Les Œuvres et les Hommes/Les Romanciers/Eugène Sue

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Les Œuvres et les Hommes
Amyot, éditeur (4e partie : Les Romanciersp. 15-26).


EUGÈNE SUE[1]


I[modifier]

Le Socialisme a perdu son romancier. M. Eugène Sue est mort en Savoie. Il est mort, dit-on, en libre penseur, et ses dernières paroles ont été pour se vanter de cette superbe manière de mourir. « Prenez acte de ceci, — a-t-il dit à ses amis, — que je meurs en libre penseur », c’est-à-dire sans souci de Dieu, de l’âme et de sa destinée. Il a donc réalisé le terrible mot de Stendhal, qui était aussi de cette boutique de la Libre Pensée et qui mourut frappé d’apoplexie sur le pavé, sans que Dieu lui laissai le temps d’être inconséquent à son célèbre dire : « la pénitence est une sottise. Il ne faut jamais se repentir. »

Eh bien ! malgré cette fin d’un homme qui meurt en prenant toutes ses précautions pour qu’on s’en aperçoive et pour que la charité des gens de bien ne puisse calomnier sa mémoire en l’honorant d’une bonne action dernière, malgré l’exil volontaire dans lequel la vanité trouve moyen de s’encadrer encore, lorsque tous les autres cadres ont été brisés, enfin malgré des travaux… considérables, si vous comptez le nombre des volumes, et qui n’ont jamais (malheureusement) été interrompus, M. Eugène Sue n’a pas fait, en mourant, le bruit auquel il avait presque le droit de s’attendre. Il est tombé dans le bruit de la mort de Béranger et il s’y est perdu, D’un autre côté, est-ce défiance ou ingratitude ? le parti auquel M. Sue s’était donné et dont il fut longtemps le coryphée, n’a encore jusqu’ici effeuillé que de très-petites fleurs sur sa tombe. On y cherche en vain des tournesols.

Les y mettra-t-il ? Les grosses fleurs de l’admiration s’épanouiront-elles sur celle mémoire, comme elles s’épanouirent sur sa vie ? Car M. Sue a été admiré. Il fut une fortune, et il passa pour une puissance. Aujourd’hui qu’il n’est plus et que la popularité de l’auteur du Juif errant est fort diminuée, lui fabriquera-t-on une gloire de meilleur aloi et de plus de résistance ?… Les grands fondeurs… en carton pâte de la Critique contemporaine élèveront-ils une statue à un écrivain qui a bien assez écrit pour que beaucoup d’esprits le croient un colosse ? Il en est un, en effet, — un colosse de papier, trempé dans de l’encre empoisonnée. La Démocratie, qui place le droit dans le nombre, y place peut-être le génie aussi. A ce compte-là, M. Eugène Sue, qui a produit une grande quantité d’ouvrages, serait un des plus puissants esprits du XIXe siècle. Mais alors pourquoi donc ne le dit-elle pas ?…

II[modifier]

C’est le XIXe siècle, du reste (et l’Histoire littéraire devra lui reconnaître cette supériorité), qui a mis dans le monde ces grands producteurs, comme il les appelle dans le jargon de sa manie économique, qui savent tirer de leur cerveau ce nombre de volumes en disproportion (a-t-on cru longtemps) avec la force de l’esprit humain, et qui ne le sont pas même avec sa faiblesse. Avant le XIXe siècle, en effet, un homme comme Scudéry était un phénomène. Aujourd’hui c’est une vulgarité. Excepté Walter Scott, génie accumulé, replié longtemps sur lui-même, et qui écrivait lard sous la pression d’une cruelle infortune, et Balzac, — un homme à part, — constitué pour le travail comme Mabillon, avec cette tôle étonnamment féconde que n’ont pas d’ordinaire les grands travailleurs, vous n’avez dans le XIXe siècle que de ces immenses fécondités qu’il faudrait plutôt appeler des incontinences, et dont la facilité de production tient bien plus à l’avachissement de l’esprit par le métier qu’à son énergie par l’exercice sévèrement entendu du talent.

