Les Clubs contre-révolutionnaires/00

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INTRODUCTION




I

Les historiens de la Révolution ne se sont guère occupés, jusqu’à ce jour, que des clubs révolutionnaires, notamment de ceux des Jacobins et des Cordeliers, dont l’influence a été très grande sur les événements de l’époque. Ils ont déterminé cette influence avec plus ou moins d’impartialité, sans jamais nier leur importance, tant à cause des hommes qui les fréquentèrent et devinrent célèbres, que par suite des actes accomplis à leur instigation.

Comme la Société des Jacobins, en plusieurs circonstances, tint pour ainsi dire en échec, et successivement, l’Assemblée constituante, l’Assemblée législative et la Convention nationale ; comme elle a eu de nombreuses affiliations, faisant franchement et hautement la propagande ; comme elle a publié un journal de ses séances[1], incomplet mais néanmoins très curieux à consulter, beaucoup de gens ont pu se rendre compte, jusqu’à un certain point, du rôle qu’elle a joué de 1789 à 1794.

Quoique moins étudiée et moins connue, la Société des Cordeliers, où figurèrent des personnages hors ligne, principalement Danton et Camille Desmoulins, a laissé de grands souvenirs et s’est identifiée avec l’âme ardente des premiers partisans de la République. Elle aussi a travaillé publiquement, sans redouter les attaques, ni les calomnies, ni les injures. On l’a accusée de violence à ses débuts, d’indulgence vers sa fin, et longtemps elle a marché d’accord avec les Jacobins, pour combattre énergiquement toutes les réactions, soit monarchiques, soit modérées, contre le républicanisme.

D’autres clubs suivirent les courants révolutionnaires, émirent ou soutinrent des doctrines diverses, sans acquérir une notoriété comparable à celle des Jacobins et des Cordeliers. Ils se distinguèrent par des excentricités qui leur attirèrent souvent les plaisanteries des réactionnaires, mais ne les empêchèrent pas de travailler à l’œuvre commune et de commettre, par exaltation, des fautes que l’on se plut à imputer à crimes, et que les pouvoirs constitués blâmèrent quelquefois vigoureusement, quand la mesure leur paraissait comble. Ces clubs patronnèrent des utopies aussi généreuses que peu réalisables, et, chose étonnante, ils survécurent aux sociétés dont ils étaient les satellites ; ils furent les précurseurs du socialisme, encore sur la brèche aujourd’hui[2].

Dès avant 1789, les idées nouvelles en philosophie, en littérature, en sciences, en politique, avaient fait surgir des groupes, des sociétés, des salons où l’on discutait pour ou contre le mouvement irrésistible qui entraînait les plus hautes intelligences. On se combattait avec une égale vivacité. Les uns tournaient leurs regards vers l’avenir et se livraient à l’espérance de voir le triomphe du progrès auquel ils travaillaient ; les autres ne pouvaient ou ne voulaient se détacher du passé, et s’appuyaient sur les vieilles institutions qui croulaient de toutes parts, sur les préjugés séculaires dont la foule commençait à ridiculiser l’existence, en attendant qu’elle en redoutât le retour offensif.

Les théories faisaient place à l’action, surtout dans la politique, laquelle, étendant chaque jour davantage son domaine, pénétrait dans les hôtels somptueux aussi bien que dans les demeures des bourgeois et des paysans à demi émancipés. Les réunions les moins politiques en apparence contenaient en germe, celles-ci des opposants aux nouveautés, celles-là des partisans du progrès continu. Seulement, remarquons-le, chez les révolutionnaires l’attaque était plus franche que chez les contre-révolutionnaires, usant d’armes cachées et bientôt prêts à conspirer contre les pouvoirs publics, au nom de l’autorité, des droits de la monarchie, de la toute-puissance royale. Ils voulaient faire la contre-révolution par l’intérieur, comme d’autres cherchèrent à la faire par l’extérieur. On les appelait, dans quelques écrits, des « Jacobins blancs ».

En 1789, selon Ferrières, les aristocrates, noblesse, haut clergé, partie du clergé inférieur, parlement, financiers, « s’occupaient des moyens de renverser la Révolution par des manœuvres sourdes et des attaques indirectes : ils formaient des associations, recevaient des signatures, et les bruits qui couraient de guerre civile, de projets de contre-révolution, n’étaient pas tout à fait dénués de fondement. » Souvent les soupçons paraissaient vagues ou sans valeur ; plus souvent ils appelaient la sérieuse attention des patriotes : ils étaient très motivés.

Des clubs politiques existaient depuis longtemps en Angleterre ; chez nous, ils s’ouvrirent dès que les États-Généraux eurent tenu leur première séance, et les clubistes s’efforcèrent d’imiter, de suivre, de contre-balancer les discussions de l’Assemblée nationale. Beaucoup de gens se firent politiciens par patriotisme ou par amour-propre, devançant les députés pour les motions graves et énergiques, blâmant certains décrets, en approuvant d’autres, traitant les questions à fond lorsqu’on les avait à peine effleurées parmi les représentants de la nation, aimant les luttes passionnées qui s’accordaient avec l’état des esprits si prompts à s’émouvoir, si justement ombrageux. « C’est le peuple éclairé de Paris au milieu de journaux et de pamphlets, qui a tout fait », écrit l’agronome et voyageur anglais Arthur Yung.

Remarquons, tout d’abord, que les clubs modérés n’eurent qu’un très faible retentissement dans le public, et que, nonobstant leur prétention à la sagesse et à l’impartialité, ils essayaient en vain de calmer les enthousiasmes populaires. La plupart des amis de la révolution, d’ailleurs, se défiaient de ces sages, de ces impartiaux conseillant au peuple « de n’aller pas plus loin », et refusant d’admettre les conséquences logiques de l’action révolutionnaire. Beaucoup de patriotes détestaient les « enragés de modération. »

Il parut même un projet d’association patriotique sous le nom de Clubs des Amis de la Patrie et du Roi, dont l’objet serait de former entre les honnêtes gens de toutes les classes et de toutes les parties du royaume une correspondance qui aurait pour but de réunir en un point central, pour les répandre de toutes parts, les connaissances sur les moyens de réparer les pertes et les sacrifices que nous a occasionnés la Révolution ; d’assurer de la manière la plus imperturbable les subsistances des peuples ; de redonner de l’énergie au commerce, aux manufactures et aux différentes branches d’industrie ; de ramener enfin l’ordre, la paix, la sûreté et le bonheur en France, par le sieur Pawlet, fondateur de l’École gratuite des orphelins fils d’anciens militaires de tous les grades[3].

Ce projet ne reçut pas d’exécution. Les adhérents manquèrent.

Quiconque s’occupait de politique fréquentait non seulement les clubs, mais aussi les cabinets de lecture nés en même temps que les clubs ; il y trouvait à lire, pour une somme infime, journaux et brochures dans les petites échoppes où sur des tables s’étalaient toutes sortes d’écrits nouvellement parus. Bien souvent, au cabinet de lecture, comme au club, comme au café, comme au salon ou chez un libraire, des discussions graves s’élevaient. On discutait, on s’invectivait, on se battait, à propos de tel ou tel fait, pour l’attaque ou la défense de tel ou tel personnage en vue. À la lueur d’une lampe fumeuse, même d’un simple quinquet, on cherchait là des aliments à la passion politique, et l’on sortait préparé à soutenir les luttes de la rue.

