Les Puritains d’Amérique/Préface de la nouvelle édition

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Les Puritains d’Amérique ou la Vallée de Wish-ton-Wish
Traduction par A. J. B. Defauconpret.
Furne, Gosselin (Œuvres, tome 9p. 1-2).
PRÉFACE


DE LA NOUVELLE ÉDITION.




On a tant écrit depuis peu de temps sur le nord de l’Amérique, qu’il serait superflu d’avoir recours à une longue explication pour préparer le lecteur aux incidents et aux allusions de cette nouvelle. Les principaux aborigènes qui y figurent sont historiques, et, quoique les situations soient imaginaires, elles se rapprochent tellement de faits avérés qu’elles suffisent pour donner une idée exacte des opinions, des habitudes et des sentiments d’une classe d’êtres que nous nous plaisons à appeler sauvages. Metacom, ou le roi Philip, ainsi que le nommaient les Anglais, Uncas, Conanchet, Miantonimoh et Ounawon, sont tous des chefs indiens très-renommés, dont les noms se sont identifiés avec l’histoire de la Nouvelle-Angleterre. La désignation d’Uncas, en particulier, semble avoir appartenu à une race entière des Mohicans, car ce nom fut porté par une suite de Sagamores, et parmi leurs descendants on le trouve, à une époque récente, uni à des noms de baptême vulgaires, tels que John, Henry, Thomas, et étant ainsi adopté pour surnom d’une famille.

Metacom ou Philip, qui apparaît dans ces pages comme l’ennemi le plus impitoyable des blancs, succomba dans la guerre dont il avait été le plus ardent instigateur. Cette lutte fut la plus sérieuse que les Anglais eurent à soutenir avec les naturels possesseurs du pays, et il y eut un moment où ils craignirent de rencontrer de graves obstacles à leur système de colonisation. La défaite et la mort de Philip permit enfin aux blancs de se maintenir ; mais s’il eût réussi à réunir toutes les tribus hostiles, l’effort commun, secrètement soutenu, ainsi qu’il l’eût été sans doute, par les Français du Canada et les Hollandais de la Nouvelle-Hollande, le succès de son noble et vaste plan était un événement beaucoup plus probable que nous ne pouvons le supposer à cette époque éloignée.

Nous croyons n’avoir mis aucune exagération dans les détails du caractère et des usages de la guerre des Indiens, tels qu’on les présente ici au lecteur. Les traditions uniformes sur toute la frontière occidentale des États-Unis, les relations écrites et bien authentiques des périls et des luttes de leurs premiers habitants, tous les faits connus, en un mot, viennent à l’appui de l’ébauche que nous avons essayé de tracer.

L’écrivain s’est, ainsi qu’on le verra, un peu éloigné du style adopté en général pour les ouvrages de ce genre, son but ayant été d’écrire un poème familier plutôt qu’un roman ordinaire. Ses relations avec certains littérateurs européens lui ont donné l’idée de tenter cette épreuve, et, la forme de style s’adaptant peut-être mieux aux traductions qu’au langage employé dans l’original, le résultat a été tel qu’on pouvait s’y attendre ; et la nouvelle a en plus de succès au dehors que sur le sol natal.

L’ouvrage ayant été composé en Italie y fut aussi imprimé, et les hommes employés à ce travail ignoraient entièrement la langue anglaise. Tant d’erreurs se glissent dans les livres imprimés sous les circonstances les plus favorables, qu’on croira facilement l’auteur lorsqu’il attribuera la plupart des fautes de la première édition au fait qu’il vient de mentionner. La ponctuation surtout était si défectueuse, que souvent elle altérait le sens des phrases ; et en plusieurs endroits des mots qui se prononcent de même étaient substitués à d’autres différents par le sens. On s’est efforcé de rendre l’édition actuelle plus exacte, et l’on espère que, sous ce rapport du moins, l’ouvrage a subi une amélioration matérielle. Quelques répétitions ont été retranchées, des négligences de style ont disparu, et l’on a ajouté des notes qui semblent devoir faciliter au lecteur européen l’intelligence des allusions et des incidents que ces pages renferment. À tout autre égard, ce livre est resté tel qu’il a d’abord été offert au public.

Londres, septembre 1833.