Les Bretons, poème de M. Brizeux

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LES BRETONS


poème de m. brizeux.


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Voici, grace aux muses, une œuvre conçue dans le pur sentiment de l’art, une œuvre pleine de dextérité technique et d’élégance naturelle, de délicatesse et de fermeté. Voici, chose aujourd’hui peu commune, un écrivain qui tient ses promesses, une vocation réelle et vivace qui grandit et mûrit, et dont les fruits valent les fleurs. Au milieu de la triste décadence où la dépravation du goût public entraîne notre littérature de plus en plus fourvoyée, sous le poids de cette atmosphère de bazars et de commandite qui étouffe et étiole tant et de si fraîches espérances, en face de tant de lyres faussées, désaccordées ou muettes, il y a plaisir à rencontrer un talent sain et dispos, dont rien n’entrave la croissance ou ne fait dévier la marche, un poète heureux de n’être que poète, assez fort dans sa délicate nature pour se refuser à la fois au découragement et à l’orgie, et pour repousser d’un égal dédain le lieu commun qui tue la pensée et l’exagération qui la rapetisse.

Tous les lecteurs de la Revue des Deux Mondes connaissent l’heureux début de M. Brizeux, Marie, légère création demi-celtique et demi-grecque, abeille de l’Hymette égarée parmi les genêts de la Bretagne. Un juge beaucoup plus expert et plus compétent que je ne puis l’être a analysé (on s’en souvient) les subtils et exquis parfums de cette modeste fleur des prairies de l’Ellé[1]. Je n’ai à ajouter qu’une remarque oubliée par le critique-poète ; je veux parler des étroites affinités de forme et de rhythme qui rattachent Marie aux Consolations. M. Brizeux, en effet, a reçu de l’auteur de ce recueil et de Joseph Delorme le vers net et souple, nerveux et délié, qui accuse avec relief et franchise les mille détails de la vie réelle qu’on était jusque-là dans l’habitude de taire ou de farder. Sans ce vers à la fois pittoresque et familier, ni Marie, ni les Bretons, ni même quelques parties de Jocelyn, n’étaient faisables. À la fin du dernier siècle, une réforme analogue fut tentée dans la poésie anglaise par quelques écrivains qui forment ce qu’on appelle, de l’autre côté du détroit, l’école des lacs. George Crabbe, en particulier (leur précurseur de quelques années), s’est proposé dans le Village et dans le Bourg, de débarrasser la poésie dite pastorale et descriptive de ses ornemens de convention. Prenant le contre-pied de la manière fleurie de Thomson, Crabbe résolut de peindre au vif la nature et l’homme, principalement la nature agreste et triste qu’il avait sous les yeux, et l’homme des classes pauvres et souffrantes qu’il consolait comme pasteur, et il rendit ses modèles avec une vérité d’aspect, de langage et de sentiment, qui n’avait pas eu d’exemple jusque-là dans l’art moderne, si ce n’est peut-être, mais avec exagération, dans les mendians de Murillo. Or, ce que Crabbe et quelques écrivains de l’école des lacs ont réalisé dans la poésie britannique, l’auteur de Joseph Delorme et des Consolations l’a introduit le premier dans la nôtre, sans imitation des lakistes, de son point de vue personnel et avec l’empreinte propre de son talent. Il a été suivi par plusieurs dans cette voie nouvelle ou plutôt dans cette reprise du tour naïf, un des plus grands charmes des poètes anciens et surtout des poètes grecs. M. Brizeux tient à ce groupe, d’abord par un amour commun du vrai, puis plus directement par l’emploi de certains procédés de versification et de rhythme ; il s’en distingue par la recherche d’un idéal à lui d’une pureté un peu sauvage, et surtout par le soin de renfermer exclusivement ses inspirations et ses peintures dans l’horizon de sa Bretagne.

