Les Femmes poètes de l’Allemagne/3

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Perrin et Cie, libraires-éditeurs (p. 45-79).

CHAPITRE III

DIX-NEUVIÈME SIÈCLE

PREMIÈRE PÉRIODE ; INFLUENCE DE GŒTHE

Élisabeth d’Arnim (Bettina). — Marie-Anne Villemer. — Agnès Franz. — Méta Heuzer. — Louise Henzel. — Annette de Droste-Hulshoff.

Cela est déjà bien le dix-neuvième siècle. Les noms de Gœthe, de Schiller, protecteurs, inspirateurs des œuvres nées dans le cours de cette ère, le rappellent hautement. Et les deux maîtres de la littérature allemande ont joué, à cette époque, un tel rôle ; ils ont si bien mis en relief tout ce qui les approchait, que ce serait une faute impardonnable de ne pas mentionner, parmi les femmes écrivains d’alors, pour l’insuffisante raison qu’elle ne s’occupa guère de poésie, une curieuse physionomie, souvent liée à l’effigie de Goethe, celle d’Élisabeth d’Arnim, née Brentano, plus connue sous le diminutif de Bettina, popularisé par son roman avec le poète de Faust.

Bettina a occupé un certain rang dans la littérature de son pays, et, en même temps, les noms et qualités de ses partenaires augmentent l’importance de sa personnalité. Elle est environnée par le reflet d’apothéose qui éclaire à ce moment l’intense mouvement intellectuel de l’Allemagne, le romantisme flamboyant, si l’on peut dire, allumé par l’activité victorieuse de la Sturm-und-Drang-Periode et dont Goethe et Schiller sont le foyer, mais dont les plus proches familiers de Bettina, son frère, son mari, s’étaient chargés d’entretenir, de propager le feu sacré.

D’une famille italienne transplantée en Allemagne, Bettina, née à Francfort en 1785, était, en effet, nièce de Sophie de la Roche, l’amie de Wieland. Elle était sœur de Clément Brentano, l’auteur connu, et femme d’Achim d’Arnim, autre disciple de Goethe, qui s’était joint à Brentano pour former le « groupe de Heidelberg ». Bettina et Arnim se connurent, justement, grâce à cette collaboration, et s’épousèrent en 1811, ainsi que sept ans plus tôt, par ce même moyen, Clément Brentano s’était lié, puis marié avec Sophie Schubert, femme divorcée de Ch.-Ernest Méreau et qui avait dirigé, pendant quel- que temps l’Almanach des Muses.

L’activité féconde, l’enthousiasme sincère de Brentano ont plus de mérite que ses œuvres trop fiévreuses, inégales. Achim d’Arnim, auteur de pièces théâtrales et de romans, présente, lui, parmi de sûres qualités, le défaut de la prolixité qui l’a rendu parfois vague, incohérent.

Une revue, le Journal des Ermites, était l’organe de ce groupe auquel d’autres poètes vinrent bientôt se joindre.

Le but commun de ces auteurs était, selon le dernier effort de Goethe, de donner à la littérature allemande sa Renaissance, fondée non sur un art antique et étranger, mais ressuscitée de ses propres cendres, c’est-à-dire des œuvres tirées des sources germaniques du moyen âge et susceptibles d’être comprises par tout le monde, puisqu’elles étaient exhumées des sujets populaires, nationaux.

L’œuvre de Bettina se ressentira de ces goûts et tendances qu’elle partageait du reste. Mais c’est surtout après son veuvage et la mort de son frère qu’elle prit une part active au combat.

La prose tient la plus grande place en son œuvre. On ne parle guère de ses possibles essais poétiques. Elle a essayé de tout, voire de la politique. Elle est, selon l’expression d’un critique moderne, « un point de feu dans lequel se concentrent les rayons de plusieurs lumières[1] ». Son frère la caractérisait ainsi : « Elle qui jette de tous côtés des cris d’allégresse pour les recueillir ensuite dans son cœur. »

Les tendances contraires de Bettina résument les couleurs des deux romantismes : celui du Nord et celui du Sud. « Elle joint la mollesse lyrique et la richesse d’esprit de l’un à la plus forte compréhension des choses actuelles de l’autre[2]. » Pour mieux dire, on sent en elle des tendances classiques transformées par les influences modernes. En tout cas, elle savait vivre la vie et l’épandre autour d’elle. Entre son mari et son frère, elle apportait les qualités de sensibilité, d’émotion, inhérentes à son âme féminine : Toujours selon Meyer, qui se fit son apologiste enthousiaste, « elle allait et venait à travers le monde comme une fée, et chaque oiseau s’entretenait avec elle, et chaque insecte des champs comprenait ses paroles. Ni Arnim, ni Brentano n’eussent recueilli un mot à voix basse (ein leises Wort), un secret de la nature, mais Bettina peut-être ! »

Son âme ardente était, sans doute, un peu prompte à l’exagération… Mais cette adepte des mirages avait une excuse : le sang méridional coulait en ses veines d’Italienne.

