Les Médailles d’argile/La Païenne

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Les Médailles d’argileSociété du Mercure de France (p. 223).

LA PAÏENNE


Rome ! tes dieux sont morts, et ta maigre tétine,
Louve de bronze, pend d’avoir trop allaité !
Mais le fantôme nu de l’antique beauté
Erre encore aujourd’hui sur la terre latine.

La statue est brisée et la stèle s’incline ;
Le roseau se lamente où la flûte a chanté,
Et tu restes toujours belle d’avoir été,
Par le sourire pur des Déesses, divine.

Et, voyageur pieux, j’ai voulu qu’au retour
Ma Dame ainsi fut peinte en ce cadre à son tour
Debout sur le clair mont que l’aurore ensoleille,

Entre Pallas revêche et Junon furieuse,
Car sa gorge rivale à sa pointe est vermeille
Du même sang divin que la Victorieuse.