Les Actes des Apôtres/7

La bibliothèque libre.
Librairie de L. Hachette et Cie (p. 28-30).

VII

GUÉRISON DU PERCLUS.



Grand’mère. Un jour, Pierre et Jean montaient au Temple à l’heure de la prière, vers la neuvième heure.

Louis. Pourquoi montaient-ils ?

Grand’mère. Parce que le temple de Jérusalem était bâti sur la montagne de Sion, le lieu le plus élevé de la ville.

Armand. Quelle heure est-ce, la neuvième heure ?

Grand’mère. La neuvième heure est, comme je vous l’ai déjà dit, trois heures de l’après-midi. C’était la neuvième heure depuis le lever du jour, c’est-à-dire depuis six heures du matin.

J’ai dit que Pierre et Jean montaient au Temple pour la prière. Et pendant qu’ils montaient, on portait un homme perclus depuis sa naissance…

Louis. Qu’est-ce que c’est : perclus ?

Grand’mère. Perclus veut dire qui ne peut pas se servir de ses membres ; les jambes sont trop faibles et trop tordues pour soutenir le corps ; les bras et les mains n’ont pas la force de porter des choses un peu lourdes. Et ce pauvre homme était dans ce triste état. Et chaque jour on le portait à la grande porte du Temple, appelée la Belle-Porte, pour qu’il demandât l’aumône à ceux qui entraient.

Cet homme, voyant arriver saint Pierre et saint Jean, leur demanda l’aumône,

Pierre et Jean le regardèrent ; et Pierre lui dit :

« Regarde-nous. »

Et l’homme les regardait, espérant qu’ils lui donneraient quelque chose.

Mais Pierre lui dit :

« Je n’ai ni or ni argent à te donner ; mais ce que j’ai, je te le donne : Au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche. »

Et prenant la main droite du perclus, il le fit lever ; aussitôt les jambes de cet homme ainsi que son corps s’affermirent ; et se levant, il marcha. Il entra avec eux dans le Temple, marchant, sautant et louant Dieu.

Camille. Il me semble, Grand’mère, que ce n’était pas très-respectueux de sauter dans le Temple.

Grand’mère. C’est vrai, chère enfant ; mais il faut dire, pour excuser ce pauvre homme, qu’il se sentait si content, si heureux de se trouver guéri, qu’il était comme fou de joie. Cet homme louait Dieu du miracle dont il avait été l’objet. Sa reconnaissance bruyante attira l’attention de ceux qui allaient, et venaient, et fit remarquer davantage le pouvoir miraculeux de saint Pierre.

Tout le peuple reconnut aussitôt le pauvre perclus qui jadis était toujours étendu près de la Belle-Porte pour demander l’aumône. On fut stupéfait de cette guérison miraculeuse. Et comme le perclus tenait par la main Pierre et Jean, qu’il ne se lassait pas de remercier, personne ne put douter que ce ne fût eux qui eussent opéré ce miracle. Alors Pierre leur dit :

« Hommes d’Israël, pourquoi vous étonnez-vous, comme si c’était nous, qui par notre seul pouvoir, avions guéri cet homme ? C’est au nom de Jésus, le Saint et le Juste, que vous avez renié, que vous avez fait mourir, que Dieu a ressuscité d’entre les morts et qui est avec Dieu, l’auteur de la vie, c’est par son nom et en son nom que nous avons rendu la santé parfaite à cet homme qui était perclus. »

Henri. Comment Jésus est-il avec Dieu, l’auteur de la vie ?

Grand’mère. Tu sais, cher enfant, que Notre-Seigneur tout en étant vraiment homme est aussi vraiment Dieu. Il est par conséquent le Créateur de toutes choses. Ainsi, à Bethléem, la Sainte-Vierge, en portant l’enfant Jésus, tenait dans ses bras son Créateur, son Dieu. Ainsi, encore, au Saint-Sacrement, nous adorons non-seulement notre Sauveur, mais encore notre Créateur et notre Dieu. Jésus est avec le Père et le Saint-Esprit, le seul vrai Dieu vivant.

Saint Pierre prêcha longtemps, leur rappelant les prophéties, et leur démontrant que tout ce que Jésus-Christ avait accompli, avait été prédit par les Prophètes ; et que ce Jésus qu’ils avaient méconnu, était le Messie, le Fils de Dieu annoncé dès l’origine.

De même que saint Pierre a le premier prêché Jésus-Christ et converti des âmes à la foi, de même il a été le premier à faire des miracles. Dieu l’a voulu ainsi pour honorer en sa personne la dignité du chef de l’Église.