Son ouvrage en prose qui eut le plus de retentissement est le recueil intitulé Correspondance de Goethe avec une enfant.

On sait, qu’avant son mariage, elle eut un amour de tête pour Goethe ; ce qu’on sait peut-être moins, c’est que Bettina, tout d’abord, dès l’adolescence, dans le seul dessein de se singulariser, de ne pas paraître « mouton de Panurge », feignit, quelque temps, d’ignorer Goethe, de ne pas partager le culte de la majorité de l’Allemagne pour le Maître. Son indifférence volontaire se changea pourtant en sympathie, puis en une admiration passionnée qui s’adressait beaucoup moins à l’homme lui-même, déjà âgé, qu’au génie dont la gloire exaltait sa jeune imagination. Pour mieux approcher du grand homme, elle sut plaire à la mère de Goethe, heureuse de cet enthousiasme si grandement partagé par son propre cœur.

Il y eut entre Goethe et Bettina, en effet, un échange de lettres, mais, d’après certains documents retrouvés plus tard, il est prouvé que cette correspondance ne dépassa pas le ton naturel d’un échange de pensées amicales entre « une enfant » et un homme d’une soixantaine d’années, flatté seulement, dans son amour-propre de demi-dieu, par un hommage de plus.

Plus tard, après la mort de Goethe, grossissant, selon son habitude, les faits passés, Bettina publia cette correspondance avec de nombreuses retouches, sinon des transpositions complètes, visant à simuler entre Goethe et elle un lien amoureux, qui, au dire des contemporains, n’a jamais existé.

En tout cas, ainsi qu’elle le souhaitait, leurs deux noms sont inséparables. Bettina continue la théorie gracieuse des femmes dont la vision a traversé plus ou moins intensément la vie du maître, à la suite des Frédérique Brion, des Élisabeth Schonemann, des Charlotte Buff, et des Christiane Vulpius. Au pied de la maison natale de Goethe, à Francfort, le portrait de Bettina a sa place dans le petit « musée des souvenirs ». Ce portrait ne la montre pas jolie, certes, mais dans les yeux, si pleins de vie et d’intelligence, brille « la flamme ardente, prompte à rayonner » à laquelle on l’a comparée.

Bettina affectionnait les ouvrages sous forme de lettres.

Celui qui a pour titre Günderode est, en une allure quasi pamphlétaire, un échange de correspondance entre deux personnes de son temps : Karoline de Günderode, une de ses amies, assez excentrique « authoress », sous le pseudonyme de Tian, qui se tua plus tard à Rudesheim, en 1806, et J. Kreuzer, philologue de Heidelberg, avec lequel Karoline était en relations amoureuses.

Un troisième livre d’échange de lettres est intitulé du nom de ses deux héros : Ilus Pamphilius et Ambrosia.

On y trouve de piquants détails sur la fiancée d’alors de Pamphilius, Marie Nathusius, née Schele, auteur de plusieurs œuvres en prose. Son récit : Eine Geschichte die nicht mit einer Heirat schliest (Un récit qui ne se termine pas par un mariage), [1857], atteignit huit éditions et fut traduit en plusieurs langues. La plupart des jeunes filles françaises l’ont lu, grâce à la traduction de Mme Emmeline Raymond[3].

Bettina écrivit aussi des souvenirs sur son frère, et sa propre correspondance sert à préciser les plans littéraires du petit groupe romantique, notamment en faveur de la propagation des chants et récits populaires, que Bettina jugeait une source vivifiante pour la rénovation littéraire allemande.

Dans l’espoir que le roi Frédéric-Guillaume IV favoriserait l’éclosion d’une ère nouvelle pour l’État de Prusse, Bettina d’Arnim publia, en 1843, un écrit dialogué : Dies Buch gehört dem König (Ce livre appartient au roi), dont la suite, sorte d’étude politique sous le titre Entretiens avec les Démons, parut en 1852. Le roi accueillit plutôt froidement cet ouvrage aux tendances socialistes, mais continua à entretenir correspondance avec Bettina, qu’il estimait à cause de sa vive intelligence et des bienfaits qu’elle accomplit jusque dans les dernières années de sa vie. Cette femme, en effet, était excellente, en dépit de ses ironies plutôt légères, et des erreurs que lui faisait commettre son imagination exaltée. La pondération lui manquait, comme à tous ceux qui pèchent par excès d’enthousiasme. Elle demandait beaucoup à ses amis, mais s’employait aussi volontiers pour eux. C’était un service à lui rendre que de se laisser aimer par elle. Une phrase caractéristique de son commentateur semble le laisser entendre : « Amies ou amis doivent l’aider à soulager les forts sentiments qui gonflent sa poitrine palpitante ».

