Les Causes de la révolution/La Journée des Poignards

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LA JOURNÉE DES POIGNARDS, — DÉTAILS SUR LA VENDÉE.


Retournant ensuite vèrs la France, j’appris, à mon premier pas dans le royaume, le résultat de cette journée dans le mois de Fevrier 1791, à laquelle on a donné le nom de la journée des poignards. C’était un projet tres hardi et dont l’éxécution aurait pu être la cause de grands changement. On fit savoir secrétement dans les provinces, aux gentils-hommes que l’on connaissait déterminés, qu’on méditait un coup, hardi qui pourrait remettre le roy sur le thrône. On


pas parlé de lui ici, (n’ayant pas grand rapport à la révolution) si je ne voulais faire connaitre une galanterie, assez originale, qu’on lui fit le jeudy gras.

C’est l’usage dans cette ville, ce jour là, de faire sortir un homme de la mer et de le faire monter à califourchon au haut de la tour de St. Marc, sur un cheval attaché à une corde ; ii déscend en suite du coté du palais, dans la forme d’un ange, attaché par le pied et la main, et présente un bouquet, au Doge qui est à son balcon, entouré des principaux officiers de l’état, dans leur grande robe de cérémonie : l’homme s’en retourne ensuite, dans la mer, par le même chemin qu’il est venu.

Cette réjouissance se fait en commémoration, d’une certaine grande victoire, remportée sur le partriarche d’Aquilée, que l’on prit avec tout son chapitre et que l’on relacha à condition qu’il donnerait deux taureaux pour sa rançon et celle de son doyen et douze cochons pour les chanoines de son chapitre.

Lorsque le pauvre diable, métamorphosé en ange pour un sequin, (à peuprès une demie guinée) a fait son apparition, il est d’usage de décapiter les deux taureaux d’un seul coup, (les douze cochons subissaient aussi le même sort autrefois, mais c’est supprimé) ce qui se fait avec toute la force et l’agilité, que cette petite opération peut demander.

Le Comte d’Artois étant placé dans un endroit, d’où l’on craignait qu’il n’eut pu vu toute la fête, ou eut l’attention, d’amener un troisieme taureau, et de lui couper le cou sous sa fenêtre. réussit à en assembller un grand nombre à Paris : le 28 Fevrier, ils s’armerent de poignards et de pistolets, et réussirent les uns après les autres, à s’introduire dans les rangs des gardes nationalles, et dans le chateau des Thuileries.

Toute éspéce d’action hardie, en impose au peuple, il est toujours disposé, à se montrer pour ceux qui en font les auteurs. Un mot du roy, pouvait rendre les gentils-hommes maitres du chateau, et l’assemblée étant dans la même enceinte, il eut pu se faire, qu’une demie-heure, vit l'echaffaudage philosophique de leur constitution, renversé de fond en comble.

La Fayette sentit de quelle importance, il était de détourner le danger, il profita du moment d’irrésolution, où l’on n’attendait que le signal pour commencer l’attaque ; il vint trouver le roy, l’intimida, où le persuada et l’obligea à tenir le discours suivant aux gentils-hommes: " Messieurs, — je suis très sensible au zéle et à l’intérêt que ma noblesse *, conserve pour moi, mais dans ce moment vos services ne me font d’aucune utilité. Les bruits que l’on a fait courir sur mon manque de sureté, et sur ma détention ne sont nullement fondés ; c’est pourquoi je vous prie, je vous ordonne même, de venir déposer vos armes à mes pieds ; je les garderai en dépot et vous pouvez être certains que vous serez réspéctés par les gardes nationalles, et ne serez jamais inquiétés pour ce que vous avez fait aujourdhui."


Toute espece de noblesse, rang, titre, où distinction quelconque, avait déja été abolie par l'assemblée nationale.


En conséquence, un panier fut placé aux pieds du roy, chacun y vint jetter ses armes : la Fayette s’en empara et les gardes nationalles, qui n’avaient plus rien à craindre chasserent les gentils-hommes à coup de pieds et de crosse de fusils.

Je crois devoir me suivre, parceque cela me rappéllera beaucoup plus facilement, les différentes éxpéditions dont j’ai eu connaissance.

Je n’étais à Marseilles, qu’à une trentaine de lieues de Briançon, où mon régiment était en garnison, il n’y avait plus qu’un mois avant l’éxpiration de mon congé, mais certains préssentimens funéstes me faisaient dès lors présumer que je ne verrais plus mon pays, et quoiqu’il y eut plus de deux cent lieues, et qu’il m’en fallut faire autant pour revenir, je me déterminai à profiter de ce moment de calme, et à lui aller faire cette derniere visite.

