Les Plantes potagères/Chou de Bruxelles

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Vilmorin-Andrieux
Vilmorin-Andrieux & Cie (p. 128-130).



CHOU DE BRUXELLES


Synonymes : Chou rosette, Ch. à jets, Ch. à jets et rejets, Ch. spruyt de Bruxelles.
Noms étrangers : angl. Brussels sprouts. all. Rosenkohl, Sprossenkohl. flam. et holl. Spruitkool. dan. Hosenkaal. ital. Cavolo a germoglio. esp. Bretones de Bruselas. port. Couve de Bruxelas d’olhos repolhudos.


Le Ch. de Bruxelles présente quelque analogie avec les choux de Milan, à cause de son feuillage vert foncé et passablement cloqué ; mais, d’autre part, il a le pied beaucoup plus haut qu’aucun chou pommé, et ses feuilles, quoique très nombreuses, ne forment pas une véritable tète. Son produit consiste dans les rejets qui se développent à l'aisselle des feuilles principales tout le long de la tige, jets dont les petites feuilles, creusées en cuiller et très serrées les unes contre les autres, s’emboîtent étroitement et forment de petites pommes presque rondes et très nombreuses. Elles se développent d’abord en bas de la tige, puis successivement, à mesure qu’on les récolte, elles apparaissent de plus en plus près du sommet. Cette longue production, qui se soutient pendant les froids les plus rigoureux de l’hiver, ainsi que la qualité très fine de ses petits rejets, font du Ch. de Bruxelles un des légumes les plus généralement appréciés et cultivés. Il y a quelque chose d’assez étrange, au point de vue physiologique, dans le fait de ce chou dont la rosette principale de feuilles ne pomme pas, tandis que les pousses secondaires pomment régulièrement et très complètement. C’est précisément l’opposé de ce qui se passe ordinairement dans les autres choux et dans les laitues, où les feuilles de la tête principale se coiffent étroitement, tandis que celles des rejets restent espacées sur les axes qui les portent. Quoi qu’il en soit, nous devons à cette anomalie un excellent légume.

Culture. — La croissance du chou de Bruxelles est assez lente, et, pour en obtenir le produit depuis la fin d’octobre jusqu’au mois de mars, il faut commencer les semis dès les mois de mars ou d’avril. On peut les continuer jusqu’en juin pour obtenir une succession de produits. Quand le plant est assez fort, on le repique en pleine terre, en place, en espaçant les pieds de 0m,50 en tous sens pour le chou de Bruxelles ordinaire, et de 0m,40 pour la variété naine. La cueillette peut commencer en octobre pour se prolonger pendant tout l’hiver.

Les choux de Bruxelles aiment un bon terrain riche et frais ; il convient cependant de ne pas les mettre dans une terre trop abondamment fumée, où leur végétation deviendrait trop vigoureuse et où souvent les rejets ne pommeraient pas bien. À Paris, on estime particulièrement les choux de Bruxelles venus dans les champs et dans les localités où la culture s’en fait en grand pour le marché ; on commence les semis dès la fin de février, et l’on met les plants en place en mai et juin.

Usage. — En Belgique, on recherche surtout les jets ou rosettes de petit volume qui se sont développés très serrés sur les tiges. En France, les pommes plus grosses, atteignant à peu près le volume d’une noix moyenne, sont les plus appréciées. C’est là une des nombreuses circonstances dans lesquelles la beauté du produit ne marche pas d’accord avec sa qualité, car les choux de Bruxelles les plus petits et les plus fermes sont assurément les plus délicats.


CHOU DE BRUXELLES ORDINAIRE.


Synonyme : Chou de Bruxelles grand.
Nom étranger : angl. Tall Brussels sprouts.


Tige haute de 0m,75 à 1 mètre, relativement mince, garnie de feuilles nombreuses mais assez espacées, à pétiole nu sur une assez grande longueur, à limbe arrondi, légèrement creusé en cuiller et très faiblement cloqué. Jets ou pommes de grosseur médiocre, très fermes, plutôt en forme de poire que sphériques, n’arrivant pas à se toucher les uns les autres, même quand ils sont parvenus à tout leur développement. Cette race est la plus cultivée en plein champ aux environs de Paris ; elle est rustique, et la production s’en prolonge pendant plusieurs mois. C’est celle qui donne les jets les plus petits, tes plus fins et les meilleurs.

