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Les Cinquante (Ivoi)/p02/ch16

La bibliothèque libre.
sous le pseudonyme de Paul Éric
Combet & Cie, Éditeurs (Ancienne Librairie Furne) (p. 351-359).


XVI

La fatigue conduit Espérat à devenir le confident de Blücher


Profondément ému par le concours étrange de circonstances qui avait préparé sa délivrance, Espérat sortit en courant de la demeure du bourgmestre Boons, et suivit à une allure rapide, durant une centaine de mètres, la berge du ruisseau.

Mais après cet effort, il fut contraint de s’arrêter. La lassitude ankylosait ses membres.

Depuis quarante-huit heures, toujours en marche, toujours en vibration ; depuis près de vingt-quatre, sans nourriture, sans une heure de repos ; le jeune homme sentait son organisme à bout d’énergie.

Une torpeur pesait sur lui ; ses articulations semblaient emprisonnées en des étuis en métal, et dans son cerveau vide, la pensée ballottait, obscurcie et confuse.

Des larmes perlèrent dans ses yeux. Le vaillant enfant, qui savait regarder la mort sans pâlir, pleurait sur son impuissance, sur sa faiblesse, nées des fatigues surhumaines supportées.

Soudain il eut une idée.

Descendant la berge en pente douce, il s’agenouilla au bord du ruisseau.

L’onde charriait encore des filets rougeâtres, elle exhalait une odeur fade de sang ; mais sa surface projetait une fraîcheur dans l’air alourdi.

Et puis l’heure n’était pas aux répulsions de petit-maître. Il fallait avant tout échapper au sommeil, dont la main donnait aux paupières la pesanteur de coquilles de plomb. Il fallait marcher assez longtemps pour sortir du village ruiné, pour rejoindre les Français victorieux. Après,… parbleu ! Milhuitcent s’étendrait sur le sol et ronflerait tout à son aise.

Sans hésiter, le fugitif trempa ses mains dans l’eau contaminée par le carnage. Il se lava le visage, humecta ses lèvres desséchées, puis ayant ainsi retrouvé une vigueur momentanée, il se releva et poursuivit son chemin.

Une première, une seconde ruelle se présentèrent, débouchant perpendiculairement à la ligne du ruisseau.

À l’angle de chacune, Espérat fit halte, parut se consulter :

Mais après un court monologue intérieur, il continua de longer la petite rivière. Des barricades, des ruines, obstruaient les étroites voies, et le voyageur comprenait bien que ses forces chancelantes ne lui permettraient pas de franchir ces obstacles difficiles.

L’influence bienfaisante de ses ablutions se dissipait déjà. Sa marche se faisait lourde, raide, automatique.

Pourtant il eut un cri de joie.

Une large ouverture trouait un mur éventré, livrant accès dans des jardins. Le canon avait frayé la route, dont le piéton éreinté avait besoin.

Espérat se lança à travers les jardins.

Partout des traces de la lutte. Les haies, les palissades brisées, des flaques de sang, caillé avant que la terre l’eût pu boire, des cadavres.

De loin en loin un blessé, que son immobilité prudente empêchait à première vue de distinguer des morts, se soulevait en constatant qu’un seul personnage traversait le champ de bataille. Une plainte faible, un appel sanglotant, un geste saluaient le passant, et dans son cœur se répercutaient lugubrement les signes d’un désespoir auquel il lui était impossible de porter remède.

La nuit tombait.

En même temps que le jour, les derniers fracas de la bataille s’éteignaient peu à peu.

Inconsciemment, Milhuitcent forçait ses jambes molles, ses pieds meurtris, à accélérer leur allure, avec le désir ardent de dépasser ces champs où la mort avait fait sa moisson.

Mais derrière chaque haie déchiquetée, derrière chaque mur renversé, c’étaient de nouveaux jardins, de nouveaux prés, de nouveaux herbages, que des cadavres parsemaient de taches sombres, comme une monstrueuse floraison du trépas. Affaibli, attristé, des idées inaccoutumées germaient en l’esprit du fugitif.

Une peur instinctive, irraisonnée, grandissait en lui. Une peur de ces choses lugubres qui l’entouraient ; la peur de l’homme perdu dans un labyrinthe, cette peur irrésistible qui, a de certaines heures, jugule la volonté des plus braves, agite de palpitations éperdues le cœur des plus intrépides.

Dans son horreur, il tentait de presser sa marche, poursuivi par le désir imprécis de sortir de la nuit et de la mort. Et ses muscles se refusaient à l’effort ; ses jarrets pliaient ; il chancelait. Est-ce qu’il allait s’affaisser là ? Est-ce qu’il resterait en cette atmosphère de deuil, au milieu de ce charnier sinistre ?

— Non… Un cheval ; c’est le salut !

