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Les Boucaniers/Tome I/X

La bibliothèque libre.
L. de Potter, libraire-éditeur (Tome Ip. 285-321).


X

Les suites d’une convalescence.


Une semaine s’était à peine écoulée depuis l’entrevue de Nativa et de Morvan, et ce court espace de temps avait suffi à ce dernier pour entrer en pleine convalescence.

La charmante Espagnole, fidèle à sa promesse, était venue s’informer chaque jour de la santé de son sauveur.

Après chacune de ces visites, une amélioration extraordinaire s’était manifestée, au grand étonnement du médecin, dans la position du malade : le frater, ainsi que l’appelait Alain, ignorait que le bonheur est le plus précieux et le plus puissant remède que possède la nature.

Or, de Morvan était si heureux que son cœur fléchissait par moment sous le poids de la joie.

L’apparition de Nativa, nous le répétons, avait été pour le jeune homme, la révélation d’un monde inconnu : on n’aura donc pas lieu de s’étonner qu’il eût passé, sans aucune espèce de transition, de l’admiration la plus profonde à l’amour le plus insensé.

D’une imagination ardente, rendue plus impressionnable encore par l’austère solitude dans laquelle s’était écoulée la plus grande partie de sa jeunesse, le gentilhomme avait reporté sur Nativa ces rêves indécis et enivrants ces aspirations passionnées, ces élans du cœur qui, jusqu’alors sans but, avaient tour à tour exalté et brisé sa sensibilité : sa vie, égarée dans le vide, venait enfin de trouver son point d’appui.

De Morvan, et ceci est un trait distinctif et saillant du caractère breton, joignait à cette imagination ardente, un rare positivisme d’esprit.

Nous demandons pardon de ce barbarisme indispensable pour bien faire comprendre au lecteur le caractère de de Morvan.

Pourtant depuis qu’il connaissait Nativa il n’avait pas songé une seule fois à se rendre compte du caractère bizarre de l’Espagnole : lui souriait-elle, il avait peur de son bonheur, tant il lui semblait grand ; le regardait-elle d’une façon hautaine ou moqueuse, il se mettait à désespérer de l’avenir et des idées confuses de suicide lui passaient à travers le cerveau.

S’il ne l’avait pas aimée avec cette violence d’un premier amour qui touche souvent à la folie, de Morvan aurait été parfois effrayé de l’étrangeté d’esprit de la jeune fille ; tout en elle était contradiction, spontanéité, mystère.

Elle tombait par moment dans des rêveries profondes, qui semblaient trahir un passé gros d’événements et de souvenirs ; tout à coup une gaîté folle, que rien ne motivait, remplaçait brusquement sa tristesse.

De Morvan, lui, se contentait de jouir de cette joie et de souffrir de cette douleur dont les causes lui étaient complètement inconnues.

Un matin que le gentilhomme, après une délicieuse insomnie, venait, pour mettre un peu de calme dans ses idées, de descendre dans le parc du château, il aperçut, assise sur un banc, Nativa, qui, pensive et la tête inclinée sur la poitrine, paraissait absorbée par de graves méditations.

— Ah ! c’est vous, monsieur de Morvan ! lui dit-elle après qu’il l’eût contemplée tout à son aise en silence, car elle ne s’était pas aperçue d’abord de son arrivée ; je remercie le hasard qui vous envoie : j’ai à vous parler.

Le jeune homme eût bien voulu répondre, mais il se sentait tellement ému, qu’il se contenta de s’incliner profondement.

Son cœur battait avec violence.

La jeune fille l’invita par un gracieux mouvement de tête à prendre place à ses côtés ; puis quand il eut obéi, elle reprit d’une voix parfaitement calme :

— Mon père m’a annoncé hier au soir, qu’il se sentait assez fort pour se mettre en route ; il est probable que nous partirons aujourd’hui ou demain pour continuer notre voyage. Jusqu’à présent, monsieur de Morvan, dans la crainte de jeter un nuage dans notre éphémère intimité, j’ai reculé devant l’expression de ma reconnaissance ; je ne veux ni ne puis cependant me séparer de vous à tout jamais, sans vous exprimer ma profonde gratitude : croyez que mon père et moi n’oublierons jamais, monsieur le chevalier, votre noble dévoûment, et que chaque jour votre nom trouvera place dans nos prières.

— Nous séparer ! répéta de Morvan d’une voix sourde et après un moment de silence. Mais c’est impossible, mademoiselle !… que voulez-vous donc que je devienne sans vous !…

Le trouble du malheureux jeune homme était si sincère, sa pâleur si grande, sa souffrance si visible, que Nativa ne put se formaliser de ce cri parti du cœur.