Marseilles, avait eu une insurrection terrible, le peuple avait détruit les fortifications de la citadelle du coté de la ville, de sorte que ce n’était plus qu’une batterie du côté de la mer ; il s’y était commis des massacres qui font frémir, et qui égallaient prèsque ceux de Paris, mais alors le peuple était tranquille ; j’aurais bien voulu aller à Avignon, mais hélas le féroce Jourdan y regnait alors et remplissait les glacieres de cadavres, au nom de la liberté. Je me contentai de jetter un coup d’oeil, sur ce beau et malheureux pays, de la montagne de Beaucaire. Nismes, était à peine remis de ses derniers troubles, les ésprits étaient en perpétuelle transe, on n’osait presque parler, crainte que les paroles ne fussent mal interprétées. Je fus témoin à Montpellier d’une scène fort etrange à la comédie, entre un officier d’un régiment de troupes réglées et un de la milice nationalle. Le dernier vint se placer près de l’oreille de l’officier, et lui cria à différentes reprises, ça ira : celui-cy impatienté, après quelques moment, s’ecria ça n’ira pas : il est difficile de se faire une idée de la fureur du militien, en répétant ça ira, aussi bien que tout le parterre : après quelque répétitions pareilles, l’officier en colère, lui appliqua sur le nez une taloche terrible, en lui criant ça va, mais s’il ne se fut échappé promptement, il aurait payé cher cette gentillesse, car le cri à la lanterne, se fit aussitôt entendre des quatre coins de la salle.

Je voyageai par le canal de Languedoc, les paysans du pays l’avaient ouvert en plusieurs endroits, afin d’avoir plus d’occupation pour le convoi des marchandizes : quelques soldats et gens du commun qui voyageaient dans le même bateau, forçerent la porte de la cabine et s’y établirent, prétendant que l’Egalité ne pouvait permettre de différence parmi les places : le propriétaire du bateau, fut obligé d’employer la maréchaussée pour les tenir dans le devoir.

L’assemblée nationalle venait dans sa sagesse, de procurer au Romulus Mirabeau, l’honneur de faire porter son deuil à tous les individus de la nation Française, et à sa carcasse l’avantage inestimable de pourrir dans le Panthéon. En un mot, Mirabeau, après un où deux jours d’une malade assez aigùe, venait de mourir : je n’en savais rien, mais on me l’apprit bien vite à Carcassone, où l’on pensa me lapider, parceque je n’en portais pas le deuil, et l’on me força à mettre un crêpe au bras.

A Toulouse, je pensai me faire une mauvaise affaire parce que je parus montrer de l’indignation, au propos d’un certain jeune enthousiaste tres bien mis, qui à la table d’hôte, parlait froidement de faire assassiner le prince de Condé et le comte d’Artois. Les rives de la Garonne étaient fort tranquilles, Bourdeaux aussi ; j’eus le plaisir à Saintes, de voir l’introduction de l’évêque national, accompagné de son clergé qui n’était autre, que quelque portefaix, sur le dos des quels, on avait mis des chappes et des chasubles, au surplus pas vingt témoins outre les soldats.

Rochefort, la Rochelle, étaient fort paisibles, je me rendis à Luçon et de la chez moi, dans le centre de la Vendée, qu’on appelait encore, Bas-Poitou ; il n’y avait alors pas la moindre apparence de l’insurréction, ni de l’animosité qui a éclaté depuis avec tant de fureur : le pays était fort tranquille, et aussi bien cultivé que jamais; les paysans se plaignaient seulement, qu’ils venaient d’être taxé bien sévèrement et je regarde ceci comme une des causes de la guerre terrible qui a éclaté dans la Vendée dix huit mois après cette époque.

Ce pays, avait autrefois été presqu’entierement couvert des eaux de la mer, l’industrie des habitans, et l’attention du gouvernement, étaient parvenues à le déssécher, en le coupant de fossés, où plutôt de canaux profonds et tres larges, et en l’entourant de digues tres élevées, pour le défendre de la mer.

La réparation des digues, des écluses, et des canaux coutait éxtrêmement cher, et pour encourager les habitais à les tenir en bon état, le gouvernement s’était engage à n’exiger d’eux, aucune imposition quelconque pendant cent ans. Ces cent ans expirerent la premiere année de la révolution, et on les chargea d’impositions comme ceux des pays voisins ; elles étaient réellement tres onéreuses, considérant que les frais de réparations des écluses et des digues, montaient au cinquieme du revenu.

Le paysan n’a pas pensé, que le tems de l’éxemption qu’on lui avait accordé était passé, mais seulement qu’il ne payait aucune imposition sous l’ancien gouvernement, qui au contraire venait à son aide, dans le cas que quelque grand désastre arrivat aux digues, tandis que le nouveau le taxait immodérément. Je ne prétends point donner cette raison comme la cause du soulévement général de la Vendée, mais je crois fermement qu’elle y a beaucoup contribuée.

Le pays, était tres peu visité par l’étranger, il n’y avait même pas de route de poste ; le paysan se suffisait à lui même : le haut marais, près de Luçon, qui était plus anciennement desséché, était extrêmement fertile ; ou y élevait, une quantité prodigieuse de bestiaux, la terre sans beaucoup de culture, payait au centuple les travaux du laboureur ; dans quelques endroits plus élevés, on cultivait les vignes ; le bois seul manquait, mais comme la terre n’avait pas besoin d’engrais, les habitais brulaient le fumier de leur bestiaux, et ceux du bocage venaient en chercher les cendres, et leur apportaient en retour du fagot, pour faire cuire le pain.