En tout cas, et au contraire de ce que certains écrivains ont avancé à son sujet, elle ne s’est jamais targuée de ce besoin d’aimer et d’être aimée pour manquer à son devoir d’honnête femme, La liaison avec Goethe resta toute imaginative. Son mariage avec Arnim ne fut troublé d’aucun nuage en ce temps si fécond en mauvaises unions. Son veuvage fut très correct ; elle éleva bien ses sept enfants et ne refusa jamais à personne l’aide charitable de son dévouement. De combien de femmes, en apparence plus « équilibrées », en pourrait-on dire autant ?

Quel joli « pendant » à mettre en face du portrait de Bettina, que celui de Marie-Anne Villemer, autre étoile du ciel romantique allemand et qui a, de plus, en ce moment, le mérite de l’actualité, grâce au tout récent article de M. A. Bossert, paru dans la Revue Bleue[4], sous le titre : Une Collaboration poétique ;

Goethe et Suleika.
Médaillon contenant le portrait d’une jeune femme, cheveux bouclés.
Médaillon contenant le portrait d’une jeune femme, cheveux bouclés.
MARIANNE VON VILLEMER
aisé de découvrir que Suléika n’était autre

que Marie-Anne Villemer, femme d’un riche banquier de Francfort, Jean-Jacques Villemer anobli plus tard par l’empereur d’Autriche et dont Goethe fréquentait la maison.

Marie-Anne Villemer, née Jung, avait eu une destinée quelque peu romanesque. Née à Linz, en 1784, elle était la fille d’un luthier, mais son père mourut lorsqu’elle était encore fort jeune, et sa mère l’engagea dans un théâtre pour y faire partie du corps de ballet.

Deux ans après, le banquier Villemer, qui pratiquait volontiers la philanthropie, ayant fait partie du comité de direction de ce théâtre, s’apitoya sur le sort de la fillette alors âgée de quatorze ans, et l’enleva à la scène pour lui donner l’hospitalité et la faire élever avec ses propres enfants. Une douzaine d’années plus tard, Marie-Anne devenait la femme de son bienfaiteur, qui venait d’atteindre sa cinquante-cinquième année et était deux fois veuf.

C’est cette même année, en 1814, que Goethe, presque septuagénaire, fit la connaissance de Marie-Anne Villemer. Elle produisit sur lui une impression aussi durable que vive. L’attraction fut réciproque, et, comme pour Bettina, il y eut certainement, dans le sentiment éprouvé par Marie-Anne, une part de fierté d’avoir su retenir l’attention d’un homme auréolé de tout le prestige du génie, l’idole d’un pays. On sent cette impression dans les vers écrits par la jeune femme sur l’album de Goethe[5] :

Tu m’appelles : chère petite, — et je me compte,
en effet, parmi les petits. — Appelle-moi toujours
ainsi, — et je m’estimerai heureuse toute ma vie.

On te nomme parmi les plus grands, et l’on
t’honore comme l’un des meilleurs. On ne peut
te voir sans t’aimer. — Que n’es-tu resté parmi
nous !

Mais je garde humblement le silence. — Aie pitié
de mes vers. — Ne juge pas trop sévèrement —
un pauvre petit poète.

Marie-Anne Villemer était poète, en effet ; elle s’intéressait fort aux belles-lettres, et ce fut là un trait d’union de plus entre les deux amis. Leurs relations devinrent rapidement fréquentes et tendres ; une passion où l’imagination, certes, jouait un grand rôle, les lia. Elle inspira à Marie-Anne de biens jolis vers, et il est curieux de voir avec quelle habileté d’artiste la jeune poétesse, tour à tour, évoquait les influences diverses des contrées opposées chantées dans les hymnes qui composent le Divan. Tantôt l’ardeur orientale la trouble :

Qu’est-ce que je sens venir à moi ? — Est-ce la
brise d’Orient qui m’apporte de joyeuses nouvelles ?
— Le frais balancement de ses ailes — apaise la profonde
blessure de mon cœur.

Son souffle caressant joue avec la poussière —
qu’elle soulève en légers nuages. — Elle pousse vers
la treille protectrice — le joyeux petit peuple des
insectes.

Elle attiédit les ardeurs du soleil ; — elle rafraichit
mes joues brûlantes ; — elle baise encore dans sa
fuite les pampres — qui décorent les champs et les
collines.

Et son doux chuchotement — m’apporte les paroles
de mon ami. — Avant que ces collines s’assombrissent,
— je serai tranquillement assise à ses pieds.

Tantôt elle se laisse imprégner par la mélancolie occidentale :

Hélas ! pour tes ailes humides, — je t’envie, brise

de l’Occident, car tu peux lui porter la nouvelle —
de ce que la séparation me fait souffrir.

Le mouvement de tes ailes — éveille dans mon sein
un secret désir. — Les fleurs, les prés, les bois et
les collines — sont en pleurs sous ton haleine.
Mais ton souffle propice et doux — rafraîchit mes
paupières endolories. Ah ! je me consumerais
dans la peine, si je n’espérais le revoir.

