Les Quatre Philosophes/Le Stoïcien

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Les Quatre Philosophes
Traduction par Anonyme.
(Œuvres philosophiques. Tomes 1 et 2p. 158-176).

LE STOÏCIEN.

IL y a, entre la condition de l’homme & celle des animaux, une différence essentielle, & qui se fait généralement remarquer. La nature ayant donné au premier un esprit sublime & céleste, qui le rapproche des intelligences supérieures, ne lui permet pas de le laisser languir dans le repos & dans l’indolence. Attentive à prévenir les besoins des autres créatures, cette tendre mere leur fournit elle-même des vêtemens & des armes : & ce qu’elle ne leur fournit pas immédiatement, l’instinct le leur fait trouver, cet instinct qui ne les trompe jamais, ce fidele guide, qui veille à leur conservation, & à leur bien-être. L’homme seul est jeté, pour ainsi dire, pauvre & nud dans le monde : destitué de tout secours naturel, il doit sa conservation aux soins pénibles de ses parens ; la plus haute perfection à laquelle il puisse arriver, & qu’il n’atteint que fort tard, c’est de pouvoir subsister par ses propres soins. Il achete tous ses biens par le travail & la peine. Si la nature lui fournit des matériaux, ce n’est qu’en brut ; c’est à lui à les polir, & à les approprier à ses usages.

Reconnoissez, ô hommes ! la bonté de votre commune mere. Elle vous expose à une infinité de besoins ; mais elle vous donne une raison qui peut y pourvoir. Que jamais une molle oisiveté, sous le faux titre de reconnoissance, ne s’empare de vos âmes, c’est ne point mériter les présens de la nature que de ne les point employer. Vous ne desirez pour toute nourriture, que les herbes des champs : vous vous contentez de coucher en plein air : vous ne demandez que des pierres & des branches d’arbres, pour vous défendre contre les habitans des forêts ! Eh bien ! Reprenez donc aussi vos mœurs sauvages, rentrez dans vos frayeurs superstitieuses, & dans votre brutale ignorance : soyez moindres que ces bêtes, à qui vous portez envie, & à qui vous souhaitez si fort de ressembler.

Mais non : promenez plutôt votre vue sur ce globe ; la nature l’a rempli de choses propres à exercer vos talens. Ne l’entendez-vous pas qui vous crie : tout ce que vous pouvez être, vous ne le serez jamais que par vous-mêmes : mettez vos facultés en œuvre, bandez les ressorts de votre intelligence ; ce n’est qu’à force d’application que vous pouvez vous élever au rang que je vous destine ; Voyez cet artisan ! Il tire d’une pierre informe un noble métal & ce métal, entre les mains laborieuses d’un autre, devient comme par une espece de magie, tantôt une arme pour la défense de l’homme, tantôt un ustencile pour sa commodité. Ce n’est pas de la nature, c’est de l’usage & de l’exercice que vient cette adresse ; soyez infatigables comme ceux qui la possèdent, si comme eux vous voulez réussir.

Mais votre ambition se bornera-t-elle à perfectionner les facultés du corps ? Serez-vous assez indolens, ou assez insensés, pour laisser votre ame dans cet état de rudesse de grossiereté dans lequel elle est sortie des mains de la nature ? Ce n’est pas ainsi que pense un être raisonnable. Si la nature vous a dispensé quelques-uns de ses dons avec réserve, c’est pour vous porter à suppléer vous-mêmes à ce qui vous manque. A-t-elle été libérale envers vous à d’autres égards ? Sachez qu’elle exige que vous soyiez appliqués & industrieux. Si vous négligez ses faveurs, elle saura se venger de votre ingratitude. Le génie n’est rien sans culture : le terroir le plus fertile, s’il demeure en friche, n’abondera qu’en mauvaises herbes : on n’y verra croître ni l’agréable vigne, ni l’utile olivier ; son indolent propriétaire n’y trouvera que des plantes propres à lui nuire par leur venin.

