Les Grandes Chroniques de France/VII/Introduction

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Les Grandes Chroniques de France, Texte établi par Jules ViardHonoré Champion, libraire de la Société de l’histoire de France7 (p. i-xix).
LOUIS VIII  ►


INTRODUCTION


L’œuvre de Primat a été terminée avec le tome VI de cette édition. Mais, comme nous l’avons dit[1], les successeurs de saint Louis la trouvèrent si intéressante et si bien présentée, qu’ils prirent à cœur de la continuer. Pour composer son ouvrage, Primat avait trouvé dans un recueil de chroniques, écrit à Saint-Denis sous le règne de saint Louis[2], tous les éléments qui lui permirent de présenter un tableau suivi de notre histoire, depuis les origines jusqu’à la fin du règne de Philippe-Auguste. Traduisant successivement le de Gestis Francorum d’Aimoin, Éginhard, l’Astronome, Guillaume de Jumièges, la Continuation d’Aimoin, Suger, Guillaume de Tyr, Rigord et Guillaume le Breton, pour ne citer que ses principales sources, il avait non seulement épuisé tout ce que contenait ce recueil, mais avait encore fait appel à plusieurs chroniques et annales qui ne s’y trouvaient pas. La suite des chroniques copiées dans ce manuscrit s’arrêtant alors à Guillaume le Breton, on ne pouvait plus y recourir pour retracer l’histoire des successeurs de Philippe-Auguste. Cette lacune n’était cependant pas capable d’arrêter les religieux de Saint-Denis. Cette abbaye, devenue un important laboratoire historique depuis la fin du XIIe siècle, offrait de grandes ressources à tous ceux que nos annales intéressaient. Les chroniques, les notes et les documents que l’on y conservait étaient une mine des plus abondantes dans laquelle ils pouvaient travailler. Or, de même que Vincent de Beauvais, pour écrire son Speculum historiale, achevé avant 1244[3], put puiser bien des renseignements dans la Chronique de Tours[4], de même un moine de Saint-Denis, au commencement du règne de Philippe le Bel[5], pour composer les Gesta Ludovici VIII put se servir de cette Chronique de Tours et en même temps du Speculum historiale. L’œuvre de Vincent de Beauvais et cette chronique sont, en effet, les deux sources principales et presque uniques de ces Gesta[6].

L’auteur de la chronique est une chanoine de Saint-Martin de Tours ; peut-être, d’après André Salmon[7], Péan Gastineau, qui écrivit un poème sur les miracles de saint Martin. Ayant sous les yeux la chronique de Robert d’Auxerre[8], il lui fit de nombreux emprunts et suivit pour la Touraine l’exemple que Robert avait donné pour la Bourgogne. Les renseignements fournis sur le roi et sur toutes les affaires traitées autour de lui montrent qu’il était bien instruit de ce qui se passait à la cour. Aussi, sa chronique est-elle considérée comme la meilleure du règne de Louis VIII[9]. Cependant, si l’auteur des Gesta Ludovici VIII l’a suivie et l’a souvent copiée, il n’en résulte pas qu’il nous retrace une histoire complète de ce souverain. Il passe sous silence beaucoup d’événements même importants, et comme le remarque dom Brial[10], on ne trouve dans son œuvre « que les gestes de Louis devenu roi, et encore d’une manière superficielle[11] ».

Après l’œuvre anonyme consacrée à Louis VIII fut copiée à la même époque, dans le manuscrit latin 5925, la compilation de Guillaume de Nangis sur saint Louis[12]. Ce moine de Saint-Denis, qui mourut entre les premiers jours de juin et le 22 juillet 1300[13], avait, comme il le dit lui-même dans son prologue, colligé dans l’ouvrage inachevé de son confrère Gilon de Reims et dans celui de Geoffroi de Beaulieu la plupart des éléments qui lui servirent à retracer la vie de saint Louis[14]. Mais s’il ne nomme que ces deux auteurs, il avoue qu’il puisa encore dans plusieurs autres[15] retrouvés depuis et que nous pourrons passer en revue.

Ce fut sous le fils de saint Louis, Philippe III le Hardi, qu’il composa cet ouvrage ; il le lui dédia, l’engageant à suivre les traces de son père ainsi que celles de son bisaïeul, Philippe-Auguste, dont il portait le nom[16]. Si nous connaissons les travaux historiques de Guillaume de Nangis qui, en grande partie, sont des compilations, il n’en est pas de même de sa vie. Tout ce que nous savons de lui, c’est que, moine à l’abbaye de Saint-Denis, il y fut comme l’historiographe officiel de la couronne et y remplit jusqu’à sa mort la charge de garde des chartes, custos cartarum[17]. Cette charge et son goût pour l’étude lui permirent de composer, outre la biographie de saint Louis, une biographie de Philippe le Hardi, publiée avant le 22 juillet 1287 ; une chronique abrégée écrite en latin, dont il donna ensuite la traduction française, et enfin une chronique universelle, qui fut interrompue par sa mort[18].