II

En maintes occasions, des publicistes s’élevèrent contre les clubs, et, dans les assemblées délibérantes, on les craignit, on les regarda comme funestes à la tranquillité du pays. Révolutionnaires ou non, ils furent l’objet de critiques plus ou moins sincères. Afin d’atteindre les premiers, des écrivains, royalistes au fond, manifestèrent contre les seconds. Un Journal des Clubs parut en 1790-91[4].

Le 29 septembre 1791, l’Assemblée nationale adopta le décret suivant, proposé par Le Chapelier au nom de l’ancien Comité de constitution.

« L’Assemblée nationale, considérant que nulle société, club, association de citoyens, ne peut avoir, sous aucune forme, une existence politique, ni exercer aucune influence ou inspection sur les actes des pouvoirs constitués et des autorités légales, que sous aucun prétexte ils ne peuvent paraître sous un nom collectif pour former des pétitions ou des députations, pour assister à des cérémonies publiques, soit pour tout autre objet, décrète ce qui suit :

« Article premier, — S’il arrivait qu’une société, club ou association se permît de demander quelques fonctionnaires publics, ou de simples citoyens, ou d’apporter obstacle à l’exécution d un acte de quelque autorité légale, ceux qui auront présidé aux délibérations ou fait quelque acte tendant à leur exécution, seront, sur la poursuite du procureur-général-syndic du département, condamnés par les tribunaux à être rayés pendant deux ans du tableau civique, et déclarés inhabiles à exercer pendant ce temps aucune fonction publique.

« Art. 2. — En cas que lesdites sociétés, clubs ou associations fassent quelque pétition en nom collectif, quelques députations au nom de la société, et généralement tous les actes où elles paraîtraient sous les formes de l’existence publique, ceux qui auront présidé aux délibérations, porté les pétitions, composé ces députations ou pris une part active à l’exécution de ces actes, seront condamnés, par la même voie, à être rayés pendant six mois du tableau civique et suspendus de toutes fonctions publiques, déclarés inhabiles à être élus à aucune place pendant le même tems.

« Art. 3. — A l’égard des membres qui, n’étant point inscrits sur le tableau des citoyens actifs, commettront les délits mentionnés aux articles précédents, ils seront condamnés par corps à une amende de 1,200 livres, s’ils sont Français, et de 3,000 livres, s’ils sont étrangers.

« Art. 4. — L’Assemblée nationale décrète que le rapport de son ancien Comité de constitution sera imprimé et publié, comme instruction, avec la présente loi »[5].

Dans une Adresse d’un bon citoyen à ses frères, brochure in-8o, parue en 1791, nous lisons :

« clubs

« Je ne serai pas long sur cet article. J’opine pour les anéantir tous, et avoir leur mémoire en exécration. Je vous prédis, mes frères, que cela ne tardera point à être exécuté. C’est bien dommage, car, autant ces établissements sont criminels et atroces par l’usage que l’on en fait, autant ils seraient nécessaires, utiles, agréables, si les hommes avaient en vertu ce qu’ils ont en dépravation de mœurs »[6].

La presse réactionnaire partageait l’avis « du bon citoyen » ; le droit de réunion lui déplaisait, d’autant plus que les Français, surtout les Parisiens, loin de suivre les séances des clubs de son opinion, s’efforçaient de les empêcher.

Dans une brochure de l’époque, nous lisons cette appréciation significative :

« Les clubs furent de tous les temps l’antre de la politique : lorsque la sagesse et la décence en ont été les modérateurs, ces caractères impérieux fixaient la vénération ; mais lorsque des projets régicides rassemblent des hommes, lorsque des attentats parricides et le crime en font la mission, leur proscription en est le fruit »[7].

Dans la même brochure, les membres de l’Assemblée nationale sont traités de Frontins Ligurgue ; le duc d’Orléans est appelé Néron, et Barnave, Nèronnet.

À plus forte raison craignait-on les clubs d’hommes armés.

Le Journal de Paris annonça, en décembre 1790 :

« MUNICIPALITÉ DE PARIS

« Le Corps municipal vient de rendre une proclamation par laquelle, conformément au décret de l’Assemblée nationale relatif aux corps armés, il défend aux Vainqueurs de la Bastille de s’assembler et de prendre aucunes délibérations »[8].

À propos de la presse réactionnaire, il importe de ne pas oublier que les journaux royalistes donnèrent, les premiers, l’exemple du style injurieux et cynique, employé par le père Duchesne. C’est vainement que des historiens ont prétendu le contraire.

Il parut, en 1790, une brochure : de l’Imprimerie du sieur Motier (La Fayette). Et se trouve chez madame Bailly, rue Trousse-Yache. Tout le travail est à l’avenant, rempli d’injures grossières, d’ignobles imputations touchant à la vie privée.

III

Pour défendre l’aristocratie, pour attaquer la démocratie naissante, les journalistes ne manquèrent pas, soldés ou non par les opposants. Leur plume traduisit presque constamment le dédain qu’ils éprouvaient à propos des hommes et des événements de l’époque. Rivarol et Chamfort avaient des imitateurs, qui comptaient trop sur l’esprit pour avoir raison de la vérité palpable, pour amoindrir, dénaturer ou nier les faits les plus évidents.

Le monarchisme, dans la presse, ne cessa de lancer des flèches sur le peuple, au risque de le blesser, parfois avec l’intention de l’irriter et de le porter aux excès. Un mot piquant, une expression ironique, une calomnie dénuée de tout fondement, suffisaient à engendrer des haines redoutables, entretenaient le feu de la discorde, rendaient les émeutes fréquentes, et c’était justement que Danton appelait l’abbé Royou « le Marat de la monarchie », quand l’Ami du Roi, qui commença de paraître le 1er juin 1700, devint tout à fait agressif et violent. On prétendait que le « pape Royou » se cachait au fond d’une cave, en juin 1791, et que son journal se distribuait la nuit.

Les Actes des Apôtres dataient leur apparition de l’An zéro de la liberté. C’était chez la marquise de Chambonas que les rédacteurs de cette feuille tenaient conseil ; Rivarol, Champcenetz, le vicomte de Mirabeau et le Comte de Tilly s’y inspiraient pour vilipender les patriotes. Ensuite, ils faisaient ordinairement leur journal chez le restaurateur Beauvilliers, ou chez Mafs, au Palais-Royal. Dans ces dîners, dits évangéliques, les initiés seuls étaient admis, se mettaient à causer entre eux. Les « 

apôtres » écoutaient attentivement, écrivaient la conversation en cours sur un coin de table.

Ainsi se trouvait rédigé, mystérieusement, le numéro du journal les Actes des Apôtres. Ce numéro était laissé sur la carte du restaurateur ; du restaurateur, il passait aussitôt chez un libraire dont la boutique avoisinait l’établissement de Beauvilliers, et qui se nommait Gathey [9].

Nous aurons plus d’une fois, dans ce livre, l’occasion de faire des rapprochements entre les menées mystérieuses des royalistes et les critiques imprimées qui paraissaient en même temps, et qui étaient publiées sous forme de journaux, de brochures, d’affiches, d’estampes avec ou sans texte.