Le bonheur est le but auquel tendent tous nos vœux & tous nos travaux : c’est à cette pente du cœur humain que nous devons la connoissance des arts & des sciences, l’établissement des loix, la fondation des sociétés : c’est le seul mobile qui fasse agir le savant, le législateur, & le patriote. Le sauvage en est animé au milieu de ses déserts : exposé à la rigueur des élémens, & à la fureur des bêtes féroces, il desire d’être heureux. Quoique son ame, plongée dans d’épaisses ténebres, ne connoisse, ni l’industrie, ni les arts, elle n’en cherche pas moins cette même félicité que l’industrie & les arts peuvent nous procurer. Mais autant que l’homme sauvage est au-dessous de l’homme civilisé, qui jouit, sous la protection des loix, de toutes les commodités de la vie, autant ce dernier est-il au-dessous de l’homme vertueux, de ce vrai sage, que la raison instruit à régler ses desirs, à subjuguer ses passions, à discerner les véritables biens de ceux qui n’en ont que l’apparence. Toutes les professions, tous les états, demandent de l’art & un apprentissage ; & n’y auroit-il pas un art de vivre ? N’y auroit-il pas des préceptes propres à nous diriger dans la chose la plus importante ? Pour bien goûter chaque plaisir en particulier, il faut de l’adresse & du savoir-faire, & l’on veut que l’homme tout entier puisse atteindre le but de son être, sans réflexion & sans intelligence, en ne suivant que ses passions & un aveugle instinct. Si cela étoit, nous ne verrions assurément personne s’égarer de la route du bonheur ; les hommes les plus négligens, ou les plus dissolus, y parviendroient les premiers : leur marche seroit aussi sûre que celle des spheres célestes, qui roulent, à travers les plaines éthérées, dans des orbites que la main du Tout-puissant leur a tracées. Mais les choses ne sont point ainsi : nous tombons dans plusieurs fautes, qui paroissent presque inévitables ; il ne nous reste donc que d’y faire attention, de remonter à leurs causes, d’en peser l’importance, & d’y chercher des remedes. Le philosophe tire de ces considérations des regles de conduite ; le sage les met en pratique.

Les artistes subalternes ont chacun leur tâche, l’un fait une roue, l’autre un ressort : le maître-ouvrier combine ces différentes pièces suivant d’exactes proportions ; c’est lui qui fait la machine, & qui regle ses mouvemens. La vie des hommes nous offre quelque chose de semblable : ce n’est pas le tout d’exceller dans quelques branches particulieres de la science des mœurs ; ce n’est que de leur réunion que résulte l’ordre, l’harmonie, & la félicité.

Si les charmes de ces grands objets vous touchent ; vous ne trouverez point de travail trop rude, point d’application trop pénible, pourvu qu’elle vous conduise à la fin desirée. Que dis-je ? Ce travail même ne fait-il pas partie du bonheur auquel vous aspirez ? Le dégoût suit de près les jouissances trop faciles. Le chasseur, endurci à la fatigue, s’arrache d’entre les bras du sommeil : l’aurore n’a pas encore doré les cieux, qu’il parcourt déjà les forêts : les mets qu’il trouve dans l’enceinte de sa demeure, quelque délicieux qu’ils puissent être, ne contentent point son appétit : il dédaigne la chair des animaux qui dans les plaines voisines semblent se prêter à ses coups ; il cherche au loin une proie difficile à saisir : il lui faut du gibier qui sache se cacher à sa vue, se dérober à sa poursuite, ou se défendre contre ses attaques. Ce n’est qu’après avoir exercé les forces de son corps, & les passions de son ame, qu’il goûte les douceurs du repos : ce plaisir ne devient piquant pour lui que lorsqu’il peut le comparer avec la peine qu’il lui a coûté.