Séparé pour ainsi dire du monde entier, le paysan de cette partie n’était cependant pas très ignorant, on n’y voyait point de pauvres ; les manieres du peuple étaient fort simples, il était tres religieux et avec raison tres attaché au gouvernement, dont il ne connaissait le nom, que par la protection qu’il en recevait.

La noblesse vivait beaucoup sur ses terres, et en hyver la petite ville de Luçon, était l’endroit où elle se rassembllait. Un etranger, eut vraiment été surpris, de trouver dans ce coin de terre, des fortunes assez considérables, des gens respectables par les services qu’ils avaient rendus à l’état et leur richésses, beaucoup d’agrément dans la société, et le ton le plus aimable et le plus simple.

Le pays était coupé comme je l’ai dit de fossés, ou canaux tres profonds, à peine y avait il dans les marais, un chemin pour les voitures et en hyver, il était presque impossible d’y aller même à cheval, tant la glaise était molle et fangeuse ; le paysan ne sortait jamais de chez lui, sans une longue perche de plus de vingt pieds, qui lui servait à sauter les canaux avec une légereté incroyable ; dans quelques endroits, il y avait une niole, espéce de petit bateau dans le quel deux personnes ne pouvaient se tenir, qu’en gardant bien leur équilibre ; une corde traversait le fossé et en la poussant légerement, elle arrivait à l’autre bord, avec une vitesse singuliere.

Une des causes de cette guerre, est certainement l'aisance et la protection que la monarchie donnait aux habitans, et celle de sa prolongation, a été la nature du pays ainsi coupé de canaux, qu’il était impossible aux soldats de franchir comme les habitans, qui y étaient accoutumés ; après avoir arrangé mes affaires, du mieux que je pus, je vins à Nantes : la ville était loin d’être tranquille : le nouvel évêque constitutionel se faisait craindre des religieuses ; la populace à son instigation les tira de leur couvent et les fouétta par les rues ; son entrée processionéle dans la ville, comme à Saintes était composée de quelques misérables moines et de quelques gens payés, pour porter la soutane ce jour là *.


Cet évêque était le fils d’un chirurgien de la ville ; il quitta la maison paternelle après l’avoir volé, s’engagea en Hollande, déserta, se fit contrebandier, fut prit et marqué, devint comédien, épousa une comédienne, puis se fit prêtre, et fut fait évêque à la révolution, par Constard, le commandant de la garde nationalle, qui lui devait douze mille livres (500L Sterling), à condition que la dette serait acquittée. C’était quelque chose d’original de voir ce commandant de la garde nationalle, affecter à tout pas de se prosterner devant lui, et lui demander sa bénédiction. C’était un enthousiaste révolutionaire, qui a fait beaucoup de mal… Robespierre l’a depuis guillotiné… dieu lui fasse paix, il l’avait bien mérité.

Pour donner une idée de l’éspéce de liberté dont on jouissait alors : c’était l’usage à Nantes d’appeler les chats, minet, minet, qui se trouvait être le nom du nouvel évêque, et quelques pauvres enfants et des femmes, furent arrêtés et jettés en prison, pour avoir appelle leur chats dans la rue.


Le département s’assembla à Nantes : quelques gentils-hommes avait été élus par leurs paysans, qui s’étaient donnés le mot entre eux, de se défier des procureurs et ne voulurent élire que leur seigneur où leur curé. Mais ils furent si maltraités par les orateurs, dans la salle d’assemblée qu’ils furent obligés de se retirer.

Il y avait une grande foire de bestiaux dans la ville, et l’évêque, avait un petit droit d’un sou, où deux, sur chaque tête de betail ; par les nouveaux décrets, tous ces droits aya ant été retirés des mains des seigneurs, la ville s’empara de celui-cy et le porta jusqu’a un petit écu, où quatre francs par tête.

Les paysans de Bretagne et ceux de la Vendée, arriverent bien résolus à ne point le payer, et comme on l’éxigeait d’eux, ils se mirent en colère, brulerent et démolirent le bureau .... on envoya douze cents hommes de troupes contre eux, et alors un combat d’un nouveau genre commença, les paysans se mirent derriere le joug de leurs boeufs, les piquerent avec l’aiguillon, et chargerent les troupes en les accablant de pierres et d’injures. Ils les forçerent aine, à se retirer presque dans la riviere, lorsqu’enfin les commandans, crurent devoir faire mine de résister et les paysans se disperserent, mais furent tenir leur champ de foire hors de la ville.

Dans le tumulte, trois nouveaux gardes nationaux, peu accoutumés au maniement du fusil, par mal adresse firent feu et tuerent deux hommes. Les payfans alors devinrent furieux et leur dirent de retourner manier l’aune dans leur boutique et de laisser les armes, à ceux qui devaient les porter.

De ce moment un mécontentement incroyable, prévalut parmi les habitans des campagnes. Les paysans menacerent hautement de donner un logement pour l’éternité *, a tous les bleus † qui viendraient les visiter :


Dans leur cimetiere.