Nous savions que M. Brizeux avait depuis long-temps sur le chevalet un poème des Bretons, suprême effort et pensée constante de l’écrivain patriote. Aujourd’hui, l’œuvre terminée est sous nos yeux, et le premier examen lui est très favorable. On remarque tout d’abord dans les Bretons les qualités qui ont rendu populaire le poème de Marie : pureté du fond et de la forme, composition simple et habile, amours adolescens, paysages variés et calmes. Puis, à ces beautés qui auraient suffi pour une idylle, le poète en a su joindre d’autres d’un ordre différent : plus d’étendue dans les perspectives, plus de vigueur dans les sentimens, une voix plus mâle, en un mot plus de puissance et plus de souffle. Le sujet (je ne m’occupe pas encore de la petite fable qui circule autour du poème et l’entoure moins comme un vêtement que comme une écharpe), le sujet véritable, dis-je, rappelle celui des Géorgiques, moins les préceptes. Le poète s’est proposé de peindre les campagnes bretonnes, ciel et sites, animaux et hommes. Ce qui le préoccupe par-dessus tout, et avec raison, c’est de présenter le tableau complet de l’existence rude, patiente, religieuse, du paysan breton, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, en le montrant sous tous les aspects et dans toutes les conditions qu’il peut prendre, laboureur, tisserand, patron de barque, pêcheur des côtes, conscrit, prêtre même. Si j’ai bien compris le désir de notre poète, il a pour ambition (pour rêve du moins) d’être l’Hésiode des chaumières de la Bretagne. Ce sont, en effet, les travaux et les jours de cette contrée pauvre, forte, laborieuse, qu’il entreprend de chanter. Aussi ses modèles ne sont-ils plus exclusivement l’Anthologie, Bion, Moschus et Greuze ; il n’effeuille plus ses impressions rapides en chansonnettes de rhythmes capricieux. Il introduit bien encore de temps en temps dans la trame du récit les chants alternatifs dont il a appris l’art dans Théocrite ; mais ses véritables et constans modèles sont les grands poètes et les grands peintres de l’épopée rustique, Hésiode, Paul Poter et Virgile. C’est de Virgile (le maître aimable qu’il a si gracieusement salué dans Marie), c’est de Virgile et surtout des Géorgiques qu’il s’inspire le plus souvent. Aussi ne puis-je le mieux louer qu’en disant que, dans plusieurs parties de son poème, dans celles notamment où les animaux sont en scène avec les hommes, il s’élève, sur les traces de ses guides, à toute la hauteur sévère du poème bucolique. On peut en juger par les vers qui suivent :

.................
L’été, lorsque du ciel tombe enfin la nuit fraîche,
Les bestiaux, tout le jour retenus dans la crèche,
Vont errer librement : au pied des verts coteaux,
Ils suivent pas à pas les longs détours des eaux,
S’étendent sur les prés, ou dans la vapeur brune
Hennissent bruyamment aux rayons de la lune.

Alors, de sa tanière attiré par leurs voix,
Les yeux en feu, le loup, comme un trait, sort du bois,
Tue un jeune poulain, étrangle une génisse ;
Mais avant que sur eux l’animal ne bondisse,
Souvent tout le troupeau se rassemble, et les bœufs,
Les cornes en avant, se placent devant eux.
Le loup rôde à l’entour, ouvrant sa gueule ardente,
Et hurlant, il se jette à leur gorge pendante ;
Mais il voit de partout les fronts noirs se baisser
Et des cornes toujours prêtes à le percer.
Enfin, lâchant sa proie, il fuit, lorsqu’une balle
L’atteint, et les bergers, en marche triomphale,
De hameaux en hameaux promènent son corps mort :
Tel le loup qu’on voyait ce jour-là dans Coat-Lorh.

Ô landes ! ô forêts ! pierres sombres et hautes,
Bois qui couvrez nos champs, mers qui battez nos côtes,
Villages où les morts errent avec les vents,
Bretagne ! d’où te vient l’amour de tes enfans ?
Des villes d’Italie, où j’osai, jeune et svelte,
Parmi ces hommes bruns montrer l’œil bleu d’un Celte ;
J’arrivais, plein des feux de leur volcan sacré,
Mûri par leur soleil, de leurs arts enivré ;
Mais dès que je sentis, ô ma terre natale,
L’odeur qui des genêts et des landes s’exhale,
Lorsque je vis le flux et reflux de la mer
Et les tristes sapins se balancer dans l’air,
Adieu les orangers, les marbres de Carrare !
Mon instinct l’emporta, je redevins barbare,
Et j’oubliai les noms des antiques héros
Pour chanter les combats des loups et des taureaux !

N’est-ce pas bien là le ton, l’accent, le mouvement de l’épopée bucolique ? Dans cette lyrique apostrophe :

Ô landes ! ô forêts ! pierres sombres et hautes,
Bois qui couvrez nos champs, mers qui battez nos côtes…

ne croit-on pas entendre comme un écho du Salve, magna parens frugum, ou bien encore cet autre cri patriotique : Di patrii, indigetes… ?

Les bestiaux, les bœufs surtout, jouent, comme il convient, un rôle fort important dans cette odyssée rustique. Les jeux, les travaux, les victoires de ces animaux portent toujours bonheur à notre poète. Au milieu d’une émeute soulevée devant l’hôtel-de-ville de Quimper par des conscrits un jour de tirage, l’intervention miraculeuse des bœufs réunis sur le Champ-de-Foire fournit à M. Brizeux l’occasion d’un tableau de l’originalité la plus poétique. Après avoir représenté (un peu à la manière flamande) le mouvement du marché de Quimper, le poète arrive au tumulte causé par la résistance des conscrits

À leur aide accouraient tous les forts des cantons ;
C’était un grand combat de soldats à Bretons.
Tous criaient ; on eût dit les abois d’une meute.
Le préfet, entendant de loin gronder l’émeute,
Dépêcha des courriers : « Le peuple est soulevé ! »
Dirent-ils en rentrant, et bientôt le pavé
Résonnait dans Kemper sous sa nombreuse escorte,
Et bourgeois et marchands barricadaient leur porte.

