Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Cyrille

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CYRILLE (saint) patriarche d’Antioche, illustre en doctrine & en sainteté, vivoit dans le III siécle. Il succéda à Timée l’an 279, & mourut l’an 302. * Eusebe, en la chron. & hist. l.7, c.26. Baronius, A.C. 283, n.9 ; & 299, n. 9. Du Pin, bibliothéque des auteurs ecclésiastiques.

CYRILLE (saint) patriarche de Jérusalem, après avoir été ordonné prêtre par Maxime, évêque de cette ville, ne voulut, si nous en croyons S. Jérôme, faire que les fonctions de diacre, pendant que cet évêque vécut. Après sa mort, il fut mis en sa place, l’an 350, par Acace & par les évêques de son parti : ce qui rendit sa foi suspecte aux catholiques. Mais il ne fut pas longtemps ami d’Acace. Les différends qu’ils eurent pour les prérogatives de leurs siéges, & touchant les ordinations des évêques dans la Palestine, les brouillerent. Acace fit déposer S. Cyrille dans un concile, tenu l’an 357, sous prétexte qu’il avoit vendu les ornemens de l’église & les vases sacrés, pour assister les pauvres dans un temps de famine. Il mit en sa place Eutychius, qui étoit apparemment évêque d’Eleutéropole. S. Cyrille interjetta appel de la sentence de ce synode à un concile plus nombreux ; mais il fut obligé de se retirer à Tarse, où il demeura quelques temps avec Silvain, évêque de cette ville, qui lui permit de célébrer les saints mysteres, & de prêcher dans son diocèse. Il se tint en ce temps-là un synode à Melitine, ou Malathia, composé d’évêques du partî d’Acace, où S. Cyrille se trouva. Il vint ensuite à celui de Seleucie, où il fut reçu entre les évêques par Basile d’Ancyre, Eustathe de Sebaste & les autres, que l’on appelle demi-Ariens. Acace, pour se venger, se jetta dans le parti d’Eudoxe, &. fit déposer S. Cyrille dans le concile de Constantinople. Ce fut en ce temps-là que l’on ordonna Herennius évêque de Jérusalem, parcequ’apparerament Eutychius n’avoit pas voulu quitter son église. Après Herennius, il y eut un nommé Héraclius sur le siége de Jérusalem, & à celui-ci succéda un Hilaire. Après la mort de l’empereur Constance, Julien, son successeur, ayant rappellé les évêques exilés, S. Cyrille fut rétabli, & demeura en possession du siége de Jérusalem jusqu’à l’empire de Valens. Il en fut chassé une troisiéme fois sous cet empereur, & ne revint à Jérusalem qu’après la mort de ce prince en 378. Il se tint en 379 un concile à Antioche, où l’on parla des églises de Jérusalem, qui étoient dans le trouble, & S. Grégoire de Nysse y alla pour l’appaiser. Enfin S. Cyrille fut confirmé, & son ordination approuvée par le concile de Constantinople, tenu l’an 381. Il mourut le 18 mars de l’an 386, & eut pour successeur Jean. S. Jérôme nous assure que S. Cyrille avoit composé des catéchèses dans sa jeunesse. Nous en avons présentement dix-huit adressées aux catéchumenes, & cinq autres appelées mystagogiques, qui sont pour l’instruction des nouveaux baptisés. Les premieres sont citées par Théodoret & par d’autres anciens. Les dernieres sont promises dans les précédentes. Celles-ci sont citées par les anciens, & elles sont de même style. Quelques critiques protestans assurent que ces dernieres ne sont pas de S. Cyrille ; mais les conjectures qu’ils alléguent ne sont pas assez fortes, pour en détruire l’autorité ; & l’intérêt qu’ils ont à les combattre, parce qu’elles établissent clairement la présence réelle du corps de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, rend leur critique suspecte. Nous avons une lettre de S. Cyrille à l’empereur Constance, sur le sujet de l’apparition d’une croix lumineuse, qui fut vue dans la ville de Jérusalem. On attribue à S. Cyrille un sermon sur la présentation de Jésus-Christ au temple, qui n’est pas si certainement de ce pere. La lettre qui porte son nom, adressée à S. Augustin, touchant les miracles de S. Jérôme, est visiblement supposée. Le style des instructions de S. Cyrille est simple & naïf : il rapporte clairement la docîrine de l’église, & réfute solidement les erreurs des hérétiques. Jean Grodécius est le premier qui ait traduit ces catéchèses, sur un manuscrit grec du cardinal Hosius. Elles furent imprimées en 1564, à Anvers. Morel donna l’original grec des onze premières ; & des cinq dernieres, sur un manuscrit de la bibliothéque de M. de Mesme. Jean le Prévost, Bourdelois, les ayant trouvées toutes dans un manuscrit du Vatican, les fit imprimer à Paris en 1609. On a suivi cette édition dans celle de 1631, & l’on trouve toutes les œuvres de S. Cyrille, dont nous avons parlé, dans la bibliothèque des peres. M. Grancolas, docteur en théologie de la faculté de Paris, a donné une traduction françoise des catéchèses de S. Cyrille avec des notes, imprimée à Paris en 1715, ek le pere Touttée, Bénédictin de la congrégation de S. Maur, a donné une nouvelle édition grecque & latine de tous les ouvrages de S. Cyrille, in-folio, à Paris, en 1720. Il a corrigé le texte sur plusieurs manuscrits, fait une nouvelle version, & composé des notes pour l’éclaircissement du texte. * S. Jérôme, en la chron. & au cat. c. 112. S. Epiphane, hæres. 66 & 73. Russin, l. 1, c. 23. S. Jean de Damas, or. 3, des imag. Bellarmin, des écriv. Baronius, A.C, 351, 353, 381, 386. Du Pin, biblioth. des auteurs ecclesist. du IV siécle. Baillet, vies des saints. De Tillemont, mém. pour l’hist eccles.