Si l’industrie peut rendre agréable un exercice aussi violent que celui de la chasse, si l’on peut se plaire à suivre une vile proie, qui trompe souvent notre vigilance, ou s’échappe de nos filets ; ne devroit-on pas trouver infiniment plus de plaisir à cultiver son esprit, à modérer ses penchans, à éclairer son entendement, à embellir l’intérieur, à sentir qu’on devient chaque jour meilleur & plus sage. Sortez de votre léthargie ; la tâche n’est pas difficile ; il n’y a qu’à goûter une fois la satisfaction que procure un travail honnête. Il ne faut pas beaucoup d’étude pour connoître le juste prix des différens genres de vie ; il n’y a qu’à comparer l’esprit au corps, la vertu aux richesses, la gloire à la volupté. Cette comparaison mettra dans tout leur jour les avantages d’une vie laborieuse : elle vous apprendra quels sont les objets que vous devez rechercher.

Ce n’est pas sur des lits de roses qu’habite le repos : ce n’est ni dans la saveur des fruits ni dans les fumées de vin, que vous trouverez le vrai plaisir. Votre indolence même deviendra une fatigue, & la volupté se changera en dégoût. Tant que votre ame demeure dans l’inaction, tout vous paroîtra fade & insipide. Tôt ou tard, votre corps, en proie aux humeurs malignes que vous amassez, se ressentira du funeste effet de vos débauches ; mais déjà, avant ce tems, le poison aura gagné la plus noble partie de vous même : en vain courrez-vous d’objets en objets pour chercher à dissiper vos inquiétudes ; chaque objet nouveau sera un nouveau surcroît au mal que vous endurez.

La recherche trop ardente du plaisir expose l’homme à mille accidens : elle le met, pour ainsi dire, en bute à tous les traits de la fortune. Mais je veux que, toujours favorable, elle vous conserve tous vos avantages ; le malheur ne vous en poursuivra pas moins au milieu de ces prétendus instrumens de votre félicité. La luxure a émoussé votre goût ; vous possédez, & vous ne jouissez pas.

Mais pourrez-vous, en effet, étouffer toute réflexion sur l’inconstance des choses humaines ? Il n’y a point de bonheur où il n’y a point de sureté pour l’avenir ; & quelle sûreté peut-on espérer sous l’empire de la fortune ? Quand cette volage déesse demeureroit constante à votre égard, la simple appréhension d’éprouver ses caprices seroit déjà votre tourment. Je le vois, ce spectre hideux, qui trouble votre sommeil, qui vous effraie dans vos songes, & qui répand une noire vapeur sur vos banquets les plus délicieux & les plus enjoués.

Loin de la fureur des élémens, & de la rage des hommes, le temple de la sagesse est assis sur une roc inébranlable : la foudre tombe sans force à ses pieds ; & ces affreux instrumens des vengeances humaines, émules de la foudre, & même plus terribles qu’elle, n’y sauroient atteindre. Là le sage, respirant un air pur & serein, contemple, avec une joie mêlée de compassion, les déplorables égaremens des aveugles mortels : il les voit chercher, les yeux bandés, le chemin de la vie heureuse, courir après les richesses, la puissance, les titres, les honneurs ; vains fantômes que leur imagination éblouie prend pour des réalités. Les uns (& c’est le plus grand nombre) ne parviennent jamais au terme de leurs desirs. Hélas ! s’écrient d’un ton lamentable les autres, nous possédions l’objet de nos vœux ; fortune ennemie, tu nous l’as ravi ! Tous ensemble se plaignent qu’au fort même de la jouissance ils n’ont point connu le bonheur ; & que leur vie dissipée n’a fait qu’augmenter leurs souffrances.

