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Les Chroniques de Sire Jean Froissart/Glossaire du quatorzième siècle

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GLOSSAIRE
DES MOTS FRANÇAIS DU QUATORZIÈME SIÈCLE DEVENUS HORS D’USAGE AU DIX-NEUVIÈME, AVEC DES EXEMPLES TIRÉS UNIQUEMENT DES CHRONIQUES DE J. FROISSART.



A


À, Atout (avec).
Abaubir (déconcerter). — Et la regardoit le roi si ardemment qu’elle en devenoit toute honteuse et abaubie.
Able (habile).
Ablement (habilement). — Combattant moult ablement.
Abrocher (éperonner fréquemment). — Les chevaucheurs chrétiens vinrent abrochant jusques à là.
Absol (absous). — Le roi de France les a absol de leurs mesfaits.
Absoldre (absoudre).
Abus (confus). — Adonc furent les inquisiteurs et le conseil tout abus. — Si fut tout abus.
Abusion (tourment, persécution). — Tant de mérancolies et d’abusions le prirent et aherdirent de tous lez qu’il entra en une frénésie.
Abusquer [s’] (se heurter).
Acarger (charger). — Et apporter et acarger sur les fossés.
Acater (acheter).
Accointer et Accointoier (se faire cointe, élégant, beau). — Et pour eux ajoliver et accointoier.
Accoler (embrasser ; d’où accolade).
Accommencer (commencer).
Accordable (qui peut être accordé).
Accoucher [se] (se coucher). — Le roi se accoucha malade. — Une maladie prit au connétable de laquelle il accoucha au lit.
Accouter (prêter attention). — À quoi ils accoutoient moult peu.
Accuse (accusation). — Et tout par accuse et par envie.
Acertener (assurer). — Ils furent informés et de vrai acertenés de la mise.
Acertes (sérieux, sérieusement).
Acesmé (paré). — Il n’y avoit en toute Gascogne écuyers si jolis, si beaux, si acesmés comme ils étoient.
Acesmement (parure, ornement). — Au voir dire c’étoit grand’beauté de voir leur contenement et acesmement.
Achapt (achat).
Achapter (acheter). — Afin qu’ils fussent achaptés bien et cher.
Acharier (transporter).
Achater (acheter).
Achevement (exploit).
Achiévement (exploit).
Achoison (occasion, cause), — À petite achoison il a saisi ses châteaux. — Je pris voie et achoison raisonnable d’aller devers, etc.
Achopper (trébucher). — N’a pas métier, s’il se trouve en bataille à l’encontre de nous, que son cheval achoppe, car s’il étoit pris, sa rançon ne seroit payée.
Acointer (devenir ami).
Acomminger (communier). — Et se acomingèrent les trois parts de l’ost.
Acomparager (comparer).
Acompter (songer).
Aconsuir (poursuivre, atteindre).
Aconvenancer (promettre, engager). — Le maronnier se aconvenança à lui.
Aconvoyer (accompagner).
Acoster (approcher). — Oncques charnellement messire Édouard n’acosta à li.
Acoursé (d’un cours réglé). — Si le voyage y étoit acoursé, les chrétiens y viendroient communément.
Acquerre (acquérir).
Acreu (obtenu à crédit ; d’accroire, confier). — Si ses gens avoient rien acreu, on seroit payé.
Adestrer (accompagner, être sur la droite). — Les seigneurs qui les litières de la roine et des dames devoient adestrer.
Adextrer (accompagner). — Le roi adextré de ses maréchaux.
Adhers (accusé). — Avant que Betisac fût néant adhers ni demandé. — Les amisses dont il est maintenant adhers et encoulpé.
Admirault (amiral). — Si fit dire à l’admirault et au connétable que ils, etc.
Adolé (attristé ; de dolere).
Adoubé (revêtu de toutes armes, offensives et défensives). — Trente compagnons bien armés et adoubés.
Adoulé (attristé ; de dolere).
Adresse (direction, redressement). — En eux vous trouverez toute adresse. — Il savoit toutes les adresses et les torses voies.
Adresser (redresser ; et prendre la droite ; le même qu’adextrer). — Et adressèrent la dite dame, messire Eustache d’Aubrecicourt et messire Jean d’Évreux.
Aduré (endurci à la fatigue). — Un moult aduré écuyer, vaillant homme aux armes.
Advenist (advint). — Il convenoit que ce advenist.
Advoer (avouer, approuver). — Voire ! dit le maire, qui jà étoit advoé du roi. — Tous lui eurent en convenant de l’advoer.
Advoeson (bail donné à un avoué).
Aelle (aile). — Et supportoit dessus ses aelles ceux de Paris.
Aerdre [s’] (s’allier).
Affaité (rempli plus qu’au faîte). — Le roi et la roine d’honneur et de largesse étoient si pleins et si affaités.
Affaité (informé, mis au fait). — Donc envoya par messages secrets et affaités de ce faire.
Affellonnir (s’irriter). — Si lui engrossa le cœur au ventre et affellonit grandement.
Affermer (conclure, signer ; d’où firm en anglais).
Afféroit [il] (il convenait ; d’afférir). — Trop bien savoit prendre où il appartenoit et remettre où il afféroit. — Il affiert. — Tant penser n’affiert pas à vous.
Affier [s’] (se fier). — Il s’affioit tant en sa puissance.
Affiner (finir). — Et auroit tôt cette guerre affinée.
Affoler et Affouler (estropier, maltraiter). Il en tua douze tous morts, sans ceux qu’il meshaigna et affola. — Et en y eut pour ce parti plusieurs morts et affolés.
Affourager (approvisionner de fourrages). — Et se pourroit-on émerveiller où on prenoit les fourrages pour affourager les chevaux.
Affrener (mettre un frein, retenir).
Affuir (fuir).
Agar (exclamation, pour : Voyez un peu ! On dit encore : Aga !). — Agar ! comme les Hainuyers nous réveillent !
Agré (gré). — Il vous vint en agré que vous partîtes.
Ahanier (laboureur, homme de peine, de ahan fatigue). — Si montoient des chevaux des ahaniers qu’ils trouvoient sur les champs.
Ahatie (querelle, rencontre, fait d’armes). — Il fut informé par les hérauts de cette ahatie. — Et se devoit faire l’emprise et ahatie de cinq lances à cheval, etc. — Et fut la bataille prise par ahatie.
Ahatir [s’] et s’ahaiter (s’engager de querelle). — Les quels mineurs s’étoient ahatis qu’ils leur rendroient la ville dans quinze jours. — Par plusieurs fois nous sommes nous ahatis.
Aherdre (lier, attacher, tenir ensemble, retenir). — Messire Hue et les autres s’aherdirent aux câbles et aux mâts. — Les chevaux ne se peuvent aherdre. — Il n’y demeura guères longuement, que fièvres et maladies l’aherdirent. — Tous leurs ahers et alliés. — Et tous ceux qui s’étoient ahers et conjoints avec moi.
Ahéritance (héritage). — Et veux que ils scellent et accordent avecques moi cette ahéritance que je vous donne.
Ahériter (rendre héritier). — Pape Clément l’avoit revêtu du royaume et ahérité de Sicile. — Et avoit intention le comte de Foix de ahériter ses deux fils bâtards de la graigneur partie de la terre de Béarn.
Aidable (dont on peut s’aider). — Ceux que vous nommez sont bien aidables et méritent d’avoir une partie du gouvernement de la ville de Gand. — Deux cents compagnons aidables.
Aigue (eau). — La nef fesoit aigue. — Et là entrèrent en attendant l’aigue.
Aimablement (d’une manière aimable).
Ainçois (plutôt).
Airs (avant).
Ains-né (né avant, aîné).
Air (courroux). — Tant prièrent et supplièrent ces douze bourgeois de Gand que le comte se refréna grandement en son air. — Brisez un petit la pointe de votre air. — Ce pape qui étoit tout enflé d’air et de maltalent.
Airé (courroucé).
Airement. — Aussi noire que airement pour la fumée des tourbes qui s’y ardoient.
Aireux (emporté).
Aisé (disposé à, qui a la facilité de). — Le comte leur répondit qu’il n’étoit point aisé de venir à Tournay quant à présent. — Les bonnes gens de Londres étoient bien aisés de ce faire.
Aisement (convenance). — Si y eut en chacune des batailles sa droite portion de gens d’armes et d’archers, selon leur aisement.
Aiser [s’] et s’aisir (se mettre à l’aise).
Aissielle (échelle).
Aist [qu’il] (qu’il aide). — Si Dieu m’aist !
Ajoliver (rendre joli et gai ). — Et pour eux ajoliver, ils avoient mis en ce leur entente depuis qu’ils vinrent d’Angleterre.
Ajour (jour fixé ). — Il dit qu’il vint droit à son ajour.
Ajournement (jour fixé, espace d’un jour, point du jour). — Par vespres et ajournement. — Droit à l’ajournement.
Ajourner (faire jour). — Et pour ce qu’il ajournoit, nous ordonnâmes cent lances des nôtres à demeurer derrière.
Alan (chien de chasse, nommé en Espagne alan, et originaire d’Albanie). — Et envoya par lui au duc d’Anjou quatre levriers et deux alans d’Espagne, si beaux et si bons que merveilles.
Alayne (haleine). — Il l’a voit poussé jusqu’à ta grosse alaine.
Alemelle (lame). — Et tenoit l’atemelle de son couteau par la pointe.
Alener (fatiguer). — Et alenoient à demeurer là.
Aliter (continuer à rester au lit ; À, devant les verbes, signifie continuation d’action). — Il le convint aliter et mourir.
Allé (été ; d’aller). — Ils avoient partout allé.
Alloier (lier). — Ils alloièrent leurs prisonniers deux et deux. — Leurs chevaux tout alloiés ensemble.
Allouer (gâter, aliéner). — Il ne vouloit pas allouer son artillerie sans raison. — Ils avoient vendu et alloué leur héritage. — Ils ne vouloient faire blesser leurs gens ni allouer leur artillerie.
Allumelle (lame). — Et ont Irlandois couteaux aigus à large allumelle à deux taillaus, à la manière de fers de dards.
Aloe (allouette). — Entre prime et tierce se commença le jour à réchauffer, et le soleil à luire et à monter, et les aloes à chanter. — Comme l’aloe fait devant l’épervier.
Aloer (altérer, risquer, compromettre). — C’est un mal chevalier qui ne veut autre chose que ses aises de boire et de manger, et de aloer le sien follement. — Le grand argent qui avoit été cueilli étoit tout passé et aloé.
Aloier (attacher, lier). — Ils aloièrent la corde au plançon. — Il obligeoit et aloioit son royaume.
Alosé (loué, célèbre). — Un écuyer alosé et usé d’armes. — Il eut toutes les meilleures gens d’armes et les plus alosés. — Et moult étoit alosé au royaume de Castille pour ses prouesses.
Alouer (gâter). — L’artillerie qu’ils avoient, ils alouèrent si nettement que ils n’avoient mais rien que traire.
Aloyer (allier). — Par mariage il se y veut aloyer.
Amanandê (habité). — Auquel hôtel, pour quoi qu’il soit grand assez et bien amanandé.
Amati (abattu, de l’espagnol matar, tuer ; d’où échec et mat). — Si en étoient tout amatis.
Ambarde et Aubarde (terrain planté d’aubiers). — Vous véez les dix mille francs tout appareillés sur cette ambarde.
Ambassaderie et Ambaxaderie (ambassade). — Il valoit trop mieux que le sénéchal demeurât en Bordeaux que il allât en ambaxaderie au royaume d’Arragon. — Là vint l’évêque de Baussères en ambaxaderie.
Amblant (allant l’amble). — Un petit palefroi ambiant.
Ambler (enlever).
Amenrir et Amendrir (diminuer). — En amenriant la somme.
Amer (aimer).
Amesuré (mesuré). — Je vous croyois plus attrempé et mieux amesuré que vous n’êtes.
Amettre (accuser). — S’il étoit nul corps de chevalier qui le voulût amettre de trahison, il le feroit combattre jusqu’à outrance.
Amis (accusé). — Lequel étoit amis de leur même fait et inculpé. — De tels viles choses sa fille étoit amise.
Amise et Amisse (faute). — Les félonies et amises qui pour ce temps étoient en Angleterre. — Telles avenues et telles amises avenoient adoncques au royaume de France. — Et par espécial de ces amises et malveillances en étoient plus demandés messire Thomas Trivet et messire Guillaume Helmen. — Grandement il se fut excusé des amisses dont il est maintenant encoulpé.
Amministrer (administrer).
Ammonestement (avis).
Ammonester (admonester).
Amollir (adoucir). — Ce lui amollia grandement le courage.
Amont {en haut).
Amourer (rendre amoureux). — Il l’en amoura si (du voyage de la Terre-Sainte), que si le roi de France et le roi d’Angleterre y fussent allés, etc.
Amoyenner (se porter comme médiateur, arranger). — Si commencèrent à traiter de un répit avoir, pour mieux amoyenner leurs besognes.
Amplier (augmenter). — Il ne vous veut pas ôter, mais accroître et amplier tous les jours.
Anal (anneau). — Et leur donnoit anals d’or.
Anavier (conduire par eau). — Le roi entra en un batel et se fit anavier jusques à l’hôtel Saint-Pol.
Ancesseur (ancêtre). — On a de mes ancesseurs peu trouvé qui soient morts en chambre ni en lit. — Et de nos ancesseurs ils furent là tous morts et déconfits.
Ancesterie (lige d’ancêtres). — Les plus honorables de corps, de chevance et d’ancesterie de la ville de Calais.
Ancrer (être à l’ancre).
Angel (ange). — Ils n’étoient ni angels ni esprits, mais hommes.
Anglesche (anglais ; il se conforme à la prononciation).
Anglet (petit angle, coin). — Adonc me tira-t-il à une part, en un anglet de la chapelle du châtel.
Angoisseusement (douloureusement, avec angoisses).
Angoisseux (rempli d’angoisses).
Anientir (anéantir, réduire à néant).
Annihiler (détruire). — Et annihileront leurs pourvéances.
Annoi (ennui). — Quelqu’annoi et déplaisance qu’il eût du roi Richard son frère. — Car de vos annois les Bruxellois ont grand compassion.
Anoier (fâcher). — Pensez-vous qu’il ne lui dût pas bien anoier. — La dame qui véoit son châtel pris, dont moult li anoioit.
Ante (tante). — Les héritières d’Espagne et de Castille ses belles antes. — Et étoit la roine d’Angleterre son ante.
Anten (auparavant). — Bien savons que le Mongat fut anten à Toulouse.
Anuit (ce soir). — Il aura réponse anuit pour retourner le matin. — Nous y serons anuit au gîte.
Anuiter (faire nuit). — Environ l’anuiter, ce jeudi au soir.
Aourer (adorer). — On aoure saint Aquaire. — Nous aourerons les Anglois des lèvres, mais les cœurs ne s’en mouveront jà.
Aourné (orné). — Et avoîent toutes les litières si richement aournées que rien n’y failloit.
Aouser (adorer). — Quand sire Eustache de Saint-Pierre eut dit cette parole, chacun l’alla aouser.
Août (moisson). — Le pays est si chaud que, à l’entour du mois de juin, l’août y est passé.
Aparler (entretenir, continuer à parler). — Quand messire Guillaume de Namur fut premièrement aparlé de cette matière. — Les seigneurs qui de ce l’aparloient.
Apléger (servir de caution, de plège, caution).
Apleuvoir (continuer à pleuvoir). — On n’épargnoit non plus or ni argent que donc que il apleuist des nues, ou que on le puisât en la mer.
Apoier (appuyer). — Apoiez vous ici de lez moi.
Apovri (apauvri).
Appacti (mis à composition). — S’ils n’étoient bien aconvenancés et appactis.
Apparant (apparence). — Il n’en étoit nul apparant.
Appareillé (prêt).
Appareillement (avec appareil).
Apparoir (paraître). — Oncques meschefs ne furent si grands comme ils apparent pour le présent. — Il ne leur apparoit aucun confort de nul côté.
Appasser (passer).
Appaticer (faire pâtir). — Quand ainsi les vouloient mener et appaticer.
Appeaulx (pluriel d’appel, dont le singulier est aussi appeau). — Le roi qui souffert avoit ces appeaulx en gage de bataille.
Appendance (dépendance). — Il recouvreroit Lille et Douay et les appendances.
Appendre (dépendre de). — Et y append un beau château.
Appenser (penser).
Appenti (sorte d’appui extérieur des maisons, comme il en existe encore dans une des rues de Genève. On les démolit en ce moment, de même qu’on les a démolis partout). — Et fit ahattre tous les appentis de Paris pour chevaucher plus aisément parmi les rues.
Appert (expert).
Appertement (d’une manière experte).
Apperteté (habileté). — Là pussiez-vous voir entre ces nouveaux chevaliers toute apperteté.
Appertise (exploit).
Appéter (désirer, manquer). — Vivres leur appétissoient.
Applouvoir (tomber abondamment, comme une pluie). — Et toujours applouvoient gens de tous lez.
Appoier (appuyer). — Adonc furent ordonnées échelles et appoiées contre le mur.
Appresser (presser).
Approvender, s’approuvender (approvisionner ; de provende, provision). — Combien qu’ils eussent été bien approvendés de foins, d’avoine et d’aigue douce. — Et les approuvenda bien et largement.
Appuigner (empoigner). — Et appuignèrent et appointèrent leurs lances.
Aquasser (devenir calme, en parlant de l’eau). — Le temps cessa et la mer s’aquassa.
Aquoiser (devenir coi, tranquille).
Araser (raser d’une manière continue).
Arateler (haleter). — Et ouïrent les chevaux arateler.
Arché (courbé en arc). — Et étoit la dite couronne archée en croix.
Archegaie (javelot).
Archonner et arçonner (faire l’arc, se courber). — Les lances point ne se brisèrent, mais archonnèrent.
Ardaier (aiguillonner). — Ainsi hériant et ardaiant l’un l’autre, advint que…
Ardoir et ardre (brûler, d’où ars brûlé, arsure, arsion et arsin, action de brûler). — Depuis la destruction et arsion de la ville de Gand.
Argu (subtilité, finesse). — Si Aymerigot eût tourné ses usages et ses argus en bonnes vertus.
Arguer (tourmenter, accuser). — Et arguoit durement le duc de Normandie.
Arièmes (nous) (nous aurions, et il aroit, pour il auroit, d’avoir. Les pluriels en ièmes au lieu de ions sont encore normands et picards). — Nous n’y arièmes jamais nulle bonne aventure. — Si aroie plus cher à être mort que il en advint ainsi. — Ils pensoient qu’il y aroit escarmouche.
Ariole (devin). — Les aucuns de ces arioles affirmoient que le roi étoit damné par sorts.
Armeret (vaillant). — Les plus preux et les plus armerets de toute Turquie. — Le gentil duc Wincelant qui fut en son temps noble, joli, frisque, sage, armeret et amoureux.
Armoié (orné d’armoiries).
Armoier (armurier). — Les meilleurs ouvriers armoiers qui fussent en Lombardie.
Aroié (mis en rang). — Aussi bien aroiés, appareillés et armés de toutes pièces que nuls gens d’armes pourroient être.
Arondeau (hirondelle). — Ni en avoir pitié non plus que d’arondeaux ou d’alouettes qu’on prend en la saison pour manger.
Arouter (mettre en troupe ; de route, troupe).
Arréé et arré (orné). — Il étoit bien appareillé et arréé de ce que à lui apparténoit. — Aussi bien arrés et appareillés de toutes pièces comme nul chevalier pôurroit être.
Arréement (en, arroi, en bon ordre). — Ils chevauchèrent moult arréement.
Arrenter (donner des rentes).
Arrestéement et arrestement (décidément). — Ce que arrestéement il en feroit. — Et ne savoient pas encore arrestement entre eux quel part ils se trairoient ni où ils prendroient terre.
Arriérance (retard). — Ils nous porteroient plus d’arriérance que d’avantage ni de profit.
Arrifler (raser). — Si vint le duc de Lancastre tout arriflant et côtoyant la nef du prince.
Arroi (rang, ordre). — Sans arroi et sans ordonnance,
Arroier (ranger, mettre en arroi). — Si descendit le roi au palais qui étoit ordonné et arroié pour lui.
Arrouter (assembler, mettre en route, troupe). — Ils arroutèrent tous leurs chariots.
Artétique (arthritique, d’un mot grec).
Artillerie (toute espèce de machine à lancer traits).
Assai (essai). — Je me mis en cet assai pour l’avoir.
Assault [il] (d’assaillir). — Si on les assault.
Asségur, asséur et assur (assuré). — Piètre Dubois qui ne se sentit mie asséur de sa vie.
Asségurance (assurance).
Asségurer (assurer).
Assembler (attaquer).
Assencer et accenser (affermer). — Et occirent tous ceux qui avoient assencé ces gabelles. — Et tous impositeurs et gabelleurs qui les avoient accensés.
Assener et assiner (assigner ; on dit encore assené en parlant d’un coup porté juste). — Autant de beaux coups rués et aussi bien assenés que je fis oncques en toute ma vie. — Ils assinèrent de prendre le châtel.
Assent (senteur, signe et consentement). — Par les assents qu’ils avoient vus.
Assentir (consentir ; d’où assentiment). — Le conseil du roi s’assentoit bien à tout ce.
Asseoir (placer). — Qui lui asséoit sur son poing un faucon pèlerin moult gent et moult bel.
Asseulé (isolé, resté seul). — Cette maison étoit toute asseulée hors des autres. — Ils faisoient doute que les Escots ne les murdrissent en leurs lits quand ils seroient asseulés. — Si étoit là asseulée entre ses gens.
Assis (assiégé). — Cent mille Flamands qui ont là assis grand’foison de gentils hommes.
Assotter (rendre sot, prendre d’affection). — Il étoit tout assotté sur messire Hue le Despensier.
Assoufir (donner suffisance ; d’où assouvir). — On ne les en pouvoit assoufir.
Assurément (assurance). — Sur assurément.
Astronomien (astronome ou plutôt astrologue). — J’ai eu long-temps un maître astronomien.
Atant (alors). — Atant se départit le conseil. — Ils ne cessèrent mie atant.
Atarger et Attargier (continuer à tarder). — Il avoit atargié leur paiement.
Aterrer et Atterrer (jeter à terre). — Et fut pris et aterré. — Ils en atterrèrent et blessèrent plusieurs. — Peu échappèrent qu’ils ne fussent morts et atterrés.
Atine, Atis, Atys et Atye (débat, querelle, indices ; même mot que ahatie et hâtie). — Les Anglois pourroient tenir cette chose à atine d’orgueil et de présomption. — L’attine qui fut faite entre le roi et le duc de Touraine son frère, pour plutôt venir de Montpellier à Paris.
Atis (atisé, provoqué). — Au cas que il s’est atis de la joûte à moi, demandez-lui si il lui suffit.
Atournement (préparatif). — Les Anglois ordonnèrent manteaux et atournemens d’assaut.
Atourner (parer et retourner sens dessus dessous). — Si richement vêtues et atournées que chacun s’en émerveilloit. — Et atournât tel le pays que jamais ne fut recouvré.
Atrever, attrever, attriever, attrieuver (faire trêves). — Ils verroient volontiers que le roi de France s’accordât ou s’atrevât aux Anglois. — Les bonnes gens ne pouvoient aller hors labourer leurs vignes ni terres s’ils n’étoient attrevés à eux. — Qui auraient pleine puissance de paix faire, ou de attrieuver les royaumes et pays dessus nommés.
Attemprance (modération).
Attempré et Attrempé (modéré, doux). — Le temps étoit moiste et attempré.
Attemprement (avec modération).
Attrainer (entraîner). — Grand pillage qu’ils y ont assemblé et attrainé du pays et d’environ.
Attremper (ajuster). — Il attrempe bien et à point le dit engin.
Aubarde (lieu planté d’aubiers).
Aucques et Auques (aussi).
Auder (entendre dire). — Ils audoient que le roi d’Angleterre dût mettre le siége devant leur ville.
Aulnoy (aulnaie, lieu planté d’aulnes).
Auqueton (hoqueton).
Austère (dur). — Le châtel fut trahi et vendu à un Breton, le plus cruel et austère de tous les autres.
Autel et otel (semblable et semblablement). — Ceux de Dinant firent autel. — Je vous ferai apporter deux harnois tous égaux, autels les uns comme les autres. — En autelle manière. — Ils feroient autel.
Aval (en bas ; opposé de amont).
Avaler (descendre). — Quand le duc le vit avaler de si grand’volonté.
Ave (ancêtre). — Le ave du duc de Guerles se maria à la fille de Berthaud de Malines.
Avecques (avec).
Avéer (avouer). — Les quelles je n’avée pas que de ma bouche soit issue parole nulle.
Avenir (advenir).
Aver (avare). — Et fut en son temps le plus aver que on sçut.
Avérions [nous] (nous aurions, d’avoir). — Nous n’averions jamais fait.
Avesprée (soirée).
Avesprir (faire nuit). — Et plus venoit et plus avesprissoit.
Avironnément (alentour). — Arrêtés avironnément sur les fossés.
Avitailler (garnir de vitailles, vivres. Les Anglais ont conservé le mot victuals qu’ils prononcent à peu près comme notre mot vitailles.) Les biens et les vitailles que il convenoit pour avitailler un tel ost.
Avoier (conduire ; mettre sur la voie). — Pour avoier le roi d’Angleterre à ce qu’il y voulût descendre.
Avolé (étranger, réfugié).
Aye (aide).
Ayr (colère). — Si le roi de France l’eût tenu en son ayr, il l’eût fait décoler.
Ayré (courroucé).