Déjà, Espérat avait rencontré des chevaux sans maître, errant d’un air surpris et déconcerté à travers les cultures. Il n’y avait point fait attention.

Il avait fallu l’acuité de son malaise pour amener en sa tête troublée, la pensée qu’une monture lui assurerait le moyen d’aller, sans faiblesse, plus vite et plus loin.

L’animal, dont les rênes s’étaient prises dans les épines d’une haie, demeurait immobile, allongeant le cou en

soufflant fortement.

À l’approche de l’adolescent, il lança un hennissement grêle. Espérat le flatta de la main. C’était un solide quadrupède, harnaché à l’allemande. Tout près de lui le cadavre d’un houlan noir indiquait à la fois, et le corps dans lequel la bête était enrégimentée et pour quel motif elle se trouvait loin de son escadron.

Milhuitcent ne se fit pas toutes ces réflexions. Il dégagea les courroies prises dans les branches, se hissa péniblement en selle, et lança sa monture dans la direction où tonnait encore le canon.

Le crépuscule touchait à sa fin. Le cavalier comptait avancer avec prudence. Le cheval n’en jugea pas ainsi.

Au premier coup de talon, il partit comme une flèche, le cou tendu, franchissant les clôtures. Stupéfait, Espérat tenta vainement de modérer sa course. L’animal semblait insensible au mors.

Il filait droit devant lui, dépassant les silhouettes sombres des arbres, des maisons.

Trop fatigué pour lutter longtemps, l’adolescent s’abandonna. Le vertige de la vitesse le prit. Chaque pas pouvait amener une chute mortelle, il n’y songeait même pas.

Emporté dans un galop de rêve, dans la nuit épaissie, il eut la vague intuition qu’il passait au milieu de tirailleurs.

Des éclairs strièrent l’ombre, des balles sifflèrent à ses oreilles, et puis de nouveau le silence, la fuite éperdue en sens inverse des objets, chaumières ou taillis, puis une large avenue trouant un bois, une plaine encore, une nouvelle futaie débouchant dans un vallon.

Et là, au fond de la dépression, un hameau avec quelques vitres éclairées, points rouges dans le noir.

— Où suis-je ?

La question ne reçut pas de réponse. Le cheval fit un brusque écart qui désarçonna son cavalier. Un trou béant venait de s’ouvrir devant lui. Il avait voulu l’éviter, mais sa vitesse ne le lui permit pas. Le sol manqua sous ses pieds, et l’animal d’un côté, Espérat de l’autre, roulèrent sur une pente rapide.

Une secousse relativement légère, un instant de désordre dans la pensée et le jeune homme regarda autour de lui.

Il était étendu au bas d’un amoncellement de sable. C’était dans une sablière qu’il avait roulé, heureusement, car il ne s’était fait aucun mal.

Seulement sa course effrénée, le dernier choc avaient définitivement épuisé ses forces. Quand il essaya de se relever, il ne put y parvenir.

À quelques pas, le cheval gisait lamentable. Il avait dû se briser les jambes, car il essayait vainement de se redresser. À chaque tentative, il retombait sur le flanc avec un hennissement douloureux.

Sans doute, la pauvre bête comprit l’inutilité de ses efforts, car elle demeura couchée, sa tête se balançant au bout de son cou dressé, ses narines laissant échapper un souffle bruyant.

Cette tête, avec son oscillation rythmique de pendule, hypnotisa en quelque sorte l’adolescent. Ses yeux ne s’en pouvaient détacher. Dans la pénombre nocturne, il la voyait toute noire, exécutant sans trêve son mouvement de va et vient, jetant un souffle de plus en plus rauque, jetant en l’âme du spectateur l’impression agaçante et bizarre d’un organe étrange mû par une machine satanique. Tout à coup, le ronflement s’arrêta. Le cou du quadrupède s’abattit sur la terre avec un bruit mat, pour ne plus se relever. Et de nouveau, dans le silence qui suivit, près de ce cheval mort, la panique hanta le cerveau de Milhuitcent, que la faim, l’épuisement, rendaient visionnaire.

Son angoisse fut si forte qu’elle réussit à le galvaniser, qu’elle obtint ce que la volonté avait été impuissante à obtenir.

L’adolescent se mit debout. Les jambes flasques, titubant, il se dirigea vers le hameau. Toutes les lumières, sauf une, s’étaient éteintes.

C’est vers cette dernière que le voyageur allait, la poitrine serrée par la crainte qu’elle aussi disparût, et le laissât seul, perdu dans la nuit, sans point de direction. Un chien à l’attache hurlait lamentablement.

Entre deux haies vives se glissa la sente que suivait l’adolescent. Il n’y prit pas garde, allant comme en songe, les yeux ouverts et l’esprit endormi. Pourtant, en approchant des chaumières, l’instinct de la conservation lui conseilla la prudence.

