Le tour du Saguenay, historique, légendaire et descriptif/17

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XV

DANS LES LAURENTIDES




Le retour par la voie ferrée — L’ancien « grenier » de la Province de Québec — Le premier résident du Lac Saint-Jean — Trois « spécialités » — Le long de la rivière-Batiscan.






SI le touriste veut faire le tour complet du Saguenay, une fois arrivé à Chicoutimi, il lui faudra revenir par l’autre côté du rideau, traverser, en chemin de fer, la belle et grasse vallée du Lac Saint-Jean et franchir la partie la plus pittoresque des Laurentides par ce que l’on appelle à Québec les forêts du Nord.

Le train est parti, le matin, de Chicoutimi, et deux heures après, à Saint-Gédéon, nous apercevons un coin bleu du lac, l’ancien lac Picouagami — qui veut dire : lac aux rivages plats. À sa vue, l’on doit redire le cri d’admiration qui s’échappa des lèvres de l’héroïque Père DeQuen et de ses compagnons quand, en 1647, descendant de Chicoutimi par la Belle-Rivière, ils aperçurent la belle nappe bleue s’irradiant des feux d’un beau soleil de septembre.

Nous entrons dans un pays privilégié où la variété et la pureté des paysages, larges et nuancés, sont presque aussi légendaires que la richesse de son sol. C’est un pays qui s’étend en horizons qui donnent à l’œil des joies sans cesse renouvelées et à l’âme des leçons de beauté sereine. En cet au delà lointain des Laurentides, le sol a été marqué de l’empreinte de notre survivance française qui s’est inscrite dans les plaines et dans le cœur des hommes, et l’on sent que cette survivance fut patiente, mesurée, eurythmique. Comme dans les centres agricoles de notre Pays de Québec — comme appelait Louis Hémon notre province — on sent que ceux qui vivent là ne se plient pas à l’incohérence des brusques bouleversements. Tout, ici, comme partout au pays de Québec, s’accomplit selon la courbe d’une évolution harmonieuse.

Depuis Chicoutimi le train a traversé Jonquière, Saint-Bruno, Hébertville-Station.

Jonquière — Saint-Dominique — est dans le comté de Chicoutimi. Jonquière s’écrit, sans s : c’est le nom du seizième gouverneur de la Nouvelle-France, mort à Québec en 1752. C’est une petite ville très prospère, fondée en 1866. C’est le centre de la région industrielle du Haut-Saguenay. Là fleurit l’industrie de la pâte de bois. La population de la ville et de la paroisse — en 1920 — est d’environ 6,000 âmes : elle augmente considérablement chaque année.

À un demi-mille de la ville, se trouve un fort pouvoir hydraulique situé sur la Rivière-au-Sable, l’un des tributaires du lac Kenogami. La Cie Price Bros a établi là des moulins très considérables à pâte de bois, à carton et à papier à journaux. Un village que l’on a appelé Kenogami s’est formé autour de ces usines et ce village deviendra vite une belle ville. Non loin de là, on a commencé, en 1920 même, l’établissement d’une autre ville industrielle qui s’appellera la ville de Saguenay, grâce à l’agrandissement considérable des moulins Price.

Jonquière, Kenogami et Ville de Saguenay sont destinés à devenir la région la plus intensément industrielle non seulement du Saguenay mais du district de Québec et même de la province.

Après avoir traversé deux petits villages formés de quelques maisonnettes d’ouvriers construites autour de moulins à scie, le train arrête à Saint-Bruno que nous ne voyons guère et qui est une paroisse essentiellement agricole, puis Hébertville-Station où fleurit le commerce qui nourrit toutes les paroisses d’alentours que le chemin de fer du Canadien-Nord ne peut pas atteindre. Au point de vue canonique, Hébertville-Station s’appelle Saint-Wilbrod : la paroisse a été fondée en 1911.

À trois lieues d’Hébertville-Station se trouve le village d’Hébertville. Hébertville est la plus ancienne paroisse du Lac-Saint-Jean ; c’est le berceau des 36,000 habitants qui peuplent aujourd’hui cette région. L’hon. M. Boucher de LaBruère, en 1880, a publié des lettres intéressantes sur la région du Lac Saint-Jean et, en particulier, d’Hébertville. L’ancien surintendant de l’Instruction Publique était alors rédacteur du Courrier de St-Hyacinthe qui publiait ses lettres.

