce n’est pas vous, messieurs, à dicter à l’orateur la façon dont il doit parler.

M. le président du conseil. — Je vous demande pardon, messieurs. Veuillez être indulgents pour moi, j’essaierais de me conformer à votre désir.

M. Paul de Cassagnac. — C’est parce que nous voulons savourer vos paroles. (Rires à Droite.)

M. le président du conseil. — L’honorable orateur avait fait annoncer qu’il déposerait une proposition de révision. Il l’avait annoncé solennellement.

M. Clovis Hugues. — Qui est-ce qui est le plus solennel ? Le général ou le présidents du conseil ? (Bruit.)

M. le président du conseil. — Il n’avait pas réfléchi, messieurs, que sa proposition était inutile, car il y a déjà quatre propositions de révision des lois constitutionnelles qui…

À Droite. — Eh bien ! qu’est ce que cela fait ?

M. le président du conseil. — Qui ont été l’objet d’une déclaration d’urgence et dont le dispositif est rédigé absolument dans les mêmes termes : « Il y a lieu à revision des lois constitutionnelles. » En conséquence il pouvait suffire du simple dépôt et de la demande de renvoi à la commission.

M. de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville. — Qui ne veut pas de revision ! (Très bien ! à Droite.)

M. Labordière. — Vous n’avez pas le droit de parler au nom de la commission…

M. de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville. — Vous non plus !

M. Labordière. — Vous savez bien que la majorité de la commission veut la revision aussi énergiquement que personne au monde et qu’elle est résolue à la porter devant la Chambre.

M. de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville. — J’affirme que la commission, tout en disant qu’elle veut la revision n’en veut pas. C’est ma conviction. (Applaudissements à Droite).

M. le comte de Lanjuinais. — Ce qui prouve qu’elle n’en veut pas, c’est qu’elle ne nous apporte pas de rapport !

M. le président du conseil. — Monsieur de La Rochefoucauld, permettez-moi de vous le dire, avec beaucoup de déférence, vous avez tort d’engager votre parole loyale dans cette affirmation, car j’allais ajouter justement qu’il y avait, outre les propositions qui ont été envoyées à la commission, la déclaration nette, claire, dans laquelle le gouvernement persistera, que j’ai eu l’honneur de faire à la commission il y a deux jours. (Rires et interruptions à Droite.)

Vous pouvez en rire, messieurs, et d’autres peuvent me faire des éloges que je n’accepte pas en disant que j’ai abdiqué mes opinions et mon programme ; mais ce qui est vrai, c’est que, dans la commission comme à cette tribune, je reste fidèle aux déclarations que j’ai faites, il y a bien longtemps, dans les discours que j’ai prononcés au cours de la discussion sur la revision, et notamment le 30 juin 1884, discours que vous pourriez lire, si ce n’était pas une trop grande fatigue pour vous, et que je ne prétends pas vous imposer.

M. Paul de Cassagnac. — Nous l’avons lu.

M. le président du conseil. — Eh bien, relisez-le. Je n’y change pas un mot.

M. Cunéo d’Ornano. — Je l’ai ici ; il était excellent !

À Gauche. — Laissez parler !

M. le président. — Monsieur Cunéo d’Ornano, si vous persistez à interrompre, je vous rappellerai à l’ordre avec inscription au procès-verbal.

M. le président du conseil. — Ce qui est également vrai, c’est que je suis resté fidèle à la déclaration qui a été comme le contrat entre le gouvernement nouveau et l’Assemblée, à la déclaration que j’ai portée à la tribune le premier jour où nous sommes venus devant vous ; que je suis resté fidèle à l’esprit même des paroles que j’ai prononcées le 19 avril quand, entre les deux vacances, la Chambre s’est réunie passagèrement et qu’elle nous a accordé un ordre du jour de confiance, précisément à la suite des paroles que je rappelle.

Je ne permets à personne de dire que la résolution que nous avons prise, que la volonté que nous avons exprimée, la promesse faite par nous ne seraient que des illusions. Nous avons dit et nous répétons que nous présenterons un projet de revision à notre heure… (Exclamations ironiques et rires à Droite. Applaudissements à Gauche.)