Les gardes nationalles.



éffectivement il y en eut trois ou quatre, bien battus dans un village auprès du quel ils avaient été chasser. Cela fut poussé si loin que la municipalité défendit à qui que ce fut des gardes nationalles, de sortir de la ville en uniforme et elle fit souvent faire des expéditions, dans les environs, avec du canon.

Un de mes amis, officier de marine, fut apperçu dans la campagne par quelques paysans ; comme son uniforme était bleu, ils s’imaginerent que c’était un garde national et aptes l’avoir arrêté ils se préparaient à le pendre à un arbre pour faire peur aux grôlles, ainsi qu’ils le lui dirent. Heureusement qu’il y avait un ancre sur ses boutons, qui leur prouva qu’il était officier du roy et ils le laisserent aller.

Souvent dans les rues, les gens du peuple disaient aux gentils-hommes, qu’ils voyaient sans armes ; " ce n’est plus le tenus des Badines *, messieurs de la noblesse, c’est de bons sabres qu’il faut."


Sorte de petites cannes de jonc.


Comme les gentils-hommes n’étaient point armés, point protégés du gouvernement, et que leurs adversaires au contraire, avaient plus d’armes qu’il ne leur en fallait et étaient formés en corps de troupes réglées ; se joindre sur le champ aux paysans, n’eut servi à rien, qu’à se faire sacrifier inutilement ; cependant à présent que j’y réfléchis froidement, je ne peux pas concevoir, comment l’ésprit d’émigration, put s’emparer de toutes les tétes avec des dispositions aussi favorables. Je ne fais point de doute, que c’en là le véritable comencement de la guerre des chouans et de la Vendée, de quelle utilité il eut été à la monarchie si au lieu de l’éloigner à des distances prodigieuses on eut bravé la tempête et qu’on se fut tenu à son poste.

Malheureusement on regardait ces querelles comme particulieres, et l’on pensait, que toute insurréction partielle était inutile : les tête étaient montées, on commençait déjà à dire, que les princes étaient prets à entrer en France et qu’on arriverait trop tard. On reprochait la lenteur à ceux qui ne se préparaient pas, à se rendre hors du royaume ; les parens de ceux qui en étaient sortis, prenaient une petite prépondérance, qui est souvent d’un beaucoup plus grand poid dans la société, que des choses de réélle valeur, et servit peutêtre à en faire décider beaucoup. Les patriotes eux mêmes, peutêtre avec le déssein de faire sortir la noblesse de France, traitaient avec mépris les gentils-hommes dont les sentimens n’étaient pas tres déclarés ; les dames se permettaient dans la société, des plaisanteries sévères, sur ceux qui ne paraissaient pas montrer beaucoup d’empressement à quitter leur famille : dans quelques endroits même, elles refusaient de les admettre dans leur société, et dans plusieures provinces, firent l’affront à quelques un d’eux, de leur envoyer une quenouille *. Affront sanglant alors, mais qu’on s’est permis depuis, si souvent et si à tort, que c'est plutôt la personne qui le fait, qui se couvre de mépris que celle qui le reçoit.


A Londres lors de la funeste expédition de Quiberon, il y eut quelque prêtres et quelques femmes qui se permirent d’envoyer une quenouille a des gens respectables qu’ils connaissaient a peine, et qui refusaient de se croiser. Un d’eux, personnage un peu colérique, en reçut une, de certain sot d’Abbé, connu pour ses fréquentes métamorphoses de parti, et sa violence dans tous ceux qu’il a adopté : il décomposa le présent qu’il venait de recevoir, fit filer la filasse, en fit faire un licou qu’il envoyat à l’Abbé, en le remerciant de son attention et le priant d’accépter en retour, la cravatte qu’il en avait fait ; " quant au manche," ajoutait il, " je le garde, et si j’ai le bonheur de vous rencontrer, je vous montrerai avec plaisir, l’usage qu’on en peut faire."


Je crois ici, devoir ajouter quelques détails sur l’origine et les progrès de la guerre, qui a duré si longtemps dans la Vendée.

On a pu voir le mecontentement général, qui régnait dans la Vendée et les départemens voisins, tant au sujet des nouvelles taxes, l’augmentation des prix de foire et la jalousie des habitans des campagnes qui se voyaient gouvernés et maltraités par ceux des villes.

Ces vexations, ne tarderent pas à désabuser les paysans de cette partie, à qui les novateurs avaient fait accroire que la révolution n’était faite que pour eux, qu’en un mot ils allaient être riches, heureux et libres. Loin de rien appercevoir de pareil et même au contraire voyant d’un coté, leur misere augmenter et de l’autre, les taxes ; ils durant naturellement bientôt penser, à l’ancien état de chose et au gouvernement qui leur accordait protéction, contre les ravages de la mer, ne levait aucunes impositions et les laissait vivre paisibles au milieu de leurs familles, sans les tourmenter, par la milice, la gabelle, la taille, où même les corvées.