Et voici le train à Saint-Gédéon, d’où nous apercevons pour la première fois le lac.

Saint-Gédéon est dans le canton Signaï et le village est à un mille de la gare. La paroisse, essentiellement agricole, a été fondée en 1864. Près de la gare est établi depuis 1910 un important moulin de la Cie Price Bros. C’est à Saint-Gédéon que demeure M. Jos. Girard, le député du district de Québec qui, à part sir Wilfrid Laurier, a représenté le plus longtemps son comté aux Communes. M. Girard a, en effet, représenté le comté du Lac-Saint-Jean pendant plus de seize ans. Il a été battu en 1917 par le Dr Edmond Savard, de Chicoutimi, qui est le député actuel (1920). M. Émile Moreau, de Péribonca, est le député du comté au Parlement de Québec.

Dans cette partie du Lac-Saint-Jean, à l’intérieur des terres ou de l’autre côté du lac, nous ne voyons pas Saint-Joseph d’Alma, Saint-Cœur-de-Marie, Saint-Henri-de-Taillon, puis, du côté opposé du lac, Péribonka, Mistassini, Saint Méthot, Normandin, Sainte-Lucie-d’Albanv, Saint-Félicien, Saint-Prime, et ensuite, Roberval où le touriste arrivera tout à l’heure.

Après Saint-Gédéon, le train franchit Saint-Jérôme, la paroisse la plus véritablement agricole de la région. On longe le beau Rang du Poste et l’on arrive aux bords de la rivière Métabetchouan que le train franchit sur un magnifique pont en fer. L’endroit est, ici, prodigieusement pittoresque. Sur la pointe qui forme l’estuaire de la rivière et la rive est du lac, nous voyons se dresser une grande croix de bois rustique. Elle fut plantée là en 1900 pour perpétuer l’établissement du plus vieux poste de la région, le point précis où, en 1616, fut dite par le Père DeQuen, découvreur du lac Saint-Jean, la première messe dans ces solitudes profondes. Puis, par les lacets d’une route d’un pittoresque achevé, tantôt traversant des vallons profonds et perçant des collines superbes, tantôt presque sur les sables fins des grèves du lac, après avoir traversé le Rocher-Percé, La-Martine, le Petit-Québec et le Petit-Montréal, petits villages de quatre ou cinq maisons, nous arrivons à Chambord. C’est ici, qu’en venant de Québec, par le chemin de fer, nous apercevons pour la première fois le lac, à travers une éclaircie de taillis que l’on traverse pendant près d’une heure. Le sifflet de la locomotive vient-il de nous annoncer Chambord que nous apercevons, d’un seul coup d’œil, toute la nappe bleue du lac. Au bord de cette nappe bleue s’étend une grande île toute cultivée. Et le lac apparaît comme une rivière qui ceinturerait l’île. C’est le vestibule du Lac-Saint-Jean en arrivant de Québec. Joli vestibule, en vérité.

De Chambord à Roberval — trois lieues — en allant vers le nord, il y a un petit chemin de fer qui conduit à la capitale du Lac-Saint-Jean — Roberval. On voit, en passant Val-Jalbert où sont établies de puissantes usines à pulpe qu’actionnent les forces hydrauliques de la rivière Ouiatchouan.

On ne peut connaître le Lac-Saint-Jean sans en faire complètement le tour : le chemin de fer ne nous en fait voir qu’un côté, celui des vieilles paroisses. Que de paroisses que nous ne voyons pas à partir de Roberval : Saint-Prime, Saint-Félicien, Saint-Méthot ou Ticouavé, Normandin, Sainte-Lucie d’Albanel, Mistassini, Saint-Amédée-de-Péribonca, Saint-Édouard-de-Péribonca, Notre-Dame-de-la-Doré, Honfleur, Saint-Henri-de-Taillon ou La Pipe, Saint-Cœur-de-Marie ou Mistouk, L’Ascension, Saint-Joseph-d’Alma. Depuis 1918, le chemin de fer se rend maintenant jusqu’à Saint-Félicien.

