Les Concubines de la directrice/III

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Reine se rendit bravement chez mistress Gertrie. Elle n’avait peur de rien dans la maison, sinon d’être prise en faute par miss Sticker, et elle conservait une foi imperturbable en sa bonne étoile pour s’en tirer.

Elle trouva Mistress brodant une tapisserie dans la pièce qui lui servait de cabinet de travail : très gracieuse et très aimable, la codirectrice la fit asseoir à son côté et lui dit :

― Ma chère enfant, je suis bien aise de causer quelques instants avec vous, plutôt en amie qu’en maîtresse. J’ai quelques questions à vous poser et j’espère que vous me répondrez avec franchise.

― N’en doutez pas, Mistress.

― J’aborde de suite le sujet. Vous jouissez dans cet établissement de latitudes extraordinaires, qui contrastent avec la sévérité de ma sœur. D’un autre côté, souvent miss Sticker vous envoie chercher pour vous faire travailler, par cela que vous êtes étrangère, que vous lui êtes recommandée d’une façon spéciale, que vous êtes une très bonne élève, peut-être trop coquette et trop intelligente pour certaines choses, et c’est sur ce point que je désire vous interroger.

― Interrogez, Mistress, je n’ai rien à cacher.

― Je le pense bien. Mais voilà, je me tourmente pour ma sœur, et, dans votre intérêt, comprenez-moi bien, je voudrais savoir si dans vos tête-à-tête, rien d’anormal ne vous surprend, ne vous pousse à réfléchir.

― Miss Sticker est très sévère, lorsque je ne remplis pas exactement les devoirs qu’elle m’impose.

― Oui, oui, il ne s’agit pas de cela. N’affiche-t-elle pas des brusqueries, qui ressemblent… à de la tendresse ?

― Oh non, Mistress Gertrie, miss Sticker ne rit jamais.

― Oh, mon enfant, vous ne me dites pas bien la vérité ! Il y a une chose qui frappe tout le monde dans la maison : depuis le jour de la rentrée où ma sœur s’est intéressée à votre gentille personne, elle a perdu de cette attitude froide et raide qui était sa caractéristique. Elle se métamorphose de jour en jour au point d’afficher des coquetteries de toilette dont elle se souciait très peu, se souvenant enfin qu’elle est une femme, une femme, vous m’entendez, et que la femme a besoin de soigner ses attraits. Certes, elle ne nourrit pas la prétention de se croire une beauté, mais on sent en elle la volonté de se rajeunir, et son teint se colore, ses yeux s’animent, ce qui me porte à craindre qu’elle oublie parfois son rôle de directrice, dans vos tête-à-tête pour profiter de votre… activité féminine. Je m’explique comme je peux ma chère.

― Et je crois comprendre, Mistress. Je n’ai jamais eu à relever chez miss Sticker le moindre oubli des distances qui existent entre une femme de sa supériorité de caractère et une écervelée de mon espèce. Miss sticker sait que mon affectueuse reconnaissance lui est acquise, et elle se conduit à mon égard en maîtresse française. C’est tout.

― Merci, vous me rassurez ! Je redoutais des bêtisettes, comme il s’en produit entre élèves précoces dans votre pays. Vous voyez que je m’exprime librement. Et ces bêtisettes me tracassaient.

― Il n’y a rien, Mistress. La nature de miss Sticker s’y oppose, et elle ne tolérerait pas qu’on pensât à quoi que ce soit de dissipé vis-à-vis d’elle. Du reste, si on devait y penser, vous pouvez saisir vers qui se dirigeraient ces idées… de bêtisettes.

― C’est bien, il ne vous reste plus qu’à vous retirer. Je veux avoir confiance en votre franchise et je ne pousse pas plus loin cet entretien.

Mistress Gertrie s’était levée : Reine fit de même, et sur le point de sortir, elle se retourna pour demander :

― J’ai beaucoup transpiré à ma leçon d’équitation, vouiez-vous me permettre d’aller changer de linge et me marquer l’autorisation pour mistress Nelly.