B


Bacheleureusement (vaillamment).
Bachelereux (vaillant).
Backelerie (chevalerie, vaillance). — Envoyez votre bachelerie devant Alexandrie.
Bachelier (chevalier).
Bacon (jambon). — Douze bacons et de la poulaille grand’foison.
Bacque (bac). — Si nous avions deux ou trois bacques et les fissions lancer en la rivière du Lys.
Badellaire et Baselaire (coutelas). — À ces mots il trait un grand badellaire que il portoit.
Bahut (coffre).
Bail (gouverneur). — Robert Canolle étoit demeuré bail de Bretagne quand le duc s’en partit.
Baille (porte). — Puis fit recommencer une escarmouche aux bailles. — Et étoient les bailles faites de bon bois. — Et s’en vinrent aux bailles de Bruges, et les trouvèrent fermées et bien gardées.
Baillieux (bailli). — Baillieux, je obéirai.
Balenier, Ballengnier, Balinghier et Balinghiére (grand bateau). — Et feroit le duc de Bretagne venir et amener par la rivière de Loire, barges et baleniers à plenté pour mieux contraindre par la rivière ceux de Nantes. — Plenté de naves, de galées, de vaisseaux, de ballengniers et de coques pour passer le roi de France en Angleterre. — Et leur avoit-on donné une nef balinghière qui s’étoit emblée en Normandie.
Baloier (voltiger). — Quand ils apperçurent les bannières et les pennons ventiler et baloier.
Ban-cloche (cloche du beffroi, du ban).
Bande (côte). — Les bandes de Normandie.
Bandeler (attacher avec bandes). — Et lui bandelèrent et appareillèrent ses plaies.
Banlèvre (tour de la bouche).
Banlier (flotter au vent).
Baraterie (tromperie). — Nous disons que c’est baraterie que il fait.
Baratière (rusé). — L’archiprêtre est si baratière, qu’en nous contant jangles et bourdes, il aviseroit notre force et nos gens.
Bargaingner, Bargener, Barguigner (marchander. Les Anglais disent encore : to bargain. On dit encore, en français bourguignon : Ne barguignez pas tant). — Nous le bargenons et une autre fois nous l’acaterons. — On ne peut pas bargaingner et achapter tout sur un jour.
Barge (bateau. Ce mot est encore anglais).
Baronnesse (femme d’un baron).
Bascle et Bascon (bâtard).
Bassinet et Bacinet (chapeau de fer en forme de bassine).
Bastide et Bastille (fort). — Ils avoient fait charpenter une bastide de gros merrien à manière d’une recueillette.
Bastiller (fortifier). — Et vit foison de naves bien bastillées.
Bataille (corps d’armée ; c’est l’ordre dans lequel sont rangées les troupes). — Ranger les batailles. — Chacune bataille avoit deux ailes.
Batel (bateau).
Baudement (hardiment). — Il vint baudement au duc d’Anjou et lui dit :
Baudequin (drap de fils d’or et de soie). — Vêtus de gounes de baudequin vert et vermeil.
Baulx (même que Bail, administrateur). — Il institua son oncle à être baulx du Hainaut.
Béer (attendre ; on dit encore : béer aux corneilles).
Beffroi (cloche ; c’est aussi une tour sur laquelle on plaçait une cloche). — Et fit charpenter deux beffrois à trois étages.
Behour (choc de lances). — Fête de joutes et de behours.
Belourde et Velourde (fagot).
Bequer (becqueter). — Mais les béquoit cil oiseau et poignoit et contrarioit.
Bersail (but auquel on vise). — Quand ceux de l’ost virent que leurs gens étoient en bersail (c’est-à-dire exposés aux traits des ennemis).
Berser (lancer des traits ; en Piémont les archers s’appellent bersaglier).
Bestiail, Bestial (bétail ; d’où bestiaux). — Réservés tous vivres, bestiail et autres choses que on trouveroit sur les champs. — À leur retour ils levèrent ès prairies grand bestial.
Bestourner (culbuter). — Fortune qui oncques ne séjourne, mais tourne et bestourne.
Beuvrai [je] (je boirai ; on disait beuvrage au lieu de breuvage. Les Anglais disent encore beverage). — Jamais je ne beuvrai ni ne mangerai, si sera ce amendé.
Bidau (soldat de troupes légères, armé de dards, d’une lance et d’un poignard).
Bienfait (action bien faite). — Plusieurs autres barons et chevaliers pleins d’honneur et de prouesses desquels je ne puis mie de tous parler, ni leurs bienfaits ramentevoir.
Bièvre (castor ; en anglais : Beaver). — Et avoit sur sa tête un noir chapelet de bièvre qui bien lui séoit. — En ôtant jus de son chef un chapelet de bièvre qu’il portoit.
Blanc (sorte de monnaie ; on dit encore six blancs). — Il auroit un blanc de France.
Blandir (flatter). — On ne dira mie que je le blandisse trop. — Il le vous fault blandir tant que le mariage soit passé.
Bobant et Boubant (pompe et vanité). — Il entra en la cité en grand bobant. — Selon le grand bobant que fait ils avoient.
Bocailles (petit bois).
Boce et Bosse (tertre, grosseur ; se prend quelquefois pour le bouton de la peste). — La boce de la Breth (c’est-à-dire le château d’Albret situé sur une colline). — Et en y mourut de boce et de mal de corps plus de vingt mille personnes. — Tant courut le coursier que cette boce lui effondra au corps.
Bombarde (espèce de canon).
Bonde, même que Bande, (frontière ; en anglais Boundaries). — Cette armée se mettoit sus à l’encontre des bondes de Normandie. — Le pays gissant entre les mettes et bondes qui s’en suivent.
Bondissement (retentissement). — Ils oyoiont clairement le bondissement des Navarrois.
Bonnier (mesure de terre équivalente à trois arpents. Ce mot est encore usité en Flandres). — Un grand bonnier de terre.
Boquetel et Bosquetel (petit bois, bosquet). — Et entrèrent à la couverte en un petit boquetel. — Et s’en vinrent loger de haute heure en un petit bosquetel.
Bord (mettre à bord, jeter par-dessus bord dans la mer). — Si furent eux tous mis à bord sans nullui prendre à mercy.
Boschet (bosquet, petit bois).
Boudine (nombril). — Être en l’eau jusques à la boudine.
Bouge (sac, cuisine). — Et trouvèrent en bouges la somme de trois mille francs. — Et n’y avoit en cette maison fors le bouge devant.
Bouhourd, Behourd (échaffaud).
Bouhourder, Behourder (faire un tournoi).
Boulgre (hérétique, manichéen ; cette doctrine avait passé de la Grèce en Bulgarie, d’où vient le mot boulgre ou boulgare, et de là dans le reste de l’Europe). — Belisac avoit dit et confessé, de sa volonté et sans contrainte, que il étoit hérite, et avoit tenu un long temps l’opinion des boulgres, et le roi avoit dit qu’il fût pendu et ars.
Boulu (bouilli ; le cri des rues est encore : marrons boulus). — Tous couverts de cuir boulu.
Bourde (plaisanterie, moquerie ; on dit encore : Tu nous contes de belles bourdes).
Bourder (moquer et charger). — Ainsi que on bourde ensemble. — Les quels se départirent moult bourdes et moult troussés.
Bourdeur (qui dit des bourdes). — Va ! tu n’es qu’un bourdeur.
Bourdon (bâton de pèlerin). — Ce sera un bourdon pour lui appuyer.
Bourg (bâtard).
Bourle (moquerie ; en italien Burla). — Si ne guerroyons pas courtoisement, fors à la bourle.
Bourlet (massue).
Bourrel (bourreau). — Prenez un bourrel, et lui faites trancher la tête.
Boursette et Bourselette (petite bourse). — Le roi lui donna une moult belle boursette.
Bouter (mettre ; d’où boute-roue dans certains dialectes pour la borne contre la quelle frotte une roue.)
Boutis (action de bouter). — Là eut fort boutis de glaives. — Il y eut dur encontre et fort boutis.
Braie (haut de chausses et enceinte de murs). — Les Irlandois ne portent nulles braies. — Et le fit courir tout nud en ses braies parmi la ville. — Une très grosse tour où il a braies tout environ.
Brandeler (chanceler). — Reconforter les batailles qui brandeloient.
Branle (commotion). — Tout le pays étoit en branle.
Bretesche (créneau, défenses).
Bretescher, Breteskier (garnir de bretesches). — Et avoient amont les mâts châteaux breteskiés. — Treize nefs bien pourvues et bien breteschées ainsi que nefs d’Espagne sont. — Et là fit faire ce châtel si fort et si bien breteschié.
Bricole et Brigoles (fronde en cuir qui servoit à jeter des balles de plomb et des pierres). — Et nous logerons hors du trait de leurs bricoles. — Brigoles et arcs à tour, et grand’foison d’atournemens d’assaut.
Brigand (soldat à pied qui avait pour arme défensive une espèce de cotte de mailles appelée brigandine).
Brocher (piquer de l’épéron). — Adonc brochèrent des éperons cette part. — Et commencèrent à brocher chevaux des éperons.
Brouillis (bruit). — Il menoit un tel brouillis que il sembloit que tous les diables d’enfer dussent tout emporter.
Brouir et Bruir (brûler). — Ce qui issoit hors de terre ne fructifioit rien, car le grand’chaleur de terre l’avoit tôt bruit.
Brouisse et Broussis (broussaille). — Aussi serrés comme une brouisse.
Brousse (troupe). — Sitôt qu’ils nous verront chevaucher en brousse.
Brucqueux (couvert de bruyères). — Ord pays et brucqueux et mal logeable.
Bruge-maistre, Burghemaistre (bourgue-maistre).
Bruine (brouillard, trouble au figuré). — Si ne vouloient pas laisser cette bruine de Bretagne qu’elle ne fût abattue.
Bucher (frapper). — Quand ils ouïrent l’effroi et le bucher.
Buffe (soufflet ; au figuré, contrariété). — Pour une buffe que je recevrai j’en donnerai six. — Et leur convint porter et souffrir cette buffe, car ils en avoient donné une autre aux Escots.
Buire (cruche). — Au dehors de la ville a une très belle fontaine, où, par usage, tous les matins les femmes de la ville venoient atout buires et autres vaisseaux, et là puisoient. — En habit de femmes et buires en nos mains, réunis en une prairie. — Chacun de nous prit sa buire et les emplimes.
Buisine (sorte de trompette). — En sonnant buisines et trompettes.
Buissar (petit bateau).
Bullé (rédigé ; de bulle). — Chartes bullées et scellées.
Buquer (frapper). — Le comte vint jusques à la porte et fit buquer à grands coups.
Buirions [nous] (nous boirions).
Busner (rêver). — Il commença moult fort à penser et à busner sur ces nouvelles.


C


Cacier, cacher (chasser). — Le roi se tenoit en la sauvage Escosse et là cachoit.
Calange, challenge, chalange (défi, réclamation ; conservé en anglais). — Et montra quel droit le roi d’Angleterre avoit en la chalange de France.
Calenger, challenger (défier, réclamer, contester). — S’ils nous veulent calenger aucun droit.
Cambre (chambre).
Camocas (étoffe fine faite de poil de chameau ou de chèvre sauvage.).
Campane (cloche). — On sonna au matin la campane du consistoire, et fut faite la convocation de tous les cardinaux.
Canceler (effacer). — Et ce qui à canceler seroit, il seroit cancelé. — Et si rien a voit de contraire, ils le feroient en leur présence canceler et amender. — Il leur fut dit que ils le fissent écrire et jeter en une feuille de papier, car le roi et son conseil le vouloient voir et collationner, et si rien avoit d’outrageux en la dite emprise, on le cancelleroit et amenderoit.
Cancelerie (chancellerie).
Cançon (chanson).
Canter (chanter).
Candouaille (chandelle). — Si se pourvurent trop grandement de candouaille.
Canonnerie (canonicat, place de chanoine).
Capitol (capitoul, conseiller municipal). — Et montèrent tous les capitols de Rome sur chevaux couverts, et amenèrent le pape à grand triomphe à Rome.
Captivoison (captivité). — Ils seront contournés en captivoison.
Caraque (grand bateau). — Et entra en une caraque grande et forte assez pour aller par mer par tout le monde.
Carger (charger). — Ils dirent que ils avoient cargé pour mener en Flandres.
Carme (charme). — Le roi étoit dominé par sorts et par carmes.
Carnet (visière). — Et avalèrent les carnets de leurs bassinets.
Carole (danse).
Caroler (danser).
Carrel, carreau (flèche triangulaire ; on dît encore : les carreaux de la foudre).
Caste (chaste). — Encore étoit-il caste, et n’avoit eu oncques compagnie charnellement à femme.
Catir [se] et quatir (se poser de manière à tenir peu de place). — Et se mucèrent et catirent.
Cauchie (chaussée).
Cauteler (agir avec cautelle). — Rien ne se passoit de l’un côté ni de l’autre qu’il ne fût bien espécifié et justement cautelé. — Je ne die mie que nous cautelions nulle incidence par quoi nous soyons mal de monseigneur de Flandres.
Cautelle (ruse ; d’où cauteleux). — Aucuns disoient que les cardinaux l’avoient là envoyé à cautelle pour eux exaulser.
Cavailhon (cheval ; du mot portugais). — Dès que l’on eut dit : Aux cavailhons ! Aux cavailhons ! qui veut dire en langue française : Aux chevaux ! Aux chevaux !
Caver (creuser). — Et commencèrent à piocher, et à caver et à ôter pierres.
Cavillation (ruse ; les Anglais disent encore : To cavil). — Et ressoignoit les cavillations et déceptions des paroles colorées des François.
Cay (quai). — Si passa-t-il la rivière, et arriva sur le cay à Bordeaux.
Celéement, celément (d’une manière célée, cachée). — Les inquisiteurs fesoient celéement et secrètement enquête sur lui.
Cendal (étoffe fort estimée). — Le grand pont était couvert tout au long de vert et de blanc cendal. — Quand le roi eut tendu son pavillon de vermeil cendal.
Cep (lien, fer, chaîne). — Si furent mis en un cep et les autres en une fosse. — Et mettent en fers et en ceps. — Ils ne les mirent point en prison, en fers, ni en ceps, ainsi que Allemands font leurs prisonniers.
Cercher (chercher). — Vous m’avez fait huy beaucoup de peine à cercher autour de Bruges.
Certaineté (certitude).
Cerurgien (chirurgien).
Cervoise (bière ; en espagnol cerveza). — À grand peine pouvoient-ils avoir de la petite cervoise et du pain d’orge ou d’avoine.
Cestui (celui-ci). — Maint passage plus périlleux que cestui n’est.
Chaière (chaise). — Qu’il s’en voise reposer un petit en sa chaière. — L’écuyer françois, qui se sentoit féru à mort, s’en alla jusques à la chaière, et là s’assit. — Et là furent assis, chacun à sa chaière.
Chaille [qu’il] (de chaloir). — Ne vous chaille si les Anglois tiennent maintenant les champs.
Chaingle (enceinte d’un mur). — Une grosse tour des chaingles du donjon.
Chalan (bâteau ; mot encore employé dans le dialecte populaire).
Chalemie et chalumelle (chalumeau, instrument de musique). — Et autres ménestrels faire leur métier de pipes et de chalumelles.
Chaloir (soigner). — Depuis, eut tant à faire qu’il n’en chalut ses deux enfans.
Chambrelan (chambellan, serviteur de chambre). — Mais si ses chambrelans et ses valets, qui dorment en sa chambre.
Champagne (plaine ; on dit encore, un pays de champagne, pour dire un pays de plaine).
Chapel (chapeau). — Et avoit sur son chef un chapel de Montauban fin, clair et net, tout d’acier.
Chapelet (petit chapeau, couronne de fleurs).
Chaperon (chapeau).
Charée (charge d’un char). — Si envoyèrent en l’ost six charées de pain.
Charriau (charrette). — Ils avoient abbayes et belles maisons rançonnées à vins qu’ils avoient mis sur leurs charriaux.
Charreton (chartier). — Quatre charretons vêtus de grises cottes.
Chas (machine de guerre, de Catus ; c’était une machine en forme de galerie couverte, pour approcher d’une ville assiégée).
Chausses à housser (bas longs ; en anglais, hose signifie caleçon, bas).
Chef [au] (au bout).
Cheminaux (chenets). — Et renversa la buche et l’âne les pieds dessus en la cheminée sur les cheminaux.
Cher, char (char, viande).
Chercus (cercueil). — En ce propre jour fut apporté d’Orthez ci mis en un chercus.
Chet [il] et chiet (il tombe ; de cheoir). — Quand il chet à point. — Ci ne chiet nulle rançon.
Chevaleresse (femme d’un chevalier).
Chevalet (petit cheval).
Chevance (bien, propriété).
Chevestre (corde). — Et leur fit ôter les chevestres d’entour leur cou.
Chevelain, cheftain (capitaine ; les Anglais disent encore chieftain).
Chevir (venir à bout de, aider. Encore usité). — Il fut longuement parlementé comment on se pourroit chevir. — Si eurent conseil ensemble comment ils se pourraient chevir.
Chière, chère (semblant, accueil).
Chieux (chez). — Pierre Du Bois s’en vint un soir chieux ce Philippe.
Chrétienner (faire chrétien).
Chu (de cheoir).
Cil (celui-ci).
Circonstant (entourant ; d’où circonstance). — Plusieurs chevaliers et écuyers qui là étoient circonstans.
Cirurgien (chirurgien).
Civeu (cheveu). — De vos conquêtes nous ne donnerions quatre civeux.
Clamer, claimer (réclamer ; en anglais to claim ; et aussi appeler). — Sur un lieu et un pas qu’on clame Neuf-fossé. — Une ville que ou clame Long en Ponthieu.
Claret (vin de liqueur ; on dit aussi vin clairet ; les Anglais ont conservé ce mot pour désigner le vin de Bordeaux).
Claronceau (petit clairon). — On sonna trompettes et claronceaux.
Closement (de près, d’une manière retirée). — Ils pouvoient voir les Anglois tout closement. — Il se tenoit simplement et closement à Rome.
Clergie (savoir, science). — Un saint homme tout pourvu de prudence et de clergie. — Le quel clerc étoit en clergie très grandement et bien fondé.
Clorre (fermer). — Ils clooient.
Cloyes (claies). — Un pont de nefs et de cloyes.
Cogne (bateau).
Coi (tranquille ; les Anglais ont conservé le mot coyness pour signifier modestie, timidité).
Coiment (tranquillement).
Cointe (élégant, riche).
Coite (hâte). — Nous nous en irons à coite d’éperons à Gand, — Il eut si grand coite, et si frétilleusement monta à cheval, que…
Coité (pressé, hâtif). — Il fut si coité qu’il ne put repasser le pont.
Coiter (serrer, presser). — Vous nous coitez de moult près.
Coiteusement (hâtivement). — Ils furent coiteusement remandés du roi de France.
Collation (entretien). — Si veuil avoir conseil et collation avecques vous, comment je me pourrai maintenir. — Ils avoient été en conseil et en collation, à savoir comment ils se maintiendroient.
Colloquer (convenir en paroles). — Et jà plusieurs étoient promises et colloquées.
Com (comme). — Com durement que ce fut.
Comble (colline). — Et se logèrent tous les gens d’armes en la comble de Pampelune.
Combliau (faite). — Et les autres chevauchèrent par les combliaux des montagnes.
Comme (quelque). — Comme grand’foison que ils fussent.
Commun (peuple, communes). — Seigneurs, vous allez en grand péril, car il y a mauvais commun en cette ville.
Communaument (généralement). — Si s’armèrent partout communaument.
Communité (habitans d’une commune). — La communité de Paris.
Compagner (tenir compagnie). — Ils s’étoient autrefois vus et compagnés l’un l’autre en Grenade et en Prusse.
Compain (compagnon). — Avec qui il avoit été compain en Grenade et en Prusse.
Comparer (payer). — Si ne veuil pas comparer la guerre de Castille. — Si leur feroit cher comparer, si il les pouvoit mettre à merci.
Compéter (intéresser, regarder ; d’où compétent). — Cette guerre ne vous compète en rien.
Condempner (condamner). — Lequel étoit par sentence condempné en prison que on dit l’Oubliette. — Leur loi est plus foible et plus légère à détruire et à condempner.
Conduiseur (conducteur). — Quand ils eurent pourvu chevaux pour eux et pour leurs gens, et conduiseurs aussi qui les meneroient vers Londres.
Conduit [le] (la conduite).
Confès (confessé). — Et là mourons confès et répentans.
Confort (conservé en anglais).
Conforter (fortifier).
Confroisser (froisser).
Congé (permission ; cette acception s’est conservée dans congé d’élire).
Conjoindre (joindre).
Conjouir (accueillir).
Connestable (capitaine). — Les archers génois dirent à leurs connestables.
Connestablie (compagnie). — Et chevauchèrent par connestablie.
Connil (lapin). — Grand’foison de lièvres, de connils et d’oisillons.
Connoissable (qui se fait connaître). — Le sire de Fitz-Walter se fit connoissable au seigneur de Brebières. — Il étoit connoissable et accointable à toutes gens.
Conquérismes [nous] (de conquérir). — Et y conquérismes, nous et les nôtres, grand’finance.
Conquerre, Conquester (conquérir).
Conquest [le] (la conquête).
Conroi (ordre). Et séjournèrent là trois jours pour mieux ordonner leur conroi. — Depuis ne tinrent les François guère de conroi. — Et dirent que le voyage ne tourneroit jà à bon conroi.
Consaulx (conseillers). — Les consaulx des bonnes villes.
Consuir, Consuivre (atteindre). — Et tout ce qu’il consuivoit à plein coup il ruoit par terre.
Contempt, Content (mépris, débat ; d’où, coutemptueusement). Pour faire discord et contempt au dit pays. — En ce temps se émut un content entre ces gens.
Contenement (action de se tenir). — Si furent envoyés leurs coureurs aviser le contenement des ennemis.
Contraindoient [ils] (de contraindre).
Contrestant (malgré, contre-étant).
Contrester (résister, s’opposer). — Il envoya grand’foison de bons chevaliers pour contrester aux Anglois.
Contreval (en descendant, le long). — Contreval l’Escaut.
Contrevenger [se] (se venger).
Convenant, Convent, Convine, Convinément (ordre, engagement). — Ils s’avançoient en bon convenant. — Pour savoir quel convent cils de Londres à leur retour feroient. — Et tant firent par leurs espies qu’ils sçurent tout le convinement l’un de i’autre.
Convenist [il] (de convenir). — Quand il lui convenist.
Converser (se diriger vers). — La plupart des Anglois conversoient celle part.
Convoier (accompagner ; d’où convoi). — El le fit convoyer tout hors de l’ost.
Convoiteux (avide ; d’où convoitise).
Coponé (terme de blason).
Coque (petit vaisseau).
Cordel, Cordelle (intrigue, volonté). — Le duc de Bretagne avoit fait et brassé tout ce cordel. — Le prévôt des marchands avoit attrait toutes manières de gens à sa cordelle. — Si les tourneroit tous à sa cordelle.
Cornée et Coron (côté, coin). — Et vinrent sur l’autre cornée où étoient les François. — Au coron de celle haie sont leurs gens d’armes. — Il en pourroit bien prendre un mauvais coron.
Corner (jouer du cor).
Costier (côtoyer). — Si combattoït vaillamment à deux Anglois qui le costioient de moult près.
Cotelle (petite cotte ou robe). — Et les mettoient en une pauvre cotelle.
Côtière, Coustière (côté). — D’autre lez sur côtière. — Ils pouvoient voir les Anglois passer sur la coustière de eux.
Çou (ce). — Qu’est-çou à dire ?
Coulettier (culottier, faiseur de culottes).
Coulon (pigeon ; d’où colombe). — Comme éperviers se boutent entre coulons. — Il vit un blanc coulon voler.
Coulpe (faute). — Ils n’avoient nulle coulpe.
Coupier (redresser). Et se coupioient sur leurs chevaux et se démenoient frisqueraent et joliettement.
Courage (cœur, inclination). — Il sentoit assez le courage de ceux de Poitiers (qui vouloient se rendre au roi de France). — Et a toujours eu le courage plus anglois que françois. — Et bien savoit que plusieurs seigneurs en France l’avoient grandement contre courage. — Et s’en vinrent sur les champs à deux lieues près de là pour savoir parfaitement le courage et la volonté de lui. — Il ne sonnoit mot, car il ne vouloit pas montrer courage d’homme ébahi. — Il étoit pur Anglois de courage. — Ce lui recueillit et adoucit grandement son courage. — Et se répentoit grandement en courage. — Tel avoit eu contre courage le roi Charles mort, qui viendrait grandement en l’amour du jeune roi son fils.
Courcé (courroucé).
Courge (verge ; d’où le mot anglais courge, fléau).
Courir (parcourir en ravageant).
Couris (course). — En cette chasse eut bon couris.
Coursable (ayant cours). — Une monnoie coursable.
Courtil, Cortil (jardin).
Courtine (rideau).
Coust, Coustage (frais). — À son coust. — Vous irez à vos cousts à ce voyage.
Couste (couverture de lit). — Une pauvre couste de vieille toile enfumée. — Ils le trouvèrent couché sur une couste.
Coustille (grand couteau, sabre à deux tranchans).
Coustiller (soldat armé d’une coustille).
Couvert (discret). — Malement le pouvons-nous savoir, car Anglois sont couverts.
Couvertement (secrètement).
Couvre-chef (mouchoir. Les Allemands en ont pris le mot kerckief). — Nos visages enveloppés de couvre-chefs.
Couvretour (couverture). — Tous les murs étoient couverts et parés de couvretours de lit.
Couvrir (cacher un secret). — Le comte de Foix entra lors en grand’imagination et se couvrit jusques à l’heure du dîner.
Cram, cran, cren, et escran (dommage, ôtage). — Et étoit leur entente de faire en France un si grand cran qu’il y parût vingt ans après. — Et fut-ce pris aux Sarrazins cran et otages, et aussi livré, ce fut raison. — Et feroient un si grand escran en Angleterre que jamais ne seroit recouvré.
Cranequinier (soldat armé d’un cranequin). — Et grand nombre d’arbalétriers et cranequiniers.
Créable (croyable).
Créois [je] (de croire). — Bel ouit, nous vous créons, c’est raison. — Ils disoient que jà ne adoreroient ni créroient en Dieu.
Créance, Créant (promesse, confiance). — Et envoyèrent douze de leurs bourgeois en nom de créant, (c’est à dire pour avoir créance).
Créanter (promettre, recevoir avec confiance).
Cremer, Cremir (craindre). — Et les crément plus et doutent les Sarrazins que nuls autres. — Et se fesoit cremir si fort de ses gens, que nuls ne l’osoient courroucer.
Cremeur (crainte). — Et répondoient les barons bretons que ce avoit été pour donner cremeur au roi de France et à son conseil.
Crésist [il] (de croître). — Ce jeune duc crésist en honneur, en force et en sens.
Crevacer (faire des crevaces). — La moitié de la tour s’ouvrit et crevaça.
Croire (confier). — Vous portez peu d’honneur à mon seigneur mon frère, quand vous ne lui voulez croire soixante mille francs.
Croiserie, croisière (croisade). — Les prélats commencèrent à prêcher ce voyage par manière de croisière Croisette (petite croix).
Croiz (creux). — Un demi pied de croiz d’ouverture.
Croler (remuer). — Si crola la tête.
Crolière, Crolis, Cronillière (tourbière). — Irlande est un pays formé étrangement et sauvagement de haites forêts, de grosses eaux, de crolières et de lieux inhabitables. — Ils trouveroient tant de crouillières et de mauvais pas, qu’ils ne se pourvoient tenir ensemble.
Croniser (raconter). — Mais pour croniser justement toutes les notables avenues qui en ce temps avinrent au monde.
Croute (mine). — Il fit une croute en terre qui vidoit hors aux champs. — Donc, y a dedans une croute, si comme aux autres.
Crouté (creusé). — Et lui fut demandé si il y avoit une voie dedans terre croutée.
Cru (cruel, rude). — Avecques tout ce étoit le temps si cru et si pluvieux.
Crueulx (cruel).
Cueillette (réunion). — Il se mit en la compagnie et en la cueillette de plusieurs chevaliers. — Il fit une cueillette et un amas de gens d’armes.
Cueillier (cuillère). — On ne perdroït pas céans une cueillier d’or ou d’argent, ni rien qui soit, qu’il ne le sçût tantôt.
Cuer (cœur).
Cuert [il] et queuri (de courir). — Commune renommée cuert.
Cui (à qui). — Cui Dieu pardoint ! Notre roi, cui Dieu pardoint à l’âme !
Cuidançon, Cuisançon (inquiétude). — Ils furent toute la nuit en grand’cuidançon.
Cuider (pensée). — Le roi qui étoit jeune et plein de ses cuiders et volontés. — Et demeurera plus de vos cuiders à accomplir qu’il ne s’en achèvera.
Cuider (croire).
Cuingnie, cuingnée, coingnée (cognée ). — Les haches que avoient les Frisons étoient à manière de cuingnies d’abattre bois.
Cuiré (couvert de cuir).
Cuirie (objet en cuir). — Et s’arment le plus de cuiries.
Cuisançon (inquiétude). — Ils furent toute la nuit en grand’cuisançon de ce que la dame ni nul des compagnons ne revenoit.
Cuisseau, Cuissine (armure des cuisses). — Et lui perça les cuisseaulx.
Cure (soin, souci).
Curer (soigner). — Faire curer et médiciner ses plaies. — Il fut povrement curé de ses plaies.
Custode (étui destiné à la conservation d’un objet). — Si mit tantôt le bassinet en sa custode, qu’il ne lui fût pris ou happé.
Cuvelette (petite cuve). — La cuvelette où on l’avoit d’enfance baigné.