— Tenez, mademoiselle, reprit de Morvan avec des sanglots contenus dans la voix, puisque vous croyez me devoir quelque reconnaissance, eh bien ! écoutez-moi, je vous en conjure, sans m’interrompre et sans vous fâcher : cette condescendance de votre part me récompensera au centuple du peu que j’ai été assez heureux de faire pour vous.

— Je pars demain, monsieur ; qu’il soit fait aujourd’hui selon votre volonté ! Parlez !

De Morvan, mystère inexplicable du cœur humain, se repentit alors de sa hardiesse ; il eût donné dix ans de sa vie pour pouvoir retarder une explication qu’il désirait ardemment avoir : toutefois, il s’était trop avancé pour qu’il lui fût possible de reculer sans tomber dans le ridicule : il continua donc d’une voix presque inintelligible, tant, elle tremblait :

— Oh ! ne craignez pas, mademoiselle, que ma hardiesse s’élève jusqu’à des prétentions insensées ! Vous m’avez avoué que vous possédiez des richesses immenses ; je sais que votre nom compte parmi les plus illustres de la grande noblesse d’Espagne, et je ne suis, moi, qu’un pauvre et obscur gentilhomme sans fortune, sans protection, sans avenir ! Vous voyez bien que je ne pourrais songer sans folie à faire rencontrer nos destinées ! Ce que je veux vous dire, c’est que je vous aime d’une amitié tellement respectueuse et dévouée, qu’elle touche à l’adoration ! que si vous vous refusez à accepter mon dévoûment, mon existence sera à tout jamais gâtée ; que vous perdrez mon âme ! Ce que je demande de vous, mademoiselle, c’est que vous me permettiez de vous suivre de loin, et de me tenir toujours à portée de recevoir vos ordres. Oh ! ne craignez point que cette liaison devienne pour vous un embarras, je ne vous parlerai jamais… jamais votre nom, enfoui au plus profond de mon cœur, n’arrivera jusqu’à mes lèvres… Je serai votre esclave… Vous me commanderez avec un regard !

De Morvan trop ému pour pouvoir continuer, s’arrêta.

De grosses larmes coulaient silencieuses le long de ses joues.

Nativa n’avait rien perdu de son calme et de son sang froid ; elle semblait réfléchir.

— Monsieur le chevalier, lui dit-elle après une légère pause, je crois à votre amitié ; mais je repousse l’exaltation qui l’accompagne et que j’attribue avec raison à votre faiblesse momentanée, suite inévitable de la grave maladie que vous achevez de subir. À part l’exagération de votre langage, il est encore une chose que je blâme dans vos paroles, c’est la distance que vous semblez établir entre nous deux par rapport à la différence de nos fortunes : un gentilhomme, monsieur, — et moi aussi je sais que vous appartenez à une excellente maison, — est l’égal de tout le monde ; car il porte une épée, et nul n’a le droit de mettre obstacle à son courage ou à sa colère, dès qu’il combat pour la gloire de son pays ou pour l’honneur de son nom !… Je vous parle peut-être un langage en désaccord avec les habitudes des femmes de votre pays, que voulez-vous, monsieur, il faut me pardonner. Nous autres Espagnoles, nous ne sommes pas habituées à nous entendre adresser de banals hommages ; nous prenons au sérieux les paroles sérieuses que nous adressent les gens d’honneur, et nous y répondons, non pas avec notre esprit, mais avec notre loyauté et notre cœur.

La réponse de Nativa était vague, elle combla néanmoins de Morvan de joie.

Toutefois, il eut assez de force de caractère pour ne pas laisser éclater son transport.

Quant à la jeune Espagnole, il eût été facile à un observateur de sang froid, de deviner à la fixité vague de son regard, à sa tête inclinée évidemment sous le poids d’une idée, à son front soucieux, à son petit pied battant distraitement et sans qu’elle s’en doutât, une cadence à laquelle elle ne songeait pas, qu’elle était sous l’obsession d’une pensée grave.

Tout à coup la charmante enfant, dont le chevalier attribuait l’espèce de recueillement à l’aveu qu’il achevait de lui faire, releva la tête par un geste mutin, et, se retournant vers lui :

— Monsieur de Morvan, lui demanda-t-elle sans aucun préambule, êtes-vous superstitieux ?

Cette question surprit assez vivement le jeune homme, qui répondit en souriant :

— Je suis Breton, mademoiselle. C’est assez vous dire que je crois à tous les faits dont l’explication dépasse mon intelligence.

— Chevalier, vous avez raison !

— Puis-je vous demander, mademoiselle, reprit de Morvan, le motif qui vous fait m’adresser cette question.

— Certes. Je réfléchis que ma rencontre prouve que vous êtes né sous une influence heureuse. Oh ! pas de fades protestations et de mauvais compliments… Vous vous méprenez sur le sens de mes paroles ! chevalier de Morvan, continua la jeune fille avec une espèce de solennité ; vous désirez la gloire et la fortune ? et bien ! si vous voulez m’aider dans l’accomplissement d’un noble et vaste projet que je sais, et que la réussite couronne vos efforts, retenez bien ce que je vous dis, il n’y aura pas un homme en France qui ne s’inclinera devant vos richesses et votre gloire.