Non loin de Roberval se trouve la Pointe-Bleue où les derniers survivants de la valeureuse tribu des Montagnais, enveloppés dans le manteau de leur gloire ancestrale, depuis plusieurs années, rêvent sur les rives du lac Pécouagami à leur passé glorieux.

Cette belle région du Lac-Saint-Jean fut le berceau de l’un des premiers postes de la Nouvelle-France. Ce pays fut assidûment visité par les missionnaires jésuites, entr’autres les Pères Antoine Silvy, Antoine Dalmas, de Crespieul, Jean-Baptiste Boucher, Jean Morain, Louis André, Bonaventure Favre. Ces bons pères nous ont laissé des choses très précieuses sur les premières missions du Lac-Saint-Jean et du Saguenay, en particulier dans un vieux manuscrit que conserve soigneusement dans ses archives le séminaire de Québec et auquel on donne généralement le titre de Second registre de Tadoussac. C’est un cahier de soixante-cinq feuillets qui tombent en poussière. Les renseignements que l’on y trouve sur l’ancien Domaine du Roi sont loin d’être complets, mais un autre cahier, connu sous le titre de Micellaneorum Liber et que l’on conserve à l’archevêché de Québec, permet de compléter les premières notes.

Le lac Saint-Jean a été découvert en 1646 par le Père Jean DeQuen, mais c’est en 1676 que fut établi le Poste de PeokSagamy — lac Saint-Jean — Une petite chapelle fut construite à l’entrée de la rivière Métabetchouan.

Des portières des wagons du train du Canadien-Nord qui nous traverse la rivière sur un magnifique pont, à l’embouchure même de la rivière, on peut voir une croix de bois rustique qui fut plantée là, comme nous venons de le voir, pour marquer l’endroit où fut construite la chapelle du Poste. Le 8 juillet, 1667, le Père de Crespieul note que René Parquier et Olivier Gagné avaient « achevé entièrement la chapelle et la maison de Saint-Charles au lac Saint-Jean de PeakSagamy basties aux frais de M. Charles Bazire procureur général des affaires du roi de la Nouvelle-France ».

Il est intéressant de noter que ce territoire a été habité par un blanc bien avant sa fondation officielle.

On conserve aux archives du séminaire de Québec copie d’une ancienne carte dont l’original est aux archives nationales de Paris et sur laquelle est indiqué le séjour de Nicolas Pelletier. Cette carte ne porte ni date ni nom d’auteur ; mais il en est une autre de l’arpenteur Normandin levée en 1732 et qui mentionne aussi « à 180 milles au nord-ouest du lac Saint-Jean, l’établissement d’un M. Pelletier qui se dresse inopinément au milieu de la solitude et dont l’apparition fait naître toute espèce de supposition fantastique ».

Arthur Buies écrivait à ce sujet : « Qu’était-ce que ce M. Pelletier qui vivait ainsi seul dans ce lointain presque inaccessible, quels desseins étranges y pouvait-il nourrir ? Était-ce un coureur des bois, un philosophe, un ermite ? Aucune tradition ne nous éclaire à ce sujet. »

Mgr A.-E. Gosselin répond à Buies dans un mémoire lu à la Société Royale du Canada à sa réunion de mai 1917, et intitulé : À Chicoutimi et au Lac-Saint-Jean à la fin du XVIIe siècle.

« Ce monsieur », dit-il, « n’était ni un philosophe ni un ermite, mais un coureur des bois, un commis de MM. les intéressés, et, ce qui est plus grave encore, un Canadien français de naissance devenu sauvage de mœurs. Il se nommait Nicolas Peltier… Il a été le premier vrai résident dans les régions du Saguenay où il a vécu plus de cinquante ans et où il est mort. »

Il était né à Sillery en 1649. Il se maria trois fois, chaque fois avec une sauvagesse ; ses femmes furent Madeleine Tegochix, montagnaise, morte et inhumée à Metabetchouan, en mars 1677, Françoise Schechinockse, fille d’Seskini, algonquine, morte en 1712, enfin, Marie, autre sauvagesse, fille du grand chef Jean-Baptiste Nanavesa, morte en 1733. Peltier était mort, lui, quatre ans avant sa troisième squaw. Il fut inhumé à Chicoutimi par le Père Laure. Peltier avait 80 ans quand il est mort. Il vécut cinquante ans dans la région où il avait obtenu la permission de faire la traite. Et voilà, en quelques mots, l’histoire du premier résident du Lac-Saint-Jean…

Nous nous éloignons maintenant du lac pour filer vers Québec, par les contreforts des Laurentides que traverse la voie ferrée.