D


Da-lez, De-lez (à côté).
Damage, Damaige (dommage ; conservé en anglais).
Danger (pouvoir, difficulté). — Veuilliez ou non, vous retournerez en notre danger. — Le roi d’Escosse faisoit danger de soi traire avant. — Se mettre en son danger. — Longuement fut le jeune comte au danger de ceux de Flandres.
Darde (javelot). — De toutes les armes que ceux de votre pays savent faire ; celle de jeter la darde me plaît le mieux. — Couteaux aigus à deux taillans à la manière de fers de darde.
Darrain, Derrain, Derrainier, Derrenier (dernier ; opposé à primerain). — Ce fut la darraine chevauchée où le gentil chevalier fut. — Et au derrain jour que le roi de France trépassa de ce siècle. — C’est la derraine ville, à ce lez, de toute Angleterre.
De (que ; locution italienne). — Il n’auroit pas plus grand ennemi de moi. — On y avoit fait le plus beau logis et le plus grand de jamais.
Débite (redevance, dette). — Leurs terres et seigneuries étoient franches de toutes débites.
Débriser (briser entièrement). — Et avoit si débrisé la ville par ses engins.
Debteur (débiteur). — Et disoient à leurs debteurs : taisez-vous.
Decevement (déception ; de décevoir).
Déchasser (chasser complètement).
Déchaus (déchaussé).
Décoler (décapiter).
Découcher (lever). — Et vinrent au seigneur de Corasse à l’heure qu’il fut découché.
Déduire (s’amuser).
Déduit (amusement).
Défaillir (manquer). — Ni pour mort ni pour vie jà vous jamais n’en défauldrez.
Défaute, Deffaute (faute, manquement au moment du besoin, défaillance). — La comtesse de Montfort pria à ces seigneurs qu’ils ne fissent nulle défaute. — Les chevaliers le prirent et le portèrent sur un lit entre leurs bras, moult doucement, et le couchèrent et couvrirent, et cuidèrent qu’il y eût eu tant seulement une défaute. — Mais avoient pour lors grand’deffaute de vivres.
Deffiner (terminer). — Sur ces paroles deffina leur parlement.
Défiance (défi).
Deforainement (en dehors ; opposé au mot Deventrainement, en dedans). — Or montra-t-il deforainement ce qu’il avoit au cœur deventrainement. — Il ne montre rien deforainement que le cœur et la bonne affection n’y soit.
Deffoucquer [se] (se disperser). — Et point ne se déffoucquèrent, mais attendoient courtoisement l’un l’autre.
Défouir (déterrer : d’où enfouir). — Si fut défoui et porté en la cité de Séville.
Defremer (ouvrir). — Les valets défremèrent le lieu où les chiens étoient.
Défronter (rompre en front). — Si se trairent tous en une bataille rangée, sans eux défronter.
Dehaité, Deshaité (malade ; de haité, bien portant). — Mais pensoit chacun, qu’il fût dehaité en son hôtel.
Déjeun, Desjeun (déjeuner ; repas par lequel on rompt le jeûne).
Déjeuner, Desjeuner (sortir de jeûne).
Délayer (délaisser, départir). — Et se délayèrent le roi et son conseil de leur primeraine volonté.
Délit (délice, plaisir). — Et en prennent le cœur, et le mangent à grand délit.
Délivrance (suite, livrée, gens dont un seigneur paie les dépenses, paiement). — Si lui fesoit ses délivrances et ses finances à sa volonté.
Délivrément (promptement). — Et se hâtoient les Anglois de passer délivrément celle Beausse.
Délivrer (dépécher). — Dites à mon oncle de Bourgogne, pour Dieu ! que on s’en délivre.
Demeurant (reste ; on dit encore : au demeurant).
Dénuer, Desnuer (dégarnir). — On feroit un grand outrage si on dénuoit le royaume d’Angleterre de deux mille hommes d’armes et de quatre mille archers pour envoyer si loin comme au royaume de Portingal.
Département (partage). — Ces deux frères eurent guerre ensemble pour le département des terres.
Départie (séparation).
Départir (séparer).
Dépendre (dépenser). — Combien qu’ils y eussent grands frais mis et dépendus.
Déplais (déplaisance). — Et desiroit grandement à soi contrevenger pour les contraires et déplais que on lui avoit fait en Angleterre.
Déport (délai).
Déporter (différer, se désister, dispenser). — Je ne serois jà rebelle ni honteux de m’en déporter. — Et déportoient les povres des tailles.
Derverie (folie, possession par l’esprit malin). — Les verges de frénésie et de derverie sont moult crueuses. — En tous lieux où on savoit corps saints ou corps de saintes qui eussent grâce et mérite, par la vertu Dieu, à guérir de frénésie et de derverie, on y envoyoit l’offrande du roi. — Or regardez la grande derverie !
Desbareté (affligé, découragé). — Il retourna tout desbareté. — Si furent tout déconfits et desbaretés. — Les soudoyers furent moult desbaretés. — Comme un chevalier desbareté et déconfit. — Ceux de Gand furent moult courroucés et trop grandement desbaretés.
Descirer, Dessirer (déchirer). — Et la bannière du comte toute descirée.
Descliquer (décharger, faire jouer les canons). — Ils descliquèrent les canons. — Sitôt qu’ils ouïrent les canons descliquer.
Desclorre (ouvrir). — Hue de Carrelée venoit à cet endroit et il véoit ses gens branler ni desclorre.
Desclos (non fermés, exposés). — Les hommes d’Avignon qui avoient leurs héritages au desclos. — Un grand village sur la mer tout desclos.
Descogneu, Desconnu (inconnu). — Si monta sur un soir à cheval tout desconnu.
Descognuement, Desconnument (secrètement).
Descoulper (disculper).
Desçu [au] (à l’insu). — Au desçu du roi d’Espaigne.
Descuevrir (découvrir). — À heure de primes que les embûches se descuèvrent. — Garde bien que tu ne te descuèvres à nul homme du monde de ce que tu auras dit.
Desdaing (déplaisir).
Désemparer (démolir les fortifications). — Ils abattirent et désemparèrent le châtel de Trigalet.
Desfoucquer (disperser). — Mais se desfoucquèrent et tournèrent le dos.
Deshaité (malade ; de haité, sain).
Desheaulmer, Desheaumer (priver de son heaulme ou casque). — Le comte fut desheaulmé. — Et fut encore messire Regnaut desheaumé.
Desisse [que je] (que je disse). — Je fus chargé que je vous desisse et remontrasse.
Desjeun (déjeuner). — Tantôt après le desjeun qui fut moult bref. — Quand ce desjeun, dont ils faisoient dîner, fut passé.
Desloyaucer [se] (cesser d’être loyal).
Desnouller (défaire un nœud). — Le comte ouvrit lors son sein et desnoulla son gipon.
Desnuer (dégarnir, dénuer). — On ne vouloit pas que le royaume de France fût trop desnué de chevaliers et d’écuyers.
Despaissir (éclaircir). — La bataille qui étoit grande et épaisse fut tantôt éclaircie et despaissie.
Despendre (dépenser). — Tenez-vous tout aises ; buvez et mangez, et ne vous effrayez de chose que vous despendiez.
Despert (difficile, inexpert). — Les entrées et issues sont fortes et dispertes.
Despiécer (dépecer, mettre en pièces). — Et là fut despiécée pièce à pièce.
Desréer, Desroyer, Déroier (sortir du rang, d’arroi). — Ainsi que enfans et pages qui en chevauchant se desroient. — Sans eux desréer ni effrayer.
Desrieuler (sortir de règle, de rieule règle ; en anglais, rule).
Desriser (moquer). — Et ne se font que gaber et desriser des papes qui sont l’un à Rome, l’autre à Avignon.
Desroi (trouble).
Desroiement (dérangement). — Cette première joute ils faillirent, par le desroiement de leurs chevaux.
Desrompre (rompre).
Desroute (rompue ; de rupta). — Leurs armures qui desroutes étoient.
Desrouter (disputer ; du mot route, troupe). — Il fut poursuivi sur une desroute chaussée.
Dessaindre (déceindre). — L’archevêque de Cantorbie dessaindy ladite épée.
Desserte (mérite). — Les chevaliers qu’on lui avoit ôtés et sans desserte fait mourir.
Dessévrer (séparer ; on dit encore sevrer en parlant d’un enfant qu’on sépare de sa nourrice. En anglais to sever, et several, plusieurs, divisé en parts.
Desservir (mériter). — Le roi ne l’avoit pas desserv.
Dessiéger (lever le siége).
Dessure, Deseure (sur). — Il avoit le regard et l’administration dessure ses frères. — Ils passèrent au pont deseure la rivière de Yonne.
Destouiller (débarrasser). — La vie est si entouillée que on ne la sait par quel coron destouiller.
Destourber (troubler). — Je n’ai nulle puissance de faire autre mal que de toi resveiller et destourber.
Destourbier, Destourbe (trouble). — Il avoit fait moult de dommages et de destourbiers.
Destroit (difficile, formel). — Et leur étoient vivres et fourrages si destroits que à peine en pouvoient-ils recouvrer. — Et y laissa son neveu que moult aimoit, dont il étoit à cœur moult destroit et courroucé. — Sans trop destroit commandement, il ne se fut avisé de dire et faire ce que il disoit et fesoit.
Destroit [au] (enfin).
Destroitement (formellement). — Et leur mande le roi destroitement et sur la tête, que ils ne laissent nullui entrer en leurs lieux.
Desvéer, Déveer (refuser). — Mais le capitaine de la cité lui desvée. — Les pas d’Arragon étaient desvéés et clos. — Ils ne trouvèrent nullui qui leur dévéât.
Desvier, Desvoyer, Dévoier (égarer). — Oncques en nul suspecion ni trahison ne la desvièrent. — La grâce du Saint-Esprit qui renlumine les cœurs desvoiés. — Nous voulons avoir compte du grand trésor de France que vous avez dévoié.
Desvoiement (action de desvoier).
Desvoir (voir désavantageusement).
Déterminément (définitivement).
Détri (délai). — Tant de seigneurs que un détri seroit au nommer.
Détriance (délai). — Quel détriance que il y eut ni que on leur fit.
Détrier (différer).
Détriment (délai).
Deult [il s’en] (de douloir ; d’où douleur et deuil). — Il s’en deult grandement.
Dévaler (descendre).
Devenroit [il] (de devenir). — Si devenroit-il bon François.
Dévier (mourir, sortir de vie). — En cette même saison dévia ce noble et gentil comte de Foix. — Le comte de Douglas qui jà était dévié. — Et dévia là sur la place.
Devise (projet, conversation). — Les chevaliers qui avoient été à ces devises.
Deviser (parler, reconnaître). — Mets si étranges, qu’on ne les sçauroit deviser.
Devissierre (qui devise, qui imagine, comme on dit emperière, empereur).
Dextre (droite).
Dextrier (cheval qui prend la droite). — Le roi trouva en dehors de l’église, sur le dextrier, le duc de Lancastre.
Di (jour ; d’où toudis et puissedi).
Dicque, Dicke (digue). — Deux autres villes plus ayant, en allant sur la marine et sur les dicques.
Dicter (poétiser, mettre en vers). — Les quelles choses, par l’imagination que je avois eu de dicter et ordonner le livre, le comte de Foix ouït moult volontiers.
Dient [ils], ils disissent, ils distrent (de dire). — Si distrent : c’est bon que nous avisons et regardons aux ordonnances des batailles.
Diffame (déshonneur ; d’où diffamer). — Il n’avoit eu, devant ce, aucun reproche de diffame.
Dilation (délai).
Dîmage (possession de dîmes). — Et se fit mettre, par la vertu des bulles du pape, en possession du dîmage.
Dispensation (dispense).
Dispersement, Despersement (çà et là).
Divin (devin). — Donc il est divin, dis-je ? ou il a des messagers qui chevauchent de nuit avec le vent.
Dobst [il] (de devoir). — Cette dure et périlleuse aventure lui devoit et dobst être toute sa vie un grand mirouer.
Doiez [vous] (de devoir). — Pourquoi vous doiez venir sur nous.
Doint [qu’il] (de donner).
Doler, Doloir, Douter (plaindre). — Les tailles étoient si grands que les plus riches s’en doloient et les povres s’enfuioient. — Les tailles étoient si grands que toutes gens s’en douloient.
Dommageable (portant dommage).
Dondaine (machine à lancer de grosses pierres). — Vez ci venir le trait d’une dondaine que ceux de l’ost laissèrent aller.
Donroit [il] (de donner).
Doublet (chemise). — J’étois en pur mon doublet sur le parement.
Douer (donner en douaire). — L’argent est vôtre, car le comte de Foix vous en doit douer.
Doulouser (s’attrister). — Qui les vit demener et doulouser en eût eu pitié, — Tout le peuple s’en doulousoit amèrement.
Doutance, Doute (crainte). — Pour la doutance de ces gens-là.
Douter (craindre ; d’où redouter).
Doy (deux). — Et là furent appelés Chandos et Aquitaine, doy rois d’armes. — Et tant que cils doy forts seront miens.
Doye [qu’il] (de devoir). — Vous n’êtes mie en arroy que le roi doye maintenant parler à vous. — Je n’ai fait chose dont me doye jà repentir.
Drap (habit). — Vêtus d’uns draps tout pareils. — (Être des draps de quelqu’un, c’est être de sa suite, habillé à ses dépens).
Droiture (droit).
Dru (gai, épais). — Et dru semées sont les tours.
Druqueman (drogman et truchement). — Tels paroles, et plus grands assez, avoit-il ouï dire les latiniers et druquemans, qui transportèrent le langage de l’un à l’autre.
Du (avec le). — Il contraindit ses ennemis du leur même.
Ducoise (duchesse).
Dueille [qu’il se] (de douloir). — Cette chose ne peut longuement durer ainsi, que le pays ne s’en perçoive et dueille.
Duire (conduire, élever). — Si il l’a jeune, il la duira et ordonnera à sa volonté.
Duit (élevé, habitué à). — Et tantôt, comme bien duit, s’en vint asseoir sur le poing du roi. — Les deux chevaliers étoient très bien appris et duits de tels besognes.
Durement (beaucoup). — Le chevalier qu’ils aimoient durement.


