Les Harpes de David

La bibliothèque libre.
Œuvres de Jean LahorAlphonse Lemerre, éditeurL’Illusion (p. 19).
◄  Toujours

LES HARPES DE DAVID

 
La nuit se déroulait, splendide et pacifique ;
Nous écoutions chanter les vagues de la mer,
Et nos cœurs éperdus tremblaient dans la musique :
Les harpes de David semblaient pleurer dans l’air.

La lune montait pâle, et je faisais un rêve :
Je rêvais qu’elle aussi chantait pour m’apaiser,
Et que les flots aimants ne venaient sur la grève
Que pour mourir sur tes pieds purs et les baiser ;

Que nous étions tous deux seuls dans ce vaste monde,
Que j’étais autrefois sombre, errant, égaré,
Mais que des harpes d’or en cette nuit profonde
M’avaient fait sangloter d’amour et délivré ;

Et que tout devenait pacifique, splendide,
Pendant que je pleurais, le front sur tes genoux,
Et qu’ainsi que mon cœur le ciel n’était plus vide,
Mais que l’âme d’un Dieu se répandait sur nous !