Aller au contenu

Les Quatre Évangiles (Crampon 1864)/Jean/01

La bibliothèque libre.
Traduction par Augustin Crampon.
Tolra et Haton (p. 401-410).
◄  saint Jean
Ch. 2  ►
saint Jean


CHAPITRE PREMIER


PROLOGUE. — TÉMOIGNAGES DE SAINT JEAN-BAPTISTE TOUCHANT JÉSUS-CHRIST (Matth. iii, 3, 11 ; Marc, i, 3, 4, 7, 8 ; Luc, iii, 3, 5, 16). — VOCATION DES PREMIERS DISCIPLES.


Au commencement était en Dieu, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu[1]. Il était au commencement en Dieu[2]. Tout a été fait par lui[3], et rien de ce qui a été fait, n’a été fait sans lui[4]. En lui était la vie[5], et la vie était la lumière des hommes[6]. Et la lumière luit dans les ténèbres[7], et les ténèbres ne l’ont point comprise[8]. Il y eut un homme envoyé de Dieu, nommé Jean[9]. Il vint en témoignage, pour rendre témoignage à la lumière[10], afin que tous crussent par lui. Il n’était pas la lumière, mais pour rendre témoignage à la lumière. Celui-là était la vraie lumière[11], qui éclaire tout homme venant en ce monde[12]. Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l’a point connu[13]. Il est venu dans son héritage[14], et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu[15] ; à tous ceux qui croient à son nom, qui ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu[16]. Et le Verbe s’est fait chair[17], et il a habité parmi nous[18], — et nous avons vu[19] sa gloire, sa gloire comme Fils unique, né du Père[20], — plein de grâce et de vérité[21]. Jean rend témoignage de lui[22], et il dit à haute voix : Voici celui dont je disais : « Celui qui doit venir après moi a été fait plus grand que moi, parce qu’il était avant moi. » Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce[23]. Car la Loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité nous sont venues par Jésus-Christ[24]. Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a fait connaître[25].

19 Or voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : Qui êtes-vous[26] ? Il déclara, et ne nia point, il déclara : Je ne suis point le Christ. Ils lui demandèrent : Quoi donc ? Êtes-vous Élie ? Il dit : Je ne le suis point. Êtes-vous le Prophète ? Il répondit : Non[27]. Qui êtes-vous donc ? lui dirent-ils, afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dites-vous de vous-même ? Il répondit : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : « Aplanissez le chemin du Seigneur, » comme l’a dit le prophète Isaïe[28]. Or, ceux qu’on lui avait envoyés 25. étaient du nombre des Pharisiens. Ils l’interrogèrent encore, et lui dirent : Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n’êtes ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète[29] ? Jean leur répondit : Moi, je baptise dans l’eau ; mais il y en a un au milieu de vous, que vous ne connaissez pas. C’est lui qui doit venir après moi, qui a été fait plus grand que moi ; et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure. Ceci se passa à Béthanie, au delà du Jourdain, où Jean baptisait[30].

Le lendemain, Jean vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde[31]. C’est celui de qui j’ai dit : Un homme vient après moi, qui a été fait plus grand que moi, parce qu’il était avant moi. Et moi je ne le connaissais pas, mais c’est afin qu’il fût manifesté en Israël, que je suis venu baptiser dans l’eau[32].

32 Jean rendit encore ce témoignage : J’ai vu, dit-il, l’Esprit descendre du ciel comme une colombe, et il s’est reposé sur lui. Et moi je ne le connaissais pas ; mais celui qui m’a envoyé pour baptiser dans l’eau m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se reposer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit-Saint[33]. J’ai vu, et j’ai rendu témoignage qu’il est le Fils de Dieu.

35 Le lendemain, Jean était encore là avec deux de ses disciples[34]. Et voyant passer Jésus, il dit : Voici l’Agneau de Dieu. Les deux disciples l’entendirent 38. parler ainsi, et suivirent Jésus. Alors Jésus s’étant retourné, et les voyant qui le suivaient, leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Rabbi (c’est-à-dire Maître), où demeurez-vous ? Il leur dit ; Venez et voyez. Ils vinrent, et virent où il demeurait, et ils restèrent près de lui ce jour-là. Or il était environ la dixième heure[35].