Ils jetterait les yeux sur leurs chefs naturels, pour obtenir la justice qui leur était dù : Il était deja trop tard, les gentils-hommes indignés des affronts, qu’il leur fallait essuyer tous les jours, et désirant s’employer dans la restoration de l’ordre et de la monarchie, étaient sortis du royaume et étaient venus offrir aux princes tout ce qui leur restait .... leur courage.

Cet ésprit de mecontentement, résta longtemps comprimé par la force, la crainte et peutètre même l’indifférence, quand on laissait le paysan tranquille, il se montrait par intervalle, aussitôt que les novateurs, faisaient ou ordonnaient quelques choses contre les manieres aux quelles ils avaient été accoutumés. En 1792 pendant la campagne, il y eut un petit soulévement en faveur de la royauté, qui sa calma apres le retraite du duc de Brunswick. Au massacre du roy, en 1793, les ésprits irrités furent au moment d'éclater mais furent, à ce qui semble, retenus par les chefs d'une insurrection considérable qui se méditait alors, st qui von, laient lui donner par l'ensemble dee provinces, une apparence plus formidable.

Malheureusement la mort du chef † de cette vaste conspiration prévint son entier effet, et par la déoouverte qu’elle occasionna, força d'agir plus tôt qu’on aurait désiré et avant que tous les préparatifs soient faits. En Février 1793, la Convention envoya des commissaires, pour forcer les jeunes gens des différentes paroisses, d’obéir aux requisitions forcées, qu’elles faisait alors.


Mr de la Rouèrie.


Le Vendéen, tres attaché au sol qui le nourrissait, dans le tems de la monarchie, ne s’en écartait presque jamais : il est inoui le petit nombre de soldats, qui sortaient de ce pays si peuplé. On doit bien entendre qu’avec les dispositions, et les habitans étaient alors contre le nouveau gouvernement, ils n’étaient pas portés à accéder de bon gré à une pareille démarche ; cependant les chefs qui les dirigeaient, ne se trouvant pas en mesure pour résister ouvertement, les firent capituler avec les commissaires : ils offrirent, au lieu d’envoyer leurs jeunes gens à une guerre lointaine, de se cottiser et de payer leur services en argent. La proposition fut acceptée, et l’argent fut rammassé et mis entre les mains des commissaires.

Un mois s’était à peine écoullé, lorsque de nouveaux agens de la convention, vinrent pont obliger tous les jeunes gens à marcher ; une telle mauvaise foi, éxcita l’indignation la plus violente c’eit alors que Mr. de la Rouerie, qui était l’auteur des plans projettés de révolte, contre la tyrannie républicaine, esposa par sa mort, tous ceux qui y avaient pris part ; ceux de la Vendée, profiterenthabilement de la circonstance et se trouvant obligés à éclater sur la champ, ils enflammèrent encore d’avantage l’esprit du peuple. On se saisint de commissaires, on leur reprocha leur perfidie, et on les pendit. Après une démarche aussi vigoureuse, il n’y avait point de retraite aisée, tout le pays se souleva  : Des chefs se montrerent et conduisirent à la victoire, une multitude sans autre armes, que des bâtons, ou des fourches.

Ils s’empareront promptement, des petites villes nombreuses de l’intérieur du pays, ils y trouverent des armes, et y firent des recrues. Au bruit de leurs exploits, tous ceux dont la vie étaient menacée par la guillotine, et dont les biens avaient été confisqués, se rendirent en foule dans la Vendée.

Le déséspoir, la rage, et le fanatisme créèrent bientôt des miracles ; on vit les paysans de la Vendée charger avec fureur les colonnes republicaines, et assommer les canoniers à coup de massue, sur leur canons. Une déroute complette, des republicains à Saumur semblait assurer ans royalistes une prépondérance qui devait écraser leurs adversaires. Cette fameuse victoire leur donna des armes, des munitions et tous les moyens de faire la guerre, pendant qu’elle en privait leurs énemis, dont l’armée fut presqu’entièrement détruite.

Malheureusement l’ambition des chefs, semble avoir dès lors éxcité des divisions funestes : combien il eut été heureux pour la cause de la monarchie, qu’un prince eut alors paru, dont l’habileté et la haute naissance, lui eut donné des droits indisputables au commandement général, et eut fait taire toutes les ambitions partielles *.


La justice et la vérité m’obligent à dire, que le comte d’Artois fit plusieurs efforts pour se rendre à eux: il fretta secrettement à ses frais un vaisseau à Anvers, pour le transporter dans La Vendée. mais son dessein étant venu à la connaissance, d'un de nos bons amis (l'Empereur), on sut prévenir son départ, en saisissant le vaisseau.


La dispositions des habitans, contribuerent aussi à rendre cette victoire signalée de peu de valeur réelle ; ils n’étaient jamais rassemblés en corps d’année pour plus de deux ou trois jours : après la défaite, où la victoire, ils se retiraient chez eux, et attendaient que le tocsin, où de nouveaux ordres, la appella au rendez vous et leur fit prendre les armes.