Pour lors des campagnards le sort était certain,
Si saint Éloi, prié par le bon Corentin,
Saint Éloi n’eût trouvé pour les fils de Cornouaille
D’étranges alliés plus forts que la mitraille.
Des hommes sans croyance ont dit, méchans propos !
Que le bruit du combat effraya les troupeaux,
Ou que des maquignons venus de Normandie,
Race d’humeur sournoise et de gestes hardie,
Avaient jeté dans l’air, par un art odieux,
Une poudre qui rend les bestiaux furieux.
Dieu le sait ! Mais les bœufs, les chevaux et les vaches,
Dans le même moment rompirent leurs attaches,
Et tous les fronts cornus et les immenses dos
Bondirent furieux et fous comme les flots,
Renversant les bouviers, lançant contre les bornes
Gendarmes et soldats enfourchés par leurs cornes.
Effroyable mêlée ! Ah ! vos deux jeunes gens
Désormais, Corentin, bravaient leurs poursuivans ;
Vos cloches résonnaient comme un jour de victoire.
Depuis la Terre-au-Duc jusques au Champ-de-Foire,
Sur les quais de l’Odet et sur les quais de Ster,
Ce n’était que fuyards dispersés dans Kemper ;
Car derrière eux venaient de grandes voix beuglantes
Et des yeux flamboyans et des cornes sanglantes ;
Chez lui le plus hardi rentrait épouvanté
Les animaux étaient maîtres de la cité.


Dans les scènes purement humaines, on peut bien croire que le poète ne se montrera ni moins pittoresque ni moins énergique. Je n’en veux pour preuve que le morceau suivant que j’extrais du chant intitulé les Lutteurs. On sait que dans les campagnes bretonnes les luttes, comme les danses, sont restées l’accompagnement de toutes les fêtes paroissiales, appelées pardons. Après avoir décrit les luttes des adolescens, l’auteur arrive à la lutte principale, à celle qui aura pour prix un bélier noir et qui doit terminer la journée :

Tal-Huarn et Lan-Cador étaient là dans les rangs
Des luttes jusqu’alors témoins indifférens
On les vit d’un air grave entrer dans la prairie.
C’était des hommes francs, tels qu’en fait leur patrie.
Ils se prirent la main, en ennemis courtois,
Et firent tous les deux un grand signe de croix.

Debout, pied contre pied et tête contre tête,
Comme s’ils attendaient que leur ame fût prête,
Ils restèrent ainsi tellement engagés,
Qu’en deux blocs de granit on les eût dit changés.
Leur front tendu suait et montrait chaque veine ;
Leur poitrine avec bruit rejetait leur haleine ;
Tout leur corps travaillait, pareil à ces ressorts
Qui semblent pour s’user faire de longs efforts ;
Puis, afin d’en finir, sur la terre qui tremble,
L’un par l’autre emportés, ils bondissent ensemble ;
Mais, par un nœud de fer l’un à l’autre liés,
Toujours ils retombaient ensemble sur leurs pieds.
Le peuple hors de lui criait ; un large espace
S’ouvrait et tour à tour se fermait sur leur trace.
Et moi, poète errant, conduit à ces grands jeux,
Un frisson de plaisir courut dans mes cheveux.
Dans nos vergers bretons, sous nos chênes antiques,
C’était un souvenir des coutumes celtiques :
Déjà si j’aimais bien mon pays, dès ce jour
Je sentis dans mon cœur croître encor mon amour.

Cependant, par degrés, la nuit venait plus sombre,
Et l’on disait : « Assez ! » Alors, perdus dans l’ombre,
Épuisés, haletans, ne pouvant se dompter,
Les deux nobles lutteurs se mirent à chanter.

cador

« Quel homme êtes-vous donc ? Sur un roc solitaire,
Un chêne plus que vous ne tient pas à la terre :

Il plie au vent qui passe, ou tombe avec fracas ;
Vous ne pliez jamais, et vous ne rompez pas.
Comme il étouffe un arbre entre ses dures branches,
Vos bras à m’étouffer ainsi pressaient mes hanches ;
J’ai pâli. Vos cheveux immenses et confus
Tout entier m’ont couvert de leurs rameaux touffus.
Répondez ; de quel nom faut-il que je vous nomme ?
Et quel homme êtes-vous, si vous êtes un homme ?