40 André, frère de Simon Pierre, était un de ceux qui avaient entendu le témoignage de Jean, et qui avaient suivi Jésus. Il rencontra le premier son frère Simon[36], et lui dit : Nous avons trouvé le Messie (c’est-à-dire le Christ). Et il l’amena à Jésus. Jésus l’ayant regardé, lui dit : Vous êtes Simon, fils de Jonas ; vous serez appelé Céphas, c’est-à-dire Pierre[37]. Le jour suivant, voulant aller en Galilée, il trouva Philippe ; et Jésus lui dit : Suivez-moi. Philippe était de Bethsaïde, de la même ville qu’André et Pierre. Philippe trouva Nathanaël[38] et lui dit : Celui de qui Moïse a écrit dans la Loi[39], et qu’ont annoncé les Prophètes, nous l’avons trouvé, Jésus de Nazareth[40], fils de Joseph. Nathanaël lui répondit : Peut-il sortir de Nazareth quelque chose de bon ? Philippe lui dit : Venez et voyez. Jésus, voyant venir Nathanaël, dit de lui : Voilà un vrai Israélite, en qui il n’y a nul artifice[41]. Nathanaël lui dit : D’où me connaissez-vous ? Avant que Philippe vous appelât, lui dit Jésus, lorsque vous étiez sous le figuier, je vous ai vu[42]. Nathanaël lui répondit : Maître, vous êtes le Fils de Dieu, vous êtes le roi d’Israël. Jésus lui dit : Parce que je vous ai dit : Je vous ai vu sous le figuier, vous croyez : vous verrez de plus grandes choses. Et il ajouta : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme[43].

  1. Les vers. 1-18 forment le prologue du quatrième Évangile ; on peut l’analyser ainsi :

    1o L’Évangéliste contemple le Verbe dans ses rapports avec Dieu : le Verbe est coéternel et consubstantiel au Père (vers. 1, 2).

    2o Dans ses rapports avec les créatures (vers. 3-13) : avec le monde en général (vers. 3) ; avec le monde moral, d’abord avec tous les hommes (vers. 4, 5, 9, 10), ensuite avec les Juifs (vers. 11-13).

    3o Il esquisse la venue du Verbe fait chair, et les fruits de l’Incarnation (vers. 14-18). Les vers. 6-8 sont une digression relative à saint Jean Baptiste.

    « Au commencement, dès l’origine des choses, il était ; il ne commençait pas, il était ; on ne le créait pas, on ne le faisait pas, il était. » Bossuet. Saint Jean marque ici l’éternité du Verbe. — Le Verbe, c’est-à-dire le Fils de Dieu, la deuxième des trois personnes divines. Voyez le mot Logos dans le Vocabulaire. — En Dieu. Les prépositions gr. et. lat. se rendraient plus littéralement par avec ou chez Dieu. Saint Jean marque ici la distinction des personnes entre le Verbe et le Père. Il dit Dieu, et non le Père, parce que, dans ce qui précède, il a dit le Verbe, et non le Fils. — Était Dieu. « Non-seulement le Verbe était avec Dieu, dit saint Cyrille, mais encore il était Dieu, afin que nous sachions qu’il est distinct du Père par la personnalité, et consubstantiel au Père par l’unité de nature. » Trois choses sont donc exprimées dans ce premier verset : l’éternité, la personnalité, et la divinité du Verbe.