La biographie de saint Louis, dont nous nous occupons présentement, est, comme le dit l’auteur, une compilation faite surtout à l’aide de l’ouvrage de Gilon de Reims et de celui de Geoffroi de Beaulieu, dominicain, confesseur du roi. À ces deux ouvrages, nous pourrons encore ajouter le Speculum historiale de Vincent de Beauvais et la chronique de Primat[19], pour ne citer que ceux auxquels il fit les plus larges emprunts, bien qu’il ne les nomme pas[20].

De Gilon de Reims, nous ne pouvons rien dire ; nous ne le connaissons que par la mention de Guillaume de Nangis, et la vie de saint Louis qu’il avait commencée, interrompue par sa mort, ne nous est pas parvenue. Tout ce que l’on peut conjecturer en voyant comment Guillaume de Nangis a procédé avec Geoffroi de Beaulieu, qu’il nomme en même temps que Gilon, c’est que le début de ses Gesta Ludovici IX nous donne probablement la copie d’une partie de l’œuvre de Gilon de Reims[21], comme dans la suite on retrouve la copie de la majeure partie de la Vita et sancta conversatio piæ memoriæ Ludovici regis du confesseur du roi.

Geoffroi de Beaulieu, qui, pendant plus de vingt ans, fut le confesseur et le conseiller intime de saint Louis, était un Frère Prêcheur du couvent de Chartres. Son nom, d’après le P. Nicolas Lefebvre, dominicain de Chartres, était inscrit au nécrologe de cette abbaye à la date du 9 janvier[22]. Pour remplir ses fonctions, il accompagna le roi dans ses croisades, partagea sa captivité quand il fut pris à Mansourah, ne le quitta pas lorsqu’il passa en Syrie et était à ses côtés à l’annonce de la mort de Blanche de Castille ; à Tunis, il lui administra les derniers sacrements, puis assista à ses obsèques à Saint-Denis. On peut donc ainsi se rendre compte que, pendant la dernière moitié de la vie de saint Louis, vivant près de lui, il fut son confident dans toutes ses préoccupations. Aussi son témoignage est-il des plus précieux et ne doit-on pas être surpris que, le 4 mars 1272[23], Grégoire X lui ait demandé d’écrire la vie de son pénitent. Il dut accéder sans retard au désir du pape, car, à sa mort survenue en 1274 ou 1275, avant celle de Grégoire X (10 janvier 1276), son œuvre était terminée.

La Vita et sancta conversatio piæ memoriæ Ludovici regis de Geoffroi de Beaulieu est avant tout un travail d’hagiographie. Ce qu’il chercher à faire ressortir, ce sont les qualités d’homme privé et de chrétien du roi. S’il s’étend sur sa piété, sur ses austérités et ses œuvres de charité, il passe, au contraire, sous silence tout ce qui concerne son action politique, les opérations militaires, l’administration du royaume. Aussi, à part les chapitres dans lesquels il rapporte comment saint Louis apprit la mort de sa mère[24], et ceux qu’il consacre à ses derniers moments[25], presque toute le reste de cet ouvrage ne nous retrace que sa vie privée et ne s’étend que sur ses vertus et ses œuvres. Guillaume de Nangis, pour mieux nous faire connaître le saint roi et nous faire pénétrer dans son intimité, ne manque pas de puiser abondamment dans cette vie, et nous pouvons voir que dans les Grandes Chroniques, en particulier, les chapitres lxiv, lxvi à lxix, lxxiv, lxxvi à lxxxii, cxv et cxvi ne sont souvent, par son intermédiaire, que la traduction des chapitres ou de la majeure partie des chapitres xxii, xxvi, xxviii à xxx, xxxiii, ix à xi, xiii, xvi à xx, xxxiv, xxxv, xv et xliv de la Vita et sancta conversatio de Geoffroi de Beaulieu, et que, dans les chapitres xxi, xlii, ciii, civ, cxiv des Grandes Chroniques, on retrouve des passages plus ou moins étendus des chapitres xxiv, xxvii, xxxvii, xxxviii et xliii du même ouvrage[26].

La vie de Vincent de Beauvais, comme celle de Guillaume de Nangis, ne nous est guère connue que par ses œuvres[27]. Né entre 1184 et 1194, il entra chez les Dominicains, peut-être à Beauvais, d’où lui viendrait son nom. Saint Louis, qui aimait l’entendre, l’appela souvent à Royaumont pour y prêcher et remplir sans doute auprès de lui l’office de lecteur. Grand ami de l’étude et grand compilateur, il composa une vaste encyclopédie, qui, dans ses quatre divisions : Speculum naturale, Speculum doctrinale, Speculum morale et Speculum historiale, embrasse l’ensemble des connaissances humaines au xiiie siècle[28]. Mort à Beauvais, probablement en 1264, il fut inhumé dans le cloître des Dominicains.