Mistress Gertrie tira une carte d’un carnet et inscrivit :

« Autorisation à miss de Glady de se rendre dans sa chambre pour y changer de linge avant de retourner à l’étude ».

Tendant la carte, elle dit :

― Voilà, ma chère petite, allez et soyez sérieuse.

― Je le serai, Mistress.

Reine, libre de son temps, grâce à cette autorisation, se dirigea vers l’escalier conduisant à sa chambre. Elle ne se troublait pas à l’idée de l’acte osé qu’elle commettait en nouant des relations avec Fréfré ; elle y pensait même à peine en cet instant. Cherchant des sensations, elle continuait à être plus portée sur son sexe, et si, depuis la rentrée, elle affectait à cet égard une certaine réserve, cela tenait à bien des choses.

D’abord elle s’était mise à aimer, autant qu’elle le pouvait, miss Sticker, en qui elle retrouvait de la femme par les allures et par le costume, et qui la faisait vibrer bien plus qu’elle ne venait d’éprouver avec Fréfré. Ensuite, il se passait en elle un fait curieux : active lesbienne, elle s’abandonnait aux caresses de son amie Alexandra dans le rôle passif, et Alexandra toquée d’elle l’accaparait au détriment des quelques occasions où elle eût agi : il en résultait une indifférence passagère pour ce qui était son goût réel. Enfin, dans les velléités qui lui survenaient, elle avait des hésitations inaccoutumées pour plusieurs motifs, dont le principal consistait dans la cour persévérante de mistress Nelly, sa sous-maîtresse, se desséchant en son honneur. Et de cet amour constant, donnant du relief à sa personne, il était né en elle la fantaisie perverse de provoquer l’acte de flagellation, soit pour la recevoir, soit pour l’appliquer.

Reine aimait maintenant à être fouettée ou à fouetter.

Par le fouet et par les verges, la menace restait bien suspendue sur toutes les têtes, mais cette menace devenait platonique avec la transformation qui s’opérait chez miss Sticker, et cela, au grand ennui de cette française anglicanisée dans le vice par la manie de miss Grégor.

Reine voulait être fouettée et voulait fouetter : elle caressait cette lubie, à mesure que les corrections corporelles s’espaçaient, elle n’osait en parler à ses compagnes, elle n’osait influer sur miss Sticker, et elle étudiait comment parvenir à s’offrir ce genre de lubricité. De deux côtés, il lui semblait pourtant possible d’aboutir : 1) du côté de mistress Gertrie à qui elle coulait des regards en dessous, à toutes leurs rencontres, regards que celle-ci avait remarqués, mais qu’elle s’obstinait à ne pas encourager, 2) du côté des deux fillettes, Cora Herbert et Helyet Patters, qui suivaient les cours d’équitation une fois par semaine.

Déjà elle lutinait Cora, qu’elle connaissait la mieux, et qui, brunette dégourdie de douze ans, se tenait sur la défensive, par circonspection, à cause de la différence des divisions. En vain l’incitait-elle à des licences, l’enfant ne s’aventurait pas, craignant quelque recul, ou quelque méprise qui lui coûterait une grosse punition. Elle pressentait bien le vice qui s’attaquait à sa petite personne, elle en caressait l’intuition, elle se défiait de la certitude. Reine avait beau l’attirer dans les coins, soit au manège, soit ailleurs, lui chatouiller les mains, les lui presser dans les siennes, les pousser vers ses fesses pour simuler la flagellation, la fillette fouettait mollement par dessus la robe, ne franchissait pas les bornes du strictement permis. Helyet, en revanche, autre brune mais plus lourde, plus épaisse, aurait mieux répondu aux avances, qu’elle essayait parfois elle-même, Reine s’entêtait à vouloir débuter par Cora.

Or, ce jour-là, comme elle se trouvait dans sa chambre, toute déshabillée pour changer son linge de corps, en se lavant encore les cuisses qu’il lui semblait être visqueuses du sperme de Fréfré, Reine, s’accroupissant sur un miroir avant de revêtir sa chemise, se mit à regarder avec curiosité son conin et ses lèvres secrètes, si secouées par la leçon d’équitation ; elle scrutait du doigt son jeune vagin excité, ne songeant plus à rien, le dos tourné à la porte, lorsque celle-ci s’ouvrit doucement ; elle fit volte-face et vit apparaître Cora.