M. Alexandre Dumas, le chef de cette École de producteurs, qui imposa un instant à l’Opinion étonnée et qui se donnait, avec une gasconnade presque splendide, pour un volcan d’idées et d’inventions à jet continu, a dû être terriblement humilié en voyant de petits jeunes gens littéraires et jusqu’à des femmes imiter sans effort son genre de génie et continuer cette plaisanterie de la grande production, qui est l’ébahissement des sots. Nous, de notre côté, en regardant dans quelles mains sont tombées les guides qui menaient naguères, comme un quadrige, trois ou quatre feuilletons à la fois, nous avons eu la preuve de cette vérité qu’il importe de répéter aux hommes d’une époque, dupe des choses physiques : c’est qu’il est plus aisé de produire beaucoup de volumes que d’en écrire un seul avec éclat, délicatesse et profondeur. M. Eugène Sue, qui fut de cette école qu’on pourrait appeler les Pondeurs du XIXe siècle et dont les livres, il faut bien le dire, ne sont pas uniquement l’impulsion désintéressée de leur génie, doit donc, pour être compté en littérature, se réclamer de facultés plus hautes que celles qu’il partage avec les plus minces esprits de ce temps.

Malheureusement, de ces facultés, il n’y en a point dans M. Sue. Malgré le tapage qu’elles ont fait quelques jours, les siennes sont médiocres ; et nous le disons quand l’auteur des Sept Péchés capitaux est encore en possession d’une renommée dont le flot tout à l’heure va baisser. Ces facultés, en effet, ont le double caractère qui atteste la médiocrité foncière d’un esprit destiné à périr ; elles manquent de sincérité, et elles ont produit des choses trop vite populaires. « Les grands artistes, les grands écrivains, ne sont jamais instantanément populaires », disait Goethe, qui ne l’était pas, et qui s’en vantait. Si un jour la popularité leur arrive, ce n’est que tard, non sur leurs œuvres, que l’en-bas social comprend peu, mais sur leur nom, que d’en haut on lui a répété. Ils ont la popularité de la tradition. Telle n’est pas l’histoire de M. Eugène Sue lu de tous les cochers et de tous les ouvriers de son temps avec ivresse, et dans l’ivresse, et pour des raisons qui n’ont rien de littéraire, à coup sûr.

Quant à l’absence de sincérité dans le talent de M Sue, elle est évidente. Certes, un homme peut se chercher longtemps, mais enfin il faut qu’il se trouve. Or M. Eugène Sue, né riche, et qui ne se chercha que quand il n’eut plus rien, ne s’est jamais trouvé. Il a toujours répété le mot de quelqu’un. Doué d’un tempérament qui lui permettait l’excès du travail et l’excès en tout, l’auteur de romans si divers n’a pourtant jamais eu d’inspiration personnelle. Il n’a jamais été brutalisé par cette divine Violente, la Vocation, cette tyrannie des talents profonds ! Quand il eut mangé son dernier écu, il se passa la main sur le front et se demanda ce qu’il ferait désormais pour battre monnaie, et il s’arrangea pour écrire. Il n’avait pas grande foi en lui, et il avait raison ; mais enfin, il tenta l’aventure ! Aventurier de lettres, il prit assez bien le vent qui soufflait ; mais aventurier sans hardiesse, il tâta l’eau, avant de s’y jeter !

Ses inventions furent presque toutes des copies. Ainsi il fit des romans de marine, après le succès de Cooper. Il en fit d’horribles, après celui de Bug-Jargal et de Han d’Islande. Il en a même risqué un de sentiment, de scepticisme et de solitude après Obermann. C’est Arthur. Quand il écrivit ses Mémoires de Mathilde, ce fut à la reprise dans l’opinion du grand livre des Liaisons dangereuses, et partout il fut écrasé par les modèles qu’il avait choisis. Voila pour la moitié de sa carrière ; l’autre moitié fut dévorée par les partis ! mais là comme ailleurs et nulle part, il ne fut lui-même. Il ne le fut pas plus dans la vie que dans la littérature, car voici ce qu’il fut dans la vie. Une simple anecdote le fera comprendre. Qu’on nous permette de la raconter.