CYRILLE (Sratius ou Tatius) historien, qui vivoit du temps de Constantin le Grand, dans le IV siécle, traduisit de grec en latin les vies des empereurs Romains, comme il est aisé de le juger, par ce que dit Jules Capitolin en la vie des deux Maximins.* Vossius le remarque de même, liv. 2 des histor. Lat. c.7.

CYRILLE (saint) patriarche d’Alexandrie, a vécu dans le V siécle. Il succéda le 6 octobre de l’an 412, à Théophile frere de sa mere ; & à peine fut-il installé, qu’il chassa les Novatiens de la ville, & dépouilla leur évêque Teopemptus de ses biens. Peu après, les Juifs ayant insulté les chrétiens d’Alexandrie, il se mit à la tête des chrétiens, enleva aux Juifs leurs synagogues, les mit en fuite, & laissa piller leurs biens, ce qui le brouilla avec Orestes, gouverneur d’Alexandrie. Cette désunion forma deux partis dans la ville : cinq cens moines attroupés, pour venger leur évêque blesserent Orestes dans son chariot, & la célèbre philosophe Hypatie fut massacrée dans une sédition populaire. Ce qui rendit S. Cyrille plus célèbre, fut la querelle qu’il eut à soutenir contre Nestorius. Cet évêque de Constantinople ayant souffert que son prêtre Anastase & l’évêque Dorothée prêchassent hautement, que la Vierge Marie ne devoit point être appellée mere de Dieu, & ayant lui-même appuyé ce sentiment dans ses sermons, scandalisa son église. Le clergé, les moines & le peuple s’y opposerent. La dispute passa en Egypte, où les partisans de Nestorius avoient envoyé ses sermons. Quelques moines d’Egypte prirent parti pour lui. S. Cyrille leur écrivit contre la doctrine de Nestorius. Après plusieurs écrits faits de part & d’autre, l’affaire fut portée à Rome au pape Célestin. S. Cyrille y envoya le diacre Possidonius, & Nestorius lui écrivit aussi de son côté. Célestin ayant reçu des instructions de part & d’autre, assembla un concile à Rome au mois d’août de l’an 430, dans lequel la doctrine de Nestorius fut condamnée, & celle de S. Cyrille approuvée. Ce dernier fut commis par le pape, pour exécuter le jugement rendu contre Nestorius, qui portoit, qu’il feroit déposé & privé de la communion, si, dix jours après la signification de la sentence, il n’acquiesçoit au jugement du concile de Rome. S. Cyrille ne manqua pas de le faire signifier à Nestorius, & dressa douze anathématismes contre la doctrine de Nestorius. Cette contestation s’étant échauffée, parceque les évêques d’Orient prenoient parti pour Nestorius, l’empereur Théodose crut devoir assembler un concile général pour l’appaiser : il l’indiqua par sa lettre du 19 novembre 430, pour le jour de la Pentecôte de l’année suivante. S. Cyrille y présida ; quelques-uns disent que ce fut au nom du pape mais il y a bien plus d’apparence que ce fut en son nom. Nestorius y fut condamné & déposé, & les anathématismes de S. Cyrille y furent approuvés. Jean d’Antioche & les autres évêques d’Orient, se séparerent de ce concile, soutinrent Nestorius, & tinrent un synode à part, où S. Cyrille fut déposé. La cour de l’empereur fut d’abord favorable à Nestorius, & se déclara ensuite pour S. Cyrille. Les évêques d’Orient résisterent quelque temps ; mais enfin ils s’accommoderent avec S. Cyrille, par l’entremise de Paul d’Emese. Nestorius qui avoit été l’auteur de tous ces troubles, fut relégué à Oasis, & ses livres furent condamnés au feu. S. Cyrille continua de gouverner le siége d’Alexandrie jusqu’en l’année 444, qui fut celle de sa mort. Nous avons ses œuvres en grec, avec une traduction latine en six volumes, qui font sept volumes in-folio, recueillies & imprimées par les soins de Jean Aubert, chanoine de Laon, l’an 1638. Le premier tome contient les livres de l’adoration & du culte de Dieu en esprit & en vérité, avec les Glaphyres ou commentaires sur les cinq livres de Moïse ; le second, le commentaire sur Isaïe ; le troisième, un commentaire sur les douze petits Prophètes ; le quatrième, un commentaire sur l’évangile de S. Jean ; le cinquième tome est divisé en deux parties, qui font deux volumes, le premier contient le trésor & les dialogues sur la Trinité & sur l’Incarnation ; & le second, ses homélies & ses lettres ; le sixiéme tome renferme les traités contre Nestorius, les livres contre Julien, un traité contre les Antropomorphites, & un ouvrage sur la Trinité, Il y a quelques autres ouvrages attribués à S. Cyrille, qui ne sont pas de lui, & on en à perdu plusieurs véritables. S. Cyrille avoit une merveilleuse facilité pour composer, & s’étoit appliqué à un genre d’écrire, où il est facile de fournir ; car ou il copie les passages de l’Ecriture, ou il fait de grands raisonnemens, ou il débite des allégories. Il s’étoit fait, comme remarque Photius, un style tout particulier : il avoit un génie subtil & métaphysique, & débitoit facilement la plus fine dialectique. Il y a un lexicon & un traité des animaux, qui portent le nom de Cyrille ; mais c’est apparemment d’un autre que de notre patriarche d’Alexandrie. Le ménologe des Grecs en fait mémoire le 9 de juin, & l’église latine le 28 janvier. Evagre, Nicéphore & Socrate parlent de lui dans leur histoire. Ce dernier ne lui rend pas toujours justice, & quelques autres auteurs, entr’autres, S. Isidore de Damiette, lui ont reproché le trop de chaleur avec laquelle il agissoit dans ses démêlés. * Gennade, c. 57, des homm. illustr. Photius, dans sa biblioth. Sigebert, c. 24, des écriv. eccles. Sixte de Sienne, l. 4, biblioth. A.C. 432. Trithème & Bellarmin, au catal. Baronius, depuis l’an 412, jusqu’en 444 ; & au mart. 28 Janvier. Godeau, hist. eccles. tome III. Du Pin, biblioth. eccles. Dissertat. sur Hypatic, par M. Goujet, dans les mém. de litté. & d’hist. tom. V, part i.