C’étaient des provocations sur lesquelles comptaient les monarchistes pour amener des émeutes, dont souvent ils furent les victimes involontaires, les battus par imprudence.

Dans le tome quatrième du Journal de Louis XVI et de son peuple, ou le Défenseur de l’autel, du trône et de la patrie, un rédacteur s’attaquait au côté gauche ou sinistre de l’Assemblée constituante. Ce journal, commencé en 1790, vécut jusqu’à la fin de ladite Assemblée, soutenant la monarchie avec une âpreté excessive, sans se soucier des faits accomplis, des besoins de l’époque, des abus passés.

Les Actes des Apôtres ne tarirent pas en insultes adressées aux patriotes, depuis 1789 jusqu’en 1791. Son prospectus portait pour épigraphe :

« Quid Domini facient, audent cum talia fures.
« Liberté, gaieté, démocratie royale. »

Le 1er octobre de la même année parut A deux liards, à deux liards mon journal [10], dans lequel nous lisons, au début :

« Je n’emploierai que quelques lig-nes à me mettre au courant de la nouvelle Assemblée nationale. Elle a débuté sur le théâtre du Manège le 1er octobre 1791, l’an III de la révolte, en langage vulgaire l’an 1791, vérifié ses pouvoirs en deux jours, juré trois fois, insulté le Roi, la garde nationale, le public, bafoué les ministres, et gagné 150.000 francs. »

Nous lisons, au premier mois, n° 11, page 2 : « L’Assemblée a renoncé à être honorable et honorée. J’aime à voir qu’elle se rend justice. »

Deuxième mois, n° 30, page 3 : « Nos révolutionnaires sont fiers d’avoir réussi à intéresser l’univers entier à les voir pendus. »

Les Sabats jacobites (sic), par Marchant, journal publié en 1791 et en 1792, contenait dans son cinquantième numéro les phrases suivantes :

« Parlons des Jacobins. Je vais donner le précis d’une de leurs plus belles séances, celle du 28 août de la troisième année de la canaillocratie » [11].

La Chronique du Manège, du même Marchant, écrite dans le genre des Actes des Apôtres, avait été publiée en 1789.

Le Babillard, en juillet 1791, parlait du « joug clubinocratique » ; il parlait aussi des républicoquins.

Ce journal « du Palais-Royal et des Tuileries », rédigé par Joseph-Alphonse Esménard, du 5 au 30 octobre 1791, eut un supplément, le Chant du coq, feuille encore plus ultra-monarchique [12].

A la veille de la réunion de l’Assemblée législative, le Journal du Soir ou le Petit Page, terminait sa carrière en imprimant :

« Bulletin de la séance dliier et d’aujourd’hui.

« Il a été décrété que la liste des gredins qui doivent remplacer ceux-ci serait imprimée ; qu’ils entreraient en pleine et entière activité le 1er octobre prochain, et qu’ils voleraient, pilleraient et égorgeraient, feraient voler, piller et égorger, jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu d’en ordonner autrement » [13].

Le journal l’Apocalypse, commencé en janvier 1791, et qui a eu cinquante numéros, portait pour épigraphe : Ad majorem Regis gloriam. En effet, il sacrifiait tout à la volonté absolue de Louis XVI.

La Rocambole des Journaux ou Histoire aristo-capucino-comique de la Révolution, rédigée par Dom Regius antijacobinus et Ce, inscrivait au frontispice de son cinquième numéro :

« Une Foi, une Loi, un Roi. »

Une feuille qui n’eut que quatre numéros, parus en 1790, était intitulée : Affiches de V Aristocratie ^ ou Journal Aristocratique.

L Anti-Marat (1/91) était l’œuvre d’une société de gens de lettres royalistes. Le Gontre-révolutio7inaire justifiait son titre ; le Contre-poison des Jacobins était signé par Moreau et Jardin. Du Rosoy, dans sa Gazette de Paris, commencée le 3 novembre 1789, terminée le 10 août 1792, faisait une guerre perpétuelle au nouvel ordre de choses, et, en mai 1792, Royou, dans son Ami du Roi, annonçait comme certaine la résurrection de l’ancien régime. Les Actes des Apôtres appelaient la guillotine « la Mirabelle », par allusion au grand orateur. Dans le Journal de la Cour et de la Ville (Petit Gauthier), Gauthier osait écrire, en 1792 :

« Qu’attendez-vous ? Faut-il que le sang ruisselle de toutes parts ? Ne perdez pas de tem[)S, mettez double charge dans vos fusils, faites marcher vos canons ! Volez à l’affreux repaire des Jacobins, et exterminez-les tous jusqu’au dernier (1) ! » Bien d’autres organes du monarchisme ont laissé des traces, généralement incomplètes, dans les bibliothèques et dans les archives, pour l’époque révolutionnaire. Nous n’avons dû indiquer ici que les plus essentiels, afin de ne pas multiplier inutilement les titres des journaux n’ayant fait que paraître et disparaître, les titres de brochures passées inaperçues, dont l’énumération sortirait de notre plan.

Qu’il nous suffise des citations précédentes. Elles caractérisent l’esprit des hommes d’opposition au progrès révolutionnaire, depuis 1789 jusqu’à la fin de 1792, c’est-à-dire dans la première période de réaction, pendant laquelle les Feuillants et les modérés de toutes nuances mêlaient souvent leur voix à celle des royalistes, en ne voulant pas aller plus loin que la Constitution de 171)1, en demeurant simplement Co ?25/ ?^z^tionnels, ou libéraux ayant le Roi à leur tête. (1) Le Journal général de la Cour et de la Ville parut du 13 septembre 1789 au 10 août 1792.

Les royalistes essayèrent de corrompre des clubistes populaires ; mais ce fut sans succès.

On trouva dans l’armoire de fer une note indiquant que les assemblées et clubs coûtaient quatorze mille livres, les intelligences à conserver dans les clubs onze mille livres, plus quatre orateurs dans chaque section à trois cents livres, soit quarante-trois mille deux cents livres. Pour une pareille somme, la majorité des clubistes ne pouvait être entamée. A de rares exceptions près, les réactionna-ires, les partisans de la royauté absolue, ne réussirent pas à acheter des consciences. Leur plan fut vite deviné par les masses. Le parti de la cour était appelé Parti de l’Œil-de-Bmif^ à Versailles, comme il le fut à Paris (I). Il agissait beaucoup^ mais sans effets réels. Il produisait un courant contraire à ses vues, entravait le mouvement, mais ne parvenait pas à l’arrêter. Loin de là, il faisait naître l’union temporaire des amis de la Révolution, lors des grandes journées, — le 14 juillet, le 4 août 1 789, la fuite du Roi, le 20 juin et le 10 août 1792, la proclamation de la République, et le décret qui déclarait la « Patrie en danger ».

IV

Telle fut la première période de réaction, allant de 1789 à 1793, uniquement monarchique, religieuse et nobiliaire, repoussée de toutes parts, énergiquement, par les patriotes encore unis dans la même pensée d’émancipation. Cette période de réaction fut très sérieuse, car elle grossit de jour en jour, accrue tantôt par les émigrés, tantôt par les prêtres insermentés, tantôt par les insurgés de l’Ouest, tantôt enlin par les mécontents que faisait la réussite des partis vainqueurs, des Jacobins^ des Cordeliers, des membres de la Commune^ des patriotes suivant leur voie malgré l’Europe coalisée, déliant les souverains étrangers, résolus à périr ou à assurer le triomphe de la démocratie. Période intéressante et assez longue.