Il parait que leurs chefs, commirent alors la même faute, que le roy de Prusse avait fait à Verdun : ils restèrent huit à dix jours à Saumur, pour jouir de leur victoire. Ils passèrent ensuite la Loire au Pont-de-Cé : la terreur de leur noms, leur fit prendre sans coup férir Angers et les autres villes voisines, ils descendirent ensuite la rive droite, et s’approcherent de Nantes.

Si au lieu de former ce grand cercle, qui de victoire en victoire, ne les conduisait que chez eux, ils eussent sur le champ marché sur Paris ; le peu de précaution que l’on avait pris contre eux, induit naturéllement à penser, que quoique cela paraisse tres difficile, ils eussent peutétre pu y parvenir, sans même beaucoup de difficulté.

Je suis intimement convaincu, que la posséssion seule de Paris, donnera toujours à tous les partis une supériorité marqué sur les autres ; comme je suis bien persuadé, que quelque toit le parti qui détruise ou se rende maitre de la convention, il aura sur le champ, et sans résistance quelconque, le gouvernement du royaume entre ses mains.

Les royalistes, attaquerent Nantes et pour la premiere fois furent repoussés avec perte ; leurs victoires et leur défaites ensuite, ne servirent qu’à les affaiblir. On se battait de part et d’autre avec un acharnement incroyable. Les royalistes firent d’abord des prisonniers, mais ayant repris plusieurs de ceux qu’ils avaient dabord laissé aller sur parolle, et voyant que toua ceux des leurs, qui tombaient entre les mains de leurs ennemis étaient mis à mort : ils furent furent obligés, d’user de représailles et de faire une guerre éxterminatoire.

Il est encore à présent fort douteux, qui des républicains où des royalistes, l’eut emporté dans cette lutte terrible, si les puissances coalisées, n’eussent elle mêmes envoyés des renforts aux énnemia de la royauté.

Tous les succès des Autrichiens et des Prussiens, étaient autant de milliers d’ennemis de plus, pour la Vendée ; avaient ils un grand nombre de prisonniers, la condition de l’échange, où de leur ransom, était qu’ils ne serviraient pas contre eux ; prenaient ils une ville, un des premiers articles de la capitulation, était que la garnison ne pourrait pas servir contre les puissances en guerre avec la France, quoiqu’il fut évident qu'élle était destinée à la déstruction des royalistes ; c’est ainsi qu’on renforça leurs adversaires de seize mille hommes aguérris, que l’on eut pu faire prisonniers à Mayence ; on leur envoya aussi, les garnisons de plusieures autres places fortes, mais c’est surtout la garnison de Mayence, qui leur a fait plus de mal : elle y a, il est vrai, trouvé son tombeau, mais elle a peutêtre été la cause de leur ruine.

Les royalistes étaient leurrés depuis du tems, de secours considérables de l’Angleterre ; dans le tems qu’ils étaient le plus harrassés par ces garnisons, et après avoir perdu la bataille de Cholet, ils apprirent que les Anglais avaient envoyé sur les côtes de St. Malo, un armement et une flotte considérable, sous le commandement de Lord Moira.

Si on eut vraiment eu le désir de les secourir, il eut été plus naturel de faire croiser cette flotte sur leur côtes, au lieu de l’envoyer à plus de cent lieues de leur pays. C’était à peu près la même chose, que si les Français voulant aider la habitans du pays de Galle, envoyait des secours à Yarmouth, et les engageait, à quitter leur montagnes, à traverser tout le pays en marchant sur le ventre à leurs ennemis, et à venir les joindre.

La perte de la bataille de Cholet, et de plusieurs de leurs chefs principaux, avaient semés le désordre et l’éffroy, parmi les troupes auxiliaries et grand nombre des habitans de la Vendée ; ils résolurent, malgré les avis de gens plus éxpérimentés, de hazarder la dangereuse tentative, d’aller joindre la flotte Anglaise. Deux jours après cette bataille, qui eut lieu, le 15 Octobre 1793, les royalistes, commençerent à passer la Loire, ils furent suivis d’une foule innombrable de femmes, de vieillards et d’enfans, qui n’osaient rester dans le pays après leur départ.

Le grand nombre des paysans cependant, les vrais Vendéens n’abandonnerent pas leur foyers ; Charette ni Stofflet ne passerent point la Loire ; le premier même scut profiter habilement, de l’abscence des troupes républicaines, qui suivirent les royalistes, pour s’emparer des isles de Bouin et de Noirmoutier… c’était là, l’endroit où l’on eut pu secourir efficacement les Vendéens.

Les royalistes angmenterent beaucoup leur nombre sur la rive droite de la Loire, et marcherent de victoire en victoire, jusqu’à Granville, où ils ecbouerent enfin, à la vue de la flotte Anglaise, et furent obligés de se retirer.