Elle étouffa un cri d’étonnement et se redressa, étalant ainsi sa nudité aux yeux de l’enfant qui, toute rouge, refermait la porte et s’avançait.

― Oh, Miss Reine, dit-elle, que vous êtes jolie !

Reine sourit et répondit :

― Vous allez vous retirer, Cora, si on vous surprenait dans ma chambre, il nous arriverait des désagréments.

― Il n’y a pas de danger. Je vous ai vue monter, et comme miss Sticker venait de partir en voiture pour la ville, je savais que je vous trouverais seule dans votre chambre.

― On vous punira à votre étude, allez-vous en. Puis, que feriez-vous ici ?

― Je vous fouetterais avec tant de plaisir, comme vous semblez vouloir que je vous le fasse ! Quel beau derrière vous avez !

La petite s’enhardissait et pelotait les fesses de Reine d’une main douce et moite, qui imprimait des frémissements a la chair.

Elle risqua tout à coup une claque, et Reine s’écria :

― Malheureuse, si on entendait !

― Il n’y a personne, je vous jure ! Vous voulez bien que je vous fouette et que je tête vos gentils nichons ?

― Oui, mais tant pis pour vous si on vous gronde à votre étude : puis, tenez, venez par ici que je vous apprenne quelques bonnes petites choses.

― Oh, que je vous aimerai !

― Couche-toi sur mon lit, nous sommes seules, on peut se tutoyer, et montre-moi ton derrière, ton petit cul, que je l’embrasse : je te fouetterai ensuite la première.

― Tu vas le trouver bien laid à côté du tien : je n’ai pas de barbe sous le ventre.

― Nous verrons ça après ! Allons, montre vite, puisque tu es venue dans ma chambre.

Cora s’empressa de s’étendre sur le lit, afin de satisfaire Reine qui, dès qu’elle la vit couchée, lui retroussa les jupes, entrouvrit le pantalon, et en sortit le ravissant petit astre lunaire, pas du tout vilain à contempler, bien rondelet et bien planté, à la chair fine et satinée. Reine, ne résistant pas à sa passion, décocha une languette polissonne dans toute la longueur de la fente : sous le chatouillement de la caresse, Cora se recroquevilla, mais une fouettée rudement appliquée la rallongea sur les jambes, et elle se prêta sans rechigner aux langues et aux suçons, dont Reine gratifiait son cul, en y mêlant quelques fessées plus discrètes. Sous son impulsion, elle se mit sur le dos et ne s’opposa pas à ce qu’elle lui relevât la chemise sur le ventre pour lui caresser son petit conin fermé et non poilu, à ce qu’elle prît connaissance de son bouton, ne murmurant une légère protestation que lorsqu’elle approcha le visage pour la régaler de douces minettes ; elle gigota deux à trois secondes, puis se laissa faire et dit :

― Miss Reine, Miss Reine, à moi de te fouetter maintenant.

― Oui, oui, tu es encore plus gentille que je ne le supposais : tu me promets de toujours faire ce que je te demanderai ?

― De tout mon cœur.

― À la récréation, tu tâcheras de t’échapper avec Helyet ; vous viendrez toutes les deux à la salle des conférences, sans qu’on vous voie, et là nous serons nos maîtresses pour bien nous amuser à de grosses cochonneries. Tiens, voilà encore une caresse, sur ton petit con, oui, ça s’appelle un con, et tu peux me fouetter. Tu es bien sûre qu’il n’y a personne ?

― Tu sais bien que lorsque miss Sticker descend en ville, on ne vient pas ici. On le défend à tout le monde, de peur qu’on aille déranger des affaires dans son cabinet.

― C’est vrai.

Cora s’était levée ; elle passait et repassait la main sur les fesses de Reine, et aussi sur son minet et ses cuisses.