De l’ensemble de son travail, seul, le Speculum historiale nous intéresse, dans la partie où il passe en revue les événements des règnes de Louis VIII et de saint Louis. Si nous rapprochons des Gesta Ludovici VIII et des Grandes Chroniques qui les traduisent les pages que Vincent de Beauvais consacre à Louis VIII, nous voyons que le chapitre i des Grandes Chroniques, des pages 3 à 8, dans lesquelles elles donnent la généalogie de ses ancêtres, et le chapitre iv, des pages 20 à 24, dans lesquelles elles rapportent l’expédition du roi contre Avignon et sa mort à Montpensier, sont la traduction des chapitres cxxvi, cxxviii et d’une partie du chapitre cxxix du livre XXX du Speculum historiale[29]. On peut constater, en outre, que de nombreux passages relatifs aux sièges de Niort, de Saint-Jean-d’Angély et de la Rochelle lui furent également empruntés[30].

Pour le début du règne de saint Louis, jusqu’à l’année 1250, Guillaume de Nangis a souvent suivi le plan du Speculum historiale. On se rendra compte, en examinant les chapitres iii à vi, viii, xviii, xxiii à xxv, xxviii à xxxii, xxxv à xxxvii des Grandes Chroniques, qui, généralement, sont traduits de Guillaume de Nangis, que ce dernier, tout en suivant dans son récit Vincent de Beauvais, l’a complété et développé[31]. Quant aux chapitres xl à lx, presque tous relatifs à l’expédition de saint Louis en Égypte, ils ne sont guère que la traduction, avec parfois quelques adjonctions, des chapitres liii et lxxxix à cii du livre XXXI du Speculum historiale[32].

Si Vincent de Beauvais, que Guillaume de Nangis n’a pas nommé, est sa source principale pour la première croisade de saint Louis, on peut dire que Primat, également passé sous silence, est le chroniqueur dans lequel il puisa le récit de la plupart des événements qui illustrèrent la fin de ce règne. Jusqu’à la découverte que M. Paul Meyer fit à Londres[33] de la traduction de la chronique latine de Primat par Jean du Vignay, Primat n’était considéré que comme un simple copiste, tout au plus comme le traducteur des chroniques latines à l’aide desquelles fut composé le roman intitulé Les Grandes Chroniques. Le manuscrit révélé par Paul Meyer nous montre que Primat fut un des principaux chroniqueurs du xiiie siècle, celui dans lequel Guillaume de Nangis a peut-être puisé la majeure partie des renseignements qu’il nous donne sur saint Louis[34].

Sa vie, comme celle des autres historiens ses contemporains, nous est peu connue. Il aurait été marié avant d’être moine à Saint-Denis, vivait probablement encore en 1289 et dut écrire sa chronique avant 1297, date de la canonisation de saint Louis[35]. C’est à peu près tout ce que nous connaissons de son existence. De ses travaux, seules les Grandes Chroniques et la partie de sa chronique des règnes de saint Louis et de Philippe le Hardi, que Jean du Vignay traduisit comme étant la continuation du Speculum historiale de Vincent de Beauvais[36], sont parvenues jusqu’à nous.

Si nous rapprochons les chapitres des Gesta Ludovici IX de Guillaume de Nangis, depuis l’année 1260 environ jusqu’à l’année 1270, de l’œuvre de Primat, nous nous rendons compte que Guillaume de Nangis l’a suivi et lui a emprunté tout le fond de son récit. Ainsi, dans les Grandes Chroniques qui le traduisent, les chapitres lxxv, lxxxiv (en dehors de ce qui fut ajouté par le manuscrit français 2813 de la Bibl. nat.), lxxxix à xciv, xcvi à cxiii, reproduisent, généralement en les abrégeant, quelquefois en y ajoutant un petit épisode, comme celui de Raoul Daucoi[37], les chapitres viii à x et xiii à xxxii de la chronique de Primat[38]. Il semble qu’après le chapitre xxxii Guillaume de Nangis ait eu hâte de nous faire connaître les Enseignements que saint Louis donna à son fils et les derniers moments du saint roi. En effet, tandis que, dans les chapitres xxxiii à xxxviii, Primat s’étend sur les combats soutenus par les croisés contre les Sarrasins et sur les ravages causés dans leurs rangs par la maladie, Guillaume de Nangis et les Grandes Chroniques ne font guère qu’allusion à ces combats et ne parlent que très brièvement de la mort de Jean Tristan, fils du roi, et de celle du légat du pape, pour donner le texte des Enseignements de saint Louis à son fils et retracer ses derniers moments. Au reste, comme nous l’avons déjà indiqué, ces deux derniers chapitres[39] sont tirés de l’ouvrage de Geoffroi de Beaulieu.