tal-huarn

Vous êtes un serpent ! j’en ai vu bien des fois
Autour de mon bâton se rouler dans les bois ;
Mais si je secouais le bâton, la vipère
Sous la ronce en sifflant regagnait son repaire.
Vous, malgré mes efforts, à mes jambes serré,
De vos nombreux anneaux vous m’avez entouré.
A vous seul sur le pré vous en valez un couple ;
Samson n’est qu’un enfant. Votre corps vert et souple
A lié mes deux bras, noué mes deux genoux
Si vous êtes un homme, ah ! quel homme êtes-vous ?
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le maître de la lice

Je connais son secret et je connais le vôtre :
Gens de cœur, bons chrétiens, vrais Bretons l’un et l’autre,
Capables en un jour de bêcher trois arpens,
Oui, vous êtes tous deux des bœufs et des serpens.
A vous deux le bélier ! Restez amis fidèles,
Comme des francs lutteurs vous êtes les modèles.

Cependant, pour atteindre le but qu’il se propose, c’est-à-dire pour retracer la vie champêtre et populaire, telle qu’elle s’accomplit en Bretagne, le poète est forcé de nous promener sur tous les points rians ou sauvages de son pays. Il nous conduit donc des frais vallons de Cornouailles, cette Arcadie de la Bretagne, aux champs de lin du pays de Tréguier, des blanches grèves du pays de Vannes au pied de la cathédrale de Saint-Pol de Léon, du marché populeux de Quimper aux îles brumeuses et presque désertes du Morbihan. Il a besoin d’être tour à tour peintre d’intérieur, de paysage et de marine. Il faut encore qu’il esquisse, chemin faisant, comme Ovide dans les Fastes, les usages civils, les croyances et les superstitions des villes et des campagnes, et toutes ces teintes, tous ces détails de costumes et de mœurs, il faut les fondre, sans disparate et sans monotonie, dans une grande et harmonieuse unité. L’œuvre entière est un tableau composé d’une foule de scènes et de figures, scènes toutes tirées de la vie vulgaire, figures d’hommes tous livrés aux rudes travaux de la mer ou des champs. L’art suprême du poète est de nous représenter ces scènes et ces figures belles de vie et de vérité, comme celles des moissonneurs et des pêcheurs de Théocrite, ou, ce que nos lecteurs comprendront mieux peut-être, belles de lumière et de force, comme celles des pêcheurs et des moissonneurs de Léopold Robert. Ç’a été là certainement l’idéal qu’il a eu le plus ordinairement devant sa palette. Voyez comme il décrit une des îles du Morbihan :

Une chaîne d’îlots ou de rochers à pic
De Saint-Malo s’étend jusqu’à l’île d’Hœdic,
Iles durant six mois s’enveloppant de brume,
De tourbillons de sable et de flocons d’écume.
Des chênes autrefois les couvrirent, dit-on ;
Chaque foyer n’a plus qu’un feu de goémon.
Parfois derrière un mur, où vivait un ermite,
Dont le vent a détruit la cellule bénite,
Derrière un mur, s’élève un figuier pâle et vieux,
Arbre cher aux enfans, seul plaisir de leurs yeux.
La tristesse est partout dans ces îles sauvages,
Mais la paix, la candeur, la foi des premiers âges
Les champs n’ont point de borne et les seuils point de clé ;
Les femmes d’un bras fort y récoltent le blé ;
De là sortent aussi sur les vaisseaux de guerre
Les marins de Bretagne, effroi de l’Angleterre.

Lorsqu’à l’île d’Hœdic aborda sans malheurs,
Avec ses étrangers, la barque des pêcheurs,
Le premier qui les vit accourut sur la côte
Disant avec douceur : « Prenez-moi pour votre hôte ! »
Un autre, survenant, ajouta : « Demain soir,
À mon feu de varech vous viendrez vous asseoir ;
Dans cet îlot pierreux qu’à grand’peine on défriche,
Pour vous garder long-temps aucun n’est assez riche ;
Mais chez chacun de nous venez loger un jour,
Et nos trente maisons s’ouvriront tour à tour.
Ainsi, connu de tous en quittant ces rivages,
Vous aurez des amis dans nos trente ménages. »
Puis, pour mieux honorer leur venue en ces lieux,
L’ancien, le chef du bourg, voulut boire avec eux ;

Il les mena lui-même à la cave commune.
On servit à chacun sa mesure, rien qu’une :
Ainsi le commandait la règle, et ce qu’on prit
Au mur de la maison par le chef fut inscrit.