Eh bien ! vole vers mon amant, — parle doucement
à son cœur ; — mais évite de l’affliger, et cache-lui
ma souffrance.

Dis-lui, mais dis-lui discrètement, — que son
amour est ma vie, — et, de l’un et de l’autre, sa présence
— me donnera le joyeux sentiment.

Ces vers ont une harmonie intense, et leur délicatesse jointe à l’accent sincère du cœur, de l’être tout entier, leur communique un grand charme que ne revêt pas toujours la poésie féminine de l’Allemagne, trop souvent uniquement cérébrale ou sensuelle, donc plus artificielle et moins fine.

Cette période heureuse ne dura pas longtemps pour Goethe et Marie-Anne. Un an après environ, Goethe retourna à Weimar ; les deux amis durent recourir à la correspondance pour échanger leurs pensées. Ces lettres sont écrites tantôt en prose, tantôt en vers. Voici l’un des billets adressés par Suléika à Hatem pour son Geburstag (anniversaire de naissance).

D’un délicat entrelacement de fleurs, — je t’ai
tressé une couronne. — Quant à t’offrir une chose
impérissable, — cela ne m’a pas été donné, hélas !

Mais sous les fines ramures fleuries — circulent
des pensées d’amour, — qui élèvent discrètement
la voix — et t’apportent mes pieux souhaits.

Les paroles qui jaillissent du cœur — sont comme
le parfum qu’exhale la corolle. — Il faut que les
fleurs parlent, — quand les lèvres gardent le silence.

Si jolis étaient les vers de son amie, que Goethe n’avait qu’à les intercaler, tels qu’ils lui arrivaient, dans les manuscrits qui parurent en 1819 sous le titre de Divan oriental-occidental signé du seul nom de Goethe.

Pourquoi le poète tut-il la part active de Marie-Anne dans cette collaboration ?

M. Bossert, en posant cette question, y répond par une réflexion que lui inspire le caractère de Marie-Anne Villemer. « Il est probable écrit-il, que si Goethe avait révélé ce qu’il devait à sa collaboratrice, celle-ci ne lui en aurait pas été reconnaissante ; elle pensait que les choses du cœur ne devaient pas quitter l’ombre du sanctuaire où elles étaient nées ; voir ses vers imprimés à côté de ceux du grand poète, s’entendre dire qu’ils étaient parmi les plus beaux, cela lui suffisait. »

Son talent, pour dédaigner ainsi la publicité, n’en est-il pas deux fois plus exquis ?

De nos jours, en notre pays, Mme Edmond Rostand n’a-t-elle pas doublé la sympathie et l’estime méritées par les jolis Pipeaux de Rosemonde Gérard, en mêlant le chant anonyme de sa voix au duo d’amour du troisième acte de Cyrano de Bergerac ?

Bien plus tard seulement, Marie-Anne dévoila à Herman Grimm, un de ses amis littéraires, qu’elle avait composé une partie des vers de Suléika. Et ce ne fut encore que dix ans après la mort de Marie-Anne, survenue en 1860, que Grimm trahit le secret qui lui avait été confié.

On fit alors des recherche et on découvrit, d’après les textes retrouvés, que les retouches ou variantes faites par Goethe au manuscrit de son amie n’avaient pas toujours valu l’inspiration originale.

Il est heureux que « l’indiscrétion » des lettrés ait remis les choses au point, non seulement pour la gloire littéraire de Marie-Anne Villemer, mais pour celle de la poésie féminine allemande tout entière, puisque, selon M. Bossert, qui partage en cela l’avis d’un éminent critique allemand[6], « Marie-Anne peut être considérée — si l’on envisage la qualité plutôt que l’étendue de son œuvre — comme la plus grande des femmes poètes de l’Allemagne ».

Nous revenons à une inspiration différente avec trois contemporaines de Bettina et de Marie-Anne Villemer, Agnès Franz, Méta Heuzer et Luise Hensel, liées, elles, par une fraternité encore plus étroite que celle qui unissait Amalie von der Hellwig, Karoline Rudolphi et Élise de Recke. L’inspiration de toutes trois est spirituelle, et leur but commun fut d’être des apôtres du bien.

Il faut remarquer que la poésie religieuse joue un tout autre rôle en Allemagne que chez nous, où les rimeurs de cantiques ne seraient même pas comptés dans les anthologies.

Protestant ou catholique, on est très croyant en Allemagne ; on y observe aussi les mœurs patriarcales. Les fêtes religieuses et patriotiques ne vont pas sans grand accompagnement de chants, d’hymnes, de refrains, que les générations se transmettent fidèlement.

Alors que la poésie religieuse n’a, en France, que de rares représentants après le moyen âge[7], elle se renouvelle en Germanie, sous l’aiguillon de la Réforme d’abord ; puis au dix-septième siècle, le cantique devient poésie populaire par la beauté simple qu’y introduit l’inspiration d’un Heerman ou d’un Paul Gerhart.