M. Sevaistre. — Vous êtes un simple opportuniste.

M. Laguerre. — Vous tenez le même langage que M. Jules Ferry en 1884. (Exclamations à Gauche.)

M. le président du conseil. — À notre heure, qui ne serait certainement ni la vôtre, ni celle de l’honorable membre qui a parlé au commencement de cette séance, mais à une heure qui ne nous condamne pas à une vaine espérance, ni à un délai indéterminé, puisque nous avons fixé des dates qui reculeraient cette discussion de quelques mois à peine. (Très bien ! très bien ! à Gauche)

M. Laroche-Joubert. — Pourquoi pas tout de suite ?

M. Benjamin Raspail. — Ne répondez pas ! (Rires à Droite.)

M. le président du conseil. — Ce n’était donc, messieurs, ni pour appuyer sérieusement une proposition de revision, ni pour répondre, comme on l’a dit, aux déclarations que j’avais faites avant-hier devant la commission de revision, que le manifeste de M. le général Boulanger a été porté à la tribune. (Interruptions à Droite.)

Il est très difficile, messieurs, de parler au milieu de toutes ces interruptions.

M. Paul de Cassagnac. — M. Boulanger s’en est aperçu tout, à l’heure, quand il était à la tribune.

M. Millerand. — Mais il lisait son discours !

M. le président du conseil. — L’honorable député du Nord a tout simplement voulu notifier, probablement, à ses électeurs qui commençaient peut être à murmurer de son absentéisme… (Exclamations à Droite. Assentiment à Gauche.)

M. Camille Dreyfus, s’adressant à la Droite. — Vous en répondez donc ?

M. le président du conseil. — … Que, au milieu de ces 580 rois qu’il a publiquement stigmatisés, il ne voulait pas jouer le rôle d’un dictateur fainéant. (Vifs applaudissements à Gauche et au Centre.)

J’ignore quelle inspiration supérieure a illuminé la conscience politique de notre honorable collègue ; mais, à l’entendre, on pourrait s’apercevoir que, s’il a l’habitude du langage des cours, celui de la démocratie lui est un peu plus étranger. (Rires approbatifs et applaudissements répétés à Gauche et au Centre.)

M. Gillet. — Il sait mieux dire « monseigneur » que « citoyen ! »

M. le président du conseil. — Je cherche ce qui pourrait autoriser notre collègue à prendre devant cette assemblée une attitude si hautaine… (Nouveaux applaudissements à Gauche et au Centre. Rumeurs à Droite) et à parler comme le général Bonaparte revenant de ses victoires… (Vifs applaudissements sur les mêmes bancs.)

M. Gillet. — Lui, c’est en revenant de la revue ! (On rit.)

M. le président du conseil. — … et disant aux Cinq-Cents : « Qu’avez-vous fait de la France ?… » (Longs applaudissements au Centre et à Gauche. — Bruit.)

M. Paul de Cassagnac. — Cela vous oblige à délivrer la Pologne, monsieur Boulanger !

M. le président. — Monsieur de Cassagnac, veuillez regagner votre place. (Réclamations à Droite et sur quelques bancs à l’Extrême-Gauche.)

M. Camille Pelletan. — Allons, rejoignez-vous donc, les boulangistes des deux côtés de la Chambre !

M. le président du conseil. — Je cherche d’où lui vient ce droit qu’il revendique avec une si naïve audace, de représenter à lui seul en France le patriotisme, de prétendre l’enseigner aux représentants de la nation, à ses généraux, à ses officiers fidèles à la discipline… (Applaudissements répétés au Centre et à Gauche), à cette armée, à ces soldats obscurs qui ont versé autant de sang que lui pour le pays, et qui n’en parlent pas !… (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.)

M. Félix Pyat. — Il l’a surtout versé, son sang, sous la Commune !

M. le président du conseil. — … à tous ses serviteurs dévoués qui travaillent silencieusement pour protéger au jour du danger la patrie au lieu de venir apporter ici des manifestes de néo-césarisme, (Vifs applaudissements au Centre et à Gauche.)