Dans cette retraite, ils eurent souvent l’avantage sur les republicains et à Rennes entre-autres, ils détruisirent presqu’entiérement cette fameuse garnison de Mayence. Ce ne fut qu’au Mans qu’ils éprouverent leur grand revêrs ; les royalistes chargerent les républicains jusqu’à deux fois, avec perte à peu près égale des deux cotés ; mais le découragement s’était mis parmi eux et leurs officiers ne purent jamais les engager à venir une troisieme fois à la charge : une déroute complete s’en suivit, et un massacre épouvantable commença. L’armée cependant se rassembla encore et essuya une autre défaite à Savenay, avec un massacre aussi terrible : après quoi elle se débanda tout à fait et les individus qui la composaient, se joignirent aux Chouans dans la Bretagne, où repassèrent individuellement dans la Vendée, et grossirent les armées de Stoflet, de Charette, et de la Roche Jaquelin. Ce dernier général, fut tué quelques temps après, il était tellement aimé de sa troupes, qu’elles ont porté son corps pendant plus d’un an, à la tête de leur armée, dans un cercueil de plomb, couvert du drapeau royal.

Charette et Stoflet, soutinrent longtems les éfforts des republicains, et firent dabord une paix tres avantageuse avec eux ; ils restaient par elle, seules maitres de la police de leur territoire, et à la tête d’une force armée considerable ; il semble que par le traité de paix, on avait promis à Charette de déposer le jeune roy, entre ses mains et même dt reconnaitre bientôt la monarchie. Mais les gens à qui il avait affaire, scurent bien trouver le moyen d’évader cet

article, (s’il vrai qu’on en eut fait mention,) le jeune prince, mourut presque tout à coup dans sa prison.

Plusieurs chefs des Chouans, et de l’association Vendéenne furent arrêtés, et mis à mort ; Charette alors, vit bien que la paix délusoire, que l’on avait fait avec lui, n’était que pour l’attirer dans le piege et se défaire de lui, sans avoir la peine de le combattre. Il declara la guerre lui même et la fit avec quelques succès. Ce fut à cette époque que l’on fit l’expédition de Quiberon : la disposition du peuple dans cette province, et la fatigue que tous les individus de la nation Française avaient des troubles, semblaient présager de grands succès aux royalistes ; malheureusement, l’on commit la faute de ne se pas jetter sur le champ dans l’intérieur et de ne pas joindre les Chouans, qui ont été capables de se soutenir seul, plus de six mois après qu’elle eut été manqué. Ils n’avaient pas besoin de troupe, mais un renfort d’officiers et de munitions eut augmenté leur forces, et les eut mis dans le cas de braver tous les efforts de la république. Une confiance aveugle et folle fit aussi négliger de se concerter avec Charette : on voulut former un corps d’armée au moment même du débarquement et cela a été la cause de la ruine totale.

Stoflet fut livré et fusillé cinq où six mois après : le brave Charette * lui même poursuivi, réduit à se cacher,



Charette, était d’une famille respectable dans le pays ; il y en avait plusieurs branches, qui toutes portaient des surnoms différents pour se distinguer ; la branche du héro de la Vendée, s’appellait Charette contry. Le président Charette de la gacherie, qui mourut quatre ans avant la révolution et emporta avec fut enfin surpris, après la destruction de son parti… ce ne fut qu’après sa mort, que la Vendée fut entierement subjuguée, ou plutôt détruite car les ravages de la guerre, y avaient été exercés d’une maniere si terrible, que ce fertile pays était un désert, couvert de ruines, de cendres et d’ossemens.


Charette, était d’une famille respectable dans le pays ; il y en avait plusieurs branches, qui toutes portaient des surnoms différents pour se distinguer ; la branche du héro de la Vendée, s’appellait Charette contry. Le président Charette de la gacherie, qui mourut quatre ans avant la révolution et emporta avec fut enfin surpris, après la destruction de son parti… ce ne fut qu’après sa mort, que la Vendée fut entierement subjuguée, ou plutôt détruite car les ravages de la guerre, y avaient été exercés d’une maniere si terrible, que ce fertile pays était un désert, couvert de ruines, de cendres et d’ossemens.

Bientôt après la mort du héro de la Vendée, tous les partis furent obligés de se soumettre, et de reconnaitre la république au nom de laquelle, ils avaient vus leur pays dévastés et près de la moitié de sa population engloutie dans les flots de la Loire, où détruite par le fer et le feu.

Longtemps avant que la Vendée se declara, où même le régne de Robespierre, j’avais exprimé en 1791, mes craintes des malheurs où les troubles de la France l’éxposaient à tomber. Quoique le tableau que j’en avais fait, s’éloigne de mon sujet et coupe en quelque façon la narration, j’éspère qu’on voudra bien m’excuser, de le présenter ici.


lui, l’estime et le regret de ses compatriotes était son proche parent ; j’étais allié à sa famille et j’ai beaucoup connu son frere et sa sœur, quant à lui même il paraissait peu en société et n’était que fort peu connu à Nantes, où il venait rarement ; il était officier de marine, avant la révolution. Le mauvais état de sa santé, fut ce qui l’empêcha de rester près des princes à Coblence, où j’ai entendu dire, qu’il avait été quelques tems, avant la campagne de 1792.