Plus tard, Klopstock, avec sa Messiade et ses cantiques ne sera pas sans exercer aussi une influence sur ce genre littéraire.

Il n’est pas étonnant que cette forme de poésie ait été particulièrement goûtée des femmes, de celles, surtout, qu’un destin plutôt mélancolique inclinait à y chercher l’expression en même temps que la consolation de leur épreuves.

Agnès Franz est de celles-là.

Née en 1794, à Militsch (Silésie), elle perdit de bonne heure son père et vécut à Stenau et à Schweidnitz. Une chute qu’elle fit vers sa treizième année la rendit maladive pour le reste de ses jours. Sa vie, d’ailleurs, fut féconde en sacrifices, car elle la consacra entièrement aux siens et aux pauvres. Elle éleva une nièce orpheline et se retira plus tard à Breslau, où elle fonda et dirigea une école pour jeunes filles, se réservant seulement pour ses travaux poétiques les heures extrêmes de la journée, l’aube ou la soirée tardive.

Ses premières œuvres, celles d’une solitaire à l’âme délicate et sensible, sont imprégnées d’un grand amour de la nature.

Voici un fragment d’une de ses méditations, qui donne une idée de ce genre d’ouvrages :

Comment puis-je dormir dans la sombre nuit —
ô Dieu et Père, si je ne songe pas à toi ? — Les occupations
du jour ont distrait mon cœur. — Près

de Toi, près de Toi seulement, sont la paix et la félicité.

Oh ! couvre mes fautes avec la clémence — Tu es toi, Dieu, l’amour et la patience ! Donne-moi, je t’en supplie, un cœur pur qui s’offre à toi avec allégresse dans la douleur comme dans la joie !

Aide-moi à pardonner, comme tu pardonnes, — à aimer mon frère comme tu m’aimes. — Ainsi je veux m’endormir sans anxiété dans la paix, rêver doucement, paisiblement à Toi.

Ce sont les effusions d’une âme tendre et résignée que les malheurs, au lieu de l’aigrir, ont élevée vers l’idéal et la charité.

Les Recueillements, les Paraboles et Prières, parus plus tard, contiennent de belles pensées. Quelques-uns des morceaux en ont été insérés dans les livres de prières, de lecture, et jouissent d’une certaine popularité.

Méta Heuzer, née Schweizer, vit le jour à Hirzel, en Suisse, en 1797. C’est dans la Bible et dans Klopslock que se forma son talent poétique. Ses Chants d’une Humble, publiés par A. Knapp, en 1858, sont remplis des plus profonds sentiments de lyrisme religieux. Elle mourut en 1859.

Louise Hensel est la plus connue des trois poétesses. Sa vie fut, d’ailleurs, moins cachée. Née un an plus tard que Méta Heuzer, en 1798, à Linum, Louise était la fille d’un pasteur protestant. Sa mère, devenue veuve de bonne heure, se retira à Berlin avec les trois enfants, seuls survivants des huit qu’elle avait eus. Elle se voua à leur éducation, avec succès d’ailleurs, car chacun d’eux lui donnait de grandes satisfactions. Wilhelmine était poète comme Louise, et non sans mérite ; Wilhelm, leur frère, acquit une certaine célébrité dans la peinture.

Jeune encore, Louise dut pourvoir à son existence. Elle fut tour à tour gouvernante dans la maison de l’ambassadeur prussien en Espagne, le baron de Werther, ancien ministre, puis à Munster et à Dusseldorf auprès de la princesse de Salm, fille de la princesse Galitzin. Plus tard, elle sera encore gouvernante des enfants du comte de Stolberg, avant de rester sept années institutrice dans une école de jeunes filles à Aix-la-Chapelle.

Cependant elle était mêlée à la vie intellectuelle de son temps, d’abord par les relations contractées en ces diverses places, puis grâce à son frère, qui, par son mariage, devint le beau-frère de Mendelssohn.

Les amis du peintre étaient Wilhelm Müller[8], le poète romantique auteur de Lieder (chants) mis en musique par Schubert, et Clément Brentano, frère de Bettina. Ils composaient un cercle d’artistes dont, plus tard, Sébastien Henzel, fils de Wilhelm, racontera l’histoire. Louise y connut Clément Brentano qui, le premier, ébranla ses convictions de protestante. La fréquentation de la famille de Werther, où elle avait été gouvernante, agit sur elle dans le même sens. Après avoir collaboré à un manifeste, en quelque sorte réformateur de la religion réformée, elle se convertit au catholicisme, en 1818. Clément Brentano l’appréciait beaucoup. Après son veuvage, il lui demanda d’être sa femme, mais elle refusa. Il n’en resta pas moins son ami fidèle, et c’est lui qui recueillait les poèmes qu’elle négligeait de conserver.

À partir de 1833, elle rejoignit sa mère à Berlin pour la soigner et tint la maison de sa belle-sœur. Sa retraite définitive fut Windenbrück.

