Les Chants du bivouac/La Lettre du soldat
LA LETTRE DU SOLDAT
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«_Hier ma -- tin, no -- tre com -- man --
dant Nous a dit que le ré -- gi -- ment S’en
al -- lait par -- tir à la guer -- re_: Par la pré --
sen -- te, vo -- tre fieu S’en vient vous di -- re son a --
dieu. Bon -- ne grand’ mè -- re_!
J’au-
dat, Pour la Pa -- tri -- e_!_»
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« Hier matin, notre commandant
Nous a dit que le régiment
S’en allait partir à la guerre :
Par la présente, votre fieu
S’en vient vous dire son adieu,
Bonne grand’mère !
J’aurais bien voulu, core un coup,
Mettre mes bras à votre cou
Tout comme au temps de mon enfance,
Mais, l’un et l’autre, oublions pas
Qu’à présent votre petit gâs
Est à la France !
Paraît qu’on va voir les Prussiens
Avec tout un tas d’autres chiens :
Ils seront battus par les nôtres !
Si je vas au « front », faudra voir
Je saurai faire mon devoir
Comme les autres !
Toujours d’attaque et point bancal,
Je veux revenir caporal
Ou, mieux encor, sergent peut-être !
Avec mes galons frais cousus
Je rirais si vous n’alliez plus
Me reconnaître !
Embrassez pour moi, voulez-vous,
La Marie aux bons yeux si doux,
Celle à qui, chaque jour, je pense ;
Qu’elle me conserve son cœur :
Il sera, si je suis vainqueur,
Ma récompense !
Adieu ! pour de bon cette fois,
D’autant que, vraiment, je ne vois
Plus rien autre chose à vous mettre…
Jean-Louis,
votre petit dernier,
Qui, sans finir de vous aimer,
Finit sa lettre ! »
Si je meurs (dam ! faut tout prévoir ! )
Priez Dieu pour moi chaque soir
Et réconfortez la Marie :
Dites-vous — fières de cela —
Que je suis mort en bon soldat.
Pour la Patrie ! »
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/20/Botrel_-_Les_Chants_du_bivouac%2C_1915_%28page_40_crop%29.jpg/400px-Botrel_-_Les_Chants_du_bivouac%2C_1915_%28page_40_crop%29.jpg)
- ↑ Georges Ondet, éditeur de l’accompagnement de piano, Faubourg Saint-Denis, 83, Paris.