― Fouette-moi donc, lui commanda-t-elle en s’allongeant à son tour sur son lit et présentant son cul à la fillette.

Le spectacle de ces chairs rebondies et blanches fascinait Cora, qui hésitait : rappelée à l’ordre, elle frappa d’abord timidement, ensuite plus vigoureusement : les frissons qui ondulaient la fente, les mouvements plus ou moins accentués des fesses sous les claques, agitèrent ses sens, et inconsciemment elle porta la main sous ses jupes courtes vers son conin : Reine, qui apercevait son excitation, se trémoussait avec bonheur, cherchant des poses lascives, encourageant la fouetteuse à mesure que son cul rougissait sous les coups, se tenant elle-même un doigt sur son clitoris.

― Plus fort, plus fort.

― Reine, je voudrais te lécher, te manger ton beau cul.

Reine se souleva, s’assit sur le lit, attira l’enfant sur ses genoux, la baisa sur les yeux et les cheveux, lui dit :

― Non, pas pour le moment, ça nous mènerait trop loin : à la récréation tout ce que tu voudras.

― Laisse-moi venir seule pour la première fois.

― J’y consens, mais va-t-en.

Elle ne refusa pas le baiser que Cora demandait à faire à chacun de ses nénés, et elle la mit à la porte, en regardant toutefois si rien de dangereux ne les menaçait.

Et quand elle se retrouva seule, qu’elle s’occupa sérieusement de se revêtir, elle éprouvait autant de félicité au souvenir de cette perversité qu’elle semait chez Cora, qu’à celui de son enconnage par Fréfré. Le sperme qui à cheval avait coulé sur ses cuisses la refroidissait pour l’homme.

De retour à son étude, où elle remit à sa sous-maîtresse l’autorisation de Mistress Gertrie, elle jeta un regard de satisfaction tout autour d’elle, comme si elle se ressaisissait, et pour la première fois affecta de bonnes dispositions à l’égard de sa surveillante. Elle calculait qu’ainsi elle endormirait ses méfiances pour le moment où elle rejoindrait Cora à la salle de conférences : elle put en effet s’y rendre en toute quiétude, et y trouva la fillette qui déjà l’attendait.

― As-tu été grondée, demanda Reine ?

― Oui, et de plus on m’a fouettée devant toutes les élèves pour être restée trop longtemps hors de l’étude.

― Tu n’as rien avoué au moins ?

― On me tuerait plutôt.

― T’as-t-on vue venir par ici ?

― Personne ne s’occupait de moi. Vois, j’ai quitté mon pantalon.

La vicieuse petite, retroussant ses jupes courtes, montra ses fesses nues à Reine, qui se laissa aller sur les genoux, les baisa, puis passant de l’autre côté, fit de même au nombril, au conin, aux cuisses.

― À moi, Reine, de te lécher, de te fouetter encore.

Au mot de fouetter, Reine se redressa sur le champ, ramassa ses jupes sur les bras, et n’ayant pas plus de pantalon que l’enfant, elle lui présenta son cul en plein épanouissement. Les mains de Cora s’y abattirent avec violence, la faisant chanceler sur les jambes : les coups se répétèrent, la picotant si délicieusement, qu’elle ne tarda pas à jouir et murmura :

― Vite ta petite langue dans le trou, le trou de mon cul.

― Oh oui, oh oui, Reine.

Cora, se traînant sur les genoux derrière Reine, colla les lèvres sur la fente et envoya la langue au plus profond.

― Fouette-moi encore, lui commanda Reine.

Les claques recommencèrent à pleuvoir ; puis la Française, attrapant la fillette par le bras, l’obligea à se relever, l’amena sur un divan où, s’étant assise, elle la plaça à cheval sur ses cuisses, approcha son conin du sien et reprit :

― Cora, si j’étais un homme, j’aurais là une machinette, que je t’enfoncerais comme un clou, et ainsi je te dépucellerais.

― Que ce serait drôle, Reine, et quel malheur que tu n’en aies pas ! Et toi, on t’a dépucelée ?