Puis, à cette peinture d’hospitalité patriarcale succède une scène de piété vraiment originale et touchante :

C’était un samedi. Le lendemain, voilà,
Dès qu’au soleil levant la mer se dévoila,
Que tous les gens d’Hœdic, enfans, hommes et femmes,
Se tenaient sur la grève à regarder les lames.
— « Ah ! disaient-ils, la mer est rude, le vent fort,
Et le prêtre chez nous ne viendra pas encor. »
Ensuite, ils reprenaient, d’un air plein de tristesse
— « Ceux de Houad sont heureux, ils ont toujours la messe ! »
Et, sans plus espérer, graves, silencieux,
Sur leur île jumelle ils attachent les yeux.
— « A genoux, dit soudain le chef, voici qu’on hisse
Le pavillon de Dieu, c’est l’heure de l’office. »
Alors vous auriez vu tous ces bruns matelots,
Ces femmes, ces enfans, priant le long des flots ;
Mais, comme les pasteurs qui regardaient l’étoile,
Les yeux toujours fixés sur la lointaine voile,
Tout ce que sur l’autel le prêtre accomplissait
Le saint drapeau d’une île à l’autre l’annonçait ;
Ingénieux appel ! par les yeux entendue
La parole de Dieu traversait l’étendue ;
Les îles se parlaient, et comme sur les eaux,
Tous ces pieux marins consultaient leurs signaux.


M. Brizeux ne s’est pas contenté de tracer avec cette perfection un grand nombre de scènes variées. Pour nous conduire sans fatigue à travers tant de spectacles si divers, il a cru devoir s’aider, pour ainsi dire, d’un fil conducteur. Ce fil, qui court au milieu de tous ces épisodes et qui les relie, en quelque sorte, est l’histoire de deux jeunes villageois des environs de Scaer, Loïcc et Lilès, avec qui nous avons fait autrefois connaissance en lisant Marie. Loïc aime Anna, mais Loïc a étudié au presbytère pour devenir prêtre, et Anna se ferait scrupule de dérober une ame à Dieu. D’une autre part, Lilès est conscrit, et il n’a pas assez de bien pour se racheter. De là quelques incidens (hésitations, absences, rappel) qui forment tout le nœud de cette simple histoire, bien simple même pour une églogue, et qui l’est trop pour défrayer d’intérêt un poème en vingt-quatre chants. Sans doute il faut savoir un gré infini au poète d’avoir, ici comme dans Marie, su éviter l’écueil du romanesque banal : M. Brizeux est demeuré simple et vrai, c’est un éloge qui lui est dû ; mais s’abstenir n’est, dans les arts, qu’un mérite négatif et secondaire ; la poésie ne vit que de difficultés vaincues, de créations hardies et heureuses. Une ombre de fable, une action sous-entendue plutôt qu’exprimée, a pu suffire une fois à animer une idylle : ce n’est pas assez pour un poème. Après avoir fait preuve de goût, M. Brizeux a-t-il fait preuve d’assez d’invention ? La double fable, dont il entrelace d’ailleurs les fils avec adresse, ne me semble avoir d’autre mérite que de fournir un prétexte à des peintures de lieux et de mœurs. Aussi cet ouvrage, malgré quelques parties où, éclatent des qualités vraiment épiques, n’est-il, à mon avis, dans son ensemble, qu’une variété plus compréhensive et plus ingénieuse du poème descriptif. À ce point de vue, j’ai peu d’objections à faire à cette manière de rajeunir l’ancien moule descriptif. S’il en était autrement, si l’auteur avait eu une prétention plus haute, s’il avait voulu nous attacher fortement par sa fable, alors nous lui dirions qu’il a commis une faute grave en partageant notre intérêt entre deux histoires ; mais M. Brizeux n’a pas visé à l’intérêt narratif, ni même à l’effet épique, tel qu’on l’a entendu jusqu’ici. Il a pris, au contraire, deux couples d’amoureux, précisément pour que nous ne nous intéressions pas trop vivement à un seul, ce qui nous ferait oublier sa Bretagne et son but, qui est beaucoup plus général ; en un mot, la petite fable de Loïc et de Lilès est le cadre du tableau, et non pas le tableau lui-même. Cependant deux circonstances sont de nature à jeter un peu de doute sur les intentions du poète, et porteront peut-être quelques lecteurs à se montrer moins indulgens que nous. Ces deux circonstances aggravantes sont d’avoir pris un titre trop fastueux et d’avoir divisé son poème en vingt-quatre chants, double imprudence, qui reporte, malgré qu’on en ait, la pensée sur les chefs-d’œuvre de l’épopée antique, dans lesquels la fable domine toujours si admirablement les peintures accessoires de lieux et de mœurs. Il eût été plus modeste, et en même temps plus habile, de réduire ces vingt-quatre chants si courts à un tout autre nombre moins compromettant, et surtout de se bien garder d’un titre à la fois ambitieux et inexact. En effet, ces mots éclatans : les Bretons, sont loin de donner l’idée d’une œuvre presque entièrement bucolique. Vous avez voulu peindre et vous avez peint avec talent la Bretagne agricole et les Bretons des hameaux et des bords de la mer, les pâtres, les fermiers, les pêcheurs, les mendians, les fileuses. Je vois sous vos pinceaux vivre, respirer, agir la Bretagne villageoise et populaire. C’est à merveille ; mais la Bretagne héroïque ? mais les Bretons de l’histoire, quelle place occupent-ils dans votre ouvrage ? Une bien petite assurément. À peine, ici ou là, quelques vers en l’honneur d’Arthur, à peine un souvenir du combat des Trente et de Beaumanoir, à peine un vers ou deux sur Du Guesclin, ou plutôt sur les doigts pieux qui filèrent sa rançon ; aucune mention des Montfort, des Chateaubriand, des Clisson ; rien, ou presque rien des grands évènemens, des grandes guerres de la Bretagne. Vous l’avez ainsi voulu ; soit ! Mais alors pourquoi intituler votre œuvre, réduite à ces proportions restreintes, les Bretons ? Quand Louis de Camoens intitulait son poème immortel os Lusiadas (les Portugais), il ne se proposait pas de rejeter systématiquement dans l’ombre les grandes figures des Pachéco, des Albuquerque et des dom Jean de Castro, pour mettre sur le premier plan les chevriers de l’Alemtejo et les matelots de l’Algarve. Je sais à merveille que toute l’originalité du poème qui nous occupe est justement dans cette interversion des rôles. Je ne demande, certes, pas mieux qu’après l’épopée héroïque on nous donne l’épopée villageoise et populaire : je m’en réjouis même, et j’y applaudis au nom de l’art et de l’esprit moderne ; mais je ne voudrais pas qu’en traçant l’épopée des chaumières bretonnes, on affectât une forme et un titre propres à faire supposer qu’on a cru tracer ainsi toute l’épopée de la Bretagne. Lorsque Thomas Gray chanta le cimetière de campagne[2], il eut soin, et avec raison, de ne pas réveiller par un titre trop sonore l’écho des tombes de Westminster.