Il a scu maintenir pendant plus de trois ans, par son courage et son habileté, une guerre à mort contre les vainqueurs de l’Europe, à qui, seul à la tête de quelques paysans fidéles, il a causé plut d’inquiétudes réélles, que les armées réunies, de l’Autriche, de l’Empire, de l’Espagne, de l’Angleterre, de la Hollande, de la Prusse, du Portugal, du Pape, de la Sardaigne, de Naples., et les menaces de la Russie.


Bientôt après la mort du héro de la Vendée, tous les partis furent obligés de se soumettre, et de reconnaitre la république au nom de laquelle, ils avaient vus leur pays dévastés et près de la moitié de sa population engloutie dans les flots de la Loire, où détruite par le fer et le feu.

Longtemps avant que la Vendée se declara, où même le régne de Robespierre, j’avais exprimé en 1791, mes craintes des malheurs où les troubles de la France l’éxposaient à tomber. Quoique le tableau que j’en avais fait, s’éloigne de mon sujet et coupe en quelque façon la narration, j’éspère qu’on voudra bien m’excuser, de le présenter ici.


lui, l’estime et le regret de ses compatriotes était son proche parent ; j’étais allié à sa famille et j’ai beaucoup connu son frere et sa sœur, quant à lui même il paraissait peu en société et n’était que fort peu connu à Nantes, où il venait rarement ; il était officier de marine, avant la révolution. Le mauvais état de sa santé, fut ce qui l’empêcha de rester près des princes à Coblence, où j’ai entendu dire, qu’il avait été quelques tems, avant la campagne de 1792.

Il a scu maintenir pendant plus de trois ans, par son courage et son habileté, une guerre à mort contre les vainqueurs de l’Europe, à qui, seul à la tête de quelques paysans fidéles, il a causé plut d’inquiétudes réélles, que les armées réunies, de l’Autriche, de l’Empire, de l’Espagne, de l’Angleterre, de la Hollande, de la Prusse, du Portugal, du Pape, de la Sardaigne, de Naples., et les menaces de la Russie.


Dans cet horrible tems, de trouble et de fureur,
L’aveuglé citoyen, par une douce erreur,
Trop aisément réduit, a la ferme éspérance
Que du trouble naitra le bonheur de la France.
Son esprit entrainé par celui de ce tems,
Croit voir un bien futur, dans les malheurs présens :
Il entend le récit des plus horribles crimes,
Il ne s’en émeut point, Il les croit légitimes,
Et quelque soit le prix, du vain mot liberté,
Jamais il ne croira l’avoir trop acheté.

Cependant de quel bien à donc joui la France,
Depuis que délivrés de ses antiques loix,
Le peuple ne suit plus qu’une odieuse licence

Sans crainte ni remords, il s’émeut a la voix.
De laches intrigans, qui profitant du trouble
Que leur rage a fait naitre, accumulent sur eux
Les biens et les pouvoirs .... d’un accent furieux,
Au Français trop crédule, et surtout malheureux,
Ils disent hautement.... que ta fureur redouble,
D’un fer arme ton bras, égorge sans pitié
L’honnête citoyen, dont l’ame plus humaine
Ne verrait nos complots qu’avec l’oeil de la haine  !
Pour venger un tel crime, il n’en point d’amitié,
Le frere doit nager dans le sang de son frere,
Et le fils patriote, assassiner son pere !

Tel est le résumé de cet affreux discours,
Où sans cesse on étalle avec éffronterie,
Ces mots intéressans, de liberté, secours
Soulagement du peuple, amour de la patrie :

Ce fut toujours ainsi, que le vil factieux.,
Couvrit impudement ses trames détestables.
De nos peres ainsi, quelques ambitieux,
Scurent capter l’estime : ils devinrent coupables :
Et pendant vint cinq ans, l’état mis en lambeaux,
Fut le théatre affreux de guerres intestines,
On ne respectat rien .... au milieu des ruines
On vit avec horreur, les morts de leurs tombeaux
Arrachés, et leurs os répandus sur la terre
L’enfant fut égorgé, sur le sein de sa mere.
Français contre Français, parens contre parens,
Chacun fit son bonheur d’augmenter les tourmens
De ses concitoyens .... pouvais-je jamais croire
Qu en me rappellant de telles cruautés,
De nos tems malheureuse je prédisais l’histoire !

Vendée .... O mon pays .... sur tes champs dévastés
Mon oeil en frémissant, s’arrête .... où sont tes villes,
Tes braves habitans, tes campagnes fertiles ....
La flamme a tout détruit .... ton sein ensanglanté,
(N’a guères enrichi des fruits de la culture)
Est couvert d’ossemens .... pour avoir la liberté,
Faut il donc renverser l’ordre de la nature.

Français dénaturés, suspendez vos fureurs
Trop de sang a coulé .... les maux de la patrie,
Un jour (quoique trop tard) feront couler vas pleurs.

Puissiez vous, abjurant cet éxcès de furie
Aux pieds de votre roy, détester vos erreurs !
Puisse entre citoyens, l’accord bientôt renaitre !
Puissiez vous enfin, oubliants vos communs torts,
Loin de vous déchirer, réunir vos éfforts
Et forcer les mutins à n’oser plus paraitre.

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