  2. Résumé du premier verset. Saint Jean répète souvent les mêmes pensées pour les mieux inculquer.
  3. Saint Irénée appelle le Verbe la main de Dieu (Hær. iii, 21. Littér., par son moyen, avec son intervention (en lat. per, non a ou ab), ce qui indique que le Verbe n’est pas le seul et absolu créateur du monde, à l’exclusion du Père et du Saint-Esprit. Comp. Sagesse, xi, 18 ; Hébr. xi, 3 ; Ps. xxxii, 6.
  4. Saint Augustin et d’autres Pères ponctuent autrement : Et rien n’a été fait sans lui. Ce qui a été fait était vie en lui, vivait dans le Verbe par son idée et sa pensée éternelle. Cette interprétation est moins dans la génie de notre Évangéliste ; mais c’est à tort que saint Chrysostome l’appelle hérétique et dénuée de sens.
  5. Le Verbe est pour les hommes le principe de la vie et de la lumière dans l’ordre naturel et dans l’ordre surnaturel. Mais il est probable que par le mot vie, saint Jean entend surtout, ici comme ailleurs, la vie surnaturelle et divine qui commence ici-bas par la grâce, et se consomme au ciel par la gloire. Cette réflexion s’applique au mot lumière, dans le second membre.
  6. La vie, c’est-à-dire le Verbe, l’effet pour la cause. D’après le P. Patrizzi, il faudrait traduire : Et la lumière des hommes était la vie. Cette lumière, dit-il, est celle que le Verbe répand dans les âmes par sa doctrine, la lumière de la foi unie à la charité ; elle est le principe de la vie, soit de la grâce, soit de la gloire.
  7. Les ténèbres désignent ici, par métonymie, les hommes qui vivent dans l’ignorance des choses divines et dans le péché.
  8. La plupart ont refusé de la recevoir.

    Le vers. 5 doit-il s’entendre seulement des temps qui ont précéda l’incarnation, ou bien la pensée de l’Évangéliste embrasse-t-elle aussi la lumière du Verbe incarné ? Les interprètes ne sont pas d’accord. La même question se présentera pour les vers. 9-13.