Mais quelques mots encore pour caractériser cet intéressant pays.

La vallée du Lac-Saint-Jean que l’on appelait autrefois avec raison le grenier de la province de Québec, qui a perdu ce titre pendant plusieurs années par sa très grande faute mais qui est en train depuis quelques temps de le reconquérir, a toujours été remarquable, pour un esprit quelque peu observateur par trois spécialités, ou plutôt, trois produits particuliers qui la distinguent radicalement de toutes les autres régions de la province de Québec. M. de Pourceaugnac dirait que ces trois spécialités sont : la Première, la Deuxième et la Troisième, mais nous dirons un peu plus spécifiquement que ce sont : les bleuets, les gourganes et la ouananiche.

Chaque province de notre pays a son orgueil national qui consiste en un sommet à la hauteur duquel aucun autre pays ne peut s’élever ; l’Ouest a son blé, l’Ontario a ses viandes, Québec a ses érables, les provinces maritimes ont leurs huîtres. Plus spécialement, chaque région de notre province en particulier, a son orgueil : L’Islet et Kamouraska ont leurs prunes, Charlevoix a ses volailles, l’Île d’Orléans a son fromage raffiné et ses fraises, la Beauce a son sucre, etc.

Le lac Saint-Jean et le Saguenay ont leurs ouananiches, leurs bleuets et leurs gourganes.

Les gens de New-York et de Chicago connaissent maintenant tout aussi bien que ceux du Lac-Saint-Jean, la délicieuse ouananiche ; ceux de Québec et de Montréal ont savouré maintes fois les beaux bleuets du Lac-Saint-Jean ; quant aux gourganes, moins connues, leur culture s’étend davantage dans les autres districts de la province et l’on peut leur prédire un bel avenir de popularité.

Évidemment on ne peut pas dire que la gourgane est une production cosmopolite que les peuples se sont disputés en se basant sur leur civilisation plus ou moins intensive. On ne parle aucunement du triomphe de la gourgane à Athènes, sous Aristide surnommé le Juste et l’on ne peut dire, même en nous basant sur les minuties de l’histoire qu’elle s’est épanouie aux grands jours de l’empire romain. Juvénal, qui sillonna le visage des affranchis puissants et marqua de son fouet les épaules nues de Messaline, n’a pas chanté la gourgane dans ses satyres. Au Moyen-Age, on est muet comme des carpes au sujet de la gourgane et les historiens du second empire sont de marbre là-dessus.

Plus près de nous — temps et lieu — c’est en vain que l’on chercherait dans les œuvres de nos historiens des renseignements sur la gourgane et nous consulterions vainement les Relations des Jésuites, Smith, Parkman, le baron Masères, Christie, Watson, Ferland, Miles, Bibaud, Garneau, Faillon et Sulte.

La gourgane mériterait pourtant — surtout en ces temps de cherté de la vie — une réputation universelle. Elle n’est connue généralement, à vrai dire, qu’au Lac-Saint-Jean et au Saguenay où depuis nombre d’années on lui rend pleine justice en la mangeant, je ne dirai pas à toutes les sauces, mais en bonne soupe, ce qui est, au reste, sa destination naturelle, voulue par l’auteur de la Nature.

On cultive la gourgane dans quelques potagers des Cantons de l’Est, mais n’en déplaise aux descendants des anciens Loyalistes, qui se sont fixés dans ce coin de la province de Québec, ils donnent à la gourgane une destination que nous n’hésitons pas à qualifier de ridicule : après l’avoir fait griller, ils en font un café qu’ils appellent le café canadien, comme si ces fils des anciens United Empire Loyalists de la portion ouest du Canada voulaient prendre une sorte de plaisir à tourner en dérision jusques nos plus humides légumes…

Nous ajouterons que la gourgane, c’est la fève connue en France sous le nom de fève des marais. Mais, continuons notre route en pleines Laurentides maintenant.