A diverses reprises, les émigrés, les prêtres insermentés et les insurgés de la Bretagne et de la Vendée s’entendirent, de (1) Voir, plus bas, Comiiù autrichien.

leur côté, pour enrayer la Révolution ; trop souvent les rebelles à la loi, par ambition ou entêtement, contribuèrent consciemment ou inconsciemment à créer des embarras politiques dont l’effet principal fut de pousser les gouvernements successifs aux violences et à l’arbitraire. Journalistes, clubistes, administrateurs, tous les Français voués à la politique s’engagèrent dans une série de luttes où chacun finit par perdre le calme nécessaire aux hommes qui dirigent les affaires d’un pays. La mêlée faisait présager des années effroyables. Le point de départ de la Terreur est, quoi qu’on ait pu dire, la première période de réaction, pendant laquelle, déjà, des trahisons à l’intérieur et aux armées, des provocations perpétuelles adressées aux patriotes, des paniques causées par les alarmistes rendirent tout accord impossible et firent dévier plus d’un caractère honorable. Des gens d’espèces les plus diverses, qui vivaient de leurs relations avec les aristocrates, étaient essentiellement contre-révolutionnaires. Quand arriva la seconde période, — de 1793 à la moitié de l’année I 794, — comprenant la tragique lutte des Girondins avec les Montagnards et le triomphe des Robespierristes, jusqu’à la réaction thermidorienne, l’opposition des clubs royalistes cessa tout d’abord, (^elle des Girondins, tombés du pouvoir, continua sourdement à la veille du 31 mai 1793. Puis, sous le nom à’IndîUgents, plusieurs révolutionnaires bien connus pour leur ardeur et leur audace soutinrent le choc des partisans exclusifs de Robespierre, de Couthon et de Saint-Just, — le Tfkmiviral^

— qui les accusèrent de tremper dans la réaction, d’être modérés, ambitieux, hommes d’Etat, même royalistes. Donc, réactionnaires furent les hommes de la Gironde en face des hommes de la Montagne, puisqu’ils n’adoptaient pas la marche suivie par leurs adversaires ; réactionnaires furent les JDantonistes, puisqu’ils s’arrêtèrent, eux aussi, devant les Robespierristes, et devinrent les modérés de la Montagne, puisqu’ils voulurent terminer la Révolution par la clémence. Mais rien ne prouve qu’ils conspirèrent avec d’Orléans et Dumouriez, qu’ils se vouèrent au fédéralisme, qu’ils eurent la pensée de rétablir la monarchie, de détruire la représentation nationale et le g-ouvernement républicain ( 1 ). Ils étaient, en quelque sorte, des imprudents qui voulaient endiguer un torrent qu’ils avaient d’abord suivi dans sa course. Les Girondins avaient prêté le flanc aux Montagnards, à cause du point d’appui qu’ils cherchaient dans les départements, on l’a pu croire, pour chercher à organiser de petites répubhques fédératives, et à rompre l’unité nationale que la Convention en majorité entendait sauvegarder. Après la journée du 31 mai, ils avaient formé un gouvernement insurrectionnel contre la Convention, sous le titre à’AssemUée des départements réunis ; leur petite armée, dans le Calvados et l’Eure, qui était commandée par Wimpfen, se composait principalement de royalistes.

Aucun club ne suivit la politique girondine, dont les adeptes se réunissaient surtout dans le salon de madame Roland de la Platière, dès le moment où le parti qu’illustra Yergniaud acquit une puissance redoutée par les Montagnards, Puis, quand ceux-ci furent de force à l’emporter, le Comité Valazé, d’abord non en vue, presque secret, mais déjà dénoncé par Marat, prit la tournure de complot (2) et n’aboutit pas. Chez Lucile Desmoulins, on vit nombre de Cordeliers, notamment Danton, coudoyant Robespierre. Il y eut scission. Robespierre céda la place, en cette réunion, aux Indulgents^ qui périrent sur l’échafaud comme les Girondins, noyés dans le torrent. Alors, la presse des opposants actifs se tut, ou à peu près. Exceptionnellement, certains journaHstes jouèrent leur tète en écrivant contre le parti dominant, devenu implacable. Les feuilles royalistes ou aristocratiques avaient disparu ; leurs rédacteurs s’étaient réfugiés à l’étranger pour attaquer encore la Convention et faire chorus avec les émigrés. VI

Lorsque Robespierre eut succombé, une troisième période de réaction fiit la conséquence de sa chute. Cette situation, toujours troublée, mais surtout confuse, rendit le courage aux (1) Voir, plus bas, Comité orléaniste.

(2) Voir, plus bas, Comité Valazé.

monarchistes et aux nobles qui avaient survécu, possédaient des adeptes jusque dans la Convention, et s’estimaient heureux d’avoir assisté à la Réaction thermidorienne. Mais ces g-ens-là, craignant d’être regardés comme suspects, n’exposaient plus leurs opinions en public. Secrètement, dans les salons, dans les boudoirs, oii ne se rencontraient que des amis éprouvés et sûrs, y lisant les journaux, les nouvelles à la main, ils espéraient toujours voir un temps meilleur ; un successeur de Louis XVI, ramené par les souverains coalisés ; la France délivrée des révolutionnaires et reprenant le bon ton et les plus jolies manières.

Ils avaient des clubs à huis- clos, des officines de conspirations où s’étaient réfugiés les derniers débris de la noblesse et du clergé encore debout. Ils guettaient les républicains, s’apprêtaient à profiter de leurs fautes, se liguaient, au besoin, avec des thermidoriens, recevaient les renégats à bras ouverts, restaient émigrés à l’intérieur, résolus à fraterniser avec les émigrés de l’extérieur qui allaient bientôt rentrer. On pouvait les regarder comme des rebelles de clubs, de cercles, de salons, poussant aux manifestations plus ou moins inoffensives, promenant leur politique sur les boulevards, dans les foyeré de théâtre, chez le glacier Garchi, dans quelques cafés et restaurants qui s’étaient transformés en petits clubs contre-révolutionnaires.

La population parisienne perdait en partie les convictions républicaines ; l’orientation de la politique variait d’un jour à l’autre ; les hommes et les choses changeaient presque à vue d’œil.