― Ça ne se demande pas. Donne-moi ta petite bouche, que je t’apprenne le baiser d’amour.

Les lèvres se rejoignirent et Cora rendit à merveille la caresse, se dandinant les cuisses sur celles de Reine, qui lui pelotait les fesses et égarait le petit doigt vers son anus.

― Dis, balbutia Cora de plus en plus aux anges, je voudrais bien te lécher la barbe que tu as sur le ventre !

― Vas-y vite.

La fillette glissa entre ses jambes, et commença par sucer le conin, le clitoris, indiquant de la sorte qu’elle retenait fort bien les leçons de volupté.

Reine, chose bizarre, goûtait un réel plaisir de luxure avec elle, s’abandonnait avec une molle langueur : il lui semblait avoir affaire à une vraie femme, et elle la favorisait de son mieux dans la gourmandise de ses chairs. En somme, existait-il une bien grande différence entre une fillette et une maîtresse ? Proportionnellement non, concluait-elle. Il était évident que le gros cul de Rosine, qu’elle lécha une fois dans le passé, ou bien ceux de miss Grégor et de madame Clary, offraient un volume plus étendu que les fesses de Cora. À son point de vue, ils ne se doublaient pas, et quant à l’absence de poils, cela la sortait de l’ordinaire. Puis, pour les baisers et les suçons, la petite possédait un fort habile coup de langue.

Cora prenait tout à fait connaissance de ses sexualités ; elle ne la dérangeait pas, ne s’inquiétait pas du doigt fureteur qu’elle introduisait dans son vagin : elle se préparait, dans la surexcitation qu’elle lui procurait, à la rappeler au-dessus d’elle pour encore la gamahucher. Elle éprouvait une âcre félicité à ce jeu de cochonneries avec une enfant, elle initiait et elle remontait le cours des années pour bien se mettre à son niveau. Cependant la fillette avait dardé la langue sur son conin et s’exclamait :

― Fi de la vilaine polissonne, je le vois, tu n’est plus pucelle, tu vas recevoir une fouettée pour te punir, donne ton cul.

Elle aussi ne reculait pas devant le mot : Reine obéissant se tourna, s’agenouilla sur le divan, repoussa ses jupes sur le dos, et les fesses bien en évidence, elle reçut une nouvelle série de claques, où Cora très échauffée les allongeait à mains plates et dures sans se soucier du danger d’être entendue.

Reine singeant la fautive s’amusait à geindre :

― Je ne le ferai plus, je ne le ferai plus, Cora, bats-moi quand même et viens que je te mange de caresses.

Elle se laissa appliquer quelques fortes claques, puis attrapa la fillette à bras-le-corps, la jeta sur le divan devant elle et fourrant la tête sous ses jupes, la dévora d’ardentes minettes. La luxure lui montait au cerveau, tout lui était bon, elle aurait voulu tenir constamment son visage figé sur les organes génitaux, filles et femmes, une jouissance infinie se répandait dans tout son corps, elle aimait, elle aimerait toujours de faire jouir. Ne cessant de se regarder, de se peloter, de se sucer, Reine et Cora ne pensaient plus au temps qui fuyait ; la récréation touchait à sa fin, il fallait se séparer, Reine renvoyant Cora lui recommanda de ne pas oublier d’amener Helyet pour qu’on fasse encore plus de cochonneries.

― Tu me caresseras encore, s’informa la fillette ?

― Encore et souvent.

Quand Reine rejoignit ses compagnes, la sous-maîtresse s’avança et lui dit :

― Voulez-vous bien m’apprendre d’où vous arrivez, Miss Reine ?

― De me promener par le parc.

― M’en avez-vous demandé l’autorisation ?

― Miss Sticker me l’a donnée.

― Vous me la montrerez.

― J’ai son autorisation verbale, elle vous l’affirmera.

― C’est bon, nous éclaircirons cette affaire.

