Les Jeux rustiques et divins/Le Taureau

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Mercure de France (p. 20).
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LE TAUREAU


 
Tu mènes lentement, ô grave laboureuse,
Tes lourds bœufs obstinés au sillon qui se creuse
Dans la terre crétoise, ouverte au soc luisant ;
Les mufles ont bavé sous le frontail d’argent
Et leur écume éparse évoque une autre écume…
Le champ déferle au loin ses vagues, une à une,
Et des oiseaux, là-bas, volent sur le sillon ;
Et toi, tu songes, appuyée à l’aiguillon,
Grave, lorsque le vent du soir sèche ta joue,
Près du soc à tes pieds qui luit comme une proue,
Tu songes, et tes bœufs meuglent vers le ciel clair,
À quelque taureau blanc qui traversa la Mer !