Sous le Directoire, succédant à la Convention décimée, ressemblant à une monarchie représentative, la troisième période de réaction redevint principalement royaliste comme la première, à cause de la faiblesse du gouvernement. Des clubs actifs se rouvrirent avec le but avoué de renverser le pouvoir, qui se réclamait encore de la République. Les ClicJiyens se proclamaient (( honnêtes gens », menaçaient les jacobinières et couraient sus aux « buveurs de sang, » comme disaient les monarchistes unis aux thermidoriens, démocrates équivoques. Afficher les opinions royalistes devint une mode ; sous prétexte de poursuivre les Jacobins, on organisa la propagande en faveur du comte de Provence (depuis, Louis XVIIl). Peu à peu, les émigrés et les prêtres insermentés se montrèrent, trouvèrent des protecteurs puissants, malgré la loi, et purent entrevoir la réalisation de leurs espérances ajournées plus tard sous le Consulat et l’Empire, pour reparaître en 1814. On parla sans crainte dans les hôtels aristocratiques. VII

Le gouvernement lui-même servit imprudemment la réaction royaliste, en se figurant qu’il consolidait ainsi sa puissance, à l’aide de ralliés. Trompé par les apparences, il sévit à la fois, dans les premiers temps de son existence, contre les réunions républicaines ou anti-républicaines, indistinctement. Un arrêté du Directoire parut (1), quelques mois après les journées de prairial et de vendémiaire, comme pour placer les contre-révolutionnaires sur le même pied que les derniers Montagnards. Cet arrêté, le public le lut sans trop d’émotion. Yoici sa teneur :

« Le Directoire exécutif arrête ce qui suit : « Article premier. — La réunion formée dans le local connu sous les noms de Salon des Princes et de Salon des Arts^ boulevard des Italiens ;

« La réunion formée dans la maison de Sérilly^ vieille rue du Temple ;

« La réunion formée dans le palais Egalité, sous le nom de Société des Écliecs ;

« La réunion formée dans le ci-devant couvent des Génovéfains et connu sous le nom de Société du Panthéon ; « La réunion dite des Patriotes^ formée rue Traversière, numéro 804 ;

« Sont déclarées illégales et contraires à la tranquillité publique.

« Leurs emplacements respectifs seront fermés dans les vingt-quatre heures, et les scellés seront apposés sur les papiers y existant.

« Art 2. — Le théâtre dit de la nce Feydeau, et l’édifice connu sous le nom à’ Église de Saint-André des Arts, seront pareillement fermés dans les vingt-quatre heures. (1) Du 8 ventôse an IV (28 février J796).

({ Le ministre de la police générale est chargé de l’exécution du présent arrêté.

« Signé : Letourneur, président.

« Lagarde, secrétaire-général . »

YIII

Par la journée du 18 fructidor le Directoire fut ébranlé, bouleversé. Les insurrections, les complots au profit de la royauté le menaçaient très sérieusement. Successivement, une commission extraordinaire de police, une loi de police contre les émigrés avaient été votées ; en décembre 1797, la police prit les mesures les plus énergiques contre « les brigands royalistes ». Mais, en dépit du sens vraiment républicain, le Directoire poursuivit surtout les babouvistes, les ardents révolutionnaires regardés comme étant séditieux. La conspiration de Babeuf ou du camp de Grenelle le troubla plus encore que celle de la Villeheurnois et consorts, et il usa envers ceux-ci d’une clémence inutile, car ils ne cessèrent pas leurs attaques contre la République. La troisième période de réaction devait avoir des conséquences fatales.

Dans le courant de cette période, aussi bien vers la fin de la réaction thermidorienne que sous le Directoire, les réactionnaires persévérants ne s’en tinrent pas à la polémique de la presse, des clubs et des salons. Profitant des luttes qui divisaient la Convention et des convulsions terribles de l’intérieur ; exploitant avec habileté les fautes du Directoire, la confusion qui existait dans son sein, ils accumulèrent les complots. Ils ne manquèrent pas de s’attaquer ouvertement aux conventionnels, dont la majorité s’acharnait trop sur les derniers montagnards ; et, par leur fait, l’insurrection ensanglanta Paris. Quand Laurent Lecointre dénonça à ses collègues les complices de Robespierre, ils cherchèrent à prendre leur revanche ; pendant deux jours, les carrosses se pressèrent à la porte des dénonciateurs. Les réactionnaires de toute nuance regardèrent la Révolution comme non avenue. Le sabre les vainquit. On sait le reste, — comment le Consulat voulut les amadouer, comment l’Empire se les attacha en partie, ressuscitant le passé au profit de Napoléon Bonaparte.

Après le 9 thermidor, les pamphlets royalistes et contre-révolutionnaires avaient employé de plus en plus l’injure, la calomnie et la menace, à mesure que les événements s’aggravaient. Un décret de la Convention défaillante avait porté : « Quiconque sera convaincu d’avoir composé ou imprimé. des ouvrages ou écrits périodiques provoquant la dissolution de la représentation nationale, le rétablissement de la royauté... sera puni de mort. »

On s’était plaint beaucoup, sous la Terreur, de la licence et du libertinage de la presse, des calomnies, des dénonciations, des injures, des menaces que les journalistes répandaient dans le public.

IX

Quelque temps après, néanmoins, la nouvelle Constitution (du 22 août 1795 au 5 fructidor an III) respecta la liberté de la presse.

Elle contient cet article ;

« Nul ne peut être empêché de dire, écrire, imprimer et publier sa pensée. — Les écrits ne peuvent être soumis à aucune censure avant leur publication. — Nul ne peut être responsable de ce qu’il a écrit ou publié que dans les cas prévus par la loi. »

11 restait à déterminer par des prescriptions législatives jusqu’où irait la liberté de la presse, et s’il n’y aurait pas une sorte de censure après la publication des écrits. Ce correctif annulait presque le principe.

Quant aux réunions politiques, elles se bornèrent aux assemblées primaires ou communales. Il n’y en eut plus de permanentes : les oppositions au gouvernement se manifestèrent par la plume.

Aussitôt, les journaux et les pamphlets, principalement les feuilles royalistes, redoublent d’audace, de sarcasmes et d’ironies cruelles, publient les mots lancés dans les salons, ou dans certains cafés de la capitale que fréquente la jeunesse dorée. La « bourse des Chouans », pour l’agiotage, se tient effrontément^ au café de Chartres, de onze heures à trois heures. Le Directoire, agissant comme tous les gouvernements faibles et tiraillés, abuse du droit de se défendre, et veut des mesures répressives. Le coup d’Etat du 18 fructidor (5 septembre 1797) suspend, ou plutôt supprime la liberté de la presse.

En effet, le conseil des Cinq-Cents déclare alors : « Les journaux, les autres feuilles périodiques et les presses qui les impriment sont mis pendant un an sous l’inspection de la police qui pourra les prohiber, aux termes de l’art. .353 de l’acte constitutionnel. y>

D’après un rapport, les journalistes sont les complices de la conspiration royale, auteurs de tous les crimes contre la société et les institutions du pays ; ils reçoivent des articles à insérer ; ils acceptent l’arg-ent des conspirateurs et des contre-révolutionnaires. Il faut les châtier sévèrement et promptement. A cet effet, des visites domiciliaires sont ordonnées. La commission établie pour frapper la presse propose de déporter les propriétaires, entrepreneurs, auteurs, rédacteurs et collaborateurs de soixante-sept journaux, soit à Paris, soit dans les départements. Plusieurs députés, même, opinent pour qu’on les déporte en masse.