E


Ébattement (plaisir).
Ébattre [s’] (s’égayer).
Ébaudissement (joie). — Et eut eu grand ébaudissement entre eux et un grand ébahissement entre leurs ennemis.
Ébaudir [s’] (s’égayer).
Écheller (prendre d’assaut à l’aide d’échelles).
Écluser (fermer comme par des écluses). — En plus de quarante lieux elle était éclusée des morts qui y étoient versés et couchés.
Écrions [nous] (d’écrire). — Si écrions à Gand.
Écueillir [s’] (se préparer à, réunir ses forces pour). — Et étoient adonc en volonté et tous écueillis de venir. — Et s’écueillit, et saillit outre par dedans les barrières. — Le quel coursier s’écueillit à courir et emporta le chevalier malgré lui.
Écuyerie (classe des écuyers). — Chevalerie et écuyerie.
Effréamment (avec effroi). — Et criant effréamment moult haut.
Effondrer (engloutir, ruiner). — Et ceux qui le plus effondroient son trésor.
Efforcément (avec effort).
Efforcer (faire effort, renforcer). — Et se sont efforcés et efforcent, du roi de France.
Effoudre (ouragan). — Une effoudre et un orage si grand descendit du ciel.
Effréer (effrayer).
Effroi (bruit). — Il sentit l’effroi des chevaux qui venoient derrière lui.
Éhidé, eshidé (épouvanté ; de hideur, crainte).
Élargir [s’] (devenir prodigue, large, plein de largesses). — Et s’élargit le roi, pour l’amour de ses frères, de quant qu’il put faire.
Èle, elle, esle (aile, largeur). — Les archers sur èle et les gens d’armes au front. — Quatorze lieues de long et autre-tant d’èle. — Si gagnerions volontiers aucune chose sur les beaux oiseaux qui s’envolent sur elles et qui vont voler leurs bannières.
Éliseur, elliseur (électeur). — Les éliseurs de l’empire d’Allemagne.
Ellisirent [ils] (d’élir). — Ceux de Lussebonne qui ellisirent le maître de Vis à roi.
Elm (ancieu gentilhomme et comte en Angleterre ; du mot elder, d’où elderman et earl).
Éloigne (éloignement, relard). — Nennil, nennil, n’y quérez nulles éloignes.
Élonger, eslonger, esloingner (éloigner). — Il partit de nuit sur fleur de coursier et esloigna les Escots.
Embarrer (enfoncer). — Il lui embarra son coutel au corps.
Embasmer (embaumer).
Embatailler (ranger en bataille).
Embattre (rencontrer, tomber). — Ils s’embattirent au milieu de ces deux embûches.
Emblaiement, emblavement (obstacle). — Afin que nul emblaiement ou empêchement de guerre ne se remît en Écosse.
Emblaver (emballer). — Ce fut un trop grand emblavement, et trop sans raison.
Embler (enlever, échapper). — Deux cents archers, les quels s’étoient emblés de leur garnison de Calais.
Embrider (brider).
Embacher, embuscher (faire des embûches).
Embuschement (embuscade).
Émouvement, esmouvement (excitation). — S’avisèrent aucuns chevaliers, par l’esmouvement du seigneur de Werchin.
Empainte, empeinte (attaque). — Et ardirent en une empainte plus de soixante villages. — Et se tinrent cette seconde empeinte moult vassalement.
Emparlé (qui parle aisément). — Le sire de Mauny qui sagement étoit emparlé.
Empenner (mettre en plumes). — Quand cil bel oiseau fut tout empenné.
Emperière (empereur et impératrice). — Charlemaine qui fut emperière de Rome. — Elle avoit été nourrie à l’hôtel de l’emperière de Constantinoble.
Empoindre (frapper en piquant). — Et l’empoindit de telle manière qu’il le porta tout jus oultre la croupe de son cheval.
Emprès (près).
Empunaiser (rendre puant, punais). — Et leur jetoient par leurs engins chevaux morts et bêtes mortes et puants pour eux empunaiser.
En (on). — En lui répondit.
Enamourer (rendre amoureux). — Il s’enamoura du chevalier.
Enchartré (enfermé ; on dit encore : tenir en chartre privée). — Il eut enchartré ou fait mourir son frère.
Enchas (combat, rencontre). — Là eut cette journée grand enchas et dur.
Enchu (de encheoir, tomber).
Enclorre (renfermé). — Ils enclorrent, etc.
Encombre, encombrer, encombrier (embarras). — La duchesse Valentine faisoit tout cet encombrier pour parvenir à la couronne de France. — Si par sa faute ils eussent reçu dommage ni encombrier. — La roine qui vouloit garder son pays de tous encombriers.
Encombrer (embarrasser). — Leur péché leur encombre.
Encontre (rencontre).
Encontrer (rencontrer).
Enconvenancer (promettre).
Encoste (à côté). — Il a bien d’encoste lui le fils de celui qui s’appelle Jean de Béarn.
Encoudre (enfoncer, cacher). — Et s’encousit l’épée tout parmi les cuisses jusqu’aux hanches. — Et lui encousirent la lettre en ses draps (habits). — Chevaux étoient tout encousus de sagettes.
Encoulper (inculper). — Pas n’en encoulpons leurs maîtres.
Encourtiné (enveloppé de courtines, rideaux). — Le dit escharfault encourtiné à manière d’une chambre.
Excuser (accuser).
Endementres, endementiers (pendant). — Endementres que leurs maîtres séoient à table.
Enditter (informer). — Et les endittèrent de tout ce que vous avez ouï. — Ils furent tout endittés de ce qu’ils devoient faire. — Et furent endittés et ordonnés pour aller en messagerie devers le comte.
En droit (à l’égard de ; opposé de envers). — Endroit soi s’apercevra bien que.
Enfannonner (garnir d’un fannon, drapeau). — Un page du roi portoit une lance toute enfannonnée de soie.
Enfantosmé (épouvanté par des phantômes).
Enfardeler (empaqueter, mettre en fardelle ; d’où fardeau). — Et firent trousser et enfardeler draps, robes, etc.
Enfelonner, enfélonnir (irriter). — Cette parole enfelonnit le cœur du prince.
Enferré (enchaîné). — Et fût enferré de trois paires de fers.
Enfès (enfant). — L’enfès étoit encore jeune assez. — Le roi vueil-je bien déporter, car c’est un enfès.
Enflamber (enflammer). — Si furent tout enflambés de ire.
Enfondre (écraser).
Enforcer, enforcier, enfortier (fortifier, prendre par violence). — Et pour ce qu’il avoit toujours douté que le comte de Montfort n’enforçât le droit de sa jeune nièce. — Il emmenoit avec lui tous ceux qui se pouvoient aider pour enfortier son armée.
Enfraindre (enfreindre). — Si nous, savions aucun des nôtres qui l’enfrainsit ou violât.
Enfrener (brider, mettre un frein).
Engigneur (ingénieur, faiseur d’engins, machines). — Un maître engigneur d’appertises et de la nation de Genève. (Il s’agit ici d’un sauteur de corde).
Engin (machine, ruse).
Engorger (écouter en murmurant sourdement dans la gorge). — À ce record étoit messire Jean de Ghistelle qui engorgeoit toutes les paroles du chevalier.
Engrigner, engrignir (courroucer). — Ce fut une chose qui moult engrignit et enflamma ceux de Gand.
Enhardissement (audace). — Par le fait et enhardissement seulement de quatre cités.
Enhidé (épouvanté). — Et chéoient l’un sur l’autre, tant étoient-ils fort enhidés.
Enlangagé (qui parle aisément). — Le sire de Mauny qui sagement étoit enlangagé. — Et fut sire de grand avis et bien enlangagé.
En-my, emmy (au milieu de).
Ennort, ennortement (conseil). — Par l’ennort de l’ennemi qui oncques ne dort.
Ennorier, enorter (exhorter). — Et s’ils avoient été mal enortés, tout ce leur pardonnoit-il bonnement.
Ennoi (ennui). — Je ne veux pas réjouir mes ennemis de mon ennoi.
Ennuis et plutôt enuis et envis (d’invitus ; malgré soi, avec peine). — Hommes de la ville, nous vous aurons encore ennuis.
Ennuit et anuit (cette nuit). — Grand’foison de Gantois gissent ennuit moult près de cy. — Or pensez eunuit comment vous leur pourrez faire relation demain.
Enpenné (emplumé, garni de plumes). — Qui traioient grand carreaux enpennés de fer et les faisoient voler outre le pont.
Enrugni (rouillé). — Les autres étoient amés de haubergeons tout enrugnis.
Ensegever (orner).
Enseigne (indice, preuve). — Si mandement n’en avoit et enseignes de son seigneur.
Enseller (seller).
Ensépulturer (ensevelir). — Et fut le corps de l’enfant porté aux frères mireur et là ensépulturé.
Enserrer (enfermer).
Ensommeler (placer sur des bétes de somme). — Et firent charger, trousser et ensommeler tous leurs harnois. — Quand ils eurent tout troussé et ensommelé leurs chevaux.
Ensongne, Ensoigne, Ensoingne, Essoigne (soin, embarras).
Ensonnier, Ensoigner, Ensoingner, Essonnier (embarrasser, prendre soin). — Ils ensonnioient les Auglois — Faites arbalétriers traire avant, pour ensonnier les Flamands.
Entalenté (disposé à). — Quand on fut avisé et entalenté de le mander. — Et étoient si entalentés du mal faire que on ne pouvoit résister à l’encontre d’eux. — Endementres que vos gens sont entalentés de bien faire.
Entandis (pendant). — Entandis que les Anglois chevauchoient, il demanda.
Entérinement (entièrement). — Si comme vous nous jurâtes à tenir entérinement et franchement.
Entoiller, Entouiller (embarrasser ; de touillis, embarras). — Et si avaient jà les nouveaux chevaliers d’Angleterre commencé l’escarmouche, par quoi ou étoit ainsi entouillé. — Et pour ce qu’il sentoit le pays entouillé. — Il n’étoit pas encore heure, tant que la chose fut mieux enlouillée. — Tant étoient fort entouillés l’un en l’autre.
Entouller (garnir de toile).
Entrecoler (embrasser).
Entrementiers, Entreus, Entrues, Entrementres (pendant ; en italien mentre). — Ils se mucèrent entrementiers que les autres se combattoient. — Entrues que nous entendions aux défenses. — Entrementres qu’on étoit en ce parlement.
Entretant (pendant). — Entretant qu’ils dormiroient.
Envaye, Envahie (attaque).
Envéoit [il] (d’envoyer). — Pas n’y venoit, ni apparoit, ni envéoit.
Envieillir (vieillir). — C’est dommage que un tel prince envieillist ni muert.
Environnément (autour, à l’environ). — Ils mirent le siége environnément.
Envis (malgré soi, invitus).
Envoisent et Voisent [qu’ils] (qu’ils aillent). — Que à lendemain au matin leur conseil envoisent sur la Tamise.
Épandre, Épardre (disperser). — La bataille étoit tout épandue. — Le conseil s’épardit.
Épautrer (écraser). — Boniface reversa de sa tête contre les carreaux de la chaussée et eut toute la tête épautrée.
Époron, Esporon (éperon).
Erraument (promptement).
Errer (se hâter). — Ils ne cessèrent de chevaucher et d’errer tant qu’ils vinrent.
Esbanoïer (égayer). — Et quand ils se furent esbanoïés ils s’en retournèrent à leurs hôtels.
Escacher, Escacier, Eschacier (chasser, poursuivre, bannir). — Il y avoit là le plus des eschacés de Grantmont.
Eschandel (scandale). — Dont grand eschandel couroit parmi le royaume.
Eschandeliser (scandaliser, divulguer). — Telles aventures sont tantôt eschandelisées et sçues.
Escharcement (peu). — Il y avoit assez escharcement de vivres.
Escharfaut (échaffaud). — Sur la rue avoit un escharfaut et sur l’escharfaut un châtel. — Et avoit sur l’un de lez des lices fait grands escharfauts pour les seigneurs voir la bataille des champions.
Escharguète, Eschauguète (poste).
Eschargueter, Eschauguéter (environner de sentinelles).
Eschars (économe). — Et fut en son temps le plus eschars que on sçut.
Eschellement (escalade).
Escheoir (tomber). — Ils eschéirent — Si tu eschiés ès mains de tes ennemis.
Eschever, Eschiver, Eskiever (esquiver). — Pour eschever les périls. — Il n’eskievoit nul homme.
Esclamasse (clameur). — Le roi vous hait pour l’esclamasse du peuple dont vous êtes trop fort accueilli.
Esclarcir (éclaircir). — L’écuyer du Portingal qui est ici a esclarci moult clèrement.
Escliper (embarquer). — Et esclipèrent en mer et singlèrent à pouvoir.
Esclisser (glisser). — Le fer du glaive esclissa à mont en coulant.
Esclistre (éclair).
Esclos (traces). Et suivit au pas les esclos de messire Pierre de Craon. — Jamais ils n’eussent suivi les esclos des Anglois. — Il suivit radement les esclos des Anglois.
Escondire (refuser). — Ce Bénédict n’escondissoit nulle grâce.
Escondit, Escondite (refus). — Nul escondit ne m’en pourroit ôter. Pour escondite que la dame en put et scut faire.
Esconser (coucher). À soleil esconsant. — Ils étoient esconsés entre arbres, où on ne les pouvoit voir pour les feuilles.
Esconvenue (défaite, déconvenue), — Lors commença à parler de la défaite et esconvenue de Juberot.
Escouir (agiter, secouer). — Et escouy son épée et la laissa aller.
Escourcir (couper, raccourcir). — Mais on leur escourcit leur chemin.
Escourgiée (verge, le même que Courge). Et le fit battre d’escourgiées.
Escran (ravage, le même que Cran). — Et feroient un si grand escran en Angleterre que jamais ne serait recouvré.
Escrier (avenir).
Escripre (écrire). — Or s’escrisent tous ceux qui aller y voudront. — Tantôt s’escrisirent chevaliers et écuyers. — Il escripvi. — Il escripvist. — Il escrisoit.
Escrutiner (examiner). — Qui veut bien escrutiner votre lignage, vous êtes du droit estoc de St. Édouard.
Escueillir (disposer, agiter). Les chrétiens sont escueillis à faire un grand fait. — L’un des piquenaires escuelt sa pique. — Ce comte Derby étoit bien escueilli de bouter un grand trouble en Angleterre.
Eshanché (estropié). — Dessous qui son cheval étoit eshanché.
Eshider (effrayer). — Si fut tout eshidé et à bonne cause. — Si en eut cette nuit grand’foison de noyés en l’Escaut, qui s’eshidoient et qui sauver se vouloient.
Eslai (élan). — Si s’élancèrent de plein eslai. — Et se boulèrent en eux de plein eslai. — Si se férirent en l’eau de plein eslai.
Esle, Èle, Elle, Hèle (aile). — Si eurent nos gens conseil de faire deux esles de bataille.
Esliescer (réjouir, mettre en liesce).
Esmay (effroi, émoi). — La bonne dame fut en grand esmay.
Esmayer [s’] et s’Esméer (s’effrayer).
Esmouver (exciter).
Espain (privé). — De toutes douceurs propices à leurs complexions, les François étoient tous espains.
Espaissement (d’une manière épaisse) — Les archers tiroient si ouniement et si espaissement.
Espardir, Espardre (disperser).
Esparse (peu peuplée, en parlant d’une ville). — Poitiers qui est moult esparse.
Esparsement (d’une manière éparse, confusément). — Et se logèrent les seigneurs esparsement.
Esparsin (confusion, dégât). — Ils espéroient faire grand esparsin. — Et firent un grand esparsin.
Espartir (répandre, partager). — Ces nouvelles s’espartirent.
Espès, Espesse (épais). — Je ferai par enchantement l’air si espès.
Espessement (d’une manière épaisse, pressée),
Espécial (spécial).
Espécialté, Espècialité, Espéciauté (particularité).
Espéciaument (spécialement).
Espie (espion).
Espoentable (épouvantable). — Une pestillence de mortalité très grande et très espoentable.
Espoir (peut-être). — Le roi de France espoir que vous n’avez pas bien en grâce, ni il vous, est mort, — Espoir accompagné de soixante chevaux. — Espoir n’y pourrez-vous retourner.
Espoire [je] (d’espérer). — Si comme je l’espoire. — J’espoire que demain nous aurons besogne.
Esponde (bord). — Et s’assied sur l’esponde de son lit.
Esprier (épervier). — Ils avoient fait venir chiens et oiseaux pour leurs déduits et espriers pour les dames.
Espringale (machine à lancer des pierres).
Esprohon (épervier). — Ainsi comme esprohons se boutent entre oisels gentils.
Espronner (éperonner).
Esquiffer (monter sur un esquif). — Quand ils furent esquiffés en la mer, le vent changea.
Esracher (arracher).
Esramie (envie). — Donc, ainsi que par esramie, tous ces seigneurs s’étoient cueillis en un grand désir de là venir.
Essanner (mettre hors de sens). — Il étoit tout essanné.
Essart (ravage). Le captal eût fait un grand essart en France.
Esseuler (être seul, isoler). — Comment le comte de Flandres se esseula.
Essielle, Esselle (échelle).
Essoinne (affaire, embarras). — Toutes paroles et essoinnes mises arrière.
Essaingner (perdre son sang).
Establer (mettre en étable, écuries, d’où connétables). — On ne savoit où chevaux establer. — Il ne demeura oncques pour eslabler ni loger un cheval.
Estache (pieu, pilotis). — Encore étoient les estaches du pont en l’eau. — Dessous les fourches avoit un estache et une grand’chaîne de fer.
Estaindre (éteindre). — Le grand désir que l’on a aux choses estaind le sens.
Estal (place, demeure). — Et là rendirent estal les chevaliers, tout combattants.
Estamper (marcher, errer). — Ils ont tous estampé en ces marais.
Estançon (étai, pieu). — Sur six ou huit estançons ils auroient fait tantôt nouvelles maisons.
Estant (debout ; de stando). — Si j’en étois cru, il ne demeureroit en estant forte maison de gentilhomme. — Et furent le roi et les seigneurs en estant sur leurs pieds, en chambre de parement, près de deux heures, en oyant ménestrels de bas métier. — Il ne se put tenir en estant. — Et dit qu’il n’y lairoit ni châtel ni forte maison en estant.
Estaple (étape, du mot anglois staple, lieu d’entrepôt et d’examen). — Le maître de l’estaple des laines de toute Angleterre.
Estatut, Statut (loi, statut).
Estekis, Estequis (combat d’estoc). — Là eut bon estequis des uns aux autres.
Eslellé (étoilé). — À la première porte Saint-Denis y avoit un ciel estellé.
Ester (se tenir debout, rester). — Si vit devant lui ester messire Bertrand de Glaikin. — Adonc entra le comte en autres paroles et laissa certes ester. — Et laissa ester monseigneur Geoffroy.
Esteuf (éteuf, balle de jeu de paume).
Estiquer, Estoquer (combattre d’estoc, enfoncer). — Si estiquèrent devant eux un gros planchon. — Et commencèrent à estoquer sur ces chevaux.
Estoch, Estoc, Estocq (race). — Ces Bourgeois qui d’estoch et d’extraction avoient demeuré en la ville de Calais. — Vous êtes du droit estoc et génération de saint Édouard. — Laquelle venoit du droit estocq de Bretagne.
Estoffément (avec pompe).
Estoffer (fournir, approvisionner). — Quelque bonne prise dont nous estoffions nos superfluités et jolietés.
Estorber (troubler). — Il veut estorber ce royaume d’Angleterre. — Quand, sans loi et justice faire, il estorbe son royaume.
Estordre (arracher ; d’où extorsion).
Estorer (établir). — Notre loi est dès le commencement du monde faite et estorée. — Là où fut estorée la noble Table-Ronde.
Estouiller (débrouiller). — Jean Lyon qui ne tendoit qu’à entouiller tellement la ville de Gand envers le seigneur que on ne la pût estouiller.
Estour (combat). — Là eut un grand estour et dur. — Là, de petit de gens, eût fait bon estour.
Estourmie (mêlée). — Et ne se fut point la chose ainsi départie qu’il n’y eut autres estourmies, après les lances faillies.
Estourmir (attaquer, assembler en foule ; de turma). — Et chevauchèrent en la ville, et l’estourmirent grandement.
Estrain (paille ; de stramen).
Estraingne, Estraigne (étranger). — On lui dit que ce avoit été par la coulpe des chevaliers estraignes. — Trop volontiers il jangle et bourde à tous chevaliers estraingnes.
Estraindre (embarrasser, serrer). — La chose leur estraindoit. — Sitôt que Aymerigot tint la main du châtelain, il la tira à lui et l’estraindit moult fort.
Estraine, Estrine, Étrainne ; d’où Étrenne. — Je vous donne en bonne étrainne ce faucon.
Estranière (drapeau). — Si avoient dessus leurs mâts grands estranières à manière de pennons, armoyés des armes de Castille. — On feroit estranières de cendal si belles que merveilles serait à penser.
Estrasse (extraction). — Or je vous ai dit l’estrasse de messire Bertrand du Glay-Aquin.
Estremir (jouer de l’épée). — Il trait le coutel et commença à estremir.
Estrif, Estrivée (lutte ; à l’estrif, à l’envi). — Ils montoient sus à l’estrivée.
Estriver (lutter). — Nous ne sommes mie assez forts pour estriver contre la puissance du roi de France. — Il veut estriver contre l’aiguillon.
Estuart (intendant ; du mot anglois stewart). — Ce gentil chevalier avoit été un grand temps souverain estuart de l’hôtel du roi ; c’est-à-dire en françois, maître et sénéchal.
Estuper (étouffer). — Une couste de vieille toile enfumée pour estuper le feu.
Esvigourer (donner de la vigueur). — Ils travailloient moult à esvigourer leurs gens.
Esvoiturer (persuader, amener à persuasion). — Car dur sera à l’esvoiturer aux notonniers.
Esvoyé (sorti de voie, égaré). — Il est tout esvoyé et mal conseillé.
Étancher (soigner, sécher). — Et faites diligence qu’il soit étanché de ses plaies.
Étançonner, Estançonner (broncher). — Et férirent sur les targes si grands horions, que les chevaux étançonnèrent.
Étrange (étranger).
Eur (bonheur ; on dit encore : il n’y a qu’heur et malheur). — Ils eurent l’eur de passer oultre.
Evvous (voici). — Evvous le roi de Castille ! — Evvous venir chevauchant monseigneur Guichard de Beaujeu. — Evvous venir mon sire Guy de Gauville, monté sur fleur de coursier, la targe au col, le glaive au poing.
Exaulcer (élever). — Pour exaulcer notre foi. — Car toujours on exaulce les victorieux et abaisse-t-on les déconfits.
Excommuniement (excommunication).
Excusance (excuse).
Excusation (excuse).
Exemplier (donner exemple). — Ce fut une plaie envoyée de Dieu pour aviser et exemplier le clergé des grandes superfluités que ils fesoient.
Exil, Essil (destruction). — Et en mit encore grand’foison à exil. — Tout le pays fut allé en exil et à perdition.
Exiller, Exillier, Essiller (ravager).
Exurper (usurper). — Ils voient exurpé les grands profits du royaume de France.


F


Fagoter (faire des fagots). — On alla aux bois lointains et prochains et commença-t-on à fagoter à grand’plenté.
Faigny [il se] et Faindy (il s’épargna ; de faindre). Et il même à l’assaut ne se faigny mie.
Falloir, Faillir (manquer). — Il failloit. — Il faloit. — Il fauldra. — Il sauroit de ce peuple quelle chose il leur failloit.
Faim (désir). — À peine pouvoit le roi dormir, pour faim de voir celle qui puis fut sa femme.
Faing (foin).
Faindre, Feindre (dissimuler, se sentir faible, cacher son intention). — Cils qui nullement pour leur honneur ne se fussent faints.
Faint (faible) — Je ne vous le dis pas de faint courage.
Faintise (Faiblesse). — Par lâcheté ou par faintise de cœur.
Fais, Faix (quantité, monceau). — Si s’efforcèrent de jeter grosses pierres à fais.
Fait [à] (à mesure). — Et à fait qu’ils étoient outre, se mettoient en un aulnoy. — Après venoient ceux de l’ost courant, à fait qu’ils étoient armés.
Faitis (joli, élégant). — Actéon fut un appert, faitis et joli chevalier.
Fallace (fourberie). — Cette ribaudaille qui sème tous les jours tels jangles et failaces.
Faiticement (agréablement).
Falourder (tomber).
Falourdeur (orgueilleux, présomptueux).
Fame (bruit). Selon la fame qui couroit. — Voix et fame coururent un temps en Angleterre.
Familleux (affamé). — Ils sont familleux.
Fardage (fardeau). — Marchands de Montpellier sont là dehors et leurs fardages.
Fautre (fourreau ; en allemand foderal). — Et mit l’épée en fautre.
Fautrer (engainer).
Féal (loyal).
Féalement (loyalement).
Féauté (loyauté).
Feint (faible). — Nous répondions à leur langage à feinte voix.
Feintise (faiblesse, ruse).
Fel (cruel). — Et regarda que sa guerre en seroit plus felle et plus dure. — Il n’est si felle guerre que de voisins et amis.
Fellement (durement). — Et répondit en regardant moult fellement.
Félon, Félonneux, Félonnesse (cruel, dur). — Là eut grande bataille et félonnesse. — Là eut reproches moult félonnesses entre eux.
Fêlonner [se] (s’irriter). — Philippe d’Artois se félonna de ce que on ne lui avoit demandé premièrement l’avis de sa réponse. — Adonc se félonna le roi.
Félonnie (colère). — Donc dit messire Jean de Hollande qui étoit encore en sa félonnie. — Si lui mua le sang en félonnie et en courroux, et dit, en tirant hors une dague.
Fener (faire les foins). — On avait fené et fauché les prés.
Fermail (agrafe).
Fermeté (fermeture, barrière). — Hors de la ville et fermeté de Calais.
Férir (frapper). — Et là eut bonne escarmouche et dure, et lancé trait et féru. — Il férit.
Fesist [il] (de faire). — Le roi d’Angleterre ne vouloit mais qu’aucun bobant s’en fesist.
Festier, Festoyer (fêter). — Et ses oncles avoient festié la fête de saint Georges.
Feurre (paille, paillasse). — Et se bouta entre la couste et la feurre de ce povre litteron.
Feurre (fourreau). — En tirant son épée hors du feurre.
Fiable (auquel on peut se fier).
Fiablement (avec confiance). — Le roi se découvrit à lui fiablement de ses besognes.
Fiance (confiance).
Fiens (foin). — Couvert d’estrain et de fiens.
Fierte, Fiertre (châsse). — Et là gît, en fierte moult riche, le corps du bénoit saint. — La fiertre de saint Thomas, qui tant est digne et riche, n’étoit pas sûrement à Cantorbie.
Figurer (comparer). — Ils se figuroient au peuple d’Israël que le roi Pharaon d’Égypte tint long-temps en servitude. — Et figuroit son voyage à l’emprise et voyage de son cousin le duc d’Anjou.
Finer (trouver). — Telle compagnie qu’il pourroit finer.
Flael, Flagel, Flaiaus, Flaiel (fléau d’une porte, et fléau, fouet, verge, peste). — Et trouvèrent la clef du grand flael qui clooit. — De bonnes coignées que ils avoient ils coupèrent le flaiel de la porte.
Flaireur (odeur ; d’où flairer). — La flaireur de la mer leur griève.
Flambe (flamme). — Et l’ardirent et fut en flambe.
Flaschier, Flaschis (étang). — Et avoient au devant d’eux un grand flaschier plein d’eau dormante. — Entre la bataille et les gens de Rasse de Harselles avoit un grand flaschis tout plein d’eau.
Flassarse (couverture). — Leurs vêtures étoient de gros boureaux et gros draps, ainsi que on fait les flassarses des chevaux.
Flole (troupe, foule). — Chevauchent-ils tous en flote ? — Et bien étoient en flote environ trois cents.
Flotternel (pourpoint, casaque). — Le duc se désarma de toutes pièces et se mit en pur son flotternel, et donna ses armes à l’image. — Le fer lui perça ses plattes et sa cotte-de-mailles et un flotternel empli de soie retorse.
Flun (flux, et fleuve ; de flumen). — Il y avoit entre eux un flun de mer et une rivière. — Le flun de la mer.
Foisonnable (fourni à foison). — Vous demeurez en contrée assez foisonnable de peuple.
Fol (démesurément). — Ils sentoient le duc de Berry fol large ; c’est-à-dire trop prodigue.
Folier (faire une folie). — Si nous avons abusé ou folié, à eux en est la coulpe et non à nous.
Fonde (fronde, machine propre à lancer de grosses pierres).
Fondre (morfondre).
Forain (étranger ; à forain, en dehors, hors des limites, des cordes de la lice). — C’est pour gens d’armes forains un povre pays. — Et le roi joûta comme les autres à forain pour conquerre le prix par armes.
Foraineusement (d’une manière étrangère). — Cette aventure lui étoit foraineusement venue et par beau fait d’armes.
For-bourg (faubourg).
For-celer (cacher ; d’où receler). — Il fut ordonné que nul hôtelain en son hôtel ne for-celât arcs ni sagettes qui fussent aux Anglois.
Forcennerie (fureur ; d’où forcené). — Ce est une cruelle forcennerie quand on détruit sainte chrétienté.
Forcener (devenir fou). — Si cuida bien forcener d’anoi.
For-clos (enfermé par dehors).
For-conseiller (mal conseiller). — Et les amit (accusa) qu’ils for-conseilloient le roi.
Forère (bord pris en dehors). — Et prirent la forère du bois.
For-faire (mal traiter, se compromettre). — Sans rien forfaire ni à corps ni à biens. — Si nous descendons ores sur eux pour combattre, nous nous forferons trop grandement.
Forfait (violation des lois). — Et se pouvoient armer les chevaliers et écuyers de cette terre sans forfait.
For-hâter (trop hâter).
For-mener (vexer). — Leurs gens avoient été for-menés.
Forment (fortement). — Ils l’honorèrent forment.
Formeur (celui qui forme). — Dieu, sire du ciel et de la terre, et formeur et ordonneur de toutes choses.
For-passer (passer hors).
Fors (au dehors).
Fortuneux (fortuit). — Et par espécial des incidences fortuneuses qui advinrent de son temps.
Fosse (terme de blason).
Fosse (cachot). — Après commanda le comte qu’il fût mis dans la fosse, et il le fut, et là mourut.
Fosser (creuser). — Ils firent fosser grands fossés parfonds. — Et eut là en convenant de remplir ce que fossé avoient.
Fosseur (feseur de fossés, fossoyeur).
Fossoyer (entourer de fossés).
Fouage (taxe sur chaque feu).
Foui [il] (de fuir). — L’autre écuyer s’en foui.
Fouir (creuser ; d’où enfouir). — Ils firent fontaines et fouirent au sablon dont ils eurent eau douce. — Là fouirent et houèrent et piquèrent tant que la moitié de la tour s’ouvrit.
Fouler (maltraiter, opprimer, blesser). — Ce foula durement la ville.
Fourbir (raccommoder, nettoyer, panser). — Et fourbirent leurs plaies.
Fourfaire, Forfaire (vexer, opprimer). — Que nul ne fourfesist à l’abbaye, ni de veu ni d’autre chose.
Foumier (boulanger). — Il versa jus de son cheval droit à l’encontre de l’huis d’un fournier. — Et quand les fourniers avoient cuit.
Fourreur, Fourrier (qui fourrage).
Frai, Frais, Froi, Fraie (trace, bruit ; d’où frayer). — Si se mirent au froi des Anglois. — Ils sentirent le froi des chevaux derrière eux. — Et entrèrent au froie des chevaux. — Et avoient proprement en leurs chevaux le vent et la fleur et le froie des leurs. — Et tenoit chacun son chemin, sans point sortir des frois.
Frayer (dépenser, faire des frais). — Et moult ont frayé les traiteurs qui ont été par delà la mer traiter. — Vous l’avez tenu ici où il a grandement fraié. — Il n’avoit rien fait, fors que frayé et dépendu grandement et grossement.
Frainte, Freinte, Friente (bruit). — Ils entrèrent ens sans faire frainte. — Les gardes commencèrent à faire friente et à corner.
Franc (homme libre, par opposition à vilain). — Et vinrent plus de douze mille hommes, que francs, que vilains.
Fremaillet (petit fermail, agrafe, boucle). — Et leur donnoit freinaillets à chacune, selon qu’il considéroit qu’elle le valoit.
Frès (frais). — Si il eût fait frès et pluvieux.
Freschière, Fresquière (fraîcheur). — Puis sur le soir, à la freschière, nous chevauchâmes vers Orthez. — On ot conseil que, une heure devant soleil couchant, et à la fresquière, on assaudroit.
Fretable (coûteux). — Cette guerre est trop frétable pour vous.
Frète (passage, détroit, escarpement). — Ils trouvèrent en tournant une frète et passèrent outre. — Abattre frètes, remplir vallées.
Frische (élégant).
Frischeté, Frisqueté (élégance, vivacité). — Là pussiez voir entre ces nouveaux chevaliers toute frisqueté, joliveté et apperteté.
Frisque (gai, nouveau). — La frisque dame. — Gens d’armes frisques croissoient toudis.
Frisquement (vivement). — Que frisquement et vassalement se défendit.
Frongnier (s’agiter). — Le cheval de messire Jacques qui sentit ces chevaux des Anglois, se commença à hennir, et à frongnier et à frapper du pied en terre.
Fronter, Frontier (parcourir en suivant la frontière.) — Et toujours à quarante ou cinquante lances frontoit-il les frontières du Limousin. — Et s’en vinrent chevauchant tout frontiant le pays. — Ils les suivoient frontians Angleterre.
Fuer (usage, loi, impôt). — On les pairoit parmi un certain fuer que il fut ordonné. — Selon li fuer commun de la ville. — Parmi un certain fuer que il y fit mettre.
Fuer [au] (à fur). — Fesons loger nos gens au fuer que ils viennent.
Fuere (paille, fourrage).
Fumeux (violent). — Ce pape étoit trop fumeux et trop mérancolieux.
Fumière (fumée).
Fuster (piller). — Après la prise de la ville et que les Anglois l’eussent toute fustée. — Et pillèrent et fustèrent la chambre de l’archevêque. — Quand ils eurent le lundi fusté et pillé l’abbaye de Saint-Thomas de Cantorbie. — À leur département ils fustèrent et robèrent toute la ville. — Ils iroient ébattre et fuster les maisons des chevaliers.
Fusterie (chantier, dépôt de bois) ? — Il vint en Avignon et se logea en la grand’fusterie.