— Il n’y a pas un homme qui ne s’inclinera devant ma richesse et ma puissance ! dites-vous, mademoiselle, répéta le chevalier de Morvan avec un étonnement qu’il ne chercha pas à dissimuler. Je ne comprends pas, expliquez-vous, je vous prie.

— Je ne puis vous révéler un secret qui n’est pas à moi, qui ne m’appartient pas. Vous avez bien voulu, Monsieur de Morvan, me promettre une obéissance absolue à mes volontés, vous m’obligerez beaucoup en n’insistant pas sur ce sujet. Et puis, qui sait, ajouta Nativa pensive, si ce projet, le rêve de mes nuits et la pensée de mes jours, recevra même jamais un commencement d’exécution ? Nous autres femmes, ne prenons-nous pas presque toujours nos plus folles espérances pour des certitudes ? nous ne tenons jamais compte des obstacles ou des impossibilités ; nous nous aveuglons à plaisir. Après tout, ce qu’il m’importe pour le moment de savoir, c’est que le jour où je vous dirai : « En avant ! » vous marcherez sans faiblir, sans retourner la tête, sans hésiter ; enfin, comme un vrai gentilhomme qui a engagé sa parole, et qui ne recule pas à sacrifier sa vie à son honneur.

— Trop heureux, mademoiselle, s’écria de Morvan avec feu, si je réussis à vous éviter, au prix de ma misérable et obscure existence, le moindre des chagrins.

— Je vous crois, monsieur !

La belle Espagnole, grâce à cette mobilité ou à cette vivacité d’impression qui semblait lui être habituelle, et qui la rendait si séduisante, remplaça bientôt par un air enjoué l’espèce de tristesse solennelle qui assombrissait son visage.

— Savez-vous, chevalier, continua-t-elle, que depuis quinze jours vous piquez vivement ma curiosité ?

— Moi, mademoiselle ! et en quoi, je vous prie ?

— Mais en tout ! Je cherche en vain le mot de l’énigme de votre existence ! Comment se fait-il qu’à votre âge, vous ayez songé à vous retirer dans cette affreuse solitude de Penmark ! que vous, gentilhomme d’esprit et de courage, vous passiez votre jeunesse en compagnie de paysans grossiers et cruels ; qu’à peine entré dans la vie vous soyez déjà mort au monde ! Je me suis laissé aller à croire qu’une grande douleur de votre passé pèse sur votre présent et l’assombrit !

— Vous vous trompez, mademoiselle, répondit de Morvan avec mélancolie, personne ne s’est jamais encore assez intéressé à ma vie pour y jeter une ombre ! J’ai toujours été accueilli par une indifférence profonde et laissé dans un complet isolement !

— Mais vos parens, votre famille ?

— Ma famille se personnifiait dans mon père, et depuis dix-sept ans je ne sais ce qu’il est devenu. Quant à mes parents, ils sont tous trop riches et trop puissants pour que je puisse leur tendre la main en signe d’amitié ; ils croiraient sans doute que je leur demande l’aumône.

— Et madame votre mère, chevalier ?

— Je ne l’ai jamais connue, mademoiselle ; ma naissance lui a coûté la vie !

— Pardonnez-moi de continuer mes questions, chevalier, reprit Nativa, après un léger silence et d’une voix tellement douce et affectueuse que le jeune, homme se sentit remué jusqu’au cœur ; c’est bien le moins, puisque nous avons fait un pacte d’amitié, que je m’inquiète de vos douleurs et que je sache les blessures de votre âme.

— C’est mon histoire que vous daignez me demander, mademoiselle ? Mon Dieu, elle est bien simple et ne mérite nullement d’attirer votre attention. Quelques mots me suffiront. Mon père, M. le comte de Morvan, un des seigneurs les plus justement estimés de notre province, eut le malheur de se trouver mêlé au dernier soulèvement qui a ensanglanté la Bretagne ; sa tête fut mise à prix, ses biens confisqués, et il dut prendre la fuite. Depuis lors, je n’ai plus jamais entendu parler de lui. Un de mes parents, le marquis de Plœuc, voulut bien se charger de moi, et me fit entrer à l’école des gentilshommes ; il paraît que je porte malheur à ceux qui m’aiment, car, peu de temps après, M. de Plœuc mourut.