Car enfin, c’est le résumé des doctrines enveloppées, contradictoires. (Interruptions à Droite. — Cris ; Parlez en face !)

M. le président du conseil. — Je vous prie de ne pas m’interrompre ! C’est intolérable !

M. le président. — Messieurs, ces interruptions sont intolérables, inconvenantes au dernier point.

M. le président du conseil. — Car enfin, je le répète, à travers ces doctrines contradictoires, ces hypothèses dans lesquelles se balance la pensée d’avenir de M. le général Boulanger…

M. le général Boulanger. — Elle vaut bien la vôtre ! (Applaudissements sur quelques bancs à l’Extrême-Gauche et à Droite.)

M. le président du conseil. — Ce qui est l’idée maîtresse de ses vues sur le gouvernement futur de la France, c’est que le pouvoir exécutif est trop faible, qu’il ressemble au soliveau de la fable, qu’il faut lui rendre la suprématie et le commandement en face des représentants élus de la nation : que le plus mauvais des gouvernements, c’est le gouvernement collectif ; que le peuple est un enfant auquel il faut mettre des lisières. (Applaudissements et bravos répétés à Gauche et au Centre.)

Ces doctrines, messieurs, ont malheureusement paru par deux fois déjà dans notre pays, alors que la France était fatiguée des grandes luttes pour la liberté. (Ah ! ah ! à droite.)

À la fin de la Révolution française, Bonaparte le premier, escorté lui aussi de quelques républicains égarés, les conduisit à l’assaut des Assemblées et des institutions libres. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs. Interruptions à Droite).

En 1851, Bonaparte le second, qui se disait socialiste, proclamait, lui aussi, l’impuissance de l’oligarchie parlementaire et les bienfaits de l’omnipotence d’un seul.

Mais, messieurs, il faut se rassurer. À votre âge, monsieur le général Boulanger, Napoléon était mort. — (Vifs applaudissements sur les mêmes bancs. Vives interruptions sur quelques bancs à l’Extrême-Gauche.)

À votre âge Napoléon était mort, et vous ne serez que le Sieyès d’une Constitution mort-née. (Applaudissements prolongés au Centre et à Gauche. — Agitation).

Discours de M. Clémenceau

M. Clémenceau. — J’ai demandé la parole pour expliquer mon vote. Je viens répondre à l’appel de M. le président du conseil et dire bien haut que j’apporte mon concours au gouvernement. (Très bien ! très bien ! à Gauche.)

La revision n’est pas intéressée dans cette affaire, puisque, quel que soit le vote rendu, la discussion sur les propositions de revision ne viendra ni un jour plus tôt, ni un jour plus tard. (Très bien ! très bien ! à Gauche.)

Une commission est saisie de la question, et la revision n’est ici que le clou auquel on a voulu attacher la déclaration d’un second gouvernement à côté du gouvernement régulier. (Applaudissements à Gauche.)

Quelles que soient les réserves faites par MM. de La Rochefoucault, Jolibois et Andrieux, ce n’est pas sur la revision que vous êtes appelés à voter, mais sur le mémoire qui vous a été apporté à cette tribune. (Très bien ! très bien ! à Gauche.)

Qu’y a-t-il dans ce document ? J’en retiens deux idées. La politique de parti a fait son temps ; il faut un régime nouveau. Eh bien ! je n’hésite pas à le dire, je suis pour la politique de parti ; avec Gambetta, j’estime qu’on ne gouverne qu’avec son parti. Il est vrai que M. le général Boulanger ne voit dans un parti que le groupement de certains intérêts secondaires.

Heureusement pour eux, le parti monarchiste, le parti bonapartiste lui-même et le parti républicain peuvent se réclamer d’autres titres. (Très bien ! très bien ! à Gauche.) Et c’est pour quoi, je demande pardon de le dire, mais il faut, en vérité, que le parti royaliste ne se sente guère de fierté au cœur pour souscrire à un pareil langage. (Applaudissements à Gauche.)