Ses poèmes parurent dans les anthologies, notamment dans celle de l’évêque Diepenbrock. On les crut, paraît-il, longtemps, l’œuvre de Brentano et de Schenkendorf[9], jusqu’à ce qu’un critique relevât ces erreurs en les publiant avec une biographie de l’auteur.

Un connaisseur de la jeune littérature d’alors, le docteur Merget, a dit des chants de Louise Hensel « qu’ils se recommandent entre ceux du même genre par leur vrai esprit religieux et leur haut mérite poétique ». Louise Hensel n’était pas seulement forte dans ses accents, mais aussi devant les luttes et les épreuves de l’existence. Elle eût pu répéter sans mentir le mot de Plutarque, que tant d’écrivains moralisateurs ne sauraient sincèrement s’approprier : « Fermez mon livre, ouvrez ma vie, vous y trouverez même chose. »

Voici l’un des chants de Louise Hensel :

Je suis lasse, je vais au repos et ferme les yeux.
— Père, laisse les tiens s’abaisser sur ma couche !
— Si j’ai fait le mal aujourd’hui, ne m’en tiens pas
rigueur ! — Ta grâce et le sang du Christ rachètent
tout ce qui est mal. — Que ta main garde ceux
qui me sont proches. — Tous les hommes, grands
et petits, doivent t’être recommandés. — Donne le
repos à mon cœur malade, — et laisse se fermer
mes yeux qui ont pleuré. — Laisse l’astre de tes
nuits régner paisiblement au ciel — et regarder le
monde silencieux.

Il y a, on le voit, entre ces vers et ceux d’Agnès Franz une vraie fraternité. Louise Hensel a aussi chanté la nature, les tendresses du cœur, mais toujours un peu dans cette même note spirituelle.

La dernière poétesse née dans le cours du dix-huitième siècle, mais dont l’œuvre appartient naturellement au dix-neuvième et en représente l’une des plus complètes floraisons, est Annette von Droste-Hulshoff.

On peut même, tant les influences des deux époques se mêlent en elle, la considérer comme leur parfait trait d’union ; et c’est, en effet, sur toute l’étendue peut-être de la littérature féminine poétique, que son nom plane avec la double auréole d’un grand talent et d’une belle âme.

Annette de Droste-Hülshoff appartenait à une famille d’aristocratie catholique. Elle naquit en 1798, à Hülshoff, près Munster, (Westphalie).

Malgré son tempérament maladif, elle aima de bonne heure l’étude et reçut une excellente éducation. Fort intelligente, douée d’un grand bon sens, d’un esprit large, elle n’accueillit pas toujours les préjugés des traditions familiales avec docilité. Malgré les penchants

de sa sensibilité très féminine, elle
Portrait d’une jeune femme avec des boucles torsadées le long des tempes et jusqu’aux épaules, robe noire.
Portrait d’une jeune femme avec des boucles torsadées le long des tempes et jusqu’aux épaules, robe noire.
ANNETTE VON DROSTE-HÜLSHOFF
étudiait les questions poétiques et religieuses

avec une rare et virile clairvoyance. Son talent garde la même dualité: tantôt délicat, tantôt ferme et audacieux, il se déploie sous toutes ses faces.

Annette de Droste-Hülshoff vécut successivement sur les bords du Rhin, puis dans une terre de famille, en Westphalie, et enfin, à cause de sa santé précaire, sous un plus doux climat, à Mersbourg, près du lac de Constance. Elle retrouvait là son beau-frère, le comte de Lasberg, littérateur distingué. Un cercle agréable séjournait en ce lieu très fréquenté de la bonne société allemande.

Annette de Droste écrivit longtemps pour elle-même, sans chercher la publicité. Dix ans seulement avant sa mort, elle consentit à se faire éditer, et ce premier ouvrage, Gedichte (Poèmes), n'ayant pas obtenu tout de suite, du public, l'attention qu'elle en espérait, la déception l'engagea à ne pas continuer. Mais ses amis stimulèrent de nouveau son effort. Elle donna, en 1844, un second recueil de poèmes. Le succès en fut encore modéré.

On accueillait ses ouvrages avec étonnement plutôt qu’avec enthousiasme. Son inspiration ne se rattachait à aucune école. L’influence de l’école autrichienne était alors très grande. Celle de la réaction littéraire appelée l’Individuel Moment, préconisée par le groupe de la Jeune-Allemagne auquel appartenait Henri Heine, lui disputait la suprématie.

Annette de Droste-Hülshoff écoute son inspiration personnelle plutôt qu’elle ne suit. des théories. Cependant, elle se rattache à Grillparzer, chef du groupe autrichien, par un point : l’amour de la simplicité. C’est là son idéal. Pour elle « la simple » dans le sens de l’Évangile, la simple « qui laisse chanter les plus précieux poèmes de son cœur sur l’homme hautain et mobile est un héros ». Comme Grillparzer, aussi, elle aime lutter contre ceux de son parti qui ne comprennent comme elle ni la façon de sentir Dieu, ni le vrai devoir.