CYRILLE, diacre de l’église d’Héliopolis, proche du Liban, sous l’empire de Constantin, excité par un zèle indiscret, brisa plusieurs simulacres adorés par les païens. Ceux-ci s’en souvinrent, lorsque leur religion fut dominante sous l’empire de Julien ; & ils s’en vengerent avec beaucoup de fureur, puisque non contens de le tuer, ils l’éventrerent & lui mangerent le foie. Tous ceux qui eurent part à cette action en furent punis d’une façon étonnante. Ils perdirent d’abord toutes les dents, ensuite la langue, & enfin les yeux. Alcyonius assure que Cyrille, avant que de faire cet exploit contre ces idoles, avoit été banni de l’isle de Naxos, & que Julien commanda lui-même qu’on le tuât, & que ses courtisans se repussent des entrailles de ce saint homme. On ne trouve point cela dans Théodoret. * Théodorst, hist. eccles. l.3, c.7. Petrus Alcyonius, fol. 104. Bayle, dict, crit.

CYRILLE, moine de Palestine, & disciple du grand Euthyme, vivoit dans le VI siécle. Il a écrit la vie de son maître, que Surius & Bollandus rapportent au 20 janvier ; celle de S. Sabas, & celle de S. Jean, que son admirable amour pour le silence fit appeller le Silentiaire ; & Surius les a mises toutes deux dans son recueil, sous le 13 mai & le 5 décembre. La vie de S. Euthyme a été donnée aussi par M. Cotelier au second volume des monumens grecs, & depuis plus correcte par D. Jacques Loppin dans ses analectes grecs, Baronius a fait l’éloge de cet écrivain, & il croit que la vie de S. Théodose le Cénobite, & celle de S. Cyriac ou Quiriace, sont encore de lui. * Baronius, A.C.475, 491 & 511. Vossius, liv. 2 des historiens Grecs, c. 21.

CYRILLE, patriarche d’Antioche, qui succéda l’an 1619 à son frère Athanase, & fut troublé par Ignace, qui le fit mourir l’an 1628, & qui se mit en sa place. * Gautier, chron* XVII siécle.

CYRILLE, patriarche d’Alexandrie, II de ce nom, vivait dans le XVII siécle. Il étoit hérétique Eutychien, & tenoit le siége vers l’an 1618. * Gautier, chron.


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