Mon éducation achevée, je tentai de mettre à profit les connaissances que j’avais acquises, mais hélas ! je m’aperçus bientôt que monter passablement à cheval et tirer l’épée d’une façon remarquable, — du moins le disait-on — ne constituait point un avoir exploitable ou productif. On m’avait enseigné les arts d’agrément qui accompagnent d’ordinaire la fortune, mais on avait oublié de m’apprendre à gagner ma vie…

Comme d’un autre côté, mon nom, mal noté à la cour, ne me permettait de solliciter aucun emploi, j’allais, en désespoir de cause, m’engager en qualité de simple soldat, lorsque je reçus du fameux banquier et armateur de Brest, le sieur Cointo, une lettre par laquelle il me priait de me rendre auprès de lui.

Jugez de mon étonnement, quand le banquier, après avoir constaté mon identité, me remit un rouleau de cinquante louis en me disant :

« Monsieur le chevalier, cet argent m’a été envoyé, à votre nom, des îles d’Amérique. On me charge de vous compter chaque mois une pension de cinquante livres. Or, comme la personne qui m’adresse cette recommandation m’est parfaitement connue et m’offre sous tous les rapports une sécurité complète, soyez assuré que votre pension vous sera très exactement payée au domicile que vous voudrez bien m’indiquer.

Cette offre mystérieuse répugnait à ma délicatesse, je refusai.

Je vous jure ; sur mon honneur d’honnête homme et sur le salut de mon âme, me dit l’armateur, que vous pouvez accepter sans crainte : cette pension vient d’un de vos parents et n’a rien de blessant pour votre amour-propre.

En vain je priai, je suppliai même le sieur Cointo de me nommer ce parent, il n’y voulut jamais consentir ; ce secret ne lui appartenait pas.

Peut-être aurais-je dû persévérer dans mon refus, mais que voulez-vous, mademoiselle, j’étais si abandonné de tout le monde, si malheureux, la loyauté proverbiale de l’armateur Cointo m’inspirait une telle confiance, que je cédai.

Avec mes cinquante louis j’achetai une petite maison solitaire, située à une portée de mousquet du village de Penmark, et je résolus de supporter dignement mon abandon, sans jamais descendre jusqu’à faire des avances à une société qui semblait me repousser comme indigne d’elle.

Depuis lors, si ce n’est deux voyages que j’ai faits en Islande en qualité de volontaire, et pour accompagner un brave capitaine de la marine marchande, de mes amis, je suis resté plongé dans la désolante solitude où vous m’avez trouvé !…

Nativa, au début de l’histoire de Morvan, et quoiqu’elle eût sollicité elle-même ce récit, n’y avait apporté qu’une faible attention ; mais à partir du moment où le jeune homme parla du secours si providentiel et si inattendu qui lui était venu des îles d’Amérique, la contenance de la charmante Espagnole changea comme par enchantement : elle pâlit d’une façon visible, ses yeux brillèrent de lueurs étranges, et elle dut, pour ne pas laisser paraître son agitation, comprimer avec ses deux mains les gonflements de sa poitrine. De Morvan, tout entier aux tristes souvenirs de sa jeunesse, ne remarqua pas cette émotion aussi violente que fugitive, car, lorsque Nativa lui adressa de nouveau la parole, Sa voix était calme et assurée.

— Mon indiscrétion, chevalier, lui dit-elle, m’a mise à même, d’apprécier toute la noblesse de votre caractère. Vous avez même oublié d’ajouter, en mentionnant votre solitude, que vous avez su vous venger de l’injustice de la société, en exposant et en consacrant votre vie à sauver celle des malheureux naufragés ! J’ai appris par les seigneurs de Pennenrose le courage et le dévouement que vous montrez pour secourir les navires en détresse !

— J’ai moins de mérite, en agissant ainsi, que vous voulez bien m’en supposer, mademoiselle ; je suis chrétien, et je considère lez suicide comme un crime et un péché mortel, répondit de Morvan d’une voix sourde et à peine intelligible.

— Et à présent, monsieur, reprit l’Espagnole, quelle nouvelle direction comptez-vous donner à votre vie ?

— À présent, répondit-il en appuyant sur ce mot, qui établissait un lien entre la jeune fille et lui, à présent, medemoiselle, j’attends des ordres, car je ne m’appartiens plus !…

— Mais si je vous disais : « Chevalier, je veux que vous réussissiez, que vous deveniez puissant et riche ! » Que feriez-vous ?

— Je mettrais à exécution, un projet qui, depuis longtemps déjà, torture mon imagination et trouble le calme de mes nuits ; je m’embarquerais, je quitterais la France, et j’irais chercher sous un ciel étranger la part de soleil que me refuse ma patrie.

— Vous iriez sous un ciel étranger ! Soit ; mais lequel ? l’univers est vaste ; votre pensée ne s’est-elle jamais fixée d’une façon précise sur la terre de vos rêves ?

— Oui, mademoiselle ! cette terre est l’île que vous appelez en Espagne Hispaniola, et que nous autres Français nommons Saint-Domingue !


FIN DU PREMIER VOLUME