On s’étonnera peut-être qu’après le Mémoire sur les ouvrages de Guillaume de Nangis de L. Delisle[40], nous regardions encore l’œuvre de Primat comme l’une des principales sources de Guillaume de Nangis. L’illustre érudit, s’appuyant surtout sur le fait que Guillaume de Nangis ne nomme pas Primat et qu’il existe quelques divergences entre leurs récits[41], conclut que ledit Guillaume ne puisa pas directement dans la chronique de Primat, mais dans des notes qui, conservées à l’abbaye de Saint-Denis, furent mises à contribution par eux, comme par Gilon de Reims, pour la composition de leurs œuvres. Or, si nous lisons attentivement le prologue des Gesta Ludovici IX, sur lequel on s’appuie pour affirmer que Gilon de Reims et Geoffroi de Beaulieu sont ses principales sources, nous voyons qu’ils sont indiqués, non parce qu’ils furent ses sources, mais pour un autre motif. Gilon de Reims, parce qu’il mourut avant d’avoir pu achever son œuvre, et Geoffroi de Beaulieu, parce que ne s’étant occupé que de la vie privée de saint Louis et de ses vertus, il laissa de côté toutes ses opérations militaires et son action politique[42]. Dans les phrases précédentes, au contraire, Guillaume de Nangis laisse entendre que, quoique peu lettré, il a glané des épis des docteurs qui moissonnaient, pour composer son ouvrage[43]. Or, sous ce titre de metentes doctores, qui pouvait-il désigner, sinon les hommes qui, à son époque, écrivirent sur l’histoire ou sur saint Louis les plus remarquables travaux ? Vincent de Beauvais, comme nous l’avons déjà dit, est certainement un de ces docteurs dans l’œuvre duquel il glana. Mais, sous le règne de saint Louis et pendant quelque temps encore après, quel fut avec lui le chroniqueur le plus en vue ? Nous ne pensons pas nous tromper en désignant Primat. En effet, ce fut lui qui composa les Grandes Chroniques, dont le succès fut incontestable, et qui écrivit la chronique de saint Louis, que Jean du Vignay traduisit comme faisant la suite de l’œuvre de Vincent de Beauvais[44]. Si l’on continua l’ouvrage du célèbre dominicain à l’aide de celui de Primat, c’est qu’il ne fut pas jugé trop inférieur. Nous croyons donc que ne pas vouloir admettre Primat comme une des sources de Guillaume de Nangis, parce que ce denier ne l’a pas nommé, c’est mal interpréter le texte du prologue des Gesta Ludovici IX. Que ce compilateur ajoute des épisodes au récit de Primat ou qu’il en retranche, il agit avec lui comme avec Geoffroi de Beaulieu, qu’il ne copie pas, mais dans l’œuvre duquel il choisit ce qu’il juge à propos de faire connaître au lecteur. Certes, dans bien des chapitres[45], il y a trop d’analogie entre la chronique de Primat et les Gesta de Guillaume de Nangis pour qu’on puisse les expliquer par ce fait que les deux auteurs utilisèrent les mêmes notes ; ou alors il faudrait reconnaître que ces notes étaient déjà mises au point par l’un de ces deux auteurs et prêtes à êtres publiées[46].

Nous ne ferons que signaler une autre source à laquelle puisa encore Guillaume de Nangis ; c’est le Chronicon ecclesiæ Sancti Dyionisii ad cyclos paschales. Cette chronique comprend une suite de notes dont l’ensemble forme deux séries, toutes deux partant de la naissance du Christ, et l’une allant jusqu’à 1292, tandis que l’autre s’arrête à 1285[47]. De cette chronique, Guillaume de Nangis n’a tiré que de brèves mentions relatives à la naissance ou à la mort de certains personnages. Ainsi, en 1229, il note d’après elle la mort de Pierre d’Auteuil, abbé de Saint-Denis, et l’élection de son successeur, Eudes Cléments[48]. En 1233, il mentionne aussi la mort de Philippe dit Hurepel, comte de Boulogne, fils de Philippe-Auguste[49]. En 1240 et en 1242, il annonce la naissance des filles de saint Louis, Blanche et Isabelle[50]. L’événement sur lequel le Chronicon ad cyclos paschales s’étend le plus est le rôle que jouèrent les religieux de l’abbaye de Saint-Denis dans la cérémonie organisée à Paris pour recevoir la sainte couronne d’épines ; Guillaume de Nangis reproduit ce passage[51], tandis que les Grandes Chroniques n’y font qu’une brève allusion[52] et, de toutes les naissances et décès précédents, ne signalent que la naissance d’Isabelle[53].

Pour terminer la revue des chroniques auxquelles Guillaume de Nangis fit des emprunts, nous ajouterons encore que, selon M. Hermann Brosien[54], ce compilateur aurait emprunté à Martin de Troppau[55] les mentions des élections des papes Urbain IV et Clément IV, tandis que M. Jean Lemoine[56] pense qu’il les a tirées plutôt de la chronique de Géraud de Frachet[57]. Les Grandes Chroniques ont reproduit brièvement ces mentions[58].