M. le duc de La Rochefoucauld-Doudeauville prononce quelques paroles qui se perdent dans le bruit.

M. Clémenceau. — Le parti républicain a une longue et douloureuse histoire. (Bruit à Droite). Tous ici nous revendiquons, dans la bonne comme la mauvaise fortune, la solidarité républicaine. Nous acceptons même la solidarité de nos fautes, précisément parce que nous sommes un parti et tenons à honneur d’être un parti.

On vous dit : « Dispersez-vous, monarchistes ; abdiquez, républicains qui avez souffert l’exil et affronté la mort pour vos idées : voici un homme qui vous réunira tous, dans un parti nouveau et unique qui sera le parti démocratique. »

Le parti démocratique, nous sommes et nous en serons toujours : il n’est pas nécessaire de le fonder.

On a raillé le régime parlementaire, on a trouvé étrange que 500 hommes, discutant les plus graves problèmes sociaux, ne les résolvent pas tous par enchantement.

Les plus grands esprits ont étudié ces questions sans pouvoir les résoudre, et on s’aperçoit avec étonnement que, sur tous ces points, nous ne sommes pas d’accord.

Mais ces discussions qu’on nous reproche sont notre honneur (Vifs applaudissements au Centre et à Gauche), elles prouvent notre ardent désir de nous éclairer et de faire triompher les solutions les plus justes. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.)

Oui, gloire aux pays où l’on discute, et honte aux pays où l’on ne parle pas. (Applaudissements au Centre et à Gauche).

Vous voulez toucher au parlementarisme ; mais le parlementarisme, c’est le gouvernement représentatif, c’est la République elle-même sur laquelle vous voulez porter la main. Cela, nous ne le permettrons pas. (Nouveaux applaudissements.)

Nous avons commis des fautes, nous le reconnaissons, mais nous sommes tous prêts à nous serrer autour du drapeau de la République ; et, quand on nous verra tous groupés ainsi pour le défendre, personne, ni en France, ni en Europe, ne se demandera si nous sommes un gouvernement fixe et régulier. (Vifs applaudissements à Gauche et au Centre.)

Discours de M. Basly

M. Basly. — Au nom de plusieurs de mes collègues et au mien, je viens déclarer à la Chambre pourquoi nous ne voterons pas l’urgence de la proposition de M. Boulanger.

Nous ne voterons pas l’urgence parce qu’elle ne nous inspire aucune confiance… (Très bien ! très bien ! à Gauche et au Centre), parce que son exposé des motifs prête trop à l’équivoque et que les promesses que M. Boulanger a faites à ses électeurs, promesses qu’il a déjà abandonnées, nous démontrent qu’il abandonnera aussi sa proposition de revision. (Très bien ! très bien !)

Il me semble que, quand on veut faire de la besogne dans cette enceinte, on ne présente pas des propositions qui ne sont, permettez-moi l’expression, que des coups de grosse caisse pour le public. (On rit.)

M. Boulanger est allé visiter ses électeurs ; il est allé dans les centres miniers, industriels. Il ne leur a pas seulement parlé de revision, mais aussi de réformes sociales.

Eh bien, monsieur Boulanger, depuis votre élection on a discuté dans cette enceinte… (Vifs applaudissements à Gauche et au Centre) des lois d’intérêt social, ces lois humanitaires qui intéressent surtout les pauvres, les travailleurs.

Je veux parler de la loi sur la responsabilité des accidents. Où étiez-vous pendant ce temps-là ? (Vifs applaudissements sur les mêmes bancs). Votre devoir était d’être ici et de soutenir ces propositions.

Vous ne pouvez parler de l’impuissance du parlementarisme qu’en montrant son impuissance à voter les lois qui nous sont soumises. Vous ne l’avez pas fait.

Et que faites-vous encore aujourd’hui ? Vous êtes venu faire de l’obstruction. (Nouveaux applaudissements.) Après la loi sur la responsabilité des accidents, il y avait une loi sur le travail des femmes et des enfants. (Très bien ! très bien !)

Nous avons encore aujourd’hui perdu une séance qui devait être consacrés à discuter cette loi, une séance qui aurait hâté la solution ; et cette solution, aux yeux du pays, aurait eu plus de prix qu’une proposition sans importance comme est la vôtre.