Mais le sage demeurera-t-il dans une tranquille indifférence ? Se contentera-t-il de déplorer les miseres du genre humain, sans s’employer à les secourir ? Se livrera-t-il, sans réserve, à cette austere philosophie qui en apparence le met au-dessus de tous les accidens, mais qui en effet lui rend le cœur dur, l’empêche de travailler au bien de ses semblables, & aux intérêts de la société ? Non. Il fait que cette sombre Apathie ne s’accorda jamais, ni avec la vraie sagesse, ni avec la vraie félicité. Le puissant attrait des affections sociales, de ces affections si naturelles, si vertueuses, si douces, agit avec trop de force sur lui, pour qu’il puisse se roidir contre elles. Dans le tems même où il n’a que des larmes à donner au malheur de ses amis, de sa patrie, de genre humain ; il goûte déjà un plaisir infiniment supérieur à tous ces ravissemens tumultueux dont les esclaves des sens sont enivrés. Sentimens affectueux & humains ! Quelles délices sont comparables à celles que vous versez dans nos cœurs ? Les soucis s’enfuient devant vous ; vous donnez un air riant à la tristesse même. Il me semble voir l’astre du jour, qui dardant ses rayons sur un nuage obscur, ou sur les gouttes de pluie qui tombent dans l’air, y peint cet arc brillant des couleurs les plus magnifiques, que la nature a, pour ainsi dire, broyées dans son propre sein.

Ce ne sont pas encore là tous les avantages des vertus sociales. Elles se mêlent avec tous nos autres penchans : elles dominent dans toutes nos affections. Si le chagrin ne peut les corrompre, le plaisir sensuel ne peut les obscursir. Dans l’excès de ses transports, au comble de ses fureurs, l’amour reconnoît une tendre sympathie. Que dis-je, il la reconnoît ? Elle en est le véritable aliment : sans cette généreuse passion, il ne resteroit bientôt à l’amant que de la lassitude & de l’ennui. Voyez ce voluptueux délicat : il fait profession de mépriser tous les plaisirs grossiers, mais si vous le séparez de ses compagnons, il en sera comme d’une étincelle qui perd son éclat dès qu’elle est détachée du feu où elle contribuoit à l’embrasement général. En un instant sa vivacité s’éteint : assis seul à la table la mieux servie, il manque d’appétit : il préférera au repas le plus somptueux l’étude la plus seche, les spéculations les plus abstraites.

Mais jamais les affections sociales ne sont plus ravissantes, jamais elles ne brillent mieux, & devant les hommes, & aux regards mêmes de l’Être suprême, que lorsque dégagées de tout mélange terrestre, elles s’unifient au sentiment de la vertu, & nous portent aux grandes & belles actions. C’est alors que, semblables à des couleurs bien assorties, elles se prêtent réciproquement du lustre : c’est alors qu’elles élevent notre esprit, & annoblissent tout notre être. Douces liaisons de sang ! Vous êtes le triomphe de la nature ! Amour propre, plaisirs sensibles, disparoissez ! Quel spectacle plus beau que ce pere nageant dans la joie que lui cause la prospérité de ses enfans, & encore plus leur vertu ! Sont-ils menacés de quelque péril ? Regardez comment, à travers le fer & les flammes, il vole à leur secours !

Plus on épure ces généreux penchans, plus on est frappé de leur prix. Y a-t-il rien au-dessus de cette harmonie des esprits, de cette amitié fondée sur la reconnoissance & sur l’estime mutuelle ? Quelle satisfaction de pouvoir adoucir la détresse des misérables, verser la consolation dans les âmes affligées, relever ceux qui ont fait quelque chûte, mettre des bornes aux rigueurs d’un sort impitoyable, réprimer les injustes efforts des scélérats acharnés à la persécution & à la ruine des gens de bien ? Quelle suprême béatitude de pouvoir triompher, en même-tems, de la misere & du vice, en instruisant des créatures semblables à nous par de sages leçons & par de bons exemples, en leur apprenant l’art de dompter leurs passions, de réformer leur conduite, de soumettre les plus dangereux de tous leurs ennemis, ceux qu’ils nourrissent dans leur propre sein.

Mais tous ces objets sont encore trop bornés pour contenter un être qui se sent une origine céleste. Une famille, des amis, forment un cercle trop étroit pour y resserrer des affections que la Divinité elle-même a gravées dans son cœur. Sa bienveillance universelle s’étend jusques à la postérité la plus reculée. Regardant les loix & la liberté comme les deux sources du bonheur temporel, il est toujours prêt à se dévouer pour elles. Travaux, dangers, rien ne lui coûte ; la mort même a des charmes, lorsqu’il l’endure pour le bien public : elle élève au faîte des grandeurs celui qui se sacrifie pour les intérêts de son pays. Heureux l’homme à qui la fortune propice permet de payer à la vertu le tribut qu’il doit à la nature, de faire un généreux présent de cette vie qui devroit, tôt ou tard, lui être enlevée par une fatale nécessité !