Guillaume de Nangis ne négligea pas non plus les lettres et les documents diplomatiques qu’il put avoir à sa disposition. Il en transcrivit même un certain nombre que les Grandes Chroniques n’ont pas omis de traduire ; c’est ainsi qu’elles nous font connaître la lettre écrite à saint Louis par le khan des Tartares[59] et la lettre écrite par le connétable d’Arménie au roi et à la reine de Chypre[60]. Grâce à cette dernière lettre et à ce qui fut aussi extrait de celle qu’Eudes de Châteauroux adressa au pape Innocent IV[61], nous avons de curieux et intéressants renseignements sur les mœurs et les coutumes des Tartares et sur leur expansion en Asie au xiiie siècle. Guillaume de Nangis a donné également un extrait étendu de la sentence de condamnation de Frédéric II promulguée le 16 juillet 1245, extrait que les Grandes Chroniques n’ont traduit qu’en partie[62]. Deux ordonnances furent rendues par saint Louis, afin de réprimer les abus que les baillis, les sénéchaux et les autres représentants du pouvoir seraient tentés de commettre et pour apporter, autant que possible, un frein à la dissolution des mœurs. La première, la plus étendue, est du mois de décembre 1254[63], et la seconde, de l’année 1256[64]. Or, tandis que Guillaume de Nangis reproduit dans ses Gesta Ludovici IX la majeure partie de la première ordonnance[65], les Grandes Chroniques nous donnent le texte de la seconde[66]. Nous pouvons également nous rendre compte, d’après ce que Guillaume de Nangis dit du traité de Paris conclu en 1259 entre saint Louis et Henri III, roi d’Angleterre, que, s’il ne nous donne pas le texte de ce traité, il dut au moins le connaître. Les Grandes Chroniques n’ont fait que traduire le compilateur. Seul, le manuscrit de Charles V[67] a transcrit ce traité et l’a fait suivre de quelques paragraphes intéressants relatifs à Manfred, à Guillaume de Saint-Amour et à la guerre qui éclata entre la Bohême et la Hongrie[68]. Nous pouvons encore au moins signaler parmi les documents utilisés ou reproduits par Guillaume de Nangis le texte des Enseignements de saint Louis à son fils. Plusieurs versions nous ont été transmises[69] ; or, c’est celle de Geoffroi de Beaulieu que Guillaume de Nangis a insérée dans sa biographie de saint Louis et que traduisent ensuite les Grandes Chroniques[70].

Maintenant que nous avons passé en revue les sources auxquelles puisa Guillaume de Nangis pour composer sa vie de saint Louis, nous allons rechercher comment cette vie fut utilisée par la version officielle des Grandes Chroniques, dont nous donnons le texte dans ce tome VII.

Quand on se fut décidé à continuer l’œuvre de Primat qui s’arrêtait à la mort de Philippe-Auguste, on le fit sans doute en suivant le modèle qu’il avait donné, c’est-à-dire en traduisant simplement la biographie du roi dont on voulait faire connaître le règne, et ce fut ainsi que les Grandes Chroniques, dans leur première forme, ne donnèrent que la traduction des Gesta Ludovici IX de Guillaume de Nangis[71]. C’est ce premier état que nous font connaître, entre autres, les manuscrits français 2610, 2615 de la Bibliothèque nationale et le manuscrit 16 G VI du Musée britannique. Plus tard, pour des motifs que nous ignorons, des modifications furent apportées à la traduction de Guillaume de Nangis ; certaines parties furent développées, d’autres réduites ou supprimées, et c’est cet état qui est actuellement représenté par le manuscrit de la bibliothèque Sainte-Geneviève, les manuscrits français 2813, 17270 de la Bibliothèque nationale et par la majeure partie des manuscrits.

Si l’on relève les transformations que le texte de Guillaume de Nangis a subies dans le texte officiel, on sera certainement frappé par ce fait : c’est que, dans ce dernier, toutes les mentions relatives au rôle joué par l’abbaye de Saint-Denis en plusieurs circonstances ont été supprimées ou très réduites. Plusieurs notes aussi qui concernaient les abbés de Saint-Denis n’ont pas été relevées[72]. Si le texte officiel, dans le chapitre xiv[73], développe un peu la mention de Guillaume de Nangis relative à la restauration de l’abbaye de Saint-Denis, par contre, il abrège beaucoup ce qui concerne la perte du saint clou que possédait ce monastère[74], il passe sous silence le rôle joué par les religieux de Saint-Denis dans la procession qui accompagna la sainte couronne d’épines depuis le bois de Vincennes jusqu’à Notre-Dame de Paris[75], et ne parle pas non plus du transport des reliques des saints Denis, Éleuthère et Rustique à Pontoise pour la maladie du roi et de la procession organisée par l’abbé Eudes Clément en cette circonstance[76]. Lorsque saint Louis partit pour sa deuxième croisade, il vint à Saint-Denis prendre le bourdon du pèlerin et l’oriflamme. Guillaume de Nangis décrit en détail ce qui se fit dans l’abbaye à cette occasion et ne manque pas de remarquer que la remise de l’oriflamme est le signe de la vassalité du roi de France à l’égard de l’abbaye de Saint-Denis pour le Vexin[77]. Le texte officiel, au contraire, dit tout simplement que le roi « ala à Saint Denis et li pria qu’il li feust en aide, et prist l’escharpe et le bourdon et l’enseigne Saint Denis[78] ». Toutes ces omissions et ces restrictions semblent bien significatives. D’un côté, nous avons le texte des chroniques élaboré par un moine de Saint-Denis ; ce moine, toutes les fois qu’il en trouve l’occasion, fait ressortir le rôle que joua son abbaye dans différents épisodes plus ou moins mémorables de notre historie et rappelle que le roi de France est son vassal pour le Vexin. D’un autre côté, nous avons ce même texte retouché sans doute par un lettré au service du roi ; ce qui intéressait le religieux de Saint-Denis n’a plus d’importance à ses yeux et, pour plaire au souverain ou à son instigation, il ne fait pas allusion à la signification de la remise de l’oriflamme.