Je dis sans importance, car il y a déjà une commission qui est chargée d’examiner les diverses propositions de revision sur lesquelles l’urgence a été déclarée, et c’est pour cela que plusieurs de mes collègues socialistes et moi, nous ne voterons pas l’urgence de votre proposition. (Applaudissements à Gauche et au Centre.)

La discussion close, on passa au vote, et en voici les détails :

SCRUTIN

Sur l’urgence de la proposition de M. le général Boulanger

Nombre des votants 
 541
Majorité absolue 
 271
Pour l’adoption 
 181
Contre 
 360

La Chambre des députés n’a pas adopté.

ont voté pour :

MM. Aigle (comte de l’), Aillières (d’), Andrieux, Ariste (d’), Arnault, Arnous,

Barouille, Baucarne-Leroux, Baudry d’Asson (de), Bélizal (vicomte de), Benazet, Benoist (de), Berger (Maine-et-Loire), Bergerot, Bigot, Biliais (de La), Blin de Bourdon (vicomte), Bonneval (vicomte Fernand de), Boreau-Lajanadie, Borie, Boscher-Delangle, Boucher, Boulanger (général), Bourgeois (Vendée), Bouvattier, Breteuil (de), Briet de Rainvillers.

Calvet-Rogniat (vicomte), Caradec, Carrón, Cazeaux, Cazenove de Pradine (de), Champvallier (de), Chatenay (de), Chevalier, Chevillon, Chevillotte, Chevreau (Léon), Cibiel, Clerco (de), Colbert-Laplace (comte de), Cornulier (marquis de), Creuzé.

Daynaud, Dejardin-Verkinder, Delafosse, Dellisse, Descaure, Desloges, Dompierre d’Hornoy (vice-amiral de), Du Bodan, Duchesne (Albert), Dufour (baron) (Lot), Dufour (Paul) (Indre), Dugué de la Fauconnerie, Duguyot.

Eschasseriaux (baron), Estourmel (marquis d’),

Fairé, E. Farcy, Fauré (Gers), Féraud, Ferrière (Lucien de La), Ferroul, Fouquet (Camille), Frescheville (général de).

Gaillard (Jules) (Vaucluse), Galpin (Gaston), Garnier Bodéléac, Gaudin (Gabriel), Gaudin de Villaine (Manche), Gérard (baron), Ginoux-Defermon (comte), Godet de la Riboullerie, Granier de Cassagnac (Paul).

Harispe, Hermary, Hugues (Clovis).

Jolibois, Jonglez, Jouvencel (Paul de), Juigné (comte de).

Keller, Kergariou (de), Kermenguy (vicomte de), Kersauson (comte de).

La Bassetière (Louis de), Labat, La Batie (de), Laborde-Noguez (de), La Bourdonnaye (vicomte de), Lacretelle (général), La Ferronnays (marquis de), Laguerre, Laisant, De La Martinière. Lamarzelle (de), Lamberterie (baron Paul de), Lanjuinais (comte de), Laporte (Nièvre), Lareinty (Jules de), Larère, Largentaye (de), La Rochefoucauld, duc de Doudeauville, Laroche-Joubert, La Rochette (Ernest de), Laur, Leblanc, Lecointre, Le Cour, Lefebvre du Prey, Le Gavrian, Legge (comte de), Le Hérissé, Lejeune, Léon (prince de), Le Provost de Launay, Le Roux (Paul), Le Roy (Félix) (Nord), Levert, Levis-Mirepoix (comte de), Lhomel (de), Liais, Lorois (Émile) (Morbihan), Lorois (Léon) (Finistère), Luppé (comte de).

Mackau (baron de), Maillé (comte de), Martimprey (comte de), Martin (d’Auray), Maurice (Léon) (Nord), Maynard de la Claye, Merlet, Mesnildot (du), Michelin, Montety (de), Morel (Joseph) (Nord), Mouchy (duc de), Mun (comte Albert de), Murat (comte Toachim).

Niel.

Ollivier (Auguste), Ornano (Cunéo d’).

Pain, Paulmier, Peyrusse, Piou (Jacques), Planteau, Plazanet (colonel de), Prax-Paris.

