Les Stratagèmes (Frontin)/Trad. Bailly, 1848/Livre IV/Préface

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Texte édité et traduit par Charles Bailly, 1848.
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PRÉFACE.

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Après avoir recueilli des stratagèmes, fruits de mes nombreuses lectures, et les avoir classés avec un soin scrupuleux, pour remplir les promesses des trois premiers livres, si toutefois je les ai remplies, je vais présenter dans celui-ci des exemples qu’il ne me paraissait guère possible de faire entrer dans le même cadre que les autres, parce qu’ils appartiennent plutôt à la stratégie qu’aux stratagèmes : aussi, malgré leur importance, ils ont dû être séparés des premiers, étant d’une nature différente au fond ; et, si je les rapporte, c’est dans la crainte que le lecteur qui, par hasard, en rencontrerait ailleurs quelques-uns ne soit entraîné, par des ressemblances, à me reprocher des lacunes. C’est donc un complément que je dois donner ; et dans ce livre, comme dans les autres, je m’efforcerai d’observer les divisions par espèces.

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1. Exempta potius strategicon, quam strategematicon. Cette distinction est justifiée par la plupart des exemples qui composent ce quatrième livre : car tout ce qui a trait à la discipline des armées, à l’exactitude du service, à la force morale du soldat ; toutes les qualités et tous les moyens par lesquels un chef inspire de la confiance à ses troupes, et exerce un ascendant réel, même sur des nations ennemies ou étrangères, sont des choses qui ressortissent à la stratégie, ou qui, du moins, ont des rapports de dépendance ou de cause plus ou moins directs, mais évidents, avec cet art de tracer des plans de campagne et d’en diriger l’exécution ; avec ce pouvoir de faire concourir au même but toutes les parties d’une armée, et de maintenir, au milieu de la diversité des mouvements, une parfaite unité d’action, en un mot, de diriger les masses. Mais à côté de ces exemples bien placés ici, on en trouvera, dans plusieurs chapitres, quelques-uns qui n’appartiennent ni à la stratégie, ni à la tactique, et qui, par conséquent, ne répondent pas aux titres sous lesquels ils sont compris dans ce nouveau recueil. Y ont-ils été introduits par des copistes ? ou l’auteur a-t-il, par instants, perdu de vue ses propres divisions ? Il y a même, notamment dans les chapitres vi et vii, des faits déjà mentionnés dans le premier livre, comme exemples de stratagèmes, et reproduits textuellement dans celui-ci.

2. Similitudine inducti prætermissa opinarentur. Malgré les caractères distinctifs qui ont fait séparer des stratagèmes proprement dits les exemples contenus dans ce livre, il faut reconnaître qu’un certain nombre de ceux-ci ont avec les premiers des points de contact et des analogies de temps ou de circonstances : un fait stratégique au fond, peut tenir en même temps du stratagème. Or le lecteur qui aurait trouvé dans l’histoire un fait de ce genre, et qui, ne l’envisageant que sous ce dernier point de vue, c’est-à-dire comme stratagème, ne l’aurait pas vu cité dans les trois premiers livres, eût pu accuser Frontin de l’avoir ignoré ou omis, et d’avoir laissé une lacune. C’est pour prévenir ce reproche que l’auteur complète ainsi son ouvrage.


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