G


Gabe (moquerie).
Gabeleur (percepteur des gabelles).
Gaber (moquer, railler). — Et se gaboient les Espaignols de lui. — Et on n’en fesoit que rire et gaber.
Gabois (raillerie).
Gailles (plaisanterie). — Et là dit le duc de Bourbon plusieurs paroles et gailles pour faire rire les rois.
Gaires (guère).
Gait (guet). — Et firent la nuit deux gaits, chacun fait de la moitié de l’ost.
Gaiter, Gueter (guéter).
Galée, gallée (bateau, vaisseau). — Quatre galées de Sarrasins.
Galer (s’amuser). — Il avait usage de galer et de solacier après dîner.
Gallo (galop). — Et venoient plus que les gallos.
Gambier (promener). — En gambiant lui et moi ès allées, à l’issue de la chambre du roi à Eltham.
Gangler (causer familièrement). — Et gangloit à ses gens.
Garant [à] (en sûreté). — Il ne savoit où se traire à garant ni à conseil.
Garite (guerite). — Ceux qui se tenoient en leurs garites.
Garnache [la] (le vin de Grenache). — Et buvoient la garnache et la malvoisie chez Lombards, et rien n’en payoient.
Gars (garçon).
Gary (guéri). — Et se tint tant qu’il fut gary, au palais de l’évêque.
Gave (nom des rivières en patois).
Geline (poule). — Il n’y avoit ni chien, ni chat, ni coq, ni geline. — Plus de deux mille chefs de poulailles, chapons et gelines.
Genestes (genêt, plante). — Grand foison de ronces et de genestes et d’autres menus bois.
Genet (petit cheval d’Espagne).
Géniteur (cavalier monté sur un genet).
Gerfaut (faucon, oiseau de proie), — Le seigneur de Milan m’envoye gerfauts et faucons. — Et aussi blancs faucons se nomment gerfauts.
Gertier (jarretière). — L’ordre du bleu gertier.
Gésine (couche). — En cette gésine n’étoit pas bien haitiée.
Gésir, et geu au participe (coucher). — Ils gésissent. — Combien que ils gésissent là moult honorablement. — Ils avoient geu aux champs et ès forêts. — Il en avoit geu en prison.
Ginestre (genêt, arbuste). — Et ne trouvoient que ginestres et broussis.
Ginet (petit cheval espagnol). — Il étoit monté sur un ginet léger et bien courant.
Gipon (jupon). — Il voit les pendans de la boursette au gipon de son fils.
Gippon (bottines).
Gistes, gites (jetées). — Tellement croisé de grand merrien et d’estaches parmi les gistes du pont.
Gogues (goguettes). — Un jour que le prince de Galles étoit en gogues.
Gonfanon (étendard).
Gonfanonnier (qui porte le gonfanon). — Comme gonfanonnier de pape Urbain.
Gonne (robe ; en anglais gown). — Quant Aymerigot fut revêtu de nouvelle gonne et appareillé. — À ces paroles se leva moult tôt et affubla une gonne. — Douze cents bourgeois de Paris tous à cheval et vêtus tous de gonnes de baudequin vert et vermeil. — La duchesse de Berry le bouta sous sa gonne et le couvrit pour eschiver le feu.
Godailler et goudailler (homme qui fait débauche ; de deux mots anglais, good-ale, bonne bière, homme qui boit beaucoup de good-ale ; de là le verbe godailler et le mot populaire godailleur). — Et l’avoient les vilains Londriens godaillers accueilli en grand’haine.
Goudale (bonne bière ; de deux mots flamands, gut, bon, ale, espèce de bière).
Gracier (remercier).
Gramment (grandement).
Grand (grandeur). — Ils se vêtoient de cottes et d’habits ensemble, car ils étoient aucques d’un grand et d’un âge.
Grave (grapin). — Pourvus d’échelles cordées, à graves de fer pour jeter sur les murs et attacher aux guérites.
Graves (lieux situés sur le bord des rivières et couverts de sables mouvans ; d’où gravier). — Il y a très mauvais pays à chevaucher pour les graves.
Greigneur (majeur). — Si se sauvèrent là greigneur partie.
Grésillon (chaîne). — Allemands contraignent les gentils hommes en double prison de ceps, de fer, de bois, de grésillons, etc.
Grever (faire du mal).
Grèves (guêtres). — Mes chausses et mes grèves sont jà toutes emplies de sang.
Grief (douleur). — De ce mal de dents avoit-il si grand grief que merveilles étoit.
Griefté, grièveté (malheur, choses graves). — Le peuple de Calais qui a souffert moult de grieftés.
Grièver (faire mal). — Autant bien leur griève l’odeur de la mer comme elle fait aux gens.
Grigne (mécontentement). — Il fut informé des grignes qui étoient entre le prince et lui. — Ainsi étoient en grignes le prince et les seigneurs de Gascogne.
Grigner (grincer). — À ce point grigna le roi les dents.
Grigneur, Greigneur, Gringnour (plus grand).
Grigneux (affligé, colère). — De ces réponses fut le comte tout grigneux.
Gris (petit gris). — Ils sont fourrés de gris.
Gros (monnoie). — Le vin n’y valoit que deux gros. — Un viès gros.
Guerdon, Guerredon (récompense).
Guerdonner (récompenser).
Guériter (garder).
Guerpir (quitter. Le composé déguerpir s’est conservé). — Voulez-vous ainsi laisser et guerpir la bonne cité de Paris ? — Ni oncques les chevaliers les étriers n’en guerpirent. — Ils eurent conseil emble qu’ils guerpiroient leur pays. — Pourquoi me voulez-vous guerpir et trahir.
Guerrier (guerroyer).
Guet, Gait, Gaite, Guay (guet).
Guiclier (homme à pied mal armé).
Guidement (conduite). — Ils chevauchoient au guidement de.
Guignée, Guignie (coignée, coup de coignée). — Lors commencèrent ils à férir de grandes guignées. — Tous tenants haches et guignies pour couper les bois.
Guisarme (pique armée d’une hache à deux tranchants). — Férus de grandes coustîlles et guisarmes.


H


Haatie (le même mot que atine, débat, querelle). — Haatie fut là prise entre le roi et le duc, pour cinq mille francs à gagner sur celui qui dernier seroit venu à Paris. — En cette haatie ni entreprise je n’y vois nulle raison.
Hâble (port). — Ils furent dedans cinq jours au hâble du Port de Portingal.
Hahay (tumulte, confusion). — Ils se boutèrent au hahay.
Haible (port, havre). — Il entra sauvement et sans péril au haible de Lisbonne. — Encore conquit-il quatre vaisseaux sur eux et les amena en sa compagnie au haible.
Haier (faire des haies, mettre en haie). — Chevaliers, écuyers et gens d’armes se haièrent tout autour du roi.
Haitié (sain, bien portant, en bonne santé, calme, en parlant de la mer). — Et entendirent les haitiés à remettre à point les navrés. — Ainsi s’en vinrent parmi cette mer qui lors étoit haitiée et montroit qu’elle eût grand’plaisance d’eux porter.
Hamelet (petit hameau).
Han (poignée). — Et empoigna son épée par les hans.
Hanap (grande coupe.) — Et tenoient en leurs mains hanaps d’or.
Hanste (manche de lance, bois de lance). — Il rompit la hanste de lez le fer. — Les glaives rompirent environ un pied en la hanste.
Hantable (qui hante). — Et pour ce qu’il étoit hantable de la ville de Gand.
Hante et hamp (bois de lance). — Et adonc prit-il la bannière par la hante.
Hantise (fréquentation). — La hantise fait l’amour.
Hardelée (trousseau, monceau). — Ils trouvèrent une grande hardelée de clefs qui là étoient.
Hardement, hardiment (hardiesse). — Tous et toutes se merveilloient du hardement du chevalier.
Hardoier (aiguillonner).
Harier, hérier (fatiguer).
Haro (bruit). — Le haro commença à monter.
Hart (gibet). — Sur la hart.
Haste, hanste (broche, bois d’une lance ; de hasta). — Et lui rendirent la bannière par le hanste.
Hastéement (promptement). — Il savoit que hastéement auroit autres nouvelles de lui.
Hasterel, haterel (cou). — Il fut saigné au hasterel, ainsi comme ils ont d’usage à faire leurs saignées en Lombardie, quand ils veulent à un homme avancer sa fin.
Hâtement (en hâte).
Hâter (poursuivre). — Ils étoient là si près hâtés, qu’ils n’osoient ouvrir leur barrière.
Haterel (cou, nuque du col), — Et lui fut mis le dit collier de fer au haterel. — Là fut consuivi d’un coup de glaive au haterel.
Hatie et ahatie (querelle). — Vous devriez mieux aimer là généralitè de votre royaume, dont vous vivez, que les paroles, haties et présomptions de deux chevaliers.
Hâtiveté (précipitation). — Non par bobaut ni par hâtiveté, mais par avis et par humilité.
Haulmier (faiseur de haulmes, armurier). — Et fesoient ouvrer les Parisiens nuit et jour ces haulmiers.
Haustre (hautain). — Tant savoient crueux et haustres les Londriens. — Les Londriens sont crueux et haustres.
Haustrement (hautainement). — Le comte maréchal a trop dur parti, car on lui a baillé haustrement sa peine.
Hautaineté (hauteur, fierté). — Il le sentoit de grand’hautaineté.
Hauteresse, hasteresce (hauteur). — Et le prince de Galles les perdit par sa hauteresse.
Hautiereté, hastiereté (hauteur). — Le roi Philippe de France et le roi Jean, son fils, les avoient perdus par hastiereté ; aussi fit le prince.
Havelle, havène, havre (havre, port). — La greigneur partie étoient envoyés des ports et des havènes d’Angleterre.
Haver (creuser). — Et commencèrerent à haver et à piquer de pics et de hoyaux.
Havet (crochets). — Ils avoient grands crocs et havets de fer tenant à chaînes.
Haye (rangé en haie). — Et étoient ces 800 chevaliers hayés et rangés d’une part et d’autre.
Héent [ils] (ils haïssent). — Ceux de Bruges nous héent.
Héoit, hayoit [il] (il haïssoit). — Tel hayoit le père qui servira le fils.
Herbergage (logement, auberge). — À ces tours avoit bon herbergage.
Herberge (gîte ; mot resté en allemand, pour désigner les auberges où descendent les ouvriers).
Herberger (donner asile).
Héréditablement (en héritage).
Hérier (hériter). — Le duc de Guerles hérioit sa belle tante la duchesse de Brabant et son pays.
Hérier, harier (maltraiter). — Monseigneur le roi me hérie et me veut hérier.
Hérite (hérétique). — Vous répondrez que vous êtes hérite ; et tenez bien cette opinion.
Herle (volée de cloches). — Sonner leurs cloches à herle.
Herlos (maraut). — Et tu, herlos, en veux-tu parler ?
Hermi [mois de] (août ; les Allemands disent hey-monath, mois de la fenaison pour le mois de juillet. Il est probable que Froissart se sera servi du mot allemand ou plutôt du mot flamand francisé). — L’air au dehors étoit malement chaud, ainsi comme il est au mois de hermi. (Le comte de Foix mourut en effet le 12 août.) — Il étoit en plein le mois de hermi que le soleil par droiture étoit en sa greigneur force.
Heut [il] (il eut).
Hideur (crainte ; d’où hideux, qui fait hideur, qui fait peur). — Il entra en hideur et aima plus à être occis que ars.
Ho (arrêt). — Il n’y a entre eux nul ho.
Hocher (remuer). — Et quand il le trouvoit dormant, il lui hochoit son oreiller.
Hoder (fatiguer). — La guerre à ses gens le hodoit, ni oncques ne s’en chargea volontiers. — Les Anglois en étoient tout hodés et lassés. — Il même étoit si hodé et si pesant.
Hogue (port, havre).
Hoir (héritier).
Hokeco, hoquebot, hokebot (bateau). — Sans les barges et les hokecos.
Hom (homme). — Es-tu gentil hom ? Et le bâtard dit : Oil.
Houchié (couvert de housse). — Il avoit coursiers parés et armoyés et houchiés des anciennes armes de Coucy, et aussi de celles que il porte pour le présent.
Honnir (faire du mal, vexer, maltraiter). — Il les honniroit s’il pouvoit. — Le roi de Navarre honnissoit tout le pays. — Le roi avoit honni son royaume.
Hoppelande (houpelande). — Vêtu d’une povre et simple hoppelande.
Hoqueton (vêtement mis par-dessus l’armure).
Host (armée ; de hostis).
Hostagerie (otages, fonction d’otage). — Il envoya trois cents des plus notables à Lille et à Douay en hostagerie.
Hostagier (otage).
Hosteler (loger en hôtel). — Après qu’ils furent là venus et hostelés.
Hostoier (guerroyer, faire la guerre). — Car les montagnes de Navarre sont trop froides en hiver pour hostoier.
Hôtelaire (maître d’hôtel). — Il fut ordonné que nul hôtelaire en son hôtel ne mit hors de voie, par manière de convoitise, arcs ni sagettes.
Houer (se servir du hoyau).
Houète (pic). — Ceux du Franc de Bruges étoient armés la greigueur partie de maillets, de houètes et de chapeaux de fer.
Houille (houe).
Houilleur (ouvrier qui se sert de la houille ou houe).
Hour (échafaud). — Là étoit l’appareil ordonné très grand de loges et de hours, ouvrés et charpentés pour la roine et les dames.
Hourdé (escorté). — Lui bien hourdé de cent lances et de bonnes gens d’armes.
Housé (chaussé). — Et se mettoient-ils plusieurs au retour mal montés, mal housés et tous descirés.
Housse (pantalon ; les Anglais ont conservé hose, caleçon et bas).
Houssé (botté, couvert de housse). — Il se mit en chemin tout de pied, houssé et éperonné. — Ainsi étoient-ils vêtus et houssés dessus leurs armures et tout parés de leurs pleines armes.
Houssement (housse). — Parés de leurs armes dont les houssements alloient jusques à terre.
Housseaulx (guêtres ; de housse, bas).
Hoyer (creuser avec le hoyau).
Hu (bruit). — Le cri et le hu en vint jusqu’à l’ost.
Huche (coffre).
Hucher (appeler). — Il hucha un huissier ; on ouvrit l’huis de la chambre.
Huée, huyée (bruit, réputation, cri). — Sur tous en avoit là huée le gentil chevalier messire Gautier de Mauny. — Là eut grand’huyée des Anglois.
Huer, huier (crier). — Je me repens de ce que j’ai huié et fait huier mes chiens sur lui. — Cil méchant peuple huoit si haut que il sembloit que tous les diables d’enfer fussent entre eux.
Huis (porte). — Si brisèrent les huis.
Huiseuse (oisiveté). — Il convenoit qu’il se retrait de ses jeunes huiseuses.
Hunes (bord). — Si étoit la hune trop roide.
Huron (paysan). — Grand foison de hurons qu’on disoit mineurs.
Hus (bateau).
Hutin (bruit).
Hutiner (faire du bruit).
Huy (aujourd’hui).
Huyée (cri ; de huer, crier). — Là eut grande huyée des Anglois.


I


Iaue, iaulve, iawe (eau).
Idoine (propre à).
Illuec, illec (là).
Impétrer (obtenir). — Pour impétrer qu’on les pût combattre.
Impositeur (percepteur de l’impôt).
Incrédible (incrédule). — Pour venger les souffrances Notre Seigneur et détruire les incrédibles.
Incoulper, inculper (accuser).
Inditté (informé). — Quand il eut bien inditté et instruit son varlet.
Infortunité (infortune).
Inobédience (désobéissance).
Inquisité (recherché). — La chose fut examinée et inquisitée.
Ire, ireur (colère).
Iré (courroucé). — Pour laquelle chose il étoit moult iré.
Ireusement (avec colère, en colère). — Il prit une épée et s’en vint ireusement assaillir ce dit ours. — Quand elle fut venue, elle la nomma par son nom, et lui dit moult ireusement.
Ireux (emporté).
Issir, istre (sortir).
Isnelle (léger).
Isnellement (rapidement).
Issue (sortie, race). — Si fesoient souvent des issues sur les gens du comte d’Armagnac. — Ceux étoient de son issue et de son conseil.
Ist (sort ; de issir). — Ne vous ébahissez pas si grand peuple ist de Bruges contre vous.
Istiez [que vous] (sortiez). — S’il convient que vous en istiez en trouble, vous y entrerez en joie.
Istreroit [il] (il sortiroit ; d’issir). — Et eut le roi conseil que il istreroit pour parler à eux.


J


(déjà).
Jà-soit-ce-que, jassoit-ce-que, jassoit-que (quoique).
Jake (jaquette).
Jaque (casaque mise sur la cuirasse, justaucorps). — Et avoit vêtu un noir jaque de velours qui moult l’échauffoit.
Jongle (conversation). — Atant rentrèrent-ils en autres jangles.
Jangler (plaisanter).
Jengle (plaisanteries). — Garçons montés par leurs jengles et par leurs bobans en honneurs.
Jeuer (jouer). — Ainsi que enfant jeuent et s’ébattent.
Jeu parti (jeu bien partagé). — Et quand ils se voyoient à jeu parti au plus fort de leurs ennemis.
Jeuwiaux (joyaux). — Et l’avoit le duc enrichi en bons jeuwiaux en or et en argent.
Joiel (joyau). — Si se douta à perdre si riche joiel que le bassinet du roi, qui étoit estimé à tant de florins.
Joignant, joindant (près de). — Et leur convenoit passer assez près de Clermont, joignant des fossés et des murs.
Joïr (jouir). — Vous ne pouvez paisiblement joïr de la couronne fors par bataille.
Joli (joyeux, gai). — Il en fut toujours plus lie, plus gai et plus joli. — Et sachez bien qu’il n’y avoit si preux, si riche, ni si joli, qu’il ne fût en grand effroi de lui-méme.
Jolier (rendre joli). — Tous s’efforcèrent à jolier leurs vaisseaux.
Jolier [se] (s’orner). — Lors s’armèrent et se jolièrent plus de vingt mille Parisiens.
Jolieté (gaîté). — Quelque bonne prise, dont nous étoffions nos jolietés.
Joliettement (élégamment). — Et se demenoient joliettement sur leurs chevaux.
Joliveté (gaîté). — Si pussiez voir entre ces nouveaux chevaliers toute joliveté et apperteté.
Jou (je). — Ainsi fui-jou informé.
Jone (jeune). — Le jone roi de France étoit au gouvernement de ses oncles.
Jouée (soufflet sur la joue). — Il lui donna une jouée.
Jouel (joyau).
Journée (voyage). — Ni aller à Lille à leur journée.
Josne, jovène (jeune).
Juponnier (feseur de jupons).
Jupper (appeler). — On n’oyoit mais ni crier, ni jupper, ni renommer aucunes enseignes ni aucun seigneur.
Jus (à bas). — Toutes autres choses mises jus.
Justicier (condamner).
Jut [il] (de gésir) ; il resta.


K


Kai (quai).
Kas (machine de guerre).
Kieute (tapis).


L


Labouré (travaillé). — Nous avons tant fait et labouré envers ceux de nos métiers.
Lai (legs). — Il y pensa et fit ses lais. — Après tous ces lais ordonnés et laissés.
Laier (laisser).
Laigne (bois). — Autant que on apporteront de fagots de laigne on auroit de blancs.
Laira [il] (il laissera).
Lairay [je] (je laisserai).
Lairoient [ils] (ils laisseroient). — Ils eurent conseil qu’ils n’en lairoient nuls entiers.
Lairoit [il] (il laisseroit).
Lame (cercueil). — La cause a été pour embellir sa lame et sépulture.
Lancer (attaquer avec la lance).
Landevère (digue ; des deux mots allemands, land wehr, défense du pays. On l’applique à une levée d’hommes armés). — Nous avons plusieurs bonnes landevères, ce sont bons fossés ou digues. — En tournant et en environnant cette landevère ils trouvèrent une frète (passage).
Langager (parler, pérorer). — Le prince parloit et langageoit pour lui. — Ainsi que on langage d’armes ensemble.
Langagier (parleur). — Un sage et vaillant homme et beau langagier.
Langour (langueur). — Quand il fut chu en maladie et en langour.
Langue-fride [le] (mot traduit de l’allemand, land fried, paix du pays ; c’est une sorte de garde nationale).
Large (généreux).
Largesse (espace large, libre). — Nous prendrons la largesse des champs aussi bien que nos ennemis ont fait.
Larrecin (larcin).
Larrecineusement (furtivement).
Lascheté, lasqueté (lassitude, lâcheté). — Les autres par laschetë traînoient leurs épées. — On y avoit vu et trouvé tant de lasqueté que on avoit petite fiance en eux.
Latinier (interprète). — Et furent bien examinés des latiniers du roi. — Par le moyen d’un latinier qui remontroit les paroles de l’un à l’autre.
Léans, laiens (là-dedans).
Legaulx (légats). — Or vous parlerons des légaux de Béarn et de Foix
Légier [de] (aisément). — De légier ils recouvreroient la ville.
Légit [il] (il lut). — Il reçut les lettres et les légit.
Légy [on] (on lut). — Depuis on légy tous ses forfaits pour lesquels il recevoit mort.
Letton (fer ; on dit encore fil de laiton). — En son vivant en beau letton il le fit former et tailler.
Lez (côté).
Li (les, à lui, à elle). — Li uns comme li autres.
Lie (joyeux).
Liement (joyeusement).
Liesce (joie).
Lige (lié par une obligation féodale).
Ligement (en hommage lige).
Lignage (famille). — Les grands bourgeois de Rennes qui étoient tous d’un lignage.
Ligner (aligner). — Comme s’ils l’eussent ligné à la cordelle.
Lin (vaisseau de ligne). — Et se boutèrent en un lin en mer. — Si fit appareiller un vaissel, qu’on appelle lin, qui va par mer de tous vents et sans périls.
Linceu (drap de lin). — Flambe ardente se bouta en ce lit, entre les linceux.
Liné (fait d’étoffe de lin). — Les chemises linées et poyées étoient joignant à la chair.
Linfar (mot traduit de l’allemand, leicht fertig, méchant, prêt à tout).
Lique (espèce de bâton).
Lisirent [ils] (ils lurent ; de lire).
Lisit [il] (il lut). — Le chanoine lisit ces lettres. — On lisit ces lettres.
Litteron (petit lit). — En ce solier avoit un povre litteron, où les enfans de la povre femme gissoient.
Livré (soigné, nourri). — Et étoient leurs chevaux mal logés et mal livrés.
Lobe (moquerie, tromperie, ruse). — Mais lui fesoient très bonne chère et le tenoient de gengles et de lobes. — Et le menaçoit tant par lobes que.
Lober (railler). — Je ne le dis mie pour vous lober.
Loer, louer (conseiller, louer). — Je loe donc que nous chevauchons. — Le royaume vous loué-je vider. — Je me loe des Bretons.
Logette (petite cabanne).
Loi [la] (la magistrature). — Quand il eut renouvelé la loi, et de tous pris la féauté et hommage.
Loien (lien). — Quelques traités ni quelques loiens de paix ni d’accord qu’il y eut.
Loier (attacher, lier). — Sa nef étoit forte et bien loiée. — Si son cousin prenoit sa fille il se loieroit avec lui de toute sa puissance.
Loier (récompense).
Loiré (de loirre, terme de fauconnerie). — Un de ses faucons étoit loiré, pour les aigles.
Loirre (leurre, terme de fauconnerie). — Et n’ai loirre de qui je le puisse réclamer.
Loirrer (leurrer, terme de chasse).
Los (louange). — Acquérir honneur, los et prix.
Losengier (flatteur). — Comment haineux et losangiers s’avancent de parler outrageusement sans cause.
Loyer (récompense). — Mais pour ses vaillances il en eut en la fin ce loyer.
Loyer (lier). — Et loyèrent le comte Guy de Blois si avant en paroles, eh lettres et en scellés comme faire le pussent et sçussent.
Loudier (manant, paysan). — Un fort loudier qui l’avoit vu passer.
Louer (conseiller).
Lubriquement (légèrement). — Ce duc de Bretagne s’acquitta lubriquement et faussement envers le comte et nos gens. — Le roi de Portingal s’étoit lubriquement porté envers eux.