Bien avant d’avoir coulé à fond dans les éloges de la Démocratie et même de La Démocratie pacifique, M. Eugène Sue, fils de médecin et ancien chirurgien de marine, avait eu les plus féroces prétentions à l’aristocratie, à la high life, au dandysme anglais. Un jour, l’un de nos critiques les plus spirituels, pour lequel il n’était encore qu’un inconnu, le rencontra chez une duchesse. Il y était peut-être en trop grande tenue pour l’heure (c’était le matin), mais cela marquait cette bonne volonté des apprentis en toute chose, qui, pour ne pas manquer la nuance, foncent la couleur. Il y était donc, Brummell éblouissant et endimanché (ce que Brummell ne fut jamais, par parenthèse), piaffant d’un pied discret sur le tapis, manchettes relevées jusqu’au coude, avec une voix incroyable de douceur, une voix caressante qui faisait dos de chat en parlant : c’était délicieux… mais suspect ! Cette voix surtout frappa le critique, mais elle le frappa bien davantage, quand, en sortant, la porte à peine refermée, de velours redevenue… ce qu’elle était, cette voix de salon reprit tout à coup son timbre de marine et ses grossiers jurons de bord. Le dandy ne se démasquait pas seulement, il se débraillait !… Eh bien ! ce changement à vue, si bien exécuté, peint tout M. Sue, et donne même la clef de son talent, lequel cache, comme sa personne, sous les affectations volontaires, je ne sais quelle force native et commune, mais n’a jamais de distinction vraie, ni de réelle originalité. Organisé pour la vie matérielle, sensualiste bruyant et ardent qui se souciait fort peu des choses de la pensée, quoiqu’il en parle dans ses livres, surtout dans les derniers, M. Eugène Sue n’a jamais cessé d’être un comédien, fou du public plus que de son art et se grimant dans ses livres comme dans le salon de la duchesse, où il eût bien fait de rester. Sceptique nui joua avec un certain brio, mais avec des doigts creux, sur tous les claviers d’idées de son temps, il n’eut point de ces convictions qui font les talents incontestables et impérissables. Parti du pessimisme le plus enragé, il finit par tomber et rouler dans les niaiseries sociales, parce que là était le courant et qu’il y croyait les deux choses qu’il aimait, — l’argent et le bruit, — l’argent pour le luxe qu’il respirait avec une sensualité effrénée ; le bruit, nécessaire à sa flamboyante vanité ! Le bruit s’est dissipé. Le silence s’assied déjà sur cette tombe d’hier. Cet homme est mort le cœur brisé par l’angoisse, comme Lamennais. C’était, en vérité, bien la peine d’obéir à la consigne de Stendhal et de ne pas se repentir !


III[modifier]