Mistress Nelly était nerveuse et affichait de l’irritation à son égard, contre son habitude. Reine jugea de reconquérir ses bonnes grâces, et à peine assise à sa place, à l’étude, elle lui adressa quelques œillades veloutées. La sous-maîtresse tournait et retournait sur sa chaise, traçait quelques mots sur une feuille de papier, la regardait, pâlissait ; enfin elle se leva, et apportant ce qu’elle avait écrit, elle le lui remit en disant :

― Miss Reine, posez-moi la solution de ce problème en dessous ; vous me la rendrez dans un instant, quand je reviendrai de chez mistress Gertrie.

― Bien, Mistress Nelly, répondit Reine, voyant qu’il ne s’agissait pas d’un problème, mais d’une lettre.

Dès qu’elle fut sortie, elle lut :

« Oui ou non, ma chère et bien aimée petite, me comprenez-vous ? Je vous sais très intelligente, et il m’étonne que vous ne saisissiez pas tout ce que j’éprouve ! Dois-je renoncer à la folie rêvée. Interrogez votre cœur et ensuite répondez-moi si vous lisez bien entre mes lignes. Pour moi, où et quand cela vous plaira ».

Les yeux de Reine brillèrent de joie : Alexandra lui faisait le pied pour l’engager à profiter de l’absence de la sous-maîtresse afin de se laisser faire minettes par elle. Les bonnes habitudes ne se perdaient pas. May cédait une fois de plus à l’invite d’Eva qui lui attirait la main dans son pantalon pour la branler.

Non, répondit Reine à Alexandra, pas aujourd’hui, tu comprends que j’ai été secouée. Il faut que j’écrive la solution du problème de mistress Nelly.

― Un problème ! Avec ça que je ne devine pas ce qu’il en est !

― Ne te fâche pas et va le faire à Eva, si tu as envie ; cela vaudra mieux pour elle que d’être tripotée par May.

Celle-ci avait la main entre les cuisses d’Eva, qui la fixait avec des yeux si ardents, qu’elle ne la branlait pas comme d’habitude.

― Ne t’occupe pas de nous, Reine, dit Eva, je finirai bien par décider May.

― Jamais, s’écria May, retirant sa main.

Les yeux d’Eva ne la quittaient pas ; en vain elle voulait retourner à ses devoirs, elle voyait la brune qui dénouait son pantalon, le retirait tranquillement de ses pieds, et qui, toute retroussée, le ventre nu, avec le minet se fonçant, un doigt sur son clitoris, murmurait :

― Tu luttes, May, un bon mouvement, vas-y, ne me branle pas, suce-moi.

― Jamais.

La voix tremblait, Eva reprenait la main de sa compagne, la replaçait sur ses cuisses, la poussait légèrement et reprenait :

― Ne perds pas de temps, dis, tu le veux ?

― Non.

Reine souriait à la scène, n’intervenait pas, écrivait au bas de la lettre de la sous-maîtresse :

« Oui, dans l’étude, et devant toutes les élèves, si vous m’aimez réellement. Pour cela, prenez le prétexte que j’ai commis une faute, fouettez-moi, le reste suivra. »

― Reine, dit May pour résister à la tentation qu’elle subissait, tu ne me lèches plus le derrière !

Mais Eva lui tenait les deux mains, la forçait à regarder devant ses yeux les jolies cuisses blanches et alléchantes qu’elle lui tendait, en bien les écartant : il lui semblait que le minet grimpait, grimpait ; elle voyait le conin qui souriait entre ses fines lèvres.

― Non, non, pleurnicha-t-elle.

Non ! Elle ne le pouvait plus dire ; sous une impulsion d’Eva, elle avait glissé de sa chaise, elle tombait à genoux et, cela venait-il de son fait, ou de ce séducteur de conin, elle le sentait sur sa bouche, elle y envoyait la langue, elle faisait pour la première fois des minettes, elle suçait Eva, dont l’émotion amena la prompte jouissance.

― Ah, dit May les joues plaquées entre les cuisses de son amie, je t’aime Eva, je t’aime.

Elle n’aurait plus voulu quitter ces chers parages, il fallait pourtant avoir de la raison, Reine la fit se redresser, elle se réinstalla devant son travail, toute confuse et toute émue, Eva repassait son pantalon, comme si elle venait d’exécuter la chose la plus naturelle du monde.