Cela dit, et l’intention du poète bien expliquée et replacée dans ses limites véritables, il n’y a, je le répète, presque que des éloges à donner à l’exécution. Sans exciter un intérêt bien vif, le livre soutient constamment l’attention, grace à la poésie des détails, qui ne fait jamais défaut. J’ai cité des fragmens assez étendus pour qu’on ait pu apprécier le rare mérite de l’écrivain. Il m’aurait fallu transcrire les trois quarts de l’ouvrage, si j’avais voulu mettre sous les yeux des lecteurs tous les morceaux excellens qu’il renferme. Je me contenterai de signaler plus particulièrement le convoi du fermier, peinture naïve et achevée, les pilleurs de côtes, qui rappellent un des meilleurs morceaux de George Crabbe[3], le repas et le bal des pauvres, scène un peu avinée, dans le goût de Teniers. Je recommande aussi la rencontre des cinq Bretons, idée heureuse, qui met aux prises, le verre à la main, dans une auberge, un pâtre de Cornouailles, un marchand de toile de Tréguier, un marin de Vannes et un prêtre de Léon, qui chacun à l’envi, comme des flûtes qui s’appellent, chantent les louanges de leur pays, en présence d’un cinquième interlocuteur qui salue et glorifie, sur un ton plus épique, leur sœur commune, la Bretagne galloise ; car, malgré les flots qui séparent les deux rivages, M. Brizeux fait communiquer les deux poésies jumelles, comme les eaux d’Alphée et d’Aréthuse. On le voit, notre poète élargit, autant qu’il lui est possible, les frontières de sa Bretagne ; mais il y demeure, et il s’y enferme ; il y a emprisonné sa muse, comme une odalisque dans un harem. Cette sorte de poésie patriotique et locale, qui s’implante et se cantonne, pour ainsi dire, entre certaines circonscriptions géographiques, est une dernière protestation de l’esprit de race contre le progrès incessant des nationalités modernes ; c’est une résistance à l’invincible courant de l’humanité, une protestation douloureuse de la poésie du passé contre le prosaïsme du présent ; c’est un sentiment vrai, religieux, légitime, mais qui a contre soi l’avenir. Depuis cinquante ans, l’Angleterre a produit de mémorables exemples de ces inspirations locales ; d’abord les poètes du Cumberland et du Westmoreland, puis Walter Scott, le glorieux barde de l’Écosse, et Thomas Moore, la dernière lyre de l’Irlande, sans compter Burns, à la fois le Béranger et le Jasmin de l’Ayrshire. M. Brizeux, comme ce dernier, écrit dans les deux langues ; mais, sans vouloir le moins du monde prêcher l’inconstance au poète armoricain, je ne puis m’empêcher de faire des vœux pour qu’il secoue, dans un avenir prochain, la poussière de sa Bretagne. S’il lui est réservé de grandir encore, ce que j’espère, ce n’est qu’à la condition de renouveler sa palette. Qu’il le sache bien ; les grands esprits ne se sont jamais laissés parquer dans un domaine unique et étroit. Les meilleurs parmi ceux que nous venons de citer, Walter Scott et Moore, n’ont-ils pas fait maintes glorieuses échappées hors de leurs frontières ? Walter Scott n’a-t-il pas su peindre à merveille (outre l’Angleterre) les cours de France et de Bourgogne dans Quentin Durward et la Syrie dans Ivanhoë ? Thomas Moore n’a-t-il pas fait à la verte Érin de charmantes et nombreuses infidélités pour les péris de l’Orient ? Il faut, pour atteindre à une vraie et solide renommée, que la muse de M. Brizeux acquière deux qualités dont elle ne s’est pas encore montrée suffisamment pourvue, la flexibilité et l’invention.