Un vote intervint. Quarante-cinq journalistes furent déportés, cinq furent rayés, dix-sept furent renvoyés à nouvel examen. Dupont de Nemours, philosophe, économiste, rédacteur de V Historien^ membre du conseil des Cinq-Cents, ancien député à l’Assemblée constituante, eut son imprimerie détruite. Ne voulant pas être ainsi discuté, il donna sa démission de membre des Anciens, et s’exila volontairement aux Etats-Unis. Barbé-Marbois, l’abbé Sicard, La Harpe, Fontanes, et d’autres écrivains furent déportés ou proscrits. « Convaincu de la réalité de la conspiration, le Directoire décerna des mandats d’arrêt contre les auteurs du Bulletin des armées coalisées^ la Parisienne ^ la Quotidienne (1), le Courrier de’ Paris, le Miroir, le Grondeur^ le Démocrate, les Hommes libres, le Défenseur des princi2)es, la Feuille du jour^ le Nécessaire, le Défendeur de la Patrie (2) ». Les scellés furent apposés sur leurs presses. Le Directoire demanda en outre une loi répressive des abus de’ la presse, ou plutôt contre les polémistes qui le gênaient. (1) Parue pour la première fois le 22 seplenibre 1702, Jour où la Hcpublique avait été proclamée. Cette feuille, souvent supprimée, reparaissait Avec un autre titre.

(2) En vertu de l'article 14i> de la Constitution.

En 1796, Gracchus Babeuf, rédacteur du Tribun du Peuple, accusé d’attaques contre le Directoire et les conseils, fut traduit devant la Haute Cour nationale, siégeant à Vendôme. Kn juillet 1799, les rédacteurs de onze journaux hostiles au Directoire, surtout à l’abbé Sieyès, furent incarcérés. Le martyrologe de la presse fut presque complet.

De 1789 à 1799, naquirent près de cinq cents journaux ; les uns moururent faute d’abonnés, les autres par suppression, d’autres, enfin, par la mort de leurs rédacteurs.

Personne n’ignore que, malgré l’art. 353 de la Constitution de 1795, le gouvernement directorial frappa non seulement les clubs, qui étaient fermés quand cette constitution parut, mais les journaux et les imprimés de toutes sortes, quand ils lui portaient ombrage.

X

Au Directoire exécutif, composé de cinq membres plus ou moins d’accord ; à un gouvernement transitoire, impuissant et très décrié, lequel cherchait incessamment sa voie, succéda l’autorité d’un général victorieux, environné du prestige militaire, ayant une popularité énorme, et prêt à saisir le pouvoir pour lui seul, — avec deux assesseurs, absorbés par sa personnalité rayonnante.

Un gouvernement quasi monarchique se constitua sous forme de Consulat, composé de trois hommes dont le maître était un militaire, à la fois héros de l’armée d’Italie et du 13 vendémiaire.

Bonaparte, qui s’était dit républicain, déclara, après le 18 brumaire : « Pour gouverner, il faut des bottes et des éperons. » Le Premier Consul renchérit sur le Directoire, dans ses attaques à la liberté de réunion et à la liberté de la presse. Comme Robespierre et le Comité de salut public avaient « ajourné cette dernière liberté jusqu’après la guerre », lui, dont la guerre était l’élément, s’empara de l’idée en se cachant sous le masque de la République.

Un arrêté parut, ainsi conçu : « Les consuls de la République, considérant qu’une partie des journaux qui s’impriment dans le département de la Seine sont des instruments dans les mains des ennemis de la République, etc., arrêtent : Article piemier : le ministère de la police ne laissera, pendant toute la durée de la guerre, imprimer, publier et distribuer que les journaux ci-après désignés : Le Mordteur miiversel, le Journal des Débats (1), le Journal de Paris, le Bien informé, le Publicisle, Y Ami des Lois^ la Clef des Cabinets, le Citoyen français^ la Gazette de France, le Journal des Hommes libres, le Journal du Soir^ le Journal des Défenseurs de la Patrie^ la Décade philosophique, et les journaux s’occupafiû exclusivement des sciences, * arts, littératjire, etc., etc. Le ministre de la police devra présenter un rapport sur tous les journaux qui s’impriment dans les autres départements, et il veillera à ce qu’il ne s’imprime aucun nouveau journal. Les propriétaires et rédacteurs devront se présenter à la police pour justifier de leur qualité de citoyens français, de leur domicile, de leur signature, ei promettre fidélité à la Constitution. Seront supprimés sur-le-champ tous les journaux qui inséreront des articles contraires au respect dû au Pacte social (2), à la souveraineté du peuple et à la gloire des armées, ou qui publieront des invectives contre les gouvernements et les nations amies ou alliées de la République, lors même que ces articles seraient extraits de feuilles périodiques étrangères (3) ».

La Constitution du 23 frimaire an Y III ne parla pas de la liberté de la presse ; le sénatus-consulte organique delà Constitution du 16 thermidor an X (4 août 1802) n’en parla pas davantage ; en septembre 1803, la presse fut soumise à la censure.

Il n’y avait pas lieu d’interdire les clubs : le Directoire avait fait cette besogne complètement. Bonaparte surveilla les salons, royalistes ou autres, qui s’opposaient à sa toute-puissance, ou qui se permettaient de gloser sur sa personne. XI

Jamais rien de plus oppressif n’avait été édicté depuis l’Assemblée constituante, pour entraver préventivement la [14] discussion des actes d’un gouvernement. Tout en paraissant prendre des mesures d’une égale sévérité contre les ennemis de la République, les Directeurs et les Consuls visaient plus directement les hommes fidèles aux principes révolutionnaires que les partisans du militarisme à outrance. Lorsqu’on examine à fond la manière dont les lois furent appliquées, on peut se convaincre aisément que les chefs des pouvoirs directorial et consulaire montrèrent beaucoup de tolérance à l’égard des contre-révolutionnaires, en frappant fort sur les derniers démocrates.

Il convient d’appuyer sur ce point, de montrer aussi que les royalistes, amis du trône et de l’autel, profitèrent amplement de la position. Ils espéraient trouver dans le Premier Consul un Monck français, et, loin de lui faire une opposition déclarée, une opposition de journaux et de clubs, ce que, d’ailleurs, il n’aurait pas souffert, ces habiles prodiguèrent les louanges au restaurateur de la religion, mais ne l’épargnèrent pas dans la plupart de leurs salons.

A peine rouvertes, les sacristies devinrent des foyers latents de royalisme. A peine rentrés, les nobles émigrés transformèrent leurs hôtels en lieux de pohtique secrète, où ils se réjouissaient des luttes parfois heureuses de la Vendée, des succès de l’étranger. Leur objectif étant la restauration du roi légitime, rien ne les arrêtait pour y contribuer ; il n’y avait pas eu de solution de continuité dans leurs intrigues à l’intérieur et à l’extérieur.

Le Consulat forme la quatrième période de la contre-révolution.

A défaut de clubs, de journaux opposants, il y eut des salons anticonsulaires, des conciliabules secrets. Une réunion de muscadins (I) royaHstes fut un foyer de conspiration. On l’appelait « le sénat de Pilnitz. »

Contre Bonaparte, travaillant pour lui-même et se targuant de républicanisme en persécutant les républicains, contre le Premier Consul qui n’avait pas accepté le rôle de Monck, l’opposition ne ménagea rien, répondit à la force par la ruse, jusqu’à l’époque impériale, pendant laquelle une partie de la noblesse et du clergé se contenta de bouder. En outre, des salons libéraux, ne succédant aux salons de M) Voir, plus bas, Cluh de Clichy. la révolulion que sous bénélice d’inventaire, accueillirent nombre de personnages tout disposés à reconnaître un roi constitutionnel ou à briguer l’honneur de iigurer à la cour de Napoléon I". Que de renégats de l’Assemblée constituante, de la Convention, delà Terreur, de la réaction thermidorienne, du gouvernement directorial et du Consulat ! XI I

Résumons-nous. L’histoire des clubs contre-révolutionnaires, si intimement liée à celle de la presse, à celle des réunions privées et des salons, contribue à jeter de la lumière sur l’époque mémorable dont beaucoup de contempteurs ont tiré leur bien-être actuel, en la payant d’ingratitude. Elle accuse la mauvaise foi de ceux qui croient avoir tout dit en ne parlant que de persécutions et d’holocaustes ; die établit l’état fanatique de ceux auxquels elle n’a rien appris et qui se sont retranchés dans leurs convictions comme dans des forteresses inexpugnables, sans tenir compte des événements et du temps, des causes qui ont amené la Révolution.