Nous avons nommé Lamennais. Il y a, en effet, plus d’un rapport douloureux et amer entre Lamennais et Eugène Sue. L’un et l’autre sont morts l’âme déchirée pour avoir voulu s’appliquer le mot de César, qui est le mot de tant de gens, très-peu Césars d’ailleurs : « Être le premier dans une bicoque plutôt que le second à Rome. » Ce fut le mot de Lamennais dans le genre superbe ; ce fut celui d’Eugène Sue dans le genre pittoresque, car son ambition avait ce caractère. L’homme en lui était prodigieusement extérieur ! — Vous rappelez-vous ces deux cités de saint Augustin, — la Cité de Dieu et la Cité du Diable, — ces deux camps tranchés et retranchés dont l’idée, à part la vérité théologique, serait encore une simplification sublime de l’histoire de l’humanité ? A Paris, le résumé du monde, à Paris plus qu’ailleurs, cette double cité se dessine, et M. Eugène Sue en fit l’expérience. Il habita tour à tour les deux camps, un instant celui de Rome où de Maistre avait paru, et plus longtemps celui du village où n’existait plus que Lamennais. Il y eut deux parts dans sa vie, et la critique doit bien les marquer. L’auteur du Juif Errant et des Mystères de Paris commença par être antiphilanthrope, aristocratique à se faire lapider par les égalitaires ; artiste, oh ! artiste de prétention avec furie, légitimiste, moyen âge, « anticanaille » enfin, comme il le disait. Il avait alors le dandysme de l’impopularité, qui est une manière d’être populaire. Lisez ses romans de cette époque ! C’est une Aspasie insolente, falbalas ébouriffants, crinoline millionnaire, avec tous les diamants de la couronne dans les cheveux ! Fastueux comme un fermier général, cet homme de palette, — car M. Eugène Sue a une éblouissante palette, ce qui ne suffit pas pour être un grand peintre, — la mettait partout, jusque dans sa livrée. Il avait une livrée, en effet, originale et voyante, toujours prête, à son moindre gîte, et il regrettait de ne pouvoir, comme le prince de Ligne, lâcher quatorze coureurs devant sa voiture, avec un habit argent et rose ! Certes, il était bien loin, quand il écrivait son Létorière, de ses attendrissements plus mûrs sur les malheurs des mansardes, et il aurait fait tenir à distance les Couche-tout-Nu par ses chiens !

Encore une fois, nous le savons, c’était là une pose, la pose d’un esprit qui n’eut qu’un souci dans sa vie, — ce qu’on penserait et surtout ce qu’on dirait de lui. Or, il se trouva qu’on n’en dit rien du tout, d’où ses réflexions et sa mise des pouces avec l’âge. D’où les premières atteintes de sa misanthropie, de cette misanthropie qu’avait connue de La Touche, la mauvaise humeur de l’homme raté. Il eut pourtant la force encore de réagir contre elle. Sicambre qui ne baissa pas la tête, mais qui se retourna ! Ce fut la seconde phase de son talent. Il changea d’attitudes et d’allures, passant immédiatement d’un extrême à l’autre, comme chez la duchesse ; défaisant ce qu’il avait fait avec une obéissance désespérée à l’opinion la plus méprisée par lui jusque-là ; littérairement tombant au-dessous de lui-même, employant la riche palette que nous lui reconnaissons, son seul don littéraire, aux gravures sur bois du Juif Errant et des Mystères du Peuple, et, comme on l’a dit de M. Horace Vernet, courant à cheval pour écrire plus vite, ou en chemin de fer, couvert de la boue des bravos !

Alors le Socialisme, qui avait des doctrinaires, mais qui n’avait pas d’artistes, le prit pour son lauréat, son écrivain et son romancier, et lui jeta au cou cette chaîne d’éloges qu’un homme comme lui a dû impatiemment porter. D’artiste devenu homme de parti, il attaqua l’Église, les gouvernements, les législations, toute la vieille société dont il ne gardait que les vices, et il publia successivement tous ces livres qui ont le plus mordu, vitriol terrible, sur les imaginations de ce temps. Pour sa peine, il fut salué et proclamé homme de génie. Lui, l’ancien écrivain régence et à outrance, il devint le moraliste des temps futurs. Les phalanstériens mirèrent leurs songes dans ses œuvres, Il reçut comme hommage des montres d’argent de messieurs les horlogers de Genève. Ah ! sa nature donnée, à ce Brummell de second rang, ce dut être bien affreux pour lui, mais il y a dos talions si spirituels dans les justices de la Providence ! Il avait voulu de la popularité à tout prix et il lui en vint jusque de celle-là qui donne la nausée à qui s’en régale. Deux jours avant sa mort, il était obligé d’essuyer encore les aubades qui devaient cruellement offenser ses nerfs de grand seigneur manqué et de voluptueux, et la mort seule put le débarrasser de cette éclatante misère, des importunités de ce bruit qu’il avait tant aimé et auquel il avait sacrifié toute sa vie.