Elle est plus fermée sur les impressions secrètes de son âme, joies et déceptions d’amour ou d’amitié. Elle ne parle qu’avec pudeur de ses épreuves, de ses « souhaits vains » ; mais ils « oppressent » ses chants et se devinent à travers la mélancolie qui imprègne ces derniers. Aussi ne connaît-on que peu de chose de sa vie intime. Elle ne se maria point : étant donnée sa nature délicate, élevée, on peut croire que l’idéal rêvé par ces sortes d’âmes ne se rencontra jamais sur sa route.

Si elle vante la « simple » de l’Évangile, elle en représente aussi la « femme forte ». Nulle peine, nulle déception n’abat son courage, sa volonté. Les échecs littéraires ne l’ont pas plus aigrie que les succès n’ont altéré sa modestie. Sa façon de comprendre la religion lui est bienfaisante. De plus, elle a l’instinct stoïque ; elle ne songe qu’à acquérir « une force qui l’élève et l’aide à se vaincre ». Elle engage les femmes à rechercher le même idéal. On sent en elle le contact du souffle rude et sain de l’air natal. Elle est, d’ailleurs, fort attachée à son pays de Westphalie.

Elle possède aussi un refuge contre les réalités tristes de la vie : le Rêve. Pour échapper à la sécheresse du cœur, elle s’abime « dans la situation pathologique où le songe et la vérité, le passé et le présent se confondent avec une force inquiétante « en son front bouillant ». Car le rêve n’est point, chez elle, indolence, lymphatisme. Son âme ardente y puise des forces d’action. Elle y réfléchit pour se connaître davantage. Le mystérieux, le redoutable même l’attirent :

Und fester drückt, ich meine Stirn hinab,
Wollüstig saugend an des Grauens Süsze.

(Et je presse plus fortement mon front penché, aspirant avec volupté la douceur de la terreur.)

Selon un de ses biographes, une cause physique influa sur son caractère et sur celui de ses œuvres. « Bien que ses yeux, dit Lewin Schücking, fussent d’une pénétration sans exemple pour les objets proches, ils avaient une extrême faiblesse de vue pour ce qui était éloigné. Ainsi, le monde environnant lui est apparu à travers un voile et le contour flottant des choses. »

Dans la nature, elle observe donc avec netteté, minutie, l’herbe, le caillou, l’insecte, « comme si la microscopique peinture des infiniment petits pouvait l’intéresser, l’atteindre », mais pour le reste, tout demeure confus. Son style, chargé de rendre ses impressions, offre les mêmes particularités. « Cette défectuosité de la vue est compensée par un extraordinaire développement des autres sens : petits murmures, légers parfums, prodromes d’orage, frissons de plantes, elle sent et traduit chaque expression avec une rare justesse. Elle est le poète des plus imperceptibles mouvements de l’air, des plus intimes frémissements de l’âme. » Elle se rapproche en cela, remarque M. Meyer, à qui est empruntée la fine analyse précédente, du tempérament d’une George Sand.

Il y avait donc, en Annette de Droste, une prescience du naturalisme, mais d’un naturalisme toujours enveloppé d’une douceur d’expression fort romantique. De plus, lorsqu’elle peint la nature, c’est pour y fondre ses impressions personnelles, et non avec le seul dessein d’être peintre. Elle est plutôt subjective.

Ses œuvres sont, outre les Poèmes parus en 1838 et 1844, l’Année spirituelle, avec supplément de poèmes religieux (1851) et Feuilles posthumes, éditées deux ans après sa mort, laquelle eut lieu en 1848. Elle est aussi l’auteur d’une nouvelle, die Judenbuche, et d’un long fragment, Chez nous, à la campagne, où l’on remarque encore une grande vérité de détail ; ces deux ouvrages sont supérieurs à sa peinture historique, Die Schlacht im Loenerbruch, et à son mystérieux Doctor’s Geheimniss (le Secret du docteur), où elle vise d’ailleurs à l’obscurité.

La postérité a rendu à Annette de Droste-Hülshoff un juste hommage. La première, elle a su donner à l’Allemagne une poésie féminine vraiment forte. Peut-être la grâce, le charme lui manquent-ils un peu ? Peut-être aussi son vers est-il plus riche de précision que d’harmonie ? Mais il est empreint quand même de beauté et attire la sympathie, car on y sent vibrer une âme très noble et sincère. Aussi plusieurs critiques s’accordent-ils à décerner à Annette de Droste-Hülshoff la palme, que certains de leurs confrères confèrent à Marie-Anne Villemer.

Deux poèmes, choisis parmi ses œuvres, caractériseront, à l’appui des avis cités, le genre de son talent.

au matin

L’aurore glisse silencieuse le long — d’un océan de nuages dont les flots aux replis délicats — se pressent amoureusement les uns contre les autres. — Le soleil, vaisseau flamboyant, la suit dans l’harmonie des sphères ; — Une douce ivresse salue le jour. — Est-ce là son coup de rame ?