M


Mahomet (mécréant). — Et n’avoit oncques nul mahomet d’encoste lui.
Maieur, mayeur (maire ; on dit encore lord mayor en anglais). — Si dirent au maieur de la Rochelle. — En la ville de Londres avecques le maieur a douze échevins. — Il demande le mayeur de Londres.
Maimbourg, mainbourg, mambourg (tuteur, gouverneur).
Maimbournie (tutelle). — Le roi de France, leur oncle, en devoit avoir, au nom des enfans, la mainbournie.
Mainner (mener). — Ce conseil le mainne ainsi qu’il veut.
Mains-né (puiné).
Mairain, merrain, merrien, meirrein (bois de charpente).
Mais (jamais plus). — Ils ne pourront mais aller plus avant.
Mais que (pourvu que).
Maisonnelle (petite maison, maisonnette). — Une pauvre maisonnelle enfumée.
Maisnie, maisgnie, maisgniée, mesnie, menée (suite). — À privée maisnie ; c’est-à-dire avec peu de suite.
Maître, mire (médecin).
Maistrier (dominer, maîtriser). — Pour maistrier ceux de Paris s’il besognoit.
Maladieux (maladif).
Malandrin (enchanteur, mauvais homme). — Or regardez la nature des malandrins de ce pays.
Mal-dit (maudit).
Male (méchant, mauvais, mauvaise). — Il vouloit les males gens combattre. — Males gens, vous me priez l’épée en la main, — La journée fut grande assez et male, car elle coûta depuis deux cent mille vies.
Malement (beaucoup). — Ces murs étoient hauts malement.
Malle (mauvaise). — Il n’y vouloit mie nourrir toute la haine et malle amour que il pourroit bien.
Malivolance (malveillance). — Encore se sentoit-il en la malivolance et haine du roi de France.
Maltalent, mautalent (mauvaise intention, mauvaise volonté). — Il leur pardonneroit son mautalent.
Maltoulte (maltôte, d’où maltôtier ; de tollir, enlever : chose mal à propos, injustement enlevée).
Malvoise (vin de Malvoisie). — Vins du Rhin, de Poitou, de France, Garnaches, Malvoises, etc.
Manant (habitant, qui demeure). — Huit mille ou neuf mille manants, que bourgeois, que gens de métier. — Les hommes manants ès cités et bonnes villes ne sont pas usés ni accoutumés de guerroyer.
Mandement (commandement).
Manerier (connaître la manière).
Mangonneau (machine à jeter des pierres, et pierre lancée par cette machine).
Mansion (demeure, habitation ; à Londres le palais du lord-mayor s’appelle encore mansion-house). — Et établirent mansions et logis pour eux et leurs chevaux. — Puis retournèrent à Lourdes leur principale mansion.
Manteau (machine de siége pour mettre les soldats à couvert).
Marchander (commercer). — Les cités et bonnes villes avoient bien dit au duc que vivre et marchander les convenoit.
Marche (frontière). — Si rapporta un sauf-conduit pour durer tant comme ils seroient sur la marche.
Marchir (borner). — Northonbrelande et Galles qui marchissent assez près de là.
Marchissant (limitrophe).
Marès (marais), — Ens uns grands marès qui là sont.
Marescaux (maréchal).
Mareschaussiée (prison près de Londres, Marshalsea).
Marine (rivage de la mer). — En suivant la marine. — De la marine de Gravelines jusqu’à l’Écluse.
Marle (marne, pierre).
Marmouserie (folie). — Et entra en une telle marmouserie que le plus du temps il alloit tout seul parmi la ville de Gand.
Marmouset (fou, favori), — Je n’ai vu nul haut seigneur qui n’eût son marmouset. — Pointez bien la chose avant pour donner cremeur au roi et à ses marmousets aussi. — Trop avoit cru au conseil de ses marmousets, parquoi son royaume avoit été en grand branle.
Maronnier (matelot). — Et exploita tant le maronnier, à l’aide de Dieu et du vent, qu’ils vinrent à Douvre. — Et disoient les Gascons à leurs maronniers.
Martinet (machine à lancer des pierres).
Martirer (martyriser). — Le roi fesoit ses gens navrer et martirer sans raison.
Mas (maison des champs).
Masuyer (fermier, qui habite un mas).
Mat, Mate (mort, faible, abattu ; de l’espagnol matar, tuer. On dit encore échec et mat). — Si ne pouvoient aller avant, car ils étoient si mates et si faibles.
Maucréer, Maucrier (croire le mal ; on dit encore maugréer, maudire). — Les Escots étoient maucriés.
Maufait (méfait). — Plusieurs larcins et maufaits.
Mautalent (mécontentement).
Mautalentif (mécontent). — Et se retrairent vers les logis tout mautalentifs.
Mauvaisté, Mauvaisetié (malice).
Médicin, Mire, Maître (médecin). — En ce temps avoit au royaume de France un très savant et sage medicin.
Mediciner (donner des médecines).
Meïsmes (même).
Mélancolie, Merancolie, Merencolie, Merincolie (tristesse, chagrin). — Si en eut grand’merencolie.
Mélancolier, Merencolier (méditer avec tristesse, se fâcher). — Adonc musa-t-il sur ses besognes un petit, et quand il eut merencolié un espace. — Les Anglois se commencèrent à merencolier sur le duc qui point ne venoit.
Melancolieux, Merancolieux, Merencolieux, Merincolieux (triste, froid, chagrin). — Monté sur un coursier trop melancolieux. — De quoi messire Hervey fut durement merencolieux.
Mençongier (menteur). — Nous voulons être tenu pour mençongier et déloyal si, etc.
Menestrandie, Menestandrie (musique de ménestrels). — Et entra le jeune roi en la cité de Reims bien accompagné de menestrandies. — Grand’noise de trompes et de nacaires, tabours, cornets, et de toutes manières de menestrandies.
Ménestrieux (pluriel de ménestrel). — Il y eut là foison de ménestrieux.
Menre, Mendre, Maindre (moindre). — Trois cents autres hommes de menre état. — La cité de Toulouse n’étoit mie pour ce temps grandement menre que la cité de Paris.
Mentre (pendant que ; conservé en italien).
Mérir (mériter, payer, rendre suivant les mérites, rendre ce qu’on mérite). — Dieu vous puisse rendre et mérir le bien et honneur que vous me voulez faire. — Dieu le puisse mérir au roi et à son noble conseil. — Dieu le vous puisse mérir. — Dieu le vous puisse mérir au corps et à l’âme.
Merveiller [se] (s’émerveiller). — Tous et toutes se merveilloient de la grandeur de la bête.
Mès-aise (malaise).
Mes-avenir.
Mes-aventure.
Mes-chéance (mésaventure).
Mes-chéoir (arriver mal).
Meschef (malheur ; les Anglais ont conservé ce mot dans mischief).
Meschied. — À celui qui meschied on lut mésoffre.
Meschine (fille, domestique). — Il n’y avoit dedans fors menus gens, meschines et varlets.
Mesellerie (lèpre). — Il étoit si malade de mesellerie que il tomboit tout par pièces.
Meseau (lépreux).
Mes-fiance (méfiance).
Meshaigner, méhaigner (maltraiter, blesser). — Moult de morts, de meshaigniés et d’abattus.
Meshaing (mal, destruction). — Ils le couvroient de fiens, afin que on ne vit point le meshaing.
Mes-huy (aujourd’hui, à présent). — Je vous défends à non partir mes-huy. — Qu’ils ne m’envoyent mes-huy requerre. — Tenez-vous mes-huy et demain tout pourvus de vos armures.
Mesissent [ils] (missent). — Il ordonna que tous se mesissent en dévotion.
Mès-offrir (offrir mal).
Mesprendre (errer). — Et si mespris avoit envers lui, il lui amenderoit.
Mesquerdi (mercredi).
Message (messager).
Messenaire, Miessenaire (mercenaire.)
Messonner (moissonner). — Et a tout messonë et cueilli devant lui.
Mestier (besoin, en espagnol menester). — Si mestier étoit. — Une chose qui est en fleur, à greigneur mestier qu’elle soit près gardée que quand elle est contournée en fruit.
Mestrier (se rendre maître). — Pour ce que les Espaignols vouloient cette nef mestrier et l’avoir.
Mesuser (mal user). — Le roi Édouard en mesusoit.
Mesvenir (mésavenir).
Mète, Mette (limites). — Sur les mettes de Flandres.
Métiers (les quatre) de Bruges, qui étoient, selon Froissart : coulettiers (culottiers), verriers, bouchers, poissonniers.
Meurdre (tuer). — Toutes ses gens meurdre en leur lit.
Mie (pas).
Mirouer (miroir).
Mistrent [ils] (ils mirent ; de mettre). — Ces trois barons se mistrent au-chemin. — Ils se mistrent en ordonnance.
Mitre (monnoie). — Un pain n’y valoit que quatre mitres.
Moie, Moye (mien). — Je serai toujours appareillé de vous servir à votre honneur et à la moie. — Pour votre honneur et pour la moie.
Moie (monceau). — Adonc apportèrent-ils fagots devant la tente du roi, et en fit-on là une très grande moie. — Et là faire moies.
Moillier (épouse ; de mulier). — Et fit mourir sa moillier.
Moiste (humide).
Moleste (injure). — Et se doutoient qu’il en fit aucuns griefs et molestes à son pays.
Monadich (petit moine). — Un jeune écuyer breton moult bel enfant que on nommoit le monadich.
Monstre, Montre (revue de troupes). — Et tout ainsi comme venoient les gens d’armes ils faisoient leur monstre.
Monteplier (multiplier). — Les blancs chaperons étoient jà si montépliés.
Morel, Moreau (noir). — Monté sur un cheval morel.
Moresque (monnaie espagnole égale à un florin). — Et nous vous donnerons vingt moresques. Quand le hérault ouït promettre vingt florins.
Morille (peste). — Tous mourrons de cette povre morille et sans coup férir.
Morsel (morceau). — Sitôt que le chien eut mangé le premier morsel.
Motion (sédition).
Motte (monticule). — Et siéd cette église en une motte avironnée de grands arbres, de haies et de buissons.
Moullier (femme ; de mulier). — Quand sa mouiller fut couronnée à Reims. — Si votre moullier est d’Angleterre, quoi de ce ?
Moult (beaucoup).
Moustyson (saison du moust, vin doux). — Et moult souvent par trop boire, car c’étoit au moustyson, ils avoient la foire.
Moyenne (milieu, moitié). — Et attendirent à la moyenne de mars avant qu’ils entrassent en mer. — De l’entrée de mai jusqu’en la moyenne de janvier.
Moyenneté (médiation). — Pour parler au roi d’Angleterre à cause de moyenneté.
Moyeux (jaune d’œuf). — Pourvéances de biscuits, de farines, de moyeux d’œufs battus en tonneaux.
Mucer, Mucier, Mussier (cacher) — Maintenant me faut mussier.
Muer (changer). — Les temps ont bien mué de mal en pis. — Or sont depuis les choses muées autrement. — Et demeuroit chacun en sa teneur sans muer ni rendre forteresse.
Muir (si je) muire (je meurs ; de mourir). — Vive Henry et muire damp Piétre ! — Nous ne voulons pas que Gaston muire.
Muisteur (tempérament froid). — Il tient trop de la muisteur de la mère.
Murdre (meurtre). — Ils firent grands murdres. — Plusieurs autres murdres, larcins et maufaits. — Ce vilain fait et murdre les Génois l’aroient fait faire.
Murdrir (tuer). — Et tu me veux maintenant murdrir !
Murmuration (murmuré).
Murtrir (tuer). — Il fit occir et murtrir de nuit son frère.
Muse (musette, instrument de musique).
Muser (méditer). — Le roi qui pensoit et musoit fortement.
My (mes). — Le roi leur dit : my enfants.
My [en] (au milieu).


N


Nacaire (timballe).
Nager (naviguer). — Et il se fit nager outre l’eau. — Et les autres nageoient sur huis et sur claies.
Nave, nef (vaisseau). — Ils ont toujours cinquante que galées que grosses naves. — Il demeura sur mer en naves.
Navée, navie (flotte).
Naviage (office de navieur). — Il avoit acheté l’office des rivières et du naviage.
Navier (naviguer). — Et navièrent à rive pour venir outre la Tamise.
Navieur (marin).
Navire (commerce par eau). — Il avoit bouté le navire en une nouvelle dette.
Navrure (blessure). — De laquelle navrure il mourut.
Négromantien (nécromancien).
Nenni, nennil, nennin (non).
Nequedent (néanmoins, nullement).
Nequetant (pas même). — Ils étoient tous introduits que point ne parlassent du roi Richard, sur la vie, nequetant l’un l’autre.
Nice (ignorant). — Les plus nices et les pis armés.
Nient (pas ; d’où niente en italien).
Nient-mainst, nient-moins (néanmoins).
Nieps (neveu). — Beau nieps, puisque vous êtes si à puissance de gens d’armes.
Nigromance (nécromancie), — Voirement faut-il qu’il le sache par aucune voie de nigromance. — Ce châtel de l’Œuf ne fait mie à prendre ni à conquerre, si ce n’est par nigromance ou par l’art du diable.
Noer (nager, passer à la nage). — Et passèrent la rivière de Lesse au noer. — Si fuirent les anciens en la rivière qui la cuidoient noer.
Noige, nege (neige).
Noise (bruit).
Noient (rien) — Le séjourner ici ne nous vaut noient.
Non-caloir (négligence, nonchalence). — Il fait ce en non-caloir.
Noncier (annoncer). — Ils vinrent noncier au seigneur de Coucy tout ce que ils avoient vu. — Il en envoya tantôt noncier les nouvelles au duc de Lancastre.
Noncierre (messager ; comme emperière empereur).
Nonne (midi).
North (nord). — Grand foison de chevaliers et écuyers du north.
Notonnier (nautonnier).
Nourrisson (nourriture, éducation). — Et de telle nourrisson ils paissoient leurs chevaux un grand temps. — La jeune fille que le comte de Foix avoit en garde et nourrisson.
Nouvelleté (nouveauté).
Nuittie (nuitée). — Ainsi se porta cette nuittie.
Nulli, nullui (personne).


O


O (avec). — Et puis chevaucha o le demeurant de ses gens.
Occir (tuer).
Occision (meurtre).
Ocqueniseux (accablant, tuant ; d’occir). — La saison qui est si chaloureuse et si très ocqueniseuse du soleil.
Oez [vous] (vous entendez ; d’ouïr).
Oir (ouïr). — Ils orront.
Oiseux (oisif). — Les gens y sont tous oiseux et n’y font point de labour.
Oliettes (olivettes, petites olives).
Ombroier (se mettre à l’ombre). — Et s’en vinrent ombroier du long d’une baie.
Omniement (tous ensemble). — Ceux archers tiroient si omniement.
Opposite [à l’] (vis-à-vis).
Orains (à l’instant).
Ord, orde, ort (sale, gâté ; d’où ordure). — La terre étoit froide et orde. — Et leur remontra comment les Espaignols sont ors et pouilleux. — Par si ort temps, si froid et si pluvieux.
Ordenance (ordonnance).
Ordène (ordre, sacrement). — Il étoit religieux sans ordène.
Ordonnément (avec ordre).
Orent [ils] (ils eurent).
Oriflamme (oriflamme).
Oroloige (horloge). — Un oroloige qui sonnoit les heures vingt-quatre entre jour et nuit.
Os [je] (j’eus). — De la mort au fils du comte de Foix, os-je à mon cœur grand’pitié.
Ose (audace). — Il mit ose et hardiment ensemble.
Ost (armée).
Ostagerie (fonctions d’otage).
Ostagier (otage).
Ostil (outil). — Ostils de cuisine.
Ostillée (maison). — Moult fut toute l’ostillée du roi réjouie de la venue des dames.
Ostoier (guerroyer).
Ostour (autour, oiseau de proie). — Le seigneur de Milan m’envoya ostours et faucons.
Ostruce (autruche).
Ot (eut). — Et on ot autre conseil.
Ot [il] (il eut).
Ot [on] (on entend), — Ainsi que de nuit on ot moult clair.
Otel (semblable).
Ôterièmes (les pluriels en ièmes sont encore picards et normands). — Nous lui ôterièmes aussi bien que donné lui avons ; et metterièmes hors Jean de Bretagne son adversaire.
Otretant (autant). — Otretant bien a robeurs en mer, et plus, que par terre. — Confortez-vous sur ce, otretant que pour le présent.
Ottrier (octroyer).
Ou (dans). — Ens ou chastel.
Oultre-avolés (réfugiés).
Oultre-cuidé (téméraire, qui a de l’outre-cuidance). — Et sentoient le jeune sénéchal si oultre cuidé.
Ouniement (tout à la fois). — Ils contraignoient si ouniement le pays.
Outrageux (violent).
Outréement (d’une manière outrée). — Ils vouloient outréement que le duc vint à Gand.
Ouvrer (travailler).
Oyseuseté (oisiveté, futilité). — Il n’entend que à toutes oyseusetés et ses plaisances accomplir.


P


Pacti (composition). — Ils se mirent en partis à eux. — La somme de trois mille francs que Louis Rambaud avoit reçue pour partis des villages de là environ.
Paisson (pieu). — Et avoit envoyé ficher les paissons en terre.
Pal (pieu). — Et convient ce jeune enfant chevalier jouter de déliées lances encontre un écu que on aura mis en un pal en un pré.
Paleter (combattre aux palissades).
Paletis (combat aux palissades).
Palis (palissade). — Leur ville n’étoit fermée que de palis.
Palut (étang, marais). — Ils ne les pouvoient conforter, pour un grand palut d’eau et des marais qui étoient entre eux et les combattans.
Panneret (petit panier). — La finance étoit en quatre pannerets sur deux forts chevaux de somme.
Paour (peur ; de pavor). — Pour la paour de ceux de Gand. — L’enfant devint tout blanc de paour.
Papalité (papauté).
Par-accomplir (accomplir entièrement).
Par-achever (achever complètement).
Par-ardoir (brûler complètement).
Par-arse (brûlée complètement).
Paraulx (pluriel de pareil). — Deux faucons pèlerins si bons que on ne savoit point les paraulx.
Par-avant (auparavant).
Parchon (partage). — Et firent toutes leurs parchons et leurs livrées, ainsi que à faire assaut appartenoit.
Parclos (terminé complètement, conclusion). — Il disoient bien au parclos.
Parçon, Parchon, Pareçon (partage, portion, dot, proposition, arrangement). — Et puis fait échanges et parçons. — Et commença ledit cardinal à mettre parçons avant.
Parçonner, Parchonner (partager).
Parderrain (dernier des derniers). — Au parderrain, c’est-à-dire, enfin.
Pardoint (pardonne).
Parement (parade, parure). — Donc se départirent-ils de la chambre des parements. — Parées d’un parement semblable.
Parfaire (faire complètement ; d’où perfection et parfait).
Par-fin (fin).
Par-finir (finir complètement).
Parfon, Parfond, Parfont (profond).
Par-fournir (fournir complètement).
Par-honnir (maltraiter, détruire). — Si avoit plus cher à tout par-honnir que de être en péril ni en aventure de mort tous les jours.
Parlure (langage, parlement, conférence). — Pourvu de sens, d’honneur, et de belle parlure et de grand’largesse. — Le françois du quel les clercs de droit en les traités et parlures usoient.
Par-maintenir (maintenir complètement). — Il les pria qu’ils lui voulsissent aider à par-maintenir sa guerre.
Parmi (sous condition de). — Le roi accorda trêves parmi ce que le duc se mit, etc. — Parmi tant qu’ils envoyèrent.
Par-occire (tuer complètement).
Par-occis (tué complètement).
Par-occision (meurtre complet).
Paroi (muraille, mur). — L’huissier fit le commandement que toutes torches se missent en sus au long, près des parois.
Paroir (paraître).
Paroler (parler). — Je parole pour lui. — Vous oyez comment aimablement et loyaument le roi en parole.
Parperdre (perdre entièrement).
Parroche (paroisse). — Et je envoyerai les connétables des parroches.
Parrocheaux (paroissiens). — De belles églises parrocheaux ei autres.
Parroit [il] (il paraîtrait). — Que il y parroit quarante ans à venir.
Parsieuvir (suivre). L’intention du duc étoit telle, que hâtivement il parsieuvist son neveu et seroit en Avignon de-lez lui.
Par-soigner (soigner attentivement). — Si fût la dite ville de Béthune si bien défendue et parsoignée, que les Flamands n’y conquêtèrent rien.
Parti (séparé ; de partir, diviser en parts). — Et se mettroient en parti pour savoir si sur leur avantage ils pourroient rien conquêter.
Partir (partager, prendre part). — Ils s’étoient tous partis par connétablies. — Ils se partirent en trois connétablies. — Vous partirez à notre butin. — Ils partiront à nos absolutions.
Par-tuer (tuer complètement). — Si il fut chu par les rues l’eussions par-tué et défoulé de nos chevaux.
Par-vestir (vêtir complètement).
Pas (passage). Si furent tous les pas clos en Angleterre. — Et eût volontiers vu que les pas de Flandre lui eussent été ouverts.
Pâturer (paître). — Où les bêtes pâturoient.
Paumée (soufflet avec la paume de la main). — Et lui donna une paumée. — Si très tôt que j’entendis la parole, il me donna deux paumées.
Paumoyer (lancer avec la paume de la main.)
Pavais (bouclier).
Pavaisé, Pavaissié, Paveschié, Pavesié (couvert de pavois).
Pavement (pavé). — Sur le pavement de Bergerac.
Pavescheur (soldat couvert de pavois, bouclier).
Paveschier (mettre sur le pavois).
Pavois (bouclier). — Deux cents gras varlets à lances et à pavois.
Pelu (couvert de poils).
Pénéant (pénitent, fesant penance).
Penne (drap, velours). — Draps, robes, pennes et toutes autres choses dont ils pensoient à avoir profit. — Qui menoient or, argent, draps, pennes et toutes richesses prises et levées à Bruges.
Penniau (panneau de la selle, coussin qui se met à chacun des côtés de la selle, de pannum, drap).
Pennon (étendard).
Pennonceau (petit étendard).
Pennoncier (qui porte pennon). — Tous ces bannerets et pennonciers étoient de front.
Pensieu, Pensieuf Pensieux, (pensif). — Les ambassadeurs furent tout pensieux. — L’amiral de ces nouvelles fut moult pensieuf.
Perderiesmes [nous] (nous perdrions.) — Nous perderiesmes nos corps et le nôtre.
Perdesist [il] (il perdit). — Il ne vouloit mie être nommé par quoi il perdesist son fait.
Perpétrer (commettre). — Pas n’en encoulpons leurs maîtres, fors ceux qui les ont faits et perpétrés.
Pertuis (trou, ouverture). — Mais leur feroit-on faire un pertuis au mur.
Pertuiser (percer, d’ou pertuisane). — Quand ils eurent pertuisé le fort. — On perluisoit les murs.
Pétaux (paysans enrégimentés).
Petit (peu). — Petit admirent-ils votre puissance.
Pic (instrument pour creuser un trou).
Picot (piquet). — Ces ribaudeaux sont brouettes à longs picots de fer.
Picquenaire (soldat armé de pique). — Grand nombre d’arbalétriers, picquenaires et gens d’armes. — Ils avoient fait une embûche de plus de cent compagnons tous piqueuaires.
Pieds [entre] (embarrassé ; inter pedes ou sub pedibus ; expression proverbiale pour désigner un danger imminent).
Piétaille (piétons). — Neuf mille archers, sans la piétaille.
Pieur (pire). — Et élurent le pieur des mauvais pour roi. — Les François en eurent le pleur. — Si nous fussions Sarrasins ou pieurs, si ne nous pouvoient-ils pis faire. — Les plus outrageux et pieurs de leur compagnie.
Pigne (peigne).
Pigner (peigner).
Piloter (garnir de pilotis).
Pilots (pilotis).
Piment (vin de liqueur aromatisé).
Piqueter (piquer).
Pitable (plein de pitié). — Ils sentoient bien le comte si noble et si pitable.
Plaid (procès ; en anglais, court of common-plaids).
Plain (plat). — Ce beau plain pays d’Ostreyant.
Plain [le] (la plaine). — En ces beaux plains devers Ostrevant.
Plaindre (épargner). — Rien ne les plaignit.
Plaint (plainte). — Messire Tristan eut grands plaints de tous ses amis.
Plaisèrent (plurent). — Toutes ces choses plaisèrent grandement au duc de Bourgogne.
Plaisié, plasié (plu, charmé, de plaire). — Dont ii n’étoit mie plasié.
Plait (procès, querelle ; d’où plaider). — À peu de plait. ; — Il avoit eu plait en Avignon devant le pape pour les dîmes de l’église de sa ville. — Adonc fut Piètre du Bois accueilli de plait et sur le point d’être occis.
Planchon (pieu). — Et puis loièrent la corde à ce planchon.
Plançon (bois de lance, épieu, petit plant d’arbres).
Plate (métal, armure de métal). — Un coutel de plate. — Restreindre ses plates. — Le coup perça la targe, les plates et le hoqueton.
Piège (caution).
Piéger (cautionner, donner piège). — Le roi de Navarre piégea le seigneur de Labrette.
Pleige (caution). — Tu as pleige assez.
Pleinier, plenier (complet). — Et y fut le siége mis grand et pleinier. — Cour plenière.
Plenté, planté (abondance ; en anglais, plenty).
Plentureux, plantureux (abondant).
Plentureusement (abondamment).
Pleuve (pluie). — Les pleuves et le froid temps guerroieroient pour moi.
Plommée (massue de plomb). — Là furent férus de haches et de plommées.
Plorer (pleurer). La dame à genoux et en plorant lui dit :
Plus (la plupart). — Le plus des compagnons.
Pluviner (pleuvoir d’une manière fine). — Et tant pluvina jusques à prime.
Poesté (puissance). — De toutes les bonnes villes et des tenures, poestés et ressort de Flandre.
Poièmes [nous] (nous pûmes ; pluriel normand). — Nous les approchâmes de si près que bien poièmes parler à eux, et eux à-nous.
Poiez [vous] (pouviez). — Si par puissance vous les poiez tenir aux champs.
Poignamment (d’une manière poignante). — Durement et poignamment il avoit écrit aux commissaires du roi de France.
Poingneis, Poignis (combat ; du mot poing).
Poindre (piquer). — Il poignit son coursier des éperons.
Poindit [il] (piqua). — Si le poindit de l’éperon un petit avant.
Poindy [il] (il piqua). — Et poindy le cheval hâtivement. — Quand il vit qu’il poindy le cheval.
Point (moment). — Quând il vit qu’il étoit point de retourner.
Poiser (peser ; de poids : de là vient le nom de la rue Quinquempoix ou Qui-qu’en poise). — Il me poise. — Ce sont choses, quoique je les aie soutenues, qui moult me grèvent et poisent.
Polz (pouces). — Une grosse planche de chêne, épaisse de quatre polz.
Ponent (occident). — Les princes de la marche de ponent. — Il se fit chef de tous les François et des nations nommées le ponent.
Popelésie, popolésie (apoplexie). — Et commença fort à entrer en foiblesse de popelésie. — En disant que un défaut de maladie de popolésie, étoit prise au duc de Glocestre.
Porent [ils] (ils purent).
Posnée (orgueil). — Vous connoissez encore petitement la posnée des Gascons.
Possesser (posséder).
Postil (barrière, petite porte des villes). — Et il n’y avoit ouverte tant seulement que les postils.
Pot [il] (il put). — Il cuida retourner, mais il ne pot.
Pou (peu).
Poulaille (volaille).
Pouldrerie (poussière). — Par l’effort de leurs chevaux ils feroient si grand pouldrerie sur vous et sur vos gens.
Pouldrière (tourbillon de poussière). — Et chevauchâmes tant que nous vîmes devant nous les pouldrières de nos ennemis.
Pour (à cause de).
Pourchas (intrigue).
Pourchasser (tenter).
Pourmener (poursuivre). — Tant fut cet assaut continué et pourmené.
Pourparler (préméditer).
Pourpenser (penser, méditer).
Pourpointier (faiseur de pourpoints).
Pourpos (propos, plan). — Pour rompre le pourpos du duc de Lancastre.
Pourpris (enceinte, dépendance). — Il vouloit jouir de l’héritage et des pourpris d’Espagne.
Pourrièmes [nous] (nous pourrions, pluriel normand). — Pour toute notre puissance à présent n’en pourrièmes tant mettre ensemble.
Poursièvre, Poursuir, Poursuivir (poursuivre). — Je ne voulois mie séjourner de poursièvre ma matière.
Pouitraire, Pourtroyer (ressembler trait pour trait ; d’où portrait). — Trop bel écuyer étoit, et si pourtraioit de tous membres grandement au père. — Un clerc qui bien pourvoyoit au roi Richard de forme et de figure.
Pourvéance (provision, précaution). — Car il avoit de pourvéance les selles mises.
Pourvéy [il] (de pourvoir).
Pourvuement (complètement). — Et l’endittèrent sagement et pourvuement.
Pouvissent [ils] (ils pussent). — Et étoit son intention qu’ils se délivrassent de prendre Évreux le plus tôt qu’ils pouvissent.
Pouvoir [à] (à force). — Et toujours ces bacques passoient gens d’armes à pouvoir.
Poyé (enduit de poix). — Les chemises linées et poyées.
Prêchement (exhortation). — Ils mirent plusieurs devises et prêchements avant.
Prée (prairie). — Et sied en une belle prée où les gens vont ébattre en été. — Il suivit la chasse tant qu’il vint en une prée enclose de forts arbres.
Préfix (fixé). — Et furent tous en la cité de Chartres au jour qui préfix y étoit.
Preigne [qu’il] (il prenne). — Ne peut être que, sur le jour, ne les preigne et abatte.
Prélation (prélature). — Pour les nobles églises et les autres prélations qui y sont.
Premerain (premier ; comme derrain, dernier). — Choses qui sont si grandes ne se font pas aux premeraines requêtes.
Premier (d’abord). — Et si ce n’est premier fait.
Prendoient [ils] (de prendre).
Prensist [il] (il prit ; de prendre). — Que nul ne pillât ni efforçât maison ni prensist rien de l’autrui s’il ne le payoit. — Et louoit que on prensist la forteresse.
Presbiterien (prêtre). — Je, Jean Froissart, presbiterien et chapelain, à mon très cher seigneur dessus nommé.
Présompcieux, Présumpcieux (présomptueux).
Preu et Prou (suffisance, assez ; on dit encore : peu ou prou). — Dieu vous en laisse votre preu faire. — Messire Thomas, Dieu vous laist faire votre preu, cy et autre part.
Preudom (prud’homme).
Prime (première heure du jour).
Primes (avant). — Ci parle primes de la noble fête.
Prinçauté (principauté).
Princepce, Princepse (princesse).
Princeps (prince).
Principaument (principalement).
Prindrent [ils] (ils prirent). — Si prindrent congé de leurs gens. — Le bâtard et ses gens en prindrent quatre.
Privément, Privéement (en particulier).
Proesme, Proisme (parent le plus proche ; de proximus). — Car ses amis et proismes lui éloignoient.
Proismeté (proximité, parenté).
Promouvement (excitation, conseil).
Prouvante, Prouvende (prébende). — Six vingts à pleine prouvande.
Prudom (prud’homme).
Puent [ils] (ils peuvent). — Marchandises doivent et pueut par raison aller en tous pays.
Puepple (peuple).
Puissedi (depuis ; de puis-ce di, ce jour). — Puissedi furent eux tous payés de ce que les chevaux montoient.
Punaisie (puanteur). — Mais vouloit que tout fût ars et non pas la cité en punaisie.
Pust [il] (de pouvoir). — Et lui eût montré de fait volontiers si il pust.