Malgré la pureté soutenue de la langue et le fini des détails, qui sont le véritable mérite de son dernier ouvrage, j’ai pourtant quelques observations grammaticales et quelques remarques techniques à présenter à M. Brizeux. Il me pardonnera la minutie de ces critiques, lui qui sait si bien qu’il n’y a pas de poésie sans la double perfection de la langue et du rhythme : In tenui labor… Je commence :

M. Brizeux a employé deux fois cet hémistiche

Les landes embaumaient… (pages 6 et 356)


c’était trop d’une. Embaumer pris absolument n’est reçu que dans la conversation. On dit : cette rose embaume ; mais on ne l’écrit pas, surtout en vers. — Je lis dans le chant des Fiançailles :

Le chien à sa façon leur entonne une aubade.


Entonner une aubade ne me paraît pas exact, et leur entonner est une expression incorrecte et qui prête à l’équivoque.

Dans le septième chant, le poète cite au nombre des prix offerts aux lutteurs

Une ceinture en laine et large de quatre aunes,


et dans le chant des Réfractaires, il dit :

La maison est bâtie au bord de la rivière ;
Si le toit est en paille, elle a des murs en pierre.


La correction demandait :

Si le toit est de paille, elle a des murs de pierre.


Il m’est impossible d’approuver cette locution du monde, pour une foule considérable :

C’est aujourd’hui qu’il va du monde vers Kemper.


On lit dans le huitième chant (le Chasse-marée) :

Plus de batteurs de seigle, ici, plus de faucheurs,
Mais des canots chargés de mousses, de pêcheurs…


Des canots chargés de mousses présentent, au premier coup d’œil, un sens fort différent du véritable. — Dans ce passage :

Bientôt, comme ils causaient entre eux d’Énèz-Eussâ
(L’île d’Ouessant), Lilès plus hardi commença…


Cette parenthèse explicative, privée de grace et de nombre, serait mieux placée au bas de la page que dans le texte. — Une vieille campagnarde, affligée des dispositions dernières de son mari, se plaint en ces termes :

Quoi ! sans me rien laisser, sortir de cette vie !
Côte à côte avec lui, pourtant, je l’ai suivie
Pendant plus de vingt ans…


Suivie se rapportant à cette vie est une locution impropre et un tour de phrase louche et forcé.

Voici pour la langue ; passons à la rime.

On ne trouve dans M. Brizeux que bien peu de rimes faibles ou insuffisantes. Parmi les faibles, je noterai yeux rimant avec bœufs, automne et none rimant avec jaune, Anna avec déjà et voilà ; mais une rime que je regarde comme tout-à-fait vicieuse, c’est celle d’un mot terminé par une voyelle avec un mot finissant par une consonne, comme cou et coup, au singulier[4]. Je regrette que M. Brizeux l’ait employée quatre fois.

On rencontre avec surprise dans les Bretons deux ou trois vers dont la mesure est fausse :

Demandez-le à celle en qui tout est clarté.


Le s’élidant devant une voyelle, il ne reste au vers que onze syllabes. Comment M. Brizeux ne s’est-il pas rappelé ce vers de Voltaire, qui semble être le moule du sien

Demandez-le à celui qui nous donna la vie ?

Le vers suivant est encore faux :

À genoux sur la terre, elles y voient descendre…


Le mot voient et tous les mots de cette forme ne peuvent entrer dans un vers sans le fausser. On ne doit les placer qu’à la fin, pour des raisons métriques que M. Brizeux sait mieux que nous. Il n’y a d’exception que pour les imparfaits de l’indicatif et pour les deux mots soient et aient. Encore fait-on bien d’user sobrement de cette permission. — Je crois devoir encore marquer d’un obèle les expressions suivantes, d’une familiarité puérile. Dans le chant des Pilleurs de côtes, on lit :

Lutte affreuse ! le ciel est plus noir que de l’encre.