Chou de Bruxelles nain.
réd. au dixième.
Chou de Bruxelles ordinaire.
réd. au dixième, jet réd. de moitié.


CHOU DE BRUXELLES NAIN.


Noms étrangers:angl. Dwarf Brussels sprouts. all. Zwerg Roseukohl.


Tige forte, raide, n’excédant pas ordinairement 0m,50 de hauteur; feuilles plus rapprochées que celles du Ch. de Bruxelles grand, et à très peu de chose près de même apparence, quoiqu’un peu plus cloquées. Pommes ordinairement plus grosses et plus arrondies : par suite de ce volume plus fort des pommes et de leur plus grand rapprochement, il résulte qu’elles sont ordinairement serrées les unes contre les autres dans cette variété, au lieu que dans l’autre elles restent toujours espacées. Le Ch. de Bruxelles nain est habituellement un peu plus précoce que le grand, mais il continue moins longtemps à produire pendant l’hiver.

Avant de passer à la description des choux verts, nous devons faire mention de deux races de choux très distinctes, qui forment pour ainsi dire la transition entre les choux pommés et les choux sans pomme : nous voulons parler du Ch. Rosette et du Ch. de Russie.


CHOU ROSETTE.


Les Anglais cultivent sous le nom de Rosette colewort ou collard un chou extrêmement distinct, qui, bien que susceptible de pommer, est habituellement employé comme chou vert, lorsqu’il forme simplement une rosette de feuilles jeunes et tendres. On ne peut mieux comparer le Ch. rosette qu’au sommet d’un chou de Bruxelles qu’on aurait coupé et piqué en terre. C’est une plante très naine, dont la tige ne dépasse guère 0m,20 à 0m,25 de hauteur, et porte des feuilles nombreuses, serrées, un peu cloquées, arrondies et profondément creusées en cuiller. Ce chou se sème habituellement vers la fin de juin ou dans le courant de juillet. Les plantes sont arrachées à la fin de l’automne, pendant l’hiver et au printemps, liées par les racines, et portées au marché par grosses bottes. Si l’on sème le Ch. rosette de bonne heure au printemps, il est fait dès le mois d’août, et, laissé en terre plus longtemps, il forme une petite pomme ronde, extrêmement compacte. Mais comme les choux de toute espèce sont abondants à l’automne, ce genre de culture est sans intérêt, tandis que semé plus tard, il donne son produit dans une saison où les choux verts sont plus rares et plus recherchés.


CHOU DE RUSSIE.


Curieuse plante qu’on serait tenté, au premier abord, de prendre pour tout autre chose que pour un chou. Tige assez grosse, un peu épaisse, de 0m,40 à 0m,50 de hauteur. Feuilles d’un vert grisâtre, les extérieures assez foncées et demi-étalées, celles du centre dressées et plus pâles ; toutes découpées en divisions assez étroites, séparées les unes des autres presque jusqu’à la nervure médiane, entières ou quelquefois lobées, à surface grossièrement cloquée. A l’arrière-saison, ce chou forme une espèce de petite pomme assez blanche et très ferme. Son principal mérite est de résister très bien au froid.

A part son apparence singulière, on ne voit pas trop ce qui peut faire rechercher ce chou. Ce n’est assurément pas un avantage que d’avoir les feuilles incisées comme il les a, les nervures s’y trouvant simplement bordées d’une étroite bande de parenchyme, au lieu d’être rejointes par un tissu plein, comme dans les autres choux. Après avoir été cultivé comme plante de collection, le chou de Russie semblait près de tomber dans l’oubli quand, dans ces dernières années, il a été introduit à nouveau en Angleterre, avec grand fracas. Il est douteux que la vogue dont il est actuellement l’objet dure bien longtemps.