C’est, tout le long de la route, un désordre inexprimable et magnifique de la nature, surtout quand on est parvenu au sommet de la majestueuse chaîne laurentienne. Partout, à droite, à gauche, devant, derrière nous, des ravins, des gorges profondes, des entassements titanesques de blocs erratiques, des massifs qui surgissent tout à coup devant le regard. Au travers de tout cela, le chemin de fer accomplit des contorsions incroyables : il semble rivaliser d’astuce avec la jolie et fuyante rivière Batiscan qui nous suit pendant une grande partie du parcours. Elle court, glisse, échappe, se retourne, fuit, s’agite, rase dans sa course le pied des massifs : la voie ferrée et la rivière semblent jouer à cache-cache. La Batiscan disparaît tout à coup derrière un gros rocher… La reverrons-nous encore ? Tiens, la voilà qui montre un peu de son dos noir au pied d’un cap immense.

Puis, voilà, aux bords d’une rivière ou sur un escarpement, un petit campe de bois rond, — il est habité, quoi qu’on pense — ou bien une demi-douzaine de huttes qui ont, malgré tout, un petit air de civilisation : elles sont juchées çà et là, un peu au hasard, sur des reliefs de terrain et forment, le long de la voie, des groupements pittoresques et ingénieux. Que font les gens qui habitent ces masures, d’où viennent-ils, que veulent-ils ? La courte halte que fait le train au milieu d’eux ne nous permet pas de le savoir. Au reste, chacun doit avoir sa place sous le soleil du Bon Dieu.

La plupart de ces minuscules villages ont été formés autour d’un club de chasse ou de pêche. Car nous sommes, ici, dans le royaume de l’orignal, du caribou, de l’ours, de la perdrix et de la truite.

De Chambord à Saint-Raymond, à part ces maisons de clubs, peu de places notables, assurément. Au Lac-Bouchette, nous sortons, pour ainsi dire, du vestibule du Lac-Saint-Jean. C’est, ici, un lieu d’un pittoresque achevé : le train contourne la rive est du lac au milieu duquel s’étend une grande île toute cultivée. De l’autre côté du lac, nous distinguons l’Ermitage de San-Tonio, fondé par M. l’abbé Elzéar Delamare, l’apôtre de saint Antoine de Padoue dans la province de Québec. On fait, depuis quelques années, de nombreux pèlerinages à l’Emitage de San-Tonio.

Les feuillets de route du Canadien-Nord indiquent suffisamment, maintenant, les endroits sans importance que nous traversons. Bornons-nous seulement à répéter qu’aucune route, au point de vue pittoresque, ne procure plus de jouissance au touriste que celle que nous suivons.

De cette région, Arthur Buies, ce peintre incomparable des Laurentides, a écrit de belles pages, en 1886, à l’occasion des premiers travaux de construction de la voie ferrée, ancien Québec & Lac-Saint-Jean, ancien Canadien-Nord et maintenant section des chemins de fer nationaux du Gouvernement. Le Lac-Édouard, paradis des pêcheurs, l’endroit des Laurentides où l’air est le plus pur — ce qui a engagé des philanthropes de Québec à y construire un sanatorium pour les tuberculeux — et la Rivière-à-Pierre, jonction du chemin des Piles qui conduit à La Tuque, Lac-Édouard et Rivière-à-Pierre, disons-nous — les deux places les plus importantes jusqu’à Saint-Raymond — datent du commencement de la construction du chemin de fer.

Après la Rivière-à-Pierre, nous quittons les forêts laurentiennes et descendons à travers les belles plaines des comtés de Portneuf et de Québec ; tous les endroits que nous traversons : Saint-Raymond, Lac-Sergent, Lac-Saint-Joseph, Sainte-Catherine, Lorette,


Paysage non loin du village des Éboulements.
Collection Marius Barbeau, Ottawa.

Charlesbourg, tendent, chaque année, à devenir des endroits de villégiature fort goûtés. Après avoir entrevu les plaines grises et mornes, désormais historiques, de l’ancien camp de Valcartier, évocation fugitive d’une heure

tragique de notre histoire, nous voyons défiler les beaux champs si soigneusement cultivés des vieilles et historiques paroisses de Lorette et de Charlesbourg. Puis, nous traversons la rivière Saint-Charles, et nous entrons en gare de Québec.

Nous avons fait le tour complet du Saguenay.



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