Les Stoïques/Bonheur

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Les StoïquesAlphonse Lemerre, éditeur (p. 24-25).
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BONHEUR.


Et les beaux jours sont pour moi
les plus pénibles
Sénancourt.


Été vertigineux, négation des pleurs,
Nuits blanches, soirs dorés, aubes resplendissantes,
Épanouissement d’étoiles & de fleurs,
Ivresse magnétique aux effluves puissantes :
Été vertigineux, négation des pleurs !

La nature aujourd’hui rit de son large rire
Et la vibration en émeut les forêts.
D’un trait d’or le soleil au zénith vient l’écrire,
La joie en a couru des vignes aux guérets :
La nature aujourd’hui rit de son large rire.


Notre faiblesse est grande à porter le bonheur,
Le vent n’est pas si fort que cette douce haleine.
Cependant que la terre exaltait le Seigneur,
Mon âme a débordé comme une coupe pleine.
Notre faiblesse est grande à porter le bonheur.

Nous n’avons plus la foi de l’heure inespérée.
Sur ma lèvre tremblaient les mots du paradis,
Ceux par qui le ciel s’ouvre à l’extase sacrée.
Ces mots que je savais, je ne les ai pas dits.
Nous n’avons plus la foi de l’heure inespérée.

Le cœur énervé cède à la fatalité.
Quand vient l’amour avec le bonheur pour amorce,
Nous le regardons fuir d’un œil désenchanté,
Nous demeurons passifs, nous n’avons pas la force.
Le cœur énervé cède à la fatalité.