Qu’on ne s’étonne pas de trouver dans ce livre, à côté des détails relatifs aux clubs et aux réunions diverses, des citations d’imprimés du temps, satiriques ou autres. Elles expliquent bien des craintes, bien des audaces, bien des événements dont l’origine semble parfois incompréhensible. Pour les partis royaliste et aristocratique, nous pouvons, sans faire de procès de tendance, établir que dans leurs réunions mondaines ils restèrent la plupart du temps prôneurs du passé, frondeurs du présent, effrayés de Tavenir, et qu’ils conservèrent soigneusement Tesprit de caste, de manière à attirer sur eux l’attention des novateurs, jusqu’au jour où beaucoup d’entre eux, surpris par les événements, n’échappèrent pas à la suspicion et terminèrent leur vie au-delà des frontières ou dans les prisons et sur l’échafaud. Leur obstination fut telle que, à l’époque la plus terrible de la Révolution, ils tinrent des sortes de clubs au fond des cachots en bravant la mort avec courage. Vaincus et vainqueurs, alors, se distinguèrent par la virilité de leurs actes, ce qui donne tant de relief à la génération tiou qui a paru sur Ja scène politique en France, depuis 1789 jusqu’à I80i.

Les variations des esprits opposants ont été si nombreuses, quelquefois de si courte durée, qu’on se perd dans la foule des expressions en usage pour désigner successivement les factions contre-révolutionnaires ou réactionnaires pendant une quinzaine d’années.

Ce furent les Aristocrates^ les Royalistes^ noms communément attribués à tous les réacteurs dès le début de la grande crise ;

— les Ci- devants, nobles ou anciens foctionnaires de la monarchie ; — les Noirs ; — les Alarmistes^ toujours prêts à propager les mauvaises nouvelles, et, au besoin, à en inventer ; — les Apitoyeurs, qui affectaient de plaindre le sort des émigrés, des prêtres réfractaires et des contre-révolutionnaires en général ; — la Agents de Pitt oio de Cobourg. ou les Pitlisies, payés par l’étranger ; — la Faction de Vétranger^ outre les Salariés de Cobourg ; — les Hommes de Coblentz et les Emigrés ; — les Condëens, en relation avec l’armée de Condé ; — les Héros de cinq cents livres (chevaliers de Saint-Louis) ; — les Kgor’genrs ou Compagnons de Jéliu^ dans le Midi, et les Chifonisles^ membres de la Cldfone^ royalistes d’Arles ; — les Cheraliers du poignard^ auteurs d’une conspiration monarchiste ; — les membres du Comité autrichien (1) ; — la Faction des dévotes^ ne voyant en toutes choses que les intérêts de la religion ; — les Christocoles, de même opinion ; — les Calotins, amis du clergé ;

— les Vendéens et les Chouans ; — les Corneurs de la Vendée ;

— les Orléanistes, appartenant au parti du duc d’Orléans (2), et les Phllippotins ; — les Robinocrates ou AristG-robino-craleSy rêvant l’autorité pour les hommes de robe, magistrats ou avocats ; — les Accapareurs, spéculant sur la cherté des grains ;

— les Affameurs, détruisant les objets d’alimentation, pour exaspérer le peuple ; — les Corrupteurs, ou acheteurs de consciences ; — les Epauleltïers, officiers de la Garde nationale ; — les Endormeurs, conseillant les voies de douceur et travaillant pour eux-mêmes ; — les Fayettisles ; — les Impartiaux (3) ; — les Feuillants (l) ; — les Modérés ; — les Insouciants, ou [15] indifférents en matière politique ; — les Pétionistes, partisans du maire de Paris ; — les Rolandins ou Rolandistes, dévoués au ministre Roland et à sa femme ; — les Fédéralistes du groupe des Girondins ; — les Aboyeurs, ou crieurs de journaux, de canards, de pamphlets aussi bien pour les royalistes que pour les révolutionnaires.

Puis, sous la Convention, les noms de réactionnaires varièrent encore. Ce furent : les Suspects ; — les Indulgents, adoptant les idées de clémence émises par Camille Desmoulins ; — les Hommes d’État, ou députés de la Gironde et leurs partisans ; — les Intrigants ; — les Dantonistes ; — les Crapauds du Marais, ou les Marécageux, ou le Ventre, c^est-à-dire les irrésolus de l’Assemblée ; — les Diffamateurs, sous toutes les formes.

Enfin, après le 9 thermidor, ce furent : les Thermidoriens ; — les Réagisseurs ; — les Victimes, membres des familles que la Révolution avait frappées ; — la Jeunesse de Fréron, ou les Fréronistes, ou les Messieurs à bâton, ou la Jeunesse dorée ; — les Collets noirs et les Collets verts ; — les Muscadins, immolant tout au plaisir ; — les Agioteurs, faisant des fortunes scandaleuses à la Bourse, per fas et nefas ; — les Clichyens[16] ; — les Salmichiens, ou Salmistes, ou Salmigondis, du club de Salm[17] — les Vendémiaristes, sectionnaires qui marchèrent contre la Convention ; — les Vainqueurs de Germinal, qui mirent Paris en état de siège, — et les Constitutionnels, défenseurs de la Constitution de l’an III, soupçonnés de conspirer contre le Directoire et de vouloir rétablir une monarchie tempérée.

XIII

Cette longue énumération prouve les fluctuations de l’opinion publique pendant quinze années de notre histoire ; elle montre la nation en travail pour conquérir ses droits, malgré de continuelles alarmes, des mauvaises volontés successives ; elle établit la force des regrets chez les hommes du passé, les enthousiames et les impatiences chez les hommes de progrès ; elle fait comprendra la rapidité avec laquelle les événements modifient les caractères sans principes fixes, agissant avec légèreté ou par ambition.

Il est fâcheux que le temps ait fait disparaître des documents, des traditions, à plus forte raison des actes officiels permettant de retracer l’histoire complète des clubs contre-révoliUionnaires à Paris pendant la Révolution. Les Archives de la préfecture de police n’existent plus, et c’est grand dommage ; elles devaient être précieuses.

Nous espérons que notre travail, fruit de consciencieuses recherches, présentera un intérêt véritable à nos lecteurs. Il est bon que Ton connaisse les tentatives de toutes sortes qui ont été faites pour entraver les élans du peuple français et le ramener à l’ancien régime. Il importe aussi que l’on suive les errements des politiques de lutte, tantôt révolutionnaires à outrance, tantôt modérés, tantôt réactionnaires sans vergogne, et que l’on puisse établir une différence entre les hommes convaincus et les ambitieux effrénés de la grande époque, à laquelle ils ont donné un dénouement militaire.