Au reste, la plupart des différences qui existent dans ce volume entre les Gesta Ludovici IX et les Grandes Chroniques continueront à exister dans le volume suivant entre les Gesta Philippi III et la suite des Grandes Chroniques. On pourra ainsi observer dans les derniers volumes de cette publication que les successeurs de Primat abandonnent peu à peu sa méthode. Au lieu de chercher à traduire plus ou moins fidèlement, comme lui, les textes latins dans lesquels ils puisent, ils s’en écartent souvent, amplifiant ou abrégeant le récit, jusqu’au jour où, vers 1340, ils n’en tiennent plus compte et retracent des événements un tableau qui leur est propre.

Nous ne voulons pas attendre la fin de cette publication pour remercier bien sincèrement notre commissaire responsable, M. Léon Levillain, de l’attention avec laquelle il la suit et du précieux appui que nous apporte souvent sa grande érudition.

  1. T. VI, p. xiv.
  2. Ms. lat. 5925 de la Bibl. nat. Sur l’âge et la composition de ce manuscrit, voir L. Delisle, Notes sur quelques manuscrits du Musée britannique, dans Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. IV, p. 208 à 210.
  3. Histoire littéraire de la France, t. XVIII, p. 456.
  4. Petit-Dutaillis, Étude sur la vie et le règne de Louis VIII. Introduction, p. xix.
  5. H.-F. Delaborde, Notes sur Guillaume de Nangis, dans Bibl. Éc. des chartes, t. XLIV (1883), p. 198-199.
  6. « Aussi, l’auteur qui a composé les Gesta de Louis VIII, l’a-t-il copiée mot pour mot (la chronique de Tours), mais avec des retranchements, de sorte que notre anonyme peut être considéré comme le principal auteur de l’histoire de Louis VIII » (D. Brial, Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XVIII, p. xii). « Sur les dix-sept paragraphes que contiennent les Gesta Ludovici VIII, il y en a onze qui sont presque littéralement extraits du Chronicon Turonense. Le reste se rapproche le plus souvent de Vincent de Beauvais, sans toutefois le suivre d’aussi près » (H.-F. Delaborde, Notes sur Guillaume de Nangis, dans Bibl. Éc. des chartes, t. XLIV (1883), p. 199). « Pour les années 1223, 1224, 1225, le compilateur a copié, abrégé ou déformé la chronique de Tours. Il a seulement emprunté à Vincent de Beauvais quelques détails sur la généalogie de Louis VIII, sur les événements d’Albigeois et de Poitou en 1224. Pour l’année 1226, il cesse d’utiliser la chronique de Tours et copie le récit de Vincent en omettant quelques détails. Bref, les Gesta Ludovici VIII n’auraient de valeur que si nous avions perdu les deux autres textes » (Petit-Dutaillis, op. cit. Introduction, p. xviii).
  7. Recueil de chroniques de Touraine, p. xvi-xxxvii
  8. Robert d’Auxerre, mort en 1212, identifié à tort à la suite de Lebeuf par l’Histoire littéraire de la France, t. XVII, p. 110 à 121, avec Robert Abolanz, mort en 1214. Cf. Auguste Molinier, Les sources de l’histoire de France, t. III, no 2514.
  9. A. Molinier, Les sources de l’histoire de France, t. III, p. 88, no 2515.
  10. Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. XVII, p. vii.
  11. Les éditions des Gesta Ludovici VIII sont celles de Pithou, dans les Historiae Francorum scriptores veteres XI. Francfort, 1596, p. 396-400. — Duchesne, dans ses Historiae Francorum scriptores, t. V, p. 284-287. — Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. XVII, p. 302-311, avec intercalation de cinq documents originaux, dont le testament de Louis VIII. — Enfin, des fragments en ont été publiés par Brosien dans : Monumenta Germaniae historica, Scriptores, t. XXVI, p. 631-632.
  12. Elle fut copiée sur les soixante-dix feuillets (fol. 302-371) ajoutés entre 1285 et 1294, après l’histoire de Philippe-Auguste. — Cf. Brosien, Monumenta Germaniae historica, Scriptores, t. XXVI, p. 625, et L. Delisle, Notes sur quelques manuscrits du Musée britannique, dans Mémoires de la Soc. de l’hist. de Paris et de l’Île-de-France, t. IV, p. 209-210.
  13. H.-F. Delaborde, Notes sur Guillaume de Nangis, dans : Bibl. Éc. des chartes, t. XLIV (1883), p. 196.
  14. Gesta sanctae memoriae Ludovici regis Franciae.
  15. « Et quia de praedicto rege, nonnulli alia aliqua scripserunt, quae ad multorum notitiam non venere, ego omnium ac praedictorum quorum potui fragmenta in unum studui colligere ne perirent. » — Voir dans Neues Archiv der Gesellschaft für ältere deutsche Geschichtskunde, t. IV, p. 427-509, l’article de M. Hermann Brosien, dans lequel il étudie les sources auxquelles puisa Guillaume de Nangis : Wilhelm von Nangis und Primat.
  16. « Ut proavi nomen tibi cessit, cedat et omen.
    Si patris et proavi sectaris gesta tua vi,
    Hostes compesces et sancto fine quiesces »

