Les Avadânas, contes et apologues indiens/101

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Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (2p. 89-91).


CI

LE DANGER DES RICHESSES.

(De ceux qui sont aveuglés par la cupidité.)


L’ambition des richesses nous expose à un danger aussi redoutable qu’un serpent venimeux ; il ne faut ni les convoiter, ni s’y attacher. Un jour le Bouddha, voyageant dans les États de Prasênadjit, vit un endroit où l’on avait déposé un trésor qui se composait d’une multitude de choses précieuses. Le Bouddha dit à Ananda : « Ne voyez-vous pas ce serpent venimeux ?

— Je l’ai vu, répondit Ananda. »

En ce moment, il y avait un homme qui marchait derrière le Bouddha. En entendant ces paroles, il voulut aller voir le serpent. Ayant aperçu des objets beaux et précieux, il blâma amèrement les paroles du Bouddha, et les jugea vaines et mensongères. « Ce sont bien, dit-il, des choses précieuses, et cependant il dit que c’est un serpent venimeux ! »

Sur-le-champ, il emmena secrètement tous les gens de sa maison, et, avec leur aide, il emporta ce trésor, de sorte que sa fortune devint immense.

Il y eut un homme qui se rendit auprès du roi et lui dit que cet individu venait de trouver un grand trésor et ne l’avait pas remis au fisc. Sur-le-champ, le roi le fit jeter en prison, et lui réclama le trésor qu’il avait trouvé. Il obéit et affirma qu’il l’avait versé complètement. Mais le roi ne voulut point le croire ; il le fit accabler de coups, et le soumit aux plus cruelles tortures.

Cet homme reconnut trop tard la vérité des paroles du Bouddha.

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Tchong-king-tsi-pi-yu-king, ou Choix de comparaisons, tirées des livres sacrés.)