Les dépôts publics, les collections particulières, les journaux et les mémoires aident à reconstruire, dans la mesure du possible, les différentes réactions qui se sont produites de 1789 à 1804. La Bibliothèque nationale et celle de la Chambre des députés renferment des trésors dans lesquels nous avons largement puisé, ainsi que dans les Archives nationales. Nous n’avons négligé ni les brochures, ni les petites pièces^ ni les affiches, ni les estampes se rapportant à notre sujet, sans oublier que nombre d’historiens ont dédaigné de consulter ces détails, sous un prétexte vain, parce que, disent-ils, il faut suspecter les témoignages des contemporains. Nous pensons que les faits parlent d’eux-mêmes : les passions des acteurs du drame révolutionnaire ne défigurent pas plus la vérité que les opinions de parti pris, que les jugements rendus sans entendre les témoins à charge et à décharge, que les diatribes ou les apologies qui surgissent après coup.

Au reste, ce sont les documents de toute sorte qui nous ont passé sous les yeux, quant aux clubs contre-révolutionnaires de Paris, que nous exposons ici, et qui, selon nous, tiennent une large part dans l’histoire, en indiquant l’état de ]’o|tinion publique au jour le jour.

XIV

La division de ce Iravail est toute tracée par l’ordre chronologique des événements, — à quelques mois, à quelques années près.

Elle comprend, nous le répétons, trois périodes, pendant lesquelles des clubs représentant les réactions successives ont agité des questions politiques ou ont fait de la propagande contre les hommes qui détenaient le pouvoir ou qui le voulaient ressaisir.

Certains clubs, de nuances différentes, mais poursuivant le même but, ont existé simultanément, ont semblé s’accorder entre eux.

A la première période appartiennent les clubs de Valois, — de VHôlel de Massiac^ — des Impartiaux, — Monarchique ou des Amis de la Constitution monarchique^ — des Feuillants, — du Salon français, — des Fédérés^ — de la Sociélé ou Clnlj de 1789, — de la Sainte-Chapelle.

La deuxième période comprend le Comité Valazé et le Club de la Réunion., qui n’ont pas de séances publiques. Dans la troisième période se placent les clubs de Clichy, — de Salm, — et les Cercles constitutionnels, réunions d’hommes à doctrines, plutôt que de partisans décidés à l’action sur l’esprit des masses.

A la suite de ces trois périodes, nous donnons, comme annexe indispensable, et lorsque nous ne rencontrons plus de clubs politiques à Paris, l’historique des comités, sociétés., réunions diverses, — privés ou publics., — pendant la Révolution, tels que le Comité autrichien, avec des dépendances de ce comité, — le Comité orléaniste, — les Réunions de Bagatelle et de Bellevue], — les Salo ?is de la princesse de Latïhballe, — d’autres salons notables, des réunions privées, plus ou moins politiques, — des Conciliabules intermittents ^ — des lieux de rendez-vous^ etc.

Puis, nous signalons des sociétés, clubs et cercles divers., la plupart non politiques, datant d’avant 1789, et dont quelques-uns se sont mêlés quelque peu, pendant la Révolution, aux mouvements qui se succédaient et auxquels les Parisiens ne pouvaient rester indifférents.

Enfin, nous indiquons des cafés et des restaurants où le public était nonnbreux ; où les événements du jour motivaient parfois des querelles ; où les contre-révolutionnaires, principalement, alors que l’amour des plaisirs et de l’agiotage régnait par dessus tout, se groupaient afin de frapper les républicains encore énergiques, et même les partisans du Directoire ; où les Consuls semblaient coupables de penser aux choses graves de la guerre qui ne cessait pas. Nous parlons des libraires et des imprimeurs, qui, à toutes les époques, attirèrent l’attention publique et tinrent des officines politiques. Nous ne passons pas sous silence la part que prirent au mouvement des esprits les chambres de lecture et les cabinets littéraires, peu nombreux sous Louis XV[, mais plus importants sous la Révolution, quand les masses s’occupèrent des questions qui les intéressaient, soit pour critiquer les actes du gouvernement, soit pour les approuver et les soutenir. XV

Nous remercions, avant de quitter la plume, toutes les personnes qui nous ont prêté leur bienveillant concours, qui nous ont aidé dans nos recherches avec une complaisance extrême, notamment MM. Thierry-Poux et Blanchet, de la Bibliothèque nationale ; M. Laurent, l’éminent bibliothécaire de la Chambre des députés, et M. Faucon, qui a continué M. Cousin à l’Hôtel Carnavalet. Nous avons trouvé partout, dans les dépôts publics dans les collections particulières, des facilités pour notre travail difficile, dont le sujet n’a pas encore été traité et qui ne sera pas indigne, nous l’espérons, de figurer dans la belle et importante Collection de Documents relatifs à ridstoire de Paris pendant la Révolution française^ publiée sous le patronage du Conseil municipal.

  1. Voir, dans la Collection des documents relatifs à l’Histoire de Paris pendant la Révolution française, la Société des Jacobins, par M. P. A. Aulard.
  2. Les clubs Monarchique et des Feuillants, et la Société de 1789, ont eu bien moins que ceux des jacobins et des Cordeliers, des imprimés relatifs à leurs délibérations.
  3. Bibliothèque nationale, Lc2 2348, pièce sans date, in-8o de 8 pages.
  4. Journal des clubs ou sociétés patriotiques, dédié aux Amis de la Constitution, membres des différents clubs de France, rédigé par les citoyens Leroux et Revol, Paris, 1790 et 1791.
  5. Moniteur universel, année 1791, No273.
  6. Bibliothèque de la Chambre des députés, Bf‴ 222, t. I d’un recueil factice.
  7. Bibliothèque de la Chambre des députés, Les intrigues dévoilées, ou les trente-trois factieux dénoncés ; le duc d.., les Lameth, substituts du ci-devant Mirabeau, Barnave, etc.
  8. Journal de Paris, numéro du 30 décembre 1790.
  9. Voir, plus bas, Salons, cafés, restaurants, libraires.
  10. Ce journal eut des imitateurs, qui ne brillèrent pas toujours par l’esprit.
  11. Les Sabats jacobites, 2e volume, p. 395. — La Chronique du Manège, in-8o, eut 24 numéros.
  12. Esménard s’enfuit au 10 août 1792, offrit ses services au comte de Provence, à l’étranger, rentra en France en 1797, collabora à la Quotidienne, et fut banni au 18 fructidor.
  13. In-8o publié du 22 au 26 septembre 1791 ; numéro du 26 septembre, p. 3.
  14. Kt pointant, Bonaparte accusait )e Journal des Débats d’être vendu aux émigrés de Londres. Mais il préférait les loyalistes aux vrais répu-Itlicains. (2) C’est-à-dire au coup d’Étal du 18 brumaire. (3) Arrêté du 27 nivôse an VIIL
  15. (1) Voir CoTïtité autrichien. (2) Voir Comité orléaniste. (3) Voir Club des Impartiaux, (4) Voir Club des Feuillants,
  16. Voir Club de Clichy.
  17. Voir Club de Salm.