Reille (baron), Remoiville, Renard (Léon), Roche (Georges) (Charente-Inférieure), Rosamel (de), Roussin, Roy de Loulay (Louis).

Sabouraud, Saint-Luc (de), Saint-Martin (de) (Indre), Saint-Martin (Vaucluse), Saisy (vicomte de), Sarrette, Sens (Édouard), Serph (Gusman), Sevaistre (Léon), Soland (de), Soubeyran (baron de), Soucaze, Susini (de).

Tailliandier, Terves (comte de), Thellier de Poncheville, Théron, Trubert, Turenne (vicomte de), Turquet.

Vacher, Valon (de), Vast-Vimeux, Vaujuas Langan (marquis de).

Witt (Conrad de).

ont voté contre :

MM. Abeille, Achard, Allain-Targé, Amagat, Arène (Emmanuel), Astima, Audiffred, Augère, Aujame.

Barhaut, Baltet, Barbe, Barodet, Barré, Barrière, Basly, Bastid (Adrien), Beauquier, Belle (Indre-et-Loire), Berger (Nièvre), Bernard (Doubs), Bernier, Binachon, Bizarelli, Blanc (Pierre), Blandin, Blatin, Boissy-d’Anglas, Borriglione, Boucau (Albert), Boullay, Bourganel, Bourgeois (Jura), Bourgeois (Léon) (Marne), Bourlier, Bourneville, Bourrillon, Bousquet, Bovier-Lapierre, Boysset, Brelay, Bresson, Brialou, Brice (René), Brisson (Henri), Brousse (Émile), Brugère (Aurélien), Brugnot, Bunier, Burdeau.

Calès, Calvinhac, Camelinat, Camescasse, Carret (Jules), Casimir-Perier (Aube), Casimir-Perier (Paul) (Seine-Inférieure), Casse (Germain), Cavaignac (Godefroy), Cavalié, Cazauvieilh, Ceccaldi, Cernesson, Chamberland, Chanson, Chantagrel, Charonnat, Chavanne, Chavoix, Chevandier, Chollet, Clauzel, Clémenceau, Cochery (Georges), Colfavru, Compayré, Constans, Cordier, Corneau, Cornudet, Cousset, Crémieux, Crozet-Fourneyron.

Daumas, Dautresme, Deandreis, Delattre, Dellestable, Delmas, Deluns-Montaud, Deproge, Derevoge (Thomas), Deschanel (Paul), Desmons, Dethou, Develle (Jules), Dorian, Doumer, Douville-Maillefeu (comte de), Dreyfus (Camille), Dubois, Dubost (Antonin), Duchasseint, Duchatel (comte), Ducher (Claude), Ducoudray, Ducroz, Dupuy (Aisne), Dupuy (Charles) (Haute-Loire), Durand (Îlle-et-Vilaine), Durand-Savoyat, Dureau de Vaulcomte, Dutailly, Duval (César), Duvaux, Duvivier.

Ernest Lefèvre, Étienne.

Fagot, Faillières, Faure (Félix) (Seine-Inférieure), Faure (Fernand) (Gironde), Faure (Hippolyte) (Marne), Ferry (Albert), Ferry (Jules), Floquet (Charles), Flourens, Fonbelle, Forest, Fougeirol, Frébault.

Gadaud, Gagneur, Gaillard (Isère), Gaillard (Gilbert) (Puy-de-Dôme), Galtier, Ganault, Gasconi, Gastellier, Gaulier, Gaussorgues, Germain, Gerville-Réache, Gévelot, Giguet, Gilbert, Gillet, Goblet (René), Gobron, Goirand, Gomot, Granet, Grimaud, Gros (Jules), Guillaumou, Guillemaut, Guillot (Louis), Guyot (Paul) (Marne), Guyot-Dessaigne.

Hanotaux, Héral, Hérédia (de), Hérisson, Hervieu, Horteur, Houdaille, Hovius, Hubbard (Gustave), Hude, Humbert (Frédéric), Hurard.

Imbert (Loire).

Jacquemart, Jacquier, Jamais (Émile), Jametel, Jaurès, Javal, Joigneaux, Joubert, Jouffrault, Jourdan (Louis), Jullien, Jumel.