Q


Quafe (coiffe). — Et demeura messire Regnauld tout nud, horsmis de quafe.
Quan, Quant (autant que, combien ; mot déclinable). — Il les honora quant qu’il put. — Ne sais quants jours. — Le roi fut ne sais quants jours à Creil.
Quarrel (carreau, trait).
Quarriau (carreau, javelot). — Il enterra dessus et y mit les quarriaux.
Quatir [se] (se reposer). — Toutes leurs blanches bêtes qui là se quatissoient. — Ils étoient quatis et arrêtés en vieilles maisons.
Quel (de qui). — Les seigneurs par quel conseil ils étoient là venus.
Quérir (chercher).
Queu (cuisinier). — Ils vouloient avoir leurs queux qui leur administroient après leurs goûts et leur appétit.
Queure [que il] (de courir). — Vous vous mettez en aventure que le peuple de ce pays vous queure sus.
Queurt [il] (court ; de courir). — Sur cette belle rivière qui queurt à Hosque. — La rivière d’Orne qui queurt à Caen.
Quingnie (cognée). — Ceux qui étoient pourvus de haches et de quingnies.
Quis (cherché). — Ce Philippe fut tant quis. — Si fut quis et la lettre fut trouvée sur lui.
Quist [il] (il chercha). — Et quist un moyen en Angleterre pour adresser les besognes.
Quistrent [ils] (ils cherchèrent).
Quittement (tout-à-fait quitte). — Ils se rendirent quittement et purement.
Quitter (tenir quitte).
Quoi (tranquille).
Quoiement (tranquillement).
Quointoyer (parer, faire cointe). — Tous s’efforçoient à jolier et quointoyer leurs nefs.


R


Rachapter (racheter). — Point ne se vouloient rachapter ni rançonner.
Racointer (rapprocher). — Vous en irez par delà et vous racointerez de vos gens et de votre pays.
Raconsuir (atteindre, poursuivre).
Raconvoyer (accompagner).
Radant (rasant avec vitesse). — Et s’en venoit radant le pays.
Radement (en rasant).
Radrecier (redresser).
Rajoindre (rejoindre).
Raller (aller de nouveau, ou en arrière).
Ralliance (autour duquel on se rallie). — Il étoit des Escots le confort et la railiance.
Ramender (amender).
Ramentevoir (rappeler). — Il n’y eut fait nul exploit qui fasse à rameutevoir. — Et je le vous ramenteverai quand nous serons venus jusques à là.
Ramposner (défier par des bravades). — Le comte l’avoit ramposné. — Et dit encore en ramposnant plus avant.
Randon (impétuosité). — Ils s’entrencontrèrent de grand randon et rompirent leurs lances. — Puis coururent de grand randon jusqu’aux tentes. — Ils férirent chevaux tous d’un randon, c’est-à-dire avec la même impétuosité.
Randonner (aller impétueusement). — Férant chevaux des éperons quant qu’ils pouvoient randonner.
Raplegier, repleger (servir de plège, de caution).
Rapoyer (appuyer, soutenir). — Les navrés rapporter ou rapoyer.
Rasouer (rasoir). — Je vous baillerai à Jausselin qui vous fera vos barbes sans rasouer.
Rate (portion ; en anglais rate : at the rate of). — Chacun pour sa rate.
Ratel (herse placée aux portes). — Ils laissèrent avaler le grand ratel.
Ratenrir (rattendrir).
Ravaler (redescendre). — Et ce cerf ravaloit par dessus les bois.
Ravigorer, revigorer, resvigourer (fortifier).
Ravine (rapidité). — Ces archers d’Angleterre traioient de tel ravine que grand hideur étoit à regarder. — Si s’encontrèrent de telle ravine. Ravoir (avoir de nouveau, reprendre). — Votre messager vous le ravez. — Ils ne se pouvoient ravoir.
Ray (rayon).
Rayant (rayonnant). — Ce soleil d’or rayant étoit la devise du roi.
Rayer (briller). — Et le soleil rayoit sur les bassinets bel et clair.
Rebellement (rébellion). — En ces jours que ces aventures avilirent et ces rebellements du peuple en Angleterre.
Rebeller (révolter).
Rebombe (rebond). — Et du rebombe qu’ils firent.
Rebouter (repousser).
Reboutis (action de rebouter).
Rebracié (relevé, retroussé, prêt à agir). — Chacun étoit appareillé et rebracié pour faire ce que bon étoit. — Le roi Robert d’Écosse étoit un grand bon homme, à uns rouges yeux rebraciés qui sembloient fourrés de sendal.
Recepter (accueillir ; d’où réceptacle).
Reconvoyer (accompagner).
Record (récit). — Que vous ferois-je long record ?
Recordance (mémoire).
Recorder (raconter, rappeler).
Recouvrer [se] (réparer).
Recouvrier, recueuvre, recouvrer, recouvre, recouvrée, recouvrance (remède, dédommagement). — Je n’y vois point de recouvrer. — Si n’en eurent oncques restitution ni recueuvre du roi de France. — Des quels dommages ils vouloient avoir recouvrée.
Recrandesist [il se] (il se rendit, de guerre lassé, s’affaiblit). — Et si un cheval des leurs recrandesist ils ne l’attendoient point.
Recréamment (mollement). — Oncques gens ne furent, qui plus lâchement et recréamment se maintinrent.
Recréance (soumission, reddition).
Recréant (caution). — Il est demeuré à Burse sur recréant du sire de Metelin.
Recréant (fatigué, las). — Par quoi on ne dit pas que les François fussent froids ni recréants de faire ce voyage.
Recréer (délivrer). — Je vous recréerai sur votre foi.
Recreu (affaibli, mis en liberté sur parole). — Ceux du Châtel ne furent oncques si recreus, combien qu’ils fussent travaillés outre mesure. — Comme lasches et recreus.
Recueillette (lieu où on peut se retirer, se mettre à l’abri, lieu où on se réunit, réception). — Mettons-nous à recueillette et sauveté au châtel de Plancy. — Après ces recueillettes qui furent moult honorables.
Recueillir (accueillir).
Recueuvrer (renouveler ses forces). — Et puis recueuvre et le fiert au chef.
Reculer (faire reculer). — Il et ses gens reculèrent tantôt les compagnies.
Recullis (retraite). — En ce recullis fut délivré messire Eustache.
Redonder (affluer, retomber). — Le royaume de France où tous les biens de ce monde redondent. — À mal nous redonderont les haines de Jean Lyon et de Gisebrest Mathieu.
Réfection (réparation ; d’où réfectoire). — Sage homme pour entendre à la réfection de la ville et du châtel. — Je laisse à la chapelle Saint-George, pour les réfections.
Refraindre (retenir). — Pour ce ne se refraignirent-ils pas de assaillir.
Refroider (refroidir). — Ne nous refroidons pas de faire la guerre. — Ils regardèrent que cet assaut ne refroidoit point.
Refuite (refuge). — Il savoit les adresses et les refuites du pays.
Regard (gardien). — Le roi envoya le sire de Beaujeu pour être regard. — Il fut ordonné à être regard de toute la terre de Northonbrelande.
Regard [au] (en comparaison de).
Régime (gouvernement). — Qu’on lui baille le régime du royaume d’Angleterre.
Règlement (avec règle). — Non pas si règlement comme ils étoient avalés.
Regracier (remercier). — En le regraciant du secours que fait lui avoit.
Regrigner (s’impatienter). — Les François regrignoient moult de ce que tant duroient les dits Anglois.
Relater (raconter ; en anglais, to relate ; en français, relation). — Ils lui relatèrent la besogne. — Et relata son message bien et duement.
Relaxer (remettre ; conservé en jurisprudence). — Si fût cette journée relaxée jusques à une autre fois.
Relevée (heure du soir). — Et vint à une relevée à l’hôtel d’Artois à Paris.
Religion (ordre religieux ; la même acception s’est conservée en portugais). — Toutes les religions vinrent à processions de la cité.
Relinquir, relenquir (abandonner). — Et remontra grand mautalent à aucuns bourgeois de ce que sitôt l’avoient relinqui. — Voulez-vous que je relinquisse mon naturel seigneur pour telle merdaille que vous êtes ?
Remaindre (rester sans être terminé, être délaissé). — De ce que fol pense, assez remaint.
Remanoir (rester). — Il ne peut remanoir qu’il n’y ait besogne.
Remariage (deuxième mariage).
Remembrance (souvenir). — Et pour ce qu’il fut remembrance de la bataille on fit là une croix de pierre ; velà la.
Remenant, remanant (reste).
Remérir (récompenser, mériter). — Et vous seront bien reméris les bienfaits que faits aurez. — Si s’en suivoit bien qu’il en remérist le guerdon.
Remiré (pansé ; de mire, médecin). — Si fut Gauvain Micaille désarmé et remiré.
Remirer (regarder avec grande attention à plusieurs reprises).
Remontée, remontiére [la] (heure de remontée, après midi). — Sur la remontée ils retournèrent en leurs logis.
Renchut [il] (il retomba ; de cheoir, enchoir, r’encheoir). — Il eut plusieurs maladies qui lui sourdirent et où il renchut.
Rendage (reddition). — Après le rendage de Saint-Valery.
Renié (renégat). — À plusieurs grands pillards françois reniés ils firent trancher les têtes.
Renoif (neuf renouvelé ; dans le Berry au 1er mai les enfans vont encore criant : le-gui-an-neuf !) — Si se délogèrent à lendemain de l’an renoif.
Reparer, repairer (s’approcher, s’avancer, aller ; les Anglais l’ont conservé : to repair, se rendre vers). — Plusieurs chevaliers et écuyers repairoient entour le roi et entour la cour, ainsi que gens d’état repairent volontiers entour leur seigneur. — Ils reparoient dessus les murs.
Repons (placé : repositus). — Si vous n’y avez mis ni repons nulle embûche.
Repos (berceau). — La femme s’ensoigna entour le feu à un autre petit enfant qui gissoit en un repos. — Et trouvèrent le repos où le comte avoit été mis d’enfance, et le dépecèrent pièce à pièce.
Repost (secret, caché). — En appert et en repost nous ne ferons ni ne dirons. — Jean Balle et Jacques Strau furent trouvés reposts en une vieille masure.
Reprochement (reproche).
Reprouvender (approvisionner). — Vous faites grand’aumône quand vous reprouvendez et reconfortez le pauvre et affâmé peuple de Gand.
Repus (caché, retiré). — Messire Waflart qui s’étoit bouté et repus entre marais et roseaux.
Requérir (attaquer). — Puis requirent les François vivement.
Requoi, requoy (secret). — Si en parlèrent entre eux en plusieurs manières, non en public, mais en requoi. — Ainsi disoient les plusieurs en requoi l’un à l’autre. — Si furent plaints en requoi. — Et bien disent en son requoi et en son conseil.
Rère (raser). — Lors fit-il venir son barbier et se fit rère tout jus.
Resacher (retirer).
Resané (guéri ; de sanus, sain).
Resbaudir (réjouir).
Rescous (de rescoudre délivrer). — Et les rescouez si vous voulez ou pouvez.
Rescouser [se] (se réunir). — Le jour de la Notre-Dame a une foire en cette ville où tout le pays se rescouse.
Rescouirent [ils] (ils délivrèrent).
Rescripsit [il] (il récrivit).
Rèse (levée, querelle, voyage, expédition ; en anglais to risc, s’élever). — Et eurent adonc les chrestiens rèse. — Il avoit eu son menton coupé en une rèse où il avoit un peu par avant été, et lui avoit-on fait un menton d’argent. — Une grand’rèse qui fut faite sur les ennemis de Dieu.
Réservation (réserve). — Dites-vous que il convient réservation sur moi.
Resleescié (réjoui, remis en liesse).
Reslet (rosée). — Il fesoit ce matin un petit reslet.
Resongner (redouter). — Si resongnoit ce péril.
Respit, Répit (délai).
Respiter (épargner). — Et respita la ville d’ardoir et de piller. — Ni oncques il n’en respita homme.
Respous (caché, placé ; de repositus). — Et les autres disoient que encore étoit-il à Bruges et respous quelque part où on le pourroit trouver. — Et comment il s’étoit respous et quatis entre leurs ribaudeaulx.
Ressoigner (craindre). — Car tant ressoignoit les grands pertes et dommages que les nobles de son royaume avoient eu et reçu du temps passé par les victoires des Anglois.
Ressoigneusement (avec crainte). — Ils cheminoient tout ressoigneusement.
Ressort (autorité à laquelle ressortissent les hommes ou les choses). — Le roi d’Angleterre, comme ressort, les devoit appaiser.
Ressuite (poursuite). — Ils payèrent tout courtoisement et sans ressuite.
Restorer (rétablir). — Le jour où les maillets furent restorés.
Restorier (vengeur, celui qui restaure). — Véez ci mon petit enfant qui sera, si Dieu plaît, le restorier de son père.
Restraindre (resserrer).
Resveillement (trouble).
Retargier (retarder).
Retentive (moyen de retenir). — Il n’est si juste retentive que c’est d’écriture.
Retorroit, Retolroit, Retoldroit (de retollir, retordre, reprendre).
Retraier (copier). — Les Escots se retraient par nature sur la condition des Anglois.
Retrait, Retret (cabinet de travail, rebut du bled). — Si lui demande en son retrait : Sire, que dites-vous de cette jeune dame ? — Sitôt que le roi fut rentré en son secret retrait. — Quand il issoit hors de son retrait. — Nous avons le seigle, le retrait, la paille, et buvons de l’eau.
Retrahiez-vous (retirez-vous).
Reuser (jeter). — Et tout reuser ens ès fossés.
Revel (fête, gaîté ; au pluriel reviaulx, reviaux.)
Reveler (faire des revels). — Et quand ils eurent assez revelé et joué.
Revenrai [je] (je reviendrai).
Revenue (retour). — Vous tiendrez bien le châtel jusqu’à ma revenue. — Ceux de la ville qui savoient sa revenue.
Révéramment, Révéremment (avec respect ; de révérer).
Revoist [s’en] (retourne). — Et s’en revoist chacun en son lieu.
Rez (ras ; on dit encore rez-de-chaussée, au niveau du chemin). — Quand nous aurons abattu rez à rez le châtel.
Reze (expédition, voyage). — Ainsi se porta la reze d’Écosse. — Délivrons-nous de faire notre reze, et chevauchons sur Angleterre.
Rèze (rasé). — Et lui et les moines avoient couronnes rèzes.
Ribaudaille (troupe de ribauds).
Ribaudeau (machine de guerre, charriots portant des canons).
Ribaut (soldat à pied, mauvais soldat).
Rieu, Ruis, Ru (ruisseau). — Des dix lances qui avoient passé le ruis.
Rieuler, Rieuller (régler). — Si se voudroit le royaume de France rieuler aussi bien ou mieux que par son conseil. — Ne pensez pas que nous doions rieuller par notre peuple.
Rieulle (règle).
Riffle (pillage). — Ains gagnèrent ces compagnons qui se trouvoient en la première riffle en Castille.
Riffler (piller, raser). — Mais tout le plat pays étoit rifflé. — Ainsi comme en rifflant il entre, sans arrêter.
Riflis (mêlée, confusion). — Là eut grand riflis et grand touillis.
Rigoter (railler).
Riote (désordre, mêlée, combat ; en anglais, riot). — Adonc dit Tuillier, qui ne demandoit que la riote. — Ces débats et cette riote recommençoient tous les jours.
Rioter (faire riote).
Rioteux (feseur de riotes, querelles). — Encore avons-nous avancé notre paiement pour être un petit rioteux.
Rober (voler ; d’où dérober).
Robeur (voleur). — Ce a été pour la coulpe des robeurs et pillards bretons.
Roe (roue). — Un grand engin de bois sur roes. — Et le fit mettre sur une roe comme traître.
Roie (voie). — Il entendoit bien que on donneroit au seigneur de Clisson toutes ses roies.
Roix (rets, filet). — Et furent mieux pris qu’à la roix.
Roncin (grand cheval ; en allemand, ross ; en espagnol, roncino).
Roulée (étable à cochons).
Roulleis, Roullis (espèce de fortification faite avec de gros rouleaux d’arbres.
Route (rompue ; de rupta). — Si fut sur cette fortune cette armée route.
Roy (roide). — Ces Flamands venoient roys et durs.
Royaux [les] (les princes de la famille royale). — Le comte de Flandre leur prince qui avoit été nourri parmi les royaux de France.
Roytiault (roitelet). — Par où cuide cil roytiaulx de France entrer en Flandre ?
Rudement (roidement).
Ruin (méchant, mauvais ; d’où ruine). — Tout ce qu’il y peut avoir à présent de ruin, vos oncles l’y ont mis et bouté.
Ruine (querelle). — Et étoient les frontières en ruine ; mais point ne couroient encore l’un sur l’autre.
Ruire (crier). — Quand ils ouïrent ces archers ruire.
Ruse (intimité). — Et maintint bien cette ruse cinq à six ans.
Ruser (causer familièrement). — Si comme il avoit usage de ruser après diner.