― N’est-ce pas que c’est bon, murmura Reine à May.

― Je n’oserai jamais plus regarder personne.

― Tu me regarderas quand je voudrai, dit sèchement Eva.

Mistress Nelly rentrait : elle vint prendre la lettre que lui tendait Reine, et s’en fut la lire à sa place. Sitôt qu’elle l’eût parcourue des yeux, elle la déchira avec humeur, et lança des regards courroucés sur l’audacieuse fille. Puis elle réfléchit, se dirigea vers elle, et lui dit :

― Miss, on ne vous a pas vue tantôt dans le parc : vous m’avez donc abusée. Je pourrais en référer à miss Sticker ; je préfère pour cette fois vous appliquer une bénigne punition. À l’âge que vous atteignez, les corrections corporelles dépendent plutôt de la directrice ou de sa sœur. Je vais vous fouetter devant vos compagnes : elles sauront ainsi qu’on ne s’amuse pas de moi. Venez par ici.

Reine se leva et accompagna la sous-maîtresse devant sa table-bureau. Tous les yeux de l’étude restaient fixés sur elle. Mistress Nelly ne s’en préoccupait pas : elle lui releva elle-même les jupes, et demeura toute saisie en apercevant les jambes sans pantalon.

― Que signifie, Miss ?

― Il vous sera plus facile de me fouetter, répondit Reine avec un regard de luxure comme elle savait les faire.

― Miss, Miss !

― Allez-y, je tiens moi-même mes vêtements, je ne crains pas d’être vue.

Elle eut l’aplomb de pirouetter et de montrer ses fesses à toutes ses compagnes.

Cela dépassait la scène avec miss Grégor, mais mistress Nelly s’affolait devant ces chairs qu’elle ne croyait pas aussi formées, aussi belles : elle s’assit, attira entre ses jambes Reine et la fouetta rapidement de plusieurs claques retentissantes.

Le cul rougissait et se mouvementait : les yeux de Reine plongeaient sur ceux de Nelly, comme naguère ceux d’Eva sur May.

À une fessée plus forte, elle feignit de se plaindre :

― Ah, vous me faites mal ! Demandez-moi pardon, Mistress Nelly, où j’en parlerai à miss Sticker. Elle ne veut pas qu’on fouette avec la main des filles de notre âge.

Elle tenait la sous-maîtresse.

― Miss Reine, Miss Reine, murmura celle-ci, pourquoi m’avez-vous trompée ?

Soudain elle tressaillit dans tout son être : Reine se laissait aller sur ses genoux, lui prenait la main, la posait sur son conin, et l’embrassait sur la bouche, en disant :

― Oh, il n’est pas nécessaire de se gêner entre nous ; tu m’aimes, Nelly, tu veux me le faire, fais-le moi. Je l’ai fait à toutes ces demoiselles, du temps de miss Grégor, à toutes, à l’exception de miss Loti et Aline, qui n’étaient pas encore des nôtres.

― Reine, tais-toi, pas ici.

Mais elle serrait dans ses bras cette jolie fille, elle lui léchait la bouche, et elle demeurait toute saisie en constatant qu’elle était dépucelée.

― Oh !

― Chut, ceci est entre nous.

Elle ne résista plus, elle glissa sur les genoux entre ses cuisses, et elle commença ses minettes sur ce con qu’elle désirait depuis si longtemps.

Le dépucelage, loin de dompter sa passion, l’exacerbait au contraire.

Souveraine réelle de ses compagnes, Reine fit un signe et dit :

― Pas de bêtises, pas de négligences, il faut qu’on soit tranquille.

― Ne te tourmente pas, répondit Aline, une des deux nouvelles, on fera attention.

Dans ce milieu anglais, la française jetait ainsi la perturbation et la folie érotiques : mais, qui se révolte contre les désirs de la chair, sinon les hypocrites, magistrats et prêtres, gens châtrés au moral et vermines d’humanité ?