  9. La pensée que la lumière du Verbe n’a pas été reçue rappelle à l’Évangéliste l’erreur des disciples de Jean-Baptiste, lesquels, refusant à Jésus le titre de Messie, le donnaient au Précurseur. De là cette digression (vers. 6-8) sur la mission de Jean-Baptiste.
  10. Au Verbe.
  11. Celui-là, le Verbe. Ce verset se rattache au vers. 4 et le rappelle, de même que le vers. 10 rappelle le vers. 5. Vraie n’est pas opposée à fausse ; ce mot signifie ici originelle, absolue, indépendante, non empruntée à une autre, par opposition à la lumière empruntée, puisée au foyer du Verbe, qui brilla dans certains sages du paganisme, dans les prophètes juifs et dans saint Jean-Baptiste.
  12. C’est-à-dire dès son entrée en ce monde, dès sa naissance. En grec le mot venant peut se rapporter à lumière, et l’on obtient ainsi un nouveau sens qui est préféré par le card. Tolet, et que ni Maldonat, ni D. Calmet, ni le P. Patrizzi ne rejettent.
  13. Le monde désigne ici les hommes pervers, attachés aux choses de la terre, et sans souci de Dieu. — Maldonat et quelques autres rapportent les vers. 10-13 aux manifestations du Verbe incarné : Comment, disent-ils, le monde aurait-il dû et pu, avant l’incarnation, connaître le Verbe ? Au contraire saint Chrysostome, saint Augustin, Ad. Maier, le P. Patrizzi, etc., pensent que jusqu’au vers. 14 il est uniquement question de l’activité du Verbe avant son incarnation ; et, avec Corn. Lapierre, ils répondent à Maldonat que saint Jean accuse le monde de n’avoir pas connu le Verbe, non comme Verbe (Fils de Dieu), mais comme Dieu créateur de l’univers (Rom. i, 19, 20).
  14. Le peuple juif (Eccli. xxiv, 5, 8, 9, 13, 15), si souvent rebelle à Moïse et aux Prophètes, et, ajoute Maldonat, hostile au Verbe incarné.
  15. Le pouvoir, l’aptitude, la faculté ; d’autres : la prérogative, l’honneur. — Dans la Bible on est fils de celui à qui l’on est uni par certains rapports, par exemple de ressemblance ; cette locution signifie donc ici : semblables à Dieu par la sainteté de la vie, et par-là même agréables à ses yeux et aimés de lui.
  16. Les Juifs étaient les enfants de Dieu (Exod. iv, 23 ; Is. i, 2, Osé. xi, 1) par-là même qu’ils faisaient partie de son peuple ; la génération naturelle leur donnait donc cette prérogative. Mais désormais la qualité d’enfants de Dieu sera attachée à deux conditions : la foi en Jésus-Christ, et la régénération, ou seconde naissance par le baptême (iii, 3 10).
  17. Et, particule continuative ; probative ou explicative, selon le card. Tolet, Maldonat, etc., qui rapportent les vers. 10-13 au Verbe incarné. — Il s’est fait. Nous avons vu plus haut ce que le Verbe était ; voici ce qu’il a été fait ; chair, c’est-à-dire homme : le mot chair exprime mieux l’abaissement et la condescendance du Verbe, et prouve contre les Docétes, que Notre-Seigneur avait un corps véritable. Jésus-Christ est donc Dieu et homme tout ensemble, ne formant toutefois qu’un seul Christ : la nature divine et la nature humaine subsistent en lui, non confondues, mais unies en une seule personne.
  18. Il a habité, en gr. comme tous une tente, allusion à l’habitation glorieuse de Jéhovah parmi les Juifs, soit au Sinai, soit dans le Tabernacle de l’alliance, soit dans le Temple. Ce que les Prophètes avaient annoncé du Messie, Dominateur, Ange de la nouvelle Alliance, qui devait paraître sur la terre et converser avec les hommes (Malach. iii, 1 ; Eccli. xxiv, 12, 13 ; Baruch, iii, 3, al.), est accompli.
  19. Jean et tous les Apôtres, ainsi que la plupart des Juifs contemporains du Sauveur, ont vu sa gloire, manifestée dans sa transfiguration, sa résurrection, son ascension, et en général dans ses enseignements et ses miracles.
  20. Qu’il s’agisse ici, non de la filiation divine par adoption, laquelle est commune à tous les enfants de Dieu ; mais d’une filiation infiniment plus excellente et propre à un seul, d’une filiation qui suppose l’unité de nature entre le Fils et le Père, c’est ce qu’indique le mot unique.
  21. Plein se rapporte au mot Verbe. La vérité, c’est la révélation parfaite, opposée aux révélations imparfaites de l’Anc. Testament ; la grâce, ce sont tous les bienfaits que l’incarnation a apportés aux hommes. Ces deux mots correspondent à la vie et la lumière du vers. 4, peut-être à la justice et à la foi de saint Paul.