L’aurore s’éveille au chant des oiselets bigarrés — qui, lestement, sortent des buissons leurs petites têtes rondes plongent leurs membres dans la fraîche rosée et tous ensemble font sortir — de leurs gosiers des chants innombrables.

Et les fleurs exhalent aussitôt — leurs doux parfums dans la campagne. Leurs fronts se parent d’un étincelant diadème. — L’araignée elle-même, avec grand courage, exerce ses pattes habiles à tisser — sa riche toile brodée de rangées de perles.

Je me demande pour qui peut être préparée une si belle fête. Pour l’amour de qui l’oiseau fidèle délaisse-t-il son nid bien-aimé ? Le zéphir à la voix légère me répond : « — Peux-tu donc, toi, un être humain — rester sourd et aveugle ?

— Pourquoi restes-tu silencieuse quand tout chante l’allégresse ? — Pourquoi demeures-tu les mains vides quand tout apporte un don ? — Quand des yeux de la terre même sortent tant de larmes — qui brillent avec un tel éclat pour la louange et l’honneur de Dieu ?

Car Dieu est celui qui soutient le chant si amoureux des oiseaux, — qui fait vibrer la voix intérieure des branches. — Il est celui pour qui le soleil lance — à travers les espaces ses flamboyants rayons. — Tous les cœurs, en son honneur, se font joyeux. — Éveille-toi ! Éveille-toi ! Éveille-toi !


dans la mousse

Lorsque la nuit naissante, à la campagne fatiguée de soleil — avait envoyé les légers messagers du crépuscule — je m’étendais sur la mousse de la forêt. — Les sombres rameaux s’inclinaient vers moi, familièrement. — L’herbe chuchotait contre ma joue. — Invisible, la bruyère rose exhalait son parfum.

Et je voyais scintiller à travers les tilleuls, l’espace — ainsi que de minces rais de lumière qui, au faîte des branches, — faisaient ressembler chaque arbre à un puissant ver luisant. — Je voyais tout cela, nébuleusement, comme une vision de rêve. — Cependant il m’était doux de penser que c’était la lumière du pays natal qui pénétrait en moi même.

À l’entour tout était si silencieux que je percevais dans le feuillage — le bruit de la chenille rongeuse, et, ainsi qu’un vert pollen — tombaient sur moi, doucement, les tournoyants flocons de feuilles. — Je m’étendais et je pensais… hélas ! Si près de toutes ces choses, — j’entendais battre les coups de mon propre cœur. — Et il me semblait être déjà morte

De pensée en pensée je voyais surgir devant moi mon enfance, le cours des fraîches années — vision qui depuis longtemps m’était étrangère. — Les accents oubliés bourdonnaient à mon oreille. — Et, au loin, le Présent s’avançait comme la vague au bord de la rive.

Puis, pareille au torrent qui se perd dans le gouffre, — et de nouveau jaillit plus loin, hors du sol, — je me transportais soudain dans le pays de l’Avenir. — Je me voyais, vieille, courbée, — la vue affaiblie, enfouir dans la couche héréditaire[10] — soigneusement, avec ordre, tous les poussiéreux souvenirs d’amour.

Je voyais clairement les incarnations de ma tendresse — m’apparaître sous leur déguisement maintenant suranné — et me délivrer du masque décoloré — qui se brisait en tombant dans la poussière. Et je sentais sur ma joue tremblante, lentement, couler des larmes amères.

Devant ce mausolée — où étaient inscrits les noms que mon amour connaît, je me prosternais en prière sur mes genoux débiles — et — (écoute ! la caille chante ! Frais, court le vent !) — je me voyais pareille à une fumée absorbée peu à peu par les pores de la terre.

Je me relevais ensuite et frissonnais — comme quelqu’un qui se sent déjà entraîné vers la léthargie de la mort et, au retour, je chancelais le long des sombres haies, doutant à chaque instant si l’étoile du gazon n’était pas la clarté d’une veilleuse, — ou encore la lumière éternelle du tombeau.

  1. R. Meyer, Histoire de la littérature allemande au dix- neuvième siècle.
  2. R. Meyer, op. cit.
  3. Firmin Didot, éd. (1876).
  4. Numéro du 4 septembre 1909.
  5. Les traductions des poèmes de M.-A. Villemer sont également empruntées à l’article de M. Bossert.
  6. Wilhem Scherer.
  7. Représentants de premier ordre, il est vrai, avec les Cantiques de Marot, les Stances spirituelles de Malherbe, l’Imitation de Corneille, les chœurs de Jean Racine et les poèmes de son frère Louis.
  8. W. Muller (1793-1827) s’est surtout rendu célèbre par ses Lieder pleins d’élan et de vie. M. A. Bossert, dans son Histoire de la littéralure allemande, dit très justement que W. Muller a passionné le lied.
  9. Poète idéaliste et patriote (1783-1817).
  10. La bière, la fosse.