    (L. Delisle, op. cit., p. 217).
  17. On le trouve ainsi mentionné dans les comptes de l’abbaye de 1285 à 1300 (H.-F. Delaborde, op. cit., p. 193-194, et H. Géraud, Chronique latine de Guillaume de Nangis, t. I. Introduction, p. ii à iv).
  18. H.-F. Delaborde, op. cit., p. 200-201.
  19. Cf. Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XXIII, p. 2 et 3.
  20. Les éditions des Gesta Ludovici IX sont celles de Pithou dans les Historiae Francorum scriptores veteres XI. Francfort, 1596, p. 400-471. — Duchesne, dans ses Historiae Francorum scriptores, t. V, p. 326-394. — Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. XX, p. 312-465, avec une traduction française. — Enfin, des fragments en ont été publiés par Brosien, dans : Monumenta Germaniae historica, Scriptores, t. XXVII, p. 631-639.
  21. H. Brosien (dans : Neues Archiv ; t. IV : Wilhelm von Nangis und Primat, p. 484) pense que l’œuvre de Gilon s’arrêtait à l’année 1248.
  22. Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. xxviii. — Guillaume de Chartres, qui, après Geoffroi de Beaulieu, nous laissa une vie de saint Louis, entra aussi dans l’ordre de saint Dominique. Il appelle Geoffroi : « notre père » ; ce qui semblerait indiquer qu’il aurait été son supérieur, peut-être à Chartres.
  23. Jean Guiraud, Registres de Grégoire X, p. 136, no 349.
  24. Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 17, chap. xxviii.
  25. Ibid., p. 23, chap. xliv.
  26. Les éditions de la Vita et sancta conversatio piae memoriae Ludovici regis sont celles de Claude Ménard, publiées à la suite de son édition de Joinville. Paris, Sébastien Cramoisy, 1617, in-4o. — Duchesne, dans ses Historiae Francorum scriptores, t. V, p. 444-465. — Acta sanctorum, août, t. V, p. 541-558. — Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 3-26.
  27. Cf. Histoire littéraire de la France, t. XVIII, p. 449-519.
  28. Les principales éditions de l’œuvre de Vincent de Beauvais sont celles de Jean Mentelin : Vincentius Bellovacensis ; Speculum quadruplex, naturale, doctrinale, morale, historiale. Strasbourg, 1473-1476, 7 vol. in-fol., quelquefois reliés en dix. Une deuxième édition fut imprimée à Nuremberg, chez Ant. Coburger, 1483-1486, 4 vol. in-fol. Il y eut ensuite d’autres éditions imprimées à Venise en 1493-1494 et 1591. Enfin, la dernière parut à Douai en 1624. Bibliotheca mundi, seu venerabilis viri Vincentii Burgundi ex ordine Praedicatorum, episcopi Bellovacensis, Speculum quadruplex, naturale, doctrinale, morale, historiale…, opera ac studio theologorum benedictinorum collegii Vedastini in Academia Duacensi. Duaci, ex officina… Balthazaris Belleri, 1624, 4 vol. in-fol.
  29. Édition de Douai, t. IV, p. 1275-1277.
  30. T. IV, livre XXX, chap. xxvii, p. 1276.
  31. Cf. Speculum historiale, liv. XXX, chap. cxxx, cxxxvii, cxxxviii, cxlvi à cxlix, et liv. XXXI, chap. i.
  32. T. IV, p. 1303 et 1315 à 1322
  33. Archives des missions scientifiques et littéraires, 2e série, t. II, p. 528 à 530, et t. III, p. 262 à 276 et 319 à 325. Cf. Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. XXIII, p. 1 à 106.
  34. Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XXIII, p. 2
  35. Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XXIII, p. 4 et 5.
  36. Ibid., t. XXIII, chap. xliv, p. 63, et chap. lxxix, p. 105-106.
  37. Chap. c, p. 257.
  38. Cf. Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XXIII, p. 15 à 49.
  39. Chap. CXV et CXVI.
  40. Dans les Mémoires de l’Institut, Académie des inscriptions et belles-lettres, t. XXVII, 2e partie, p. 287-372.
  41. L. Delisle, Ibid., p. 292-294.
  42. « Dominus enim Gilo de Remis, commonachus noster,
  43. « Pauper et modicus in scientia litterarum, ad instar illius recolendae muleris Roth ad agros cucurri scripturarum, spicas inde recolligens metentium doctorum, quas nobis post tergum suum de industria reliquerunt » (Ibid., p. 310).
  44. Cf. Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XXIII, p. 63, chap. xliv, et p. 105-106, chap. lxxix.
