Le parfait mareschal/74

La bibliothèque libre.
Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 186-188).
◄  Des Molettes ⅬⅩⅩⅣ : Des Retoires nommés des Italiens feu mort. Des Entorses, & Dislocations du Boulet  ►


LEs Italiens appellent les retoires feu mort avec beaucoup de raison, puisqu’il se peut comparer au feu non seulement par la chaleur qu’il introduit dans la partie, mais parce que il la détruit, si on ne s’en sert avec moderation, ainsi c’est un espece de feu potentiel.

Les retoires sont en consistance d’onguent, composez de drogues fortes a peu prés comme les vessicatoires pour les hommes, qu’on appelle vessicatoires, parce que ils attirent des vessies pleines d’eaux rousses sur l’endroit où elles sont appliquées. Les retoires font aux Chevaux le mesme effet : car ils attirent des eaux rousses de la partie où on les met. C’est un bon remede si un homme sage s’en sert ; mais si un estourdi l’applique en trop grande quantité, ou sur les endroits où passent les grosses veines, par exemple sur une varisse ; il causera autant de desordre que si on s’estoit Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/201 Chap.
ⅼⅹⅹⅳ
.
Retoire ou feu Mort.

Prenez deux onces argent-vif que vous esteindrez peu à peu dans un mortier avec deux onces de soulfre en poudre, le tout estant amorti, sera mélé dans le mesme mortier avec quatre onces beurre vieil, adjoûtez y un once d’eufforbe en poudre, une dragme mouches Cantarides en poudre, & deux onces huile laurier : mélez le tout à froid & le gardez.

Pour se servir de ce remede par exemple sur une Molette : il faut razer le poil, & graisser le lieu avec cet onguent, & presenter un fer tout rouge vis-à-vis, & sur tout il faut empécher que l’onguent ne coule plus bas que la Molette, car il feroit enlever le lieu où il toucheroit, l’on doit attacher le Cheval en sorte qu’il n’y puisse porter la dent de neuf jours, & dans trois jours l’onguent aura fait son operation, cependant le Cheval ne doit point sortir de l’écurie, ny aller à l’eau, ny se coucher.

Autre retoire.

Prenez quatre onces huile laurier, deux onces eufforbe pilé & demie once mouches cantarides, ces deux dernieres en poudre fine seront mélez avec l’huile laurier à froid, pour s’en servir comme du precedent.

On pourra faire un retoire sans y méler aucun huile laurier avec du Basilicum un quarteron, deux onces precipité rouge en poudre fine, & demie once eufforbe, le tout mélé ensemble & appliqué comme cy-dessus.

On peut composer des retoires de différentes manieres, chaque Mareschal a le sien particulier ; mais je crois que les descriptions cy-dessus, suffisent sans en chercher aucun autre : s’ils sont appliquez par un homme sage, ils reussiront tres-bien.