Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville/De feu, d’horreur, de mort, de peine, de ruyne

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XIX.



De feu, d’horreur, de mort, de peine, de ruyne,
Jours, nuicts, ans, temps, momens, je me sens tourmenté,
Et sous les fers meurtriers de ma captivité,

Je voy l’amour cruel qui mon ame ruyne.

Je me perds de langueur, de douleurs je me mine,
Ma vie fuit de moy par trop de cruauté,
Et de mortels desdains mon esprit agité
Sent le dernier effort qui ma vie termine.

Vous filles de la nuict, vous fureurs eternelles,
Vous qui froissez là bas dessous vos mains cruelles,
Les esprits eschappez du monde & de leurs corps,

Chassez par vos rigueurs la rigueur de ma gesne
Et si la peine peut se chasser par la peine,
Faites fuir de moi par ma mort mille morts.