Et il y sacrifiait en plus son talent. Selon nous, ce talent n’était pas immense. Il n’était pas grand, il n’était que gros ; et lors même qu’il aurait été développé par les études fortes et sévères, il n’aurait jamais donné à M. Sue la place à laquelle les partis l’ont élevé pendant quelques jours. Celle qu’il aurait conquise n’eût été ni si retentissante, ni si en lumière, mais du moins il ne l’aurait pas usurpée, et la Postérité ne la lui reprendrait pas. M. Eugène Sue, qui a de la couleur et de l’expression pour tout mérite — le fracas des événements dans ses romans les plus vantés n’en étant point un à nos yeux — ne pouvait devenir un homme de style, car on ne le devient pas, on l’est. Or, nous l’avons dit un jour à propos de Frédéric Soulié, supérieur à M. Sue comme inventeur et comme observateur de nature humaine, les œuvres littéraires doivent avoir un style pour durer et pour que la Postérité s’en soucie. Au bout seulement de quelques années, les livres mal écrits ne se lisent plus et sont oubliés. Tels seront Le Juif Errant, les Péchés capitaux, et tant d’autres machines romanesques, dépourvues de ce qui fait la vie des inventions les plus heureuses et les plus puissantes, la lumineuse atmosphère d’un style à travers laquelle on les voit se mouvoir et se dérouler. Nous ne faisons exception pour aucun livre de M. Sue. L’argot des tapis-francs, qui parut si savoureux à nos goûts écœurés, quand nous l’entendîmes pour la première fois, ne sauvera point Les Mystères de Paris, car on retrouve cet argot curieux et horrible flans des livres auprès desquels on peut dire que ceux de M. Sue pâlissent tant qu’ils n’existent pas. Balzac, à deux, ou trois endroits de sa Comédie, s’est assimilé cette effroyable langue, et y a fait entrer son génie, comme on chasse de l’or dans du fer. Les Mémoires de Mathilde qui sont, de beaucoup, le meilleur ouvrage de M. Sue, ont tout pris aux Liaisons dangereuses de Laclos et à la Delphine de Mme de Staël, les deux plus beaux livres du dix-huitième siècle ; mais le style, le style a été oublié. Pour cette raison suprême et péremptoire, il ne restera donc rien de ce romancier qui a rempli vingt années de notre temps de sa renommée. Avant qu’une génération soit écoulée, peut-être on n’en parlera pas plus que de ce Rétif de La Bretonne, par exemple, qui fut aussi un grand producteur, qui fut aussi le Diderot du peuple et des mauvais lieux et l’annonciateur à sa manière du Socialisme contemporain.

Mais ce qui restera de M. Sue, c’est le mal qu’il a fait, sans que la conviction l’excuse. Les doctrines de ses livres, il n’y croyait pas ! L’auteur du Juif Errant n’aura pas même cette justification dernière de la duperie de son esprit, car il ne fut pas dupe. Le breuvage qu’il a versé aux autres, il ne s’en est jamais enivré. La question, pour ce Laurent le Magnifique de la littérature socialiste qui donnait à boire et à manger aux imaginations phalanstériennes, c’était l’applaudissement des convives. Il donnait à boire à ses gens pour qu’ils fissent tapage et porter haut son nom, et il leur versait le vin qu’eux-mêmes avaient tiré. Voilà tout ! M. Eugène Sue n’a pas créé les goûts, les erreurs, les passions du dix-neuvième siècle. Mais il les a partagés et il les a accrus. Comme beaucoup de nous, il a été, ainsi que l’a dit un moraliste énergique [2], « le propagateur des vices dont il fut le produit. » Il les a si bien propagés, les vices sociaux du dix-neuvième siècle, que l’histoire littéraire ne se souviendra de lui que pour le condamner et le flétrir… Après cela, qu’on dise, si l’on veut, qu’il fut bon, sensible et cordial dans l’intérieur de sa vie, qu’importe ! Danton et Camille Desmoulins l’étaient aussi.


  1. Œuvres complètes.
  2. M. Raymond Brucker.