  22. Ce verset, qui interrompt le récit, a la même intention et la même portée que les vers. 6-8. — Rend, pour rendait, présent historique, pour l'imparfait. — En grec, celui qui vient après moi. Saint Jean-Baptiste avait commencé à prêcher avant que Jésus, moins âgé de six mois que le Précurseur, entrât dans sa vie publique. — Sens : A la priorité d’origine et d’existence doit répondre dans le Fils de Dieu une priorité de rang et de puissance sur Jean-Baptiste. En d’autres termes : Jésus a été en son humanité glorifié au-dessus de Jean-Baptiste, parce que, par sa divinité, il est avant lui. Le P. Patrizzi et la plupart des modernes : A été fait ou est né (existait) avant moi, car il était antérieur à moi comme Verbe.
  23. L’Evangéliste reprend la parole. Plénitude, de grâce et de vérité. — Et, savoir. — Grâce sur grâce, forme hébr. du superlatif, c’est-à-dire une grande abondance de grâces. Patrizzi avec la plupart des anciens : Grâce pour grâce, la grâce de la Loi nouvelle à la place de la Loi ancienne.
  24. Dans le Nouv. Testament, outre la Loi (la vérité), il y a la grâce, et c’est ce qui le rend si supérieur à l’Ancien Les Épîtres aux Romains et aux Galates ne sont que le développement de cette pensée.
  25. Saint Chrysostome : Moïse n’a jamais vu Dieu tel qu’il est en lui-même et dans son essence ; la révélation donnée par lui est donc imparfaite et inférieure à celle du Fils de Dieu. Patrizzi : Sans doute, aucun mortel n’a vu Dieu ; mais son Fils, qui est dans son sein, a révélé lui-même les hautes vérités renfermées dans ce Prologue. — La pensée de ce verset ne serait-elle pas que Jésus-Christ a mérité aux élus la vision intuitive, le bonheur de voir Dieu face à face et dans son essence ? — « Jamais personne n’a vu Dieu ; mais son Fils unique, qui est dans le sein de son Père, va nous découvrir le secret du sein paternel. Si Jésus-Christ n’était qu’une créature, Jean en aurait-il parlé ainsi ? Qui jamais a ainsi parlé, ou d’Elie, un si grand prophète, ou de Salomon, ou de David, de si grands rois, ou de Moïse lui-même ? Aussi n’étaient-ils tous que des serviteurs ; mais Jésus-Christ est le Fils unique (Hebr. m, 5, 6). S’il est éternellement dans le sein du Père, il ne peut pas être d’une nature inférieure ou dégénérante : autrement il avilirait, pour ainsi parler, le sein où il demeure. Abaissons-nous donc à ses pieds : c’est le seul moyen de nous élever. » Bossuet.
  26. Le P. Patrizzi compte huit témoignages rendus par Jean-Baptiste à N.-S. Le premier est raconté par les trois synoptiques (Matth. iii, 11, 12 ; Marc, i, 6-8 ; Luc, iii, 15-17), tous les autres par le 4e Évangile seulement (Jean i, 15 ; 19-23 ; 24-27 ; 29-31 ; 32-34 ; 35-36 ; iii, 23-31). Le 2e (Jean i, 15) nous paraît moins un témoignage proprement dit, que le résumé de tous les témoignages de Jean-Baptiste ; le 3e et le 4e ont eu lieu après le baptème de Jésus (an XXV de l’ère vulgaire, nov. ou décembre), pendant les 40 jours passés par lui au désert ; le 5e, le 6e et le 7e, quelques jours après sa sortie du désert ; le 8e enfin après la Pâque de l’an XXVI. Saint Jean ne raconte pas le baptême de N.-S. parce qu’il le suppose connu par les autres Évangiles. — Les Juifs, les membres du Sanhédrin. — La réponse de Jésus (vers. 20) indique que les envoyés lui demandèrent s’il était le Christ.
  27. Les Juifs attendaient alors, outre Élie (Matth. xi, 14 ; xvii, 12), un prophète annoncé par Moïse (Deuter. xviii, 15), le Messie selon la plupart, Jérémie selon quelques-uns (Matth. xvi, 14. Comp. II Macch. xv, 14). Le P. Patrizzi fait remarquer avec raison que toutes ces questions n’étaient sans doute pas adressées par les mêmes personnes.
  28. Chap. xl, 3.
  29. Le droit d’initier les Juifs, par le baptême de pénitence, à un nouvel état de choses, n’était reconnu qu’au Messie et à ses précurseurs. Voy. Baptême de Jean dans le Vocabulaire.