  45. Comparer, en particulier, les chap. viii à x et xiv à xvii de Primat avec les chap. lxxv, lxxxiv (leçon du ms. de la bibliothèque Sainte-Geneviève), lxxxix, xci à xciii des Grandes Chroniques.
  46. Outre l’Introduction à la chronique de Primat, dans Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XXIII, p. 2, voir encore : Hermann Brosien, Wilhelm von Nangis und Primat, dans Neues Archiv, t. IV, et, en particulier, p. 439, § 3 ; Primat und sein Verhältnis zu Wilhelm von Nangis.
  47. Hist. littéraire de la France, t. XXI, p. 765-766, et Élie Berger, Annales de Saint-Denis généralement connues sous le titre de Chronicon Sancti Dyonisii ad cyclos paschales, dans Bibl. Éc. des chartes, t. XL (1879), p. 261 à 195. L’édition de ce Chronicon par M. Berger est malheureusement bien fautive.
  48. Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 318.
  49. Ibid., p. 322.
  50. Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 334.
  51. Ibid., p. 326-327.
  52. Cf. infra, p. 74.
  53. Cf. infra, p. 86. — Les éditions du Chronicon Sancti Dyonisii ad cyclos paschales sont celles de d’Achery, Spicilegium, in-4o, t. II, p. 808, et in-fol., t. II, p. 495-498. — Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. X, p. 297 ; t. XI, p. 377 ; t. XII, p. 215-216 ; t. XVII, p. 422-423 ; t. XXIII, p. 143-146. — D. Félibien, Histoire de l’abbaye de Saint-Denis, preuves, p. 203. — Élie Berger, dans Bibl. Éc. des chartes, t. XL (1879), p. 261 à 295. — Waitz, Monumenta Germaniae historica, Scriptores, t. XIII, p. 718 à 721.
  54. Neues Archiv, t. IV, p. 468-469.
  55. Martin Strebski, appelé aussi Martinus Polonus, dominicain, né à Troppau en Silésie, devint pénitencier sous le pontificat de Clément IV. Promu archevêque de Gnesen (Pologne), le 22 juin 1278, il mourut peu après à Bologne. Sous le titre de Chronicon pontificum et imperatorum, il laissa une histoire qui eut une grande vogue au moyen âge.
  56. Chronique de Richard Lescot. Introduction, p. xxiv et xxv.
  57. Géraud de Frachet, né vers 1205 à Chalus (Haute-Vienne), entré chez les Dominicains en 1225, prieur de Limoges en 1233, provincial de Provence en 1251, mourut à Limoges le 4 octobre 1271. Outre une histoire des premiers religieux dominicains : De vitis fratrum ordinis Praedicatorum, il publia une chronique universelle : Chronicon ab initio mundi usque ad annum 1268, dont le Rec. des hist. des Gaules et de la France, t. XXI, p. 1-70 et t. XXIII, p. 178-182, a publié des fragments, ainsi que les Monumenta Germaniae historica, Scriptores, t. XXVI, p. 587-590.
  58. Cf. infra, p. 226 et 236.
  59. P. 123-124. Cf. d’Achery, Spicilegium, in-4o, t. VII, p. 216.
  60. P. 124-128. Cf. Ibid., p. 217 à 220.
  61. P. 128-131. Cf. d’Achery, Spicilegium, t. VII, p. 213 à 224, et Vincent de Beauvais, Speculum historiale, liv. XXXI, chap. xci à xciii, t. IV, p. 1316-1317.
  62. P. 110.
  63. Recueil des ordonnances, t. I, p. 67 à 75.
  64. Recueil des ordonnances, t. I, p. 78 à 81.
  65. Recueil dse hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 392 à 399.
  66. P. 183 à 186.
  67. Bibl. nat., ms. fr. 2813.
  68. Cf. infra, p. 208 à 221.
  69. Voir H.-François Delaborde, Le texte primitif des enseignements de saint Louis à son fils, dans Bibl. Éc. des chartes, t. LXXIII (1912), p. 73 à 99 et 237 à 262.
  70. P. 277-280.
  71. Cf. Delisle, Notes sur quelques manuscrits du Musée britannique, dans Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. IV, p. 193.
  72. Ainsi dans Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 318-319, les mentions de la mort de l’abbé Pierre d’Auteuil et de l’élection d’Eudes Clément qui lui succéda ; p. 342-343, la mention concernant Eudes Clément, que saint Louis avait pris comme parrain de son premier fils.
  73. P. 61-62.
  74. Chap. xv, p. 63-64. Cf. Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 320 à 323.
  75. P. 74. Cf. Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 326 à 327.
  76. P. 106 et 107. Cf. Ibid., t. XX, p. 344 à 347.
  77. « Quem etiam comitatum rex Franciæ debet tenere de dicta ecclesia in feodum » (Recueil des hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 440).
  78. P. 262.