S


Sablon, sabelon (sable). — Ils mirent leurs chevaux sur le sablon.
Sachée, Sachiée (sac plein). — On épandit cette sachée de grains de millet devant eux. — Et furent les sachiées à pain données et départies par connétablies.
Sacher (tirer). — Les cordes étoient sachées à mont. — Ils se desancroient et sachoient les voiles amont. — Nul ne sache argent de sa bourse, tant comme il le peut amender.
Saette, Sagette (flèche).
Saillie (sortie).
Sainti (sanctifié). — Son corps étoit sainti en la cité d’Avignon et faisoit merveilles de miracles.
Saintisme (saintissime). — La couronne dont Dieu fut couronné à son saintisme travail.
Saints (sonner les saints : c’est-à-dire sonner les cloches comme pour la fête des saints).
Saisine (possession féodale ; mot encore usité en Écosse).
Salvement (salut). — Et rescripsirent grands salvements et grands amitiés au roi de Portingal.
Sambuc (harnois). — Et étoient les seigneurs montés sur chevaux couverts de leurs sambucs et parés de leurs armes dont les houssements alloient jusques à terre.
Samis (étoffe de soie). — Et fit tendre un pavillon de vermeil samis. — Le quel pont étoit couvert d’un côté de vert et vermeil samis.
Sanguine (étoffe rouge). — Et se vêtoit de sanguine et d’écarlattes.
Sanson (échanson). — Un écuyer de Picardie maître des sansons.
Sarcueil, Sarcueus, Sarcus (cercueil). — Le comte étoit mis en un sarcueus et chargé sur un char. — Les os pris et lavés et embaumés et mis en un sarcus.
Sauldra [il] (de saillir). — Savoir si nul sauldra hors contre nous.
Sauldrois [je] (de saillir). — Vos gens lors sauldroient.
Saulx (solde). — Toutes manières de gens d’armes y seroient reçus à saulx et à gages. — Grand’foison de gens, aux saulx et gages des Romains.
Sauvement (salut, en sûreté). — Ils quéroient leur sauvement. — Ils s’en pourroient aller sauvement. — Leur fit le roi la grâce de passer parmi son ost sauvement.
Sauveté (sûreté). — Ils mirent leur prise à sauveté.
Scel (sceau).
Scet [il] (il sait). — Qui mieux y scet si le die.
Scèvent [ils] (ils savent).
Scisme (schisme). — Pour le temps que ce scisme vint en l’Église.
Secoury [il] (secourut). — Le roi de Castille ne la secoury ni conforta en rien.
Secret (confident). — Il fut moult ami et secret à monseigneur Jean de Haynaut.
Ségur (sûr). — Aussi ségur en son châtel, sans garde et sans guet, que dont qu’il fut à Londres.
Ségurement (en sécurité).
Ségurté (sécurité). — Ils demeurèrent en ségurté.
Seigneurier (dominer). — Pour mieux aisément à toute heure châtier et seigneurier les Parisiens. — Là où le peuple mauvais seigneurit, justice ni raison n’ont point de lieu.
Seignourer (dominer). — Tant laissèrent ces folles gens convenir que ils furent seignourés par eux.
Selon (en suivant). — Selon le soleil. — Selon la rivière.
Sémilles (semences, inventions). — Le roi est moult cruel et plein de merveilleuses sémilles.
Semon (appelé ; de semondre). — Quand ils entendirent qu’ils étoient semons des François à faire fait d’armes.
Semoncer, Semondre (convoquer). — Si les semonnoit le comte.
Semonni [il] (de semondre).
Sendail (sendal, étoffe écarlate).
Sénéchauldie (sénéchaussée). — La sénéchauldie de Narbonne.
Senestre (gauche).
Sépulturer (mettre dans la sépulture). — Si fit-on son obsèque en l’abbaye Saint-Denis où elle fut sépulturée moult solennellement.
Sercher (chercher). — Et seront tous lieux serchés haut et bas pour savoir que vous n’y avez mis nulle embûche.
Sereur, Suer (sœur).
Seri, Serie (serein). — La mer qui étoit belle coie et serie. — Le temps est bel et seri. — Il fesoit ce jour si quoi et si seri que la mer étoit toute paisible.
Serour (sœur). — Mais sa serour germaine.
Serourge (beau-frère ; de sororius).
Serve (féminin de serf).
Seulent [ils] (ils ont coutume). — Ils seulent par usage muer avec eux.
Sevrer (séparer ; encore usité en parlant des enfans qu’on sépare de leur nourrice ; en anglais, to sever, et several plusieurs). — Je ne saurois sevrer les uns des autres. — Ils se sevrèrent des gens du roi et se tinrent tous ensemble.
Si (tellement). — Il attrairoit si le roi de France, que.
Sieute (sentence ; suit en anglais). — par droite sieute.
Sieu, Siev (suif). — Chandelles de sieu.
Sieulte (secte, parti). — Tous d’une opinion et d’une sieute.
Sieute (suite). — Ils répondirent tous d’une sieute.
Single (simple). — Et avoit sur son chef un single chaperon de vermeille écarlate.
Single (voile). — Tournez votre single vers. — Et tournèrent leurs singles. — Si se désancrèrent et levèrent leurs singles et se mirent aval vent.
Singler (faire voiles).
Singulière (seule, isolée). — Et ne voit que de sa puissance singulière il le puisse recouvrer.
Sirurgien (chirurgien).
Soier (scier). — Tant que il la convint soier et bouter outre.
Solacier (prendre des solas ; de solatio).
Solas (plaisir).
Solier (grenier). — Et pardessus cette maisonnette un pauvre solier auquel on montoit par une échelle de sept échelons.
Sollacieux (plein de solas). — Elle avoit perdu bonne compagnie et sollacieuse.
Sommade (la charge d’un sommier). — On leur envoya vingt-quatre sommades de bon vin.
Sommage (bête de somme, fardeau porté sur sommiers). — Et ajoutèrent leurs sommages et leurs chariages.
Sommier (bête de somme ; en italien sommaro).
Sons [nous] (nous sommes).
Sorour (sœur). — Ils avoient été enfans de sa sorour.
Sortir (prédire par le sort). — Et disoit et sortissoit bien tout ce qui avint. — Et avoient les Juifs sorti, bien cent ans auparavant.
Sotereau (petit sot). — Tais toi, sotereau.
Soubhayder (souhaiter). — Et se soubhaydoit lui et toute sa puissance en la ville de Commines.
Soubpris (surpris). — Et envoyèrent gardes, à la fin qu’ils ne fussent soubpris.
Soubs (sous).
Soubsterine (souterrain). — Ils allumèrent fallots et entrèrent en cette soubsterine qui étoit belle et nette.
Soubtieux (subtil). — Si il y avoit dans l’ost des Anglois des gens soubtieux de la guerre.
Soubtivement (avec subtilité).
Soubtiver, Soubtiller. — Et toujours avisoient et soubtilloient comment ils les pourroient mieux grever.
Soudée, Soulde, Souldée (solde). — Les uns par amour et les autres par soudée. — Tous les archers et arbalétriers qui vouloient recevoir leurs souldées.
Soudoié, Soudoyer (soldat).
Souef (doux ; de suavis). — Ils chevauchèrent tout souef. — Souef étoit comme au temps de juin. — Souef et coiement, pour souevement et coiement (locution portugaise).
Souffrance (trêve). — Si la souffrance ne fut entre les nôtres et les vôtres.
Souffrant (patient).
Souffreté (privation). — Ils avoient eu grand souffreté de pourvéances.
Souffrir (patienter).
Souhaidier (souhaiter).
Soulas (plaisir, divertissement, fêtes, festins, consolations). — Et les tînt en soulas et en paroles amoureuses jusques à la nuit. — Et y furent en grand soulas.
Souldre (payer ; de solvere ; on dit encore soulte). — Encore avoit le comte assez à souldre à ceux de Gand, se disoient-ils.
Soulleil (soleil). — Il étoit haute remontée et le soulleil s’en alloit tout jus.
Souloir, Souler (avoir coutume).
Souloient [ils] (ils avoient coutume de). — Ceux qui le souloient servir et incliner le fuioient.
Soult, Suelt (a coutume). — La rivière de Tuide qui anciennement suelt départir Escosse d’Angleterre.
Sourdre (sortir, s’élever, naître). — Si autres besognes ne sourdent. — grand’murmuration sourdit.
Souspeçon, Soupeçon, Soupçon (soupçon).
Soupeçonner (soupçonner).
Souspeçonneusemment (avec soupçon).
Sous-prendre (surprendre).
Sous-pris (surpris).
Soussides (subsides). — On les vouloit presser en soussides et en aides.
Soustenance (soutenance).
Soutieux, Soutif, Soutil (subtil). — Soutif et appert hommes d’armes étoit.
Soutivement (subtilement).
Soyer (scier, couper). — Ils avoient faucilles et soyoient les bleds.
Spécialité (secret). — Il me fut dit en grande spécialité.
Subgiet (sujet). — Nous sommes subgiets à la couronne de France.
Substancieux (pluriel de substanciel). — Courtois vins et substancieux pour gens d’armes nourrir.
Subtilité, Soubtillelé, Soubtiveté (subtilité).
Suer (sœur). — Ainsi fit son ains-née suer du premier mariage.
Suffisit [il] (de suffire). — Ce suffisit bien aux dessus dits.
Suir, Suivir (suivre). — Il ne pouvoit suivir son oiseau. — Il pensoit que toutes les batailles le suissent. — Et vous pourra votre navie suivir jusques bien près de Caen.
Suite (procès, délibération ; le mot suit est encore usité en anglais).
Suppéditer (fouler aux pieds ; de sub pedes).
Sur-attendre (attendre davantage). — On sur-attendit encore un petit à parlementer.
Surcot (vêtement qu’on met pardessus).
Surcroître (arriver). — Si rien surcroît à monseigneur, tantôt il le vous signifiera.
Surgien, Syrurgien (chirurgien). — Or tôt, dit le roi, aux médecins et surgiens. — Ni surgien ni médecin n’y purent oncques remédier.
Surquérir (attaquer). — Je veuil que tu ne fasses point de guerre si ils ne te surquèrent ou efforcent.
Suspeccion, Suspection, Suspicion, Souspection (soupçon). — Si par nulle suspeccion Jean Boursier l’eût sçu. — Si étoient ces osts en grand’imagination et suspection comment ils passeroient. — Point ne vouloient que les François y eussent nulle suspection de mal. — Pour mettre les François hors de toutes suspicions, ils répondirent. — Les chevaliers entrèrent en plus grand’souspection.
Sust (sud). — Il a tant venté ce vent du sust qui nous est tout contraire.


T


Tabar (cotte d’armes).
Tabellionner (faire rédiger par un tabellion ou notaire). — Et mit avant une lettre, tabellionnée et scellée du grand scel d’Angleterre.
Tabour, Tabourin (tambour).
Tacher (blesser). — Les chevaux furent tachés sur le dos.
Tailloir (morceau de pain servant d’assiette). — Il prit de la poudre et en mit sur un tailloir.
Taint (pâle). — Douze mille soudoyés et gens qui n’avoient de quoi vivre et qui étoient jà tout tains et pelus de famine.
Tairerez [vous] (de taire). — Vous ne vous en tairerez pas.
Talent (volonté). — Quand il vit que le duc de Normandie n’avoit talent de déloger. — Cette chose les effréa si qu’ils n’eurent talent de y aller. — Les François qui ne se véoient pas à jeu parti n’eurent talent d’attendre.
Tamaint (plusieurs).
Taner, tanner (fatiguer ; conservé par les écoliers). — Ils étoient si tanés que plus ne pouvoient. — Les Espaignols se commençoient tous à tanner.
Tanison (fatigue ; de tanner, fatiguer). — Grand’tanison seroit à recorder. — Ceux de l’hôtel par tanison allèrent coucher.
Tantet (un peu ; on dit encore tantinet). — Allons combattre ce tantet d’Anglois. — À passer ce tantet d’eau.
Targe (petit bouclier). — La targe au cou, le glaive au poing.
Targier (mettre sous la targe et tarder).
Tarouer (terroir). — Pour et au nom d’icelui tarouer.
Tas (monceau). — Il féroit à tas, c’est-à-dire à coups redoublés.
Taye (tante, aïeule). — Les héritages qui furent à leur taye madame Blanche de Lancastre.
Tayon (aïeul, oncle). — J’ai servi au roi Philippe et au roi Jean son tayon.
Tempêtis (bruit). — Les corbeaux avoient mené le plus grand tempêtis du monde.
Tempre (tôt). — Tard et tempre. — Mais ce fut un peu tempre.
Temprement (bientôt).
Temprer (modérer). — Ils trouvoient peu de bonnes eaux et de fraîches pour temprer leur vin.
Temptation (tentation).
Tenant [en un] (sans discontinuer). — Ils ne virent oncques tant venter en un tenant qu’il a fait depuis deux mois. — Ni oncques les Gascons trente ans d’un tenant ne furent fermement à un seigneur.
Tençon (dispute). — Par quoi tençon ni estrif pussent mouvoir.
Tendis (temps). — Et se tint avec sa mère un tendis, puis prit congé.
Teneur, tenure (ce qu’on tient). — Et demeura chacun en sa teneur ; c’est-à-dire que chacun continua à posséder ce qu’il tenoit.
Tenist [ils] (tint). — El le maire contremandé qu’il se tenist tout quoi.
Tenroient [ils] (ils tiendroient).
Tenroit [ils] (de tenir). — Pour savoir à laquelle élection de ces deux papes il se tenroit.
Tenurier (affaiblir). — La mer s’y commence à tenurier.
Termine (terme, époque). — En ce propre termine que l’armée d’Angleterre fut à Marault.
Terribouris (tapage). — Quand il se relevoit, et nulles armures il ne trouvoit, il menoit un tel terribouris et tel brouillis que il sembloit que tous les diables d’enfer dussent tout emporter et fussent là dedans avecques lui.
Têtée (de tête). — Le comte douta que l’écuyer ne fit sa têtée, c’est-à-dire, n’en fit à sa tête, ne fit un coup de tête.
Tierce (troisième heure).
Tinel (cour, état de maison, cour plénière). — Le duc et la duchesse se logèrent à l’abbaye et y firent leur tinel. — Et fut là logé son corps et son tinel, et ses gens se logèrent au plus près de lui qu’ils purent. — Sa cour et son tinel tenir.
Tirois, tireis, tiris (action de tirer, comme boutis, poussis, estoquis, touillis.)
Toilier, telier (tisserand, faiseur de toiles.
Tollent [ils] (ils enlèvent ; de tollir, enlever). — Qui nous tollent et empêchent le passage. — Son héritage que vilains lui tollent.
Tollir (enlever).
Toldroit, touldroit [il] (il enlèveroit) — Les François nous toldront le pont.
Tollu, tolli (pris). — Et disoient qu’il n’étoit mie bien courtois quand il leur avoit tollu leur prisonnier.
Toit [il] (prend). — Qui lui toit son héritage.
Tombal (tombeau).
Tonnieu, tonlieu (droit sur certaines marchandises).
Torfait (dommage). — Je serois le premier à recouvrer les torfaits lesquels on nous a faits et fait encore tous les jours.
Torse (tortueux, détourné, voie détournée ; de tordre). — Les torses voies. — Tu connois bien les torses et les adresses. — Il l’amena par voies torses et obliques et par chemins perdus.
Tortis (matériaux pour des torches). — Allumer grands feux et tortis.
Touaille (serviette ; en anglais towel). — Pâtés de saumons, de truites et d’aiguilles enveloppés de petites blanches touailles. — Et portoit son-bras en écharpe en une touaille.
Touaillement (trouble). — En ce touaillement et en la chalenge de la duché de Guerles, mourut le gentil comte. — Ce roi Charles eut après sa création plusieurs touaillements.
Toudis (toujours).
Touiller (troubler). — Le duc de Glocestre rendoit grand’peine à tout touiller.
Touldroit (de tollir, enlever). — Le chevalier leur promit qu’il leur touldroit les têtes si…
Touldront (enlèveront ; de toldre).
Toullis, touillis, touillement (embarras).
Tourment (tourmente).
Tourtel (tourtre).
Toutes voies (toutefois).
Trahistre (traître). — L’héritage du roi d’Angleterre il ne pouvoit vendre, donner ni aliéner qu’il ne fût trahistre, laquelle chose il ne vouloit pas être.
Traictierre (traiteur ; comme on dit emperière, empereur).
Traierie (action de traire, de lancer). — Là eut grand’traierie des uns aux autres.
Traire (retirer).
Traiteur (qui traite). — Les traiteurs qui ont été pardelà la mer traiter.
Traiteur, traitour, trakitour (traître). — Oncques délit ne fut si cher amendé sur les traiteurs comme il sera. — Nous occirons tous les rebelles et traitours envers le roi d’Angleterre.
Tramis (envoyé, transmis). — Pour ce suis-je tramis en Angleterre pardevers vous. — Ils demandèrent de par qui ils étoient là tramis.
Translater (traduire, transférer). — Si fut le roi de Navarre translaté en Cambrésis.
Trau (gage, caution). — En nom de trau il avoit envoyé deux de ses fils en Angleterre.
Travaillant (voyageant). — Et monta sur haquenées travaillant très bien.
Travailler (fatiguer, voyager ; en anglais to travel). — Ce royaume d’Espagne n’est pas douce terre ni amiable à chevaucher, ni à travailler, si comme le royaume de France est.
Travailleux (fatigant). — Nous passâmes le mont de Cosse, qui est moult travailleux et mal aisé à monter.
Traveller, Traveiller (voyager ; les Anglais ont conservé le mot to travel). — Le roi s’inclinoit assez à ce voyage car il travelloit volontiers et véoit nouvelles choses. — On fait le roi traveiller quand il n’est pas en état de chevaucher. — Je me trouve assez en meilleur point en chevauchant et travellant que en séjournant.
Trébus (trébuchets, machines de guerre). — Engins, canons, trébus, espringoles, brigoles en arcs à tour.
Tref, Trez (pavillon). — Il fit faire le plus bel et le plus grand appareil de tentes, de trefs, de pavillons.
Trempoir (vase à mettre de l’eau). — Quatre pots d’or, quatre trempoirs d’or et six plats d’or, et pesoient cent cinquante marcs d’or.
Trenchées, Trenchis (tranchées).
Trépassement (trépas). — La femme du roi alla de vie à trépassement.
Très (dès). — Mieux vaulsist que très la première fois il eût été condamné à toujours en prison, ou fait mourir.
Tresche (danse). — Ceux de la Trémouille qui pour le temps menoient la tresche.
Trespas (droit de passage). — Les gens de Tournay avoient tous le trespas de ceux de Lourdes et de ceux de Mauvoisin.
Trespercer (percer à travers). — Il tresperça les mailles et la poitrine d’acier et tout ce qui étoit dessous, et trait sang de sa chair. — Et étoient si trespercés de joie que ils ne savoient auquel entendre.
Tres-tous (presque tous). — Ce sont tres-tous hauts bois et fortes forêts.
Tres-tout (tout-à-fait, tout complet). — Si s’espartit tres-tout l’ost en celui pays.
Treu (ravage, mal, désastre, tribut). — Il feront un grand treu en Angleterre. — Nous ferions un si grand treu en Angleterre que. — Sans payer si grand treu que tous en seroient émerveillés. — Et ne vivent les Grecs fors que par treus. — Car partout vont Génois et Vénitiens marchander, parmi les treus qu’ils paient.
Treuve [il] (il rencontre ; de trouver). — Lafontaine a dit encore de son temps :

Sans en chercher la preuve, Dans les citrouilles je la treuve.

— De la treuve d’icelui furent les Sarrasins moult réjouis.
Trevage (trêve). — Il n’avoit pu passer fors par trevage.
Tribouil (désordre, tribulation). — Quand on étoit si en tribouil en Angleterre.
Tribouler (tourmenter, faire des tribulations).
Triboulis, Triboulement (trouble, tribulation).
Trieuve (trêve). — Quand les trieuves furent faillies.
Tromper (sonner de la trompette). — Il fit tromper les trompettes.
Tronche (tronc d’arbre). — Il s’en venoit devant le châtel seoir sur une tronche qui là avoit été de temps passé amenée pour ouvrer au châtel. — Aymerigot regarda et vit que le portier séoit sur une tronche de bois au dehors du châtel.
Trousser (dépouiller). — Entrementes que ces Flamands entendoient à ces chevaliers désarmer et à trousser.
Truchement, Druchement, Drugement (interprète, drogman). — Ils prirent un drugement qui bien et bel le génois parler savoit.
Truffer (moquer). — Comment ! se truffe l’évêque de nous. — Et ne s’en fesoient les Turcs que gaber et truffer. — Il semble que ces gens de France se truffent de moi.
Truie (machine de guerre).
Tuffe (homme à pied mal armé).
Tymbre (timbale). — Grand’foison de tymbres et de tabours.
Tymbre (casque, terme conservé dans le blason).


U


Uiseux (oisif). — Il ne se sçait où employer et est envis oiseux.
Uist [il] (il eut). — Plus grand’quantité de hauts seigneurs que oncques en uist.


V


Vague (désert ; on dit encore : un pays vain et vague). — Une vague abbaye.
Vaillantise (acte de valeur). — Et aimoit messire Jean Chandos le dit comte de Foix pour ses vaillantises.
Vaille (valeur). — Et ce que fait en avoient étoit de nulle vaille.
Vair (fourrure de couleur gris-blanc, couleur bleue, hermine). — Fourré de vair. — Draps fourrés de vair. — Les yeux vairs et amoureux là où il plaisoit son regard asseoir.
Vaissials (vaisseaux).
Valler (rendre valide). — Et seront vallés par serment. — Supposé qu’elles fussent fermés et vallées.
Vanteux (qui se vante). — Ces François sont trop vanteux et hautains.
Variement (dissension, changement). — Le roi voyoit les variements entre ceux de Paris et le duc de Normandie. — Mieux vaudroit que Jean de Montfort demeurât duc de Bretagne que la chose fût en plus grand péril ni variement.
Varleton (petit variet). — Le varleton convoita l’argent et le prit.
Vassalement, Vassaument (bravement).
Vasselage (bravoure).
Vaulsist [il] (il valut).
Véant (voyant, spectateur). — Et tous les véans demeurèrent sur leurs chevaux.
Véer (défendre). — Oncques ne trouvèrent homme qui leur véât le passage. — Nous ne voulons pas véer que vous ne la voyez. — On ne leur véoit rien.
Vefve (veuf). — Si demeura le roi Charles de France vefve d’elle.
Vegille (garde). — Le seigneur de La Rivière n’attendoit autre chose que les vegilles.
Velourde et Belourde (fagot).
Velouz (velours).
Velvel, Velviel (velours ; d’où l’anglois velvet). — Un surcot tout ouvert de vermeil velvel, fourré d’hermine.
Vendage (vente). — Vendage de villes et de châteaux. — Encore y dut avoir fait un autre vendage de toutes les terres de Haynaut.
Venismes [nous] (nous vînmes).
Venissiez [vous] (vous vinssiez). — Je cuidois que vous venissiez.
Ventilant (flottant au vent). — Bannières et pennons ventilans.
Ventilé (ébruité). — La matière étoit telle et si grand qu’elle demandoit à être ventilée en plusieurs manières.
Verge (ligne à pêcher, bâton, fléau). — Pêcher à la verge aux poissons.
Vergette (petite lance). — Quiconque voudra jouter vienne ou envoie toucher d’une vergette la targe de guerre ou la targe de paix.
Vergogner, Vergonder (avoir bonté). — On vous accuse pour vous plus blâmer et vergonder. — Si le roi de France ne le veut, elle sera vergondée à toujours mais, tant qu’elle vivra.
Vergogneux (honteux). — Les Anglois étoient moult vergogneux de ce que.
Vermaux (pluriel de vermeil). — La envoyèrent tendre trois vermaulx pavillons, moult beaux et moult riches.
Verrière (fenêtres à verres). — Et convint une verrière rompre qui étoit derrière là pour avoir vent et air.
Vespre, Vesprée (soir).
Vesqu [il] (il vécut). — La grand’prospérité de paix où ils avoient vesqu.
Vesquesist [que il] (qu’il vécût). — Donc dirent-ils que ils vouloient que il vesquesist. — S’il vesquesist il n’osât penser et mettre hors ces paroles.
Vesqui [il], (il vécut). — Qu’elle vesquist tant qu’elle pust.
Vêture (vêtement).
Veve (veuf). — Si furent le père et le fils veves de leurs deux femmes.
Vez-ci, Véez-ci, Veci (voici).
Viage (temps de vie). — Vous lui prierez que il vous laisse parfaire votre viage. — La dame qui assignée de six mille francs tout son viage étoit sus. — Sa fille et le fils du roi devoient tenir le viage du roi son père, tout ce pays de Galice.
Viaire (visage). — À viaire découvert. — Là fut occis messire Charles de Blois, le viaire contre ses ennemis.
Vicinage (voisinage).
Victorier (triompher, vaincre). — La couronne de laurier au chef, si comme anciennement souloient les rois faire, quand ils victorioient et vainquoient ou desconfisoient un roi en bataille.
Vidant [en] (en s’écartant). — À la seconde empeinte, ils se consuivirent, mais ce fut en vuidant.
Viès (vieux). — Un pain, qui n’avoit pas trois semaines, y valoit uns viès gros, n’y valoit que quatre mitres. — Cent mille viès écus.
Vigille (veille ; employé encore en langage d’église). — La vigille de Noël.
Vilener, Villener (maltraiter, faire honte). — Et en blâma et vilena ceux de Paris. — Mais villena les messagers du saint père. — Et l’avoit l’écuyer villené.
Vinage (droit sur le vin).
Vindication (vengeance). — La vindication étoit jetée sur Bruges.
Vireton (flèche, javelot). — Il fut trait d’un vireton et percé tout outre le bassinet parmi la tête.
Virrier (vitrier).
Visage [faire] (faire face).
Vissièmes [nous] (nous vissions, pluriel normand). — Et fut nonne avant que nous vissièmes les batailles.
Vitaille (vivres ; les Anglais prononcent de la même manière leur mot victuals).
Vitailler (vivandier). — Fors aucuns povres vitaillers qui suivoient l’ost.
Vitupération (blâme). — À très grand vitupération viendroit à la ville de Gand.
Vitupère (honte, blâme). — À la confusion et vitupère du roi. — À trop grand vitupère leur tourneroit.
Vitupérer (faire honte). — Le duc de Lancastre s’étoit forfait et vitupéré quand il avoit épousé sa concubine.
Vitupéreusement (honteusement). Or sera la roine d’Angleterre recueillie vitupéreusement.
Vocable (proverbe). — Ainsi advint, et que le vocable soit voir, que on dit que, etc.
Voir, Voire (vrai, même).
Voirement (vraiment).
Vois [je] (je vais). — Sans prendre congé ni dire : je m’en vois.
Voise [qu’il] (qu’il aille). — Qu’il s’en voise un petit reposer. — Il me plaît bien que cette ordonnance voise ainsi.
Voldrent [ils], Vouldrent, Volrent (ils voulurent). — Le quel corps ils ne vouldrent oncques rendre.
Voler (chasser au vol).
Volsissent [qu’ils] (qu’ils voulussent).
Voulenturieux (qui veut faire sa volonté). — Messire Jean, évêque de Nordvich, qui étoit jeune et voulenturieux.
Voutentiers (volontiers).
Voulroi [je] (je voudrois). — Je ne le voulroie mie faire autrement.
Vueil [je] (je veux).
Vuis, Vuit (vide). — Le pays étoit tout vuis de gens d’armes.
Vuiseuse (futilité, distraction, chose oiseuse et vicieuse). — Oncques il ne voulu que le repos et séjour, les vuiseuses et les ébattements des dames. — Ainsi se tenoient-ils tous cois et entendoient à se loger, à boire ou à manger ou à faire autres vuyseuses. — Et retournoient tous ces profits et vuiseuses, en danses et fêtes, en boire et en manger.
Vuys (vide). — Le royaume de France n’est pas si vuys de chevalerie que vous ne trouviez bien à qui faire armes.


W


Warenne (garenne où on réunit les lapins et le gibier). — Et fesoient de la ville d’Auffrique leur warenne, et la font encore.
Wason (gason). — Les chevaux mangeoient terre pour le wason ; c’est-à-dire au lieu de gason.
Waucrer (errer çà et là). — Si waucroient parmi les champs. — Le roi et sa grosse navie waucrèrent et furent sur la mer le terme de neuf semaines. — Mais commencèrent à waucrer le barge aval et amont sur la rivière.


Y


Yauve, yaue, Yeaue (eau). — Ils avoient basse yeaue.
Yève (eau). — Les yèves et le froid temps.
Yre (colère).
Yré (courroucé).
Yreux (en colère).


FIN DU GLOSSAIRE DU QUATORZIÈME SIÈCLE.