Il avait galopé longtemps. Bien certainement il avait traversé les lignes françaises, les laissant loin en arrière. Donc, il devait se trouver en pays ennemi. Les hommes qu’il rencontrerait seraient des Prussiens, ou des paysans rendus hostiles par l’angoisse de la ruine, qui étreint les populations parmi lesquelles évoluent les armées.

En un point, la haie lui parut moins fournie, il se glissa par ce semblant de brèche, non sans quelques égratignures.

Plus loin, il rencontra une cour bordée par des étables. En face de lui était la maison d’habitation, celle précisément dont la fenêtre lumineuse l’avait guidé.

Il s’avança avec circonspection, atteignit la muraille et se glissa jusqu’auprès de la croisée. Celle-ci était ouverte.

Des voix se faisaient entendre à l’intérieur, des voix qui firent tressaillir le jeune homme. Il les reconnaissait vaguement, sans pouvoir préciser où elles avaient frappé déjà son ouïe.

Redoublant de précautions, il arriva jusqu’à l’ouverture, avança un peu la tête et eut peine à retenir un cri d’étonnement.

Deux hommes étaient debout près de la porte opposée à la fenêtre, à laquelle ils tournaient le dos.

Dans ces deux personnages, Espérat venait de reconnaître le généralissime prussien Blücher et le comte de Rochegaule d’Artin.

Comment celui dont il était captif le jour même et celui qui avait brisé sa vie se trouvaient-ils réunis en ce lieu ?

Les mauvais génies de son existence ainsi rassemblés l’inquiétèrent.

À quelle besogne inique, à quel monstrueux complot se livraient-ils dans ce hameau endormi ?

D’un effort suprême, Espérat chassa le sommeil, il contraignit son esprit à se fixer pour un moment, il écouta :

Voici ce qu’il entendit :

— J’arrivai à Bruxelles hier, dans la nuit, disait d’Artin ; au logis de lord Wellington, j’appris que le vaillant général assistait à une fête, donnée en son honneur par sa compatriote la duchesse de Richmond.

— Ah ! ces Anglais, grommela Blücher, toujours à table ou en fête. Et pendant qu’ils se gobergent, nous supportons tout l’effort de l’ennemi.

Le comte s’inclina respectueusement.

Espérat regardait maintenant, rassuré par l’inattention des causeurs. Pas un geste ne lui échappait.

— Et Wellington dansait, reprit le Prussien avec mépris ?

D’Artin ricana :

— Non, feld-maréchal, il flirtait, comme on dit en Angleterre. Je le trouvai dans l’embrasure de la fenêtre, accablant la duchesse de propos galants, sous l’œil paterne du duc de Brunswick, qui, allongé en un fauteuil, faisait sauter un jeune enfant sur ses genoux[1].

— Peuh !

— Ma venue produisit l’effet d’un pavé dans la mare aux grenouilles. Les Français en Belgique !… L’armée prussienne en retraite sur Fleurus ! Lord Wellington en devint pâle, Brunswick cramoisi, ce dernier même se leva si brusquement qu’il jeta par terre l’enfant à cheval sur son genou.

— Que ne s’est-il aplati lui-même, gronda Blücher.

Le sourire du comte se fit plus sardonique.

— Ah ! quelle décampade, illustre feld-maréchal. En cinq minutes, les salons de la duchesse sont déserts. Les officiers en tenue de bal, courent affolés rejoindre leurs corps respectifs. Wellington donne des ordres, assigne les Quatre-Bras comme point de ralliement aux diverses divisions de l’armée. Je ne le quittais pas d’une semelle. Hier vers une heure et demie après-midi, nous arrivons aux Quatre-Bras, lui, moi et quelques aides de camp. Ah ! feld-maréchal, c’est là que j’ai compris que décidément le ciel se prononçait en faveur de notre cause.

Blücher haussa les épaules :

— Le ciel, c’est bien ; le canon, c’est mieux.

Stupéfait, grelottant d’une fièvre commençante, Espérat écoutait.

— Bon, fit allègrement le comte, le canon aussi était pour nous, car il se taisait. En voyant la faiblesse des détachements rassemblés sous les ordres du prince d’Orange, le digne hollandais, lord Wellington s’écrie : Si l’ennemi a seulement une division, nous sommes battus. Eh bien l’ennemi, commandé par Ney, avait plus d’une division et il n’attaqua pas. Ney était-il malade, comme le prétend le docteur Dikins, a-t-il des périodes d’abattement ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que ses troupes sont immobilisées, que la division anglaise de Piéton, les divisions de Brunswick, de Nassau, ont le temps d’arriver, d’occuper les Quatre-Bras. En deux heures, le nombre de nos soldats est porté de 8.000 à 50.000. C’est alors seulement que Ney attaque. Trop tard. Il a laissé passer l’instant propice. En vain il fait des prodiges de valeur. En vain la division Foy, les brigades Gautier, Bachelu le secondent de leur mieux ; en vain Jérôme Bonaparte, ex-roi de Westphalie, veut-il vaincre ou mourir pour son frère Napoléon, nous conservons nos positions. Et voyez, feld-maréchal, combien j’avais raison tout à l’heure en vous annonçant la protection visible du ciel, le corps du général Drouet d’Erlon qui eût pu, soit assurer la victoire à Ney, soit anéantir votre armée, s’est promené inutile entre les deux champs de bataille.