La Battut (de), La Berge (Albert de), Labordère, Labrousse, Labussière, Lacôte, Lacretelle (Henri de), Lacroix (Sigismond), Laffon (René) (Yonne), Lafont (Seine), La Forge (Anatole de), Lagrange, Lalande, Lamazière (Daniel), Lanessan (de), La Porte (de) (Deux-Sèvres), Laroze (Alfred), Laroze (Léon), Lasbaysse, Lascombes, Lasserre, Laurençon, Lavergne (Bernard), Laville, Lechevallier, Lecomte (Maxime), Lefebvre (Seine-et-Marne), Léglise, Legludic, Legrand (Pierre), Le Guay, Leporché, Leroy (Arthur) (Côte-d’Or), Lesage, Lesguillier, Lesouëf, Letellier, Levêque, Levet (Georges), Levrey, Leydet, Leygues, Lockroy, Lombard (Isère), Loranchet, Loustalot, Lyonnais.

Madier de Montjau, Magnien, Mahy (de), Maillard, Maret (Henry), Marmonier (Henri), Marquiset, Martin-Feuillée, Marty, Mathé (Félix) (Allier), Mathé (Henri) (Seine), Maunoury, Maurel (Var), Maurice-Faure (Drôme), Mellot, Ménard-Dorian, Mennesson, Mercier, Mérillon, Mesureur, Mézières, Michel, Michou, Millerand, Milliard, Million (Louis), Milochau, Mondenard (de), Monis, Montaut (Seine-et-Marne), Mortillet (de), Munier.

Nadaud (Martin), Neveux, Noblot, Noël-Parfait.

Obissier Saint-Martin, Ordinaire (Dionys).

Paillard-Ducléré, Pajot, Papon, Passy (Frédéric) (Seine), Pelisse, Pelletan (Camille), Périllier, Perin (Georges), Pernolet, Pesson (Albert), Peytral, Philipon, Pichon (Seine), Pierre-Alype, Pinault, Pochon, Poincaré, Ponlevoy (Frogier de), Pons-Tande, Poupin, Pradon, Pressat, Préveraud, Prévet, Proal (Jules), Prudon, Pyat (Félix).

Rabier, Ranson, Raspail (Benjamin) (Seine), Raspail (Camille) (Var), Raynal, Razimbaud, Récipon, Révillon (Tony), Rey (Aristide), Reybert, Ribot, Ricard, Richard (Georges) (Deux-Sèvres), Richard (Drôme), Rigaut, Riotteau, Rivet (Gustave), Rivière, Roche (Jules) (Savoie), Rodat, Rondeleux, Roret, Roure, Rouvier, Royer, Rumillet-Charretier.

Sabatier, Saint-Ferréol, Saint-Prix, Saint-Romme, Salis, Sandrique, Sarlat, Sarrien, Sentenac, Siegfried, Simonnet, Simyan, Sonnier (de), Sourigues, Spuller, Steeg, Steenackers, Suquet.

Tassin, Theulier, Thévenet, Thiesse, Thomson, Tondu, Treille (Alcide), Trouard-Riolle, Trystram, Turigny.

Vernhes, Vernière, Versigny, Vielfaure, Viette, Viger, Vignancour, Vilar (Édouard), Viox, Vitry.

Waddington (Richard), Waldeck-Rousseau, Wickersheimer.

Yves Guyot.

n’ont pas pris part au vote :

MM. Boyer.

Franconie, Freppel.

Lefèvre-Pontalis, Lepoutre (Auguste).

Martin (Léon) (Oise), Méline.

Partz (marquis de), Passy (Louis) (Eure).

Villeneuve.

absent par congé :

MM. Ballue, Barascud, Brugeilles, Buvignier, Christophle (Albert), Deberly, Deniau, Escande, Folliet, Gilly (Numa), Hilion, Proust (Antonin), Rauline, Roque (de Fillol), Rotours (baron des), Sans-Leroy, Thiers, Turrel, Vergoin, Vieillard (Armand).

absent sans congé :

M. Wilson.