Et ailleurs :

« A ceux qui n’ont pas vu monter si loin dans l’air
La flèche de Saint-Pol, s’écria la jeune Anne,
Je dirai poliment : Oh ! vous êtes un âne ! »

C’est tomber dans le trivial en cherchant le naïf. — Je conseille à l’auteur de retrancher, à la première occasion, la peinture qu’il fait du mal de mer en deux endroits du huitième chant. Il aurait tort de se croire justifié par ce vers du maître :

Et salsos rident revomentem pectore fluctus.


Virgile est resté, ici comme toujours, dans cette mesure parfaite qui est sa gloire et son génie.

Les tableaux de M. Brizeux sont habituellement d’une si grande exactitude, qu’un peintre pourrait aisément les reproduire. Un seul m’a complètement dérouté et paru impossible. Lors de l’agonie du fermier Hoël, le recteur du bourg se présente pour lui donner l’extrême-onction :

Quand la porte s’ouvrit, la famille en prière
Se leva ; le vieux prêtre, à ce morne salut,
Comme pressé d’agir, monta sur le bahut.

Je ne puis m’expliquer ce mouvement du prêtre qu’en supposant que les bahuts de Bretagne sont pourvus d’une petite marche sur laquelle le recteur se serait placé pour exhorter le mourant avec plus d’autorité. Si cette conjecture est juste, l’image alors ne serait pas fausse, comme elle en a l’air, mais elle serait incomplètement exprimée.

Un aussi petit nombre de taches, et pour la plupart aussi peu graves, dans un volume de cinq ou six mille vers, attestent les soins assidus du poète, et confirment tous les éloges que nous avons donnés à son habileté et à son talent. Hélas ! ils sont rares aujourd’hui, bien rares ! les ouvrages où les fautes soient assez peu nombreuses pour qu’on les note et qu’on les discute. Depuis quelque temps, on répète sur tous les tons que la critique n’existe plus, qu’elle abdique sa haute mission de surveillance et de conseils ; qu’elle se rend complice, par ses réclames ou par son silence, de tous les déportemens dont nous sommes témoins. Ces plaintes sont-elles bien justes ? Mon Dieu ! ce n’est pas la critique qui fait défaut à l’art ; c’est bien plutôt l’art qui fait défaut à la critique, Où sont-elles, je vous prie, les œuvres sérieuses (dramatiques ou poétiques) qui méritaient une discussion délicate ou approfondie, et à qui la discussion ait manqué ? Où sont les productions originales qui aient eu besoin d’être expliquées au public pour les lui faire accepter ? Assurément nos écrivains à la mode charbonnent leurs faciles et immenses compositions en traits assez prosaïquement intelligibles pour se pouvoir passer de commentaires. La critique, cette muse amoureuse de la beauté, perdra-t-elle son temps à guerroyer sans espoir contre toutes les glorieuses monstruosités qui nous inondent, et à prouver magistralement que Maritorne n’est pas Hélène ? Le beau plaisir vraiment, l’agréable occupation que de protester, en Héraclite ou en Jérémie littéraire, contre des engouemens grossiers dont le temps tout seul doit faire justice ! Où il n’y a rien pour l’art, la critique a toute raison de s’abstenir ; le silence aussi est un jugement. Si l’on objectait que la critique doit être toujours militante et sur la brèche, qu’elle est une sorte de maréchaussée intellectuelle, et qu’en cette qualité elle est tenue de faire incessamment la police ; si l’on prétendait que le devoir du critique est, comme celui du louvetier, de s’élancer toujours au plus épais du hallier pour y relancer la bête dans son fort, oh ! alors je me permettrais de trouver la tâche du critique un peu rude ; mais, en définitive, c’est une affaire d’âge et de goût : on peut être bien tranquille ; il y aura toujours de hardis piqueurs, des tirailleurs adroits et alertes, des écoliers en vacance prêts à brûler leur première poudre aux moineaux. Cet âge est sans pitié !… J’applaudis de grand cœur à toute chasse innocente ; je demande seulement que l’on ne blesse et qu’on n’effarouche ni les cygnes du bassin, ni les fauvettes du bosquet, ni le faisan doré de la volière. Quant à moi, qui n’ai qu’un médiocre penchant pour les récréations carnassières, je comparerais plutôt l’art du critique à celui de l’oiseleur qui tend ses filets pour y attirer de beaux oiseaux, au chant suave, au plumage d’azur et de feu. Je comprends la passion de l’amateur qui veut voir, toucher, entendre, du plus près possible, ces oiseaux merveilleux, et, quand il les a vus et revus, leur rend l’espace et le firmament. C’est là, pour moi, la critique.


Charles Magnin.
  1. Voy. Revue des Deux Mondes, Ire série, 1831, t. IV, p. 595, et IVe série, Numéro du 1er septembre 1841.
  2. Elegy written in a country church-yard
  3. Dans le Bourg, lettre Ire.
  4. Ces sortes de rimes au pluriel sont irréprochables.