Le vrai sage ! Le vrai patriote ! Grands & pompeux nous ! Vous réunissez toutes les qualités qui sont la gloire de la nature humaine, & qui la rapprochent de la nature divine ! En vous se trouvent compris le plus haut degré de bonté, la fermeté la plus héroïque, les sentimens les plus tendres, l’amour le plus sublime de la vertu. Rien n’égale les transports de l’homme pénétré de ses dispositions : il voit, pour ainsi dire, toutes ses passions montées à leur juste ton ; aucun son discordant ne sauroit détruire cette délicieuse harmonie. Si la contemplation des beautés inanimées, de ces beautés qui n’ont point de rapport avec nous, suffit pour nous extasier, quels doivent être les effets de la beauté morale ; de ces charmes dont notre intelligence s’embellit, & que nous savons être le fruit de nos propres réflexions, & de notre propre industrie !

Mais où existe la récompense de la vertu ? Faudra-t-il, sans attendre aucun salaire, lui sacrifier notre fortune & nos jours ? La nature n’a-t-elle point destiné de rémunération à d’aussi importans sacrifices ? Enfans de la terre ! Vous connoissez bien peu le prix de cette immortelle beauté. Si vous étiez touchés de ses attraits, vous ne vous informeriez point de sa dot. Sachez cependant que la nature a condescendu à votre foiblesse. Non, elle n’a point laissé nue & pauvre cette fille si tendrement chérie ; elle l’a comblée des biens les plus précieux : mais, de peur de ne lui attirer que des amans intéressés, elle cache aux yeux vulgaires les trésors dont elle l’a enrichie ; elle ne les fait briller qu’aux regards de ceux que son amour a déjà captivés. La gloire est le partage assuré à la vertu, la douce récompense des travaux honnêtes, la couronne triomphale qui orne également le front tranquille de citoyen généreux, & le front terrible du guerrier intrépide. Enflammé par de si grandes espérances, l’homme vertueux voit, avec un œil de mépris, tout ce que la volupté a de plus séduisant, tout ce que le danger a de plus redoutable. Le trépas même n’a rien qui puisse l’épouvanter : l’arrêt du destin ne s’étend que sur une partie de son être ; il fait que son nom bravera le tems & la mort ; & qu’au fort du choc des élémens, au milieu des vicissitudes du monde, ce nom, consacré à l’immortalité, ne sauroit périr.

Il y a certainement un Être qui préside sur l’univers : son immense pouvoir, son infinie sagesse, ont tiré l’ordre & l’harmonie de la confusion de l’antique chaos. Que l’homme spéculatif dispute jusqu’où vont les soins de cet Être bienfaisant ; qu’il recherche, s’il les borne à cette vie, ou si pour achever le triomphe de la vertu, il prolonge notre existence au-delà du tombeau ? L’homme moral, sans rien décider dans une matiere aussi épineuse, vit content de cette portion qu’il a plû au souverain dispensateur de lui assigner[1]. Si, dans une seconde vie de nouveaux bienfaits lui sont préparés ; il les acceptera avec reconnoissance mais dût-il en être frustré, il ne croira jamais avoir encensé une vaine idole en se dévouant à la vertu : il sait quelle est sa propre récompense : & il adore humblement la bonté du Créateur, qui, en le plaçant dans ce monde, la mis en état de faire une aussi glorieuse acquisition.

  1. Tout l’art de M. Hume ne fera jamais un homme moral de celui qui ne se met pas en peine, si nos espérances sont bornées à cette vie, ou si elles peuvent s’étendre au-delà. Puisque le magnifique étalage de sentimens qui a précédé, devoit nous conduire à ce dénouement, on peut dire que notre philosophe n’a fait qu’orner la victime pour le sacrifice. Note de l’Éditeur.