  30. Origène, qui ne voulait pas admettre d’autre Béthanie que le village voisin de Jérusalem (voy. Béthanie dans le Vocabulaire), propose de lire ici Béthabara. Il est probable que le lieu où Jean baptisait, sur la rive orientale du Jourdain, s’appela en même temps ou tour à tour de ces deux noms, qui ont à peu près la même signification étymologique : Béthanie, c’est-à-dire lieu du vaisseau ou de la barque ; Béthabara, c’est-à-dire lieu du passage.
  31. Allusion à la prophétie d’Isaïe, comparant le Messie, victime volontaire chargée des péchés de tous, à une brebis que l’on mène à la boucherie, ou à l’agneau qui se tait sous la main qui le dépouille de sa toison (un, 7, 12). Ad. Maier pense que Jean-Baptiste avait aussi en vue l’agneau pascal. Enfin Bossuet : « Tous les jours, soir et matin, on immolait dans le temple un agneau, et c’était là ce qu’on appelait le sacrifice continu ou perpétuel. Ce fut ce qui donna à Jean occasion de prononcer ces paroles. »
  32. Comment concilier ce passage (comp. vers. 33) avec Matth. iii, 13 sv, où il est clair que Jean-Baptiste connut Jésus lorsque celui-ci se présenta pour être baptisé ? — Jean-Baptiste n’avait jamais vu Jésus avant son baptême ; mais il l’attendait, puisque Dieu lui avait révélé d’avance le signe qui devait manifester le Messie : Celui sur qui tu verras, etc. (vers. 33). Lorsque Jésus parut devant le Précurseur, celui-ci, frappé de la majesté et de la douceur de son visage, et averti sans doute intérieurement par un mouvement semblable à celui qui l’avait fait tressaillir dans le sein de sa mère (Luc, i, 44), s’écria : « C’est moi qui dois être baptisé par vous (Matth. iii, 14), » etc. ; mais ce n’était pas là le signe annoncé de Dieu, signe, ou plutôt témoignage public destiné moins à convaincre Jean-Baptiste, qu’à montrer à tout le peuple le Christ envoyé de Dieu. Jusqu’à l’apparition de ce signe, le Précurseur pouvait dire qu’il ne connaissait pas Jésus d’une manière authentique.
  33. L’Évangéliste suppose connu ce qui est dit Marc, i, 10 ; Luc, iii, 22.
  34. André (vers. 40) et Jean ; ce dernier cache son nom par modestie.
  35. Environ quatre heures après midi. « Quelle délicieuse journée ils passèrent, s’écrie saint Augustin ! Quelle heureuse nuit ! Qui pourrait nous dire les choses qu’ils apprirent du Seigneur ? »
  36. Jean et André cherchèrent Pierre ; André le premier le trouva. S. Chrysostome.
  37. Jonas est le même nom que Jean, contracté. — Céphas, mot syriaque qui signifie pierre ou rocher. Comp. Matth. xvi, 18. — Ce qui est raconté ici se passa en Judée, et précède, par conséquent, les faits rapportés Matth. iv, 18 sv. Marc, i, 16 sv. A partir du vers 43, le lieu de la scène paraît être la Galilée.
  38. C’est-à-dire Don de Dieu, Théodore, nom propre de l’Apôtre Barthélémi, fils de Tholmaï, ou Ptolémée. Ce dernier nom ou surnom (nom patronymique) était plus en usage chez les Juifs.
  39. Gén. xlix, 10 ; Deut. xviii, 13, 18.
  40. Philippe pouvait ignorer encore que Jésus était né à Bethléem. Il est vrai que cette circonstance avait été prédite par Michée (v, 2) ; mais si la plupart des docteurs juifs entendaient ainsi les paroles de ce prophète (Jean, vii, 42), d’autres y attachaient une signification plus générale, savoir, que le Messie devait descendre de la famille de David, lequel était de Bethléem : comp. vii, 27. Ad. Maier.
  41. De ce passage est venue la locution bien connue : C’est un vrai Nathanaël, pour désigner un homme franc, droit et sans artifice.
  42. C’est à l’ombre des figuiers que les Orientaux aiment à méditer, à prier, à lire, à converser avec leurs amis. Nathanaël, sous son figuier, était-il en prière, lisait-il quelque prophétie relative au Messie ? Il est impossible de rien affirmer de certain à cet égard.
  43. Allusion à la vision de Jacob (Gèn. xxviii, 12). Ce patriarche vit le ciel ouvert et une échelle mystérieuse dont les anges montaient et descendaient les degrés, allant de la terre au ciel et du ciel à la terre : c’était un symbole des soins que la Providence devait prendre de lui pendant le voyage. De même, à partir de ce moment, comme porte le grec, le ciel sera comme ouvert pour le Messie, les anges seront à son service, il commandera en maître à la nature et opérera une foule de miracles avec une divine autorité.