Le Prussien eut un geste arrogant.

— Anéantir l’armée prussienne !…

— Jugez-en, s’empressa d’interrompre d’Artin. Au bruit du canon de Ligny, Drouet d’Erlon avait marché au secours de l’usurpateur. Il est arrivé en arrière de Bry, au moment où vous évacuiez Saint-Amand et Ligny. Ses quarante-six pièces de canon sont en batterie. Il va commander le feu, enfermer vos troupes démoralisées entre ses régiments frais et les soldats exaltés qui vous ont arraché vos positions. Vous êtes entouré, cerné, c’est bien la destruction entière des divisions prussiennes.

Le comte s’arrêta un instant.

Un grognement colère fut la seule réponse de Blücher. Cet homme entêté refusait de se rendre à l’évidence du raisonnement.

— Eh bien, acheva d’Artin avec une ironie trop légère pour être perçue par son interlocuteur, à ce moment décisif, un courrier de Ney rejoint d’Erlon, lui intime l’ordre de se porter sans délai sur les Quatre-Bras, et d’Erlon, par un sentiment exagéré de la discipline, obéit, vous laissant le chemin libre, permettant à vos soldats épuisés d’échapper aux vainqueurs.

Dans la cour, Espérat comprimait de ses mains crispées sa poitrine haletante, où son cœur battait à coups sourds.

Le jeune homme, secoué par l’émotion, tremblait que bruit de ces palpitations furieuses n’arrivassent jusqu’aux causeurs.

Une tristesse amère montait en lui.

Ainsi l’Empereur était victorieux, mais l’indécision de ses généraux lui enlevait les plus beaux résultats de sa victoire.

Est-ce que d’Artin avait raison ?

Mais Blücher parlait :

— Ma foi, Monsieur le comte, c’est en effet un incident heureux, quoique, à vrai dire, mon armée soit dispersée et tout aussi impuissante pour l’heure que si elle était détruite.

— Oui, mais elle ne l’est pas, et dans vingt-quatre heures, vous aurez bien rassemblé une cinquantaine de mille combattants…

— Je l’espère.

— Avec lesquels, vous pourrez marcher au secours de Wellington, que cet enragé Buonaparte va certainement attaquer.

Le feld-maréchal hochait lentement la tête :

— Je comprends son plan, trop tard. Nous diviser, nous accabler séparément. Par la terre allemande, il faut prendre une revanche éclatante.

Puis brusquement :

— Où allez-vous à présent, Monsieur le Comte ?

— À l’endroit où j’ai laissé ma sœur.

Un tressaillement parcourut le corps d’Espérat.

La sœur de d’Artin, cette sœur dont la retraite lui était inconnue, Lucile enfin, allait-il apprendre où elle se trouvait ?

— Au cas où j’aurais des instructions à vous communiquer, Comte, où est cet endroit ?

— Oh ! je n’ai aucune raison de vous le cacher. J’y resterai tant que les Anglais résisteront à l’armée impériale. S’ils plient, je fuirai vers Ostende, afin de mettre en sûreté ma pauvre malade.

— Et c’est ?…

— À la Maison Carrée, à l’ouest de la plaine de Waterloo. Une maison carrée, son nom l’indique, en briques rouges, toiture d’ardoises.

— La Maison Carrée, c’est bien.

En dehors de la fenêtre, Milhuitcent répéta de son côté :

— La Maison Carrée, je me souviendrai.

— Pour nous résumer, reprit Blücher, voyez Wellington. Dites-lui de tenir jusqu’à extinction. Dites-lui que je vais faire l’impossible pour rallier mes régiments et le secourir. Vous comprenez ?

— Admirablement.

— Bien. Allez, mon cher Comte. Je vais moi-même me mettre à l’œuvre.

La porte s’ouvrit, les deux personnages sortirent.

La salle était vide maintenant.

Espérat voulut s’éloigner, rapporter à l’Empereur cette conversation haineuse surprise dans les ténèbres, mais au bout de quelques pas ses jambes fléchirent.

Dans son crâne se produisit comme un tournoiement, ses yeux se fermèrent malgré lui, et définitivement vaincu par la fatigue, le jeune homme s’affaissa doucement sur le sol.

Il dormait.

  1. Mémoires du duc de Brunswick.