Les Voleurs (Vidocq)/dico1/V

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V

VADE, s. — Foule, multitude, rassemblement.

VACQUERIE (Aller en), v. a. — Sortir pour aller voler.

VALLADE, s. f. — Poche de derrière d’un habit.

VALTREUSE, s. f. — Valise. Terme des Roulottiers parisiens.

VALTREUSIER, s. m. — Voleur de portemanteau, valise et malle.

Les étrangers qui arrivent à Paris par la malle-poste, les diligences ou toutes autres 198 VAN—VEL voitures publiques, ne sauraient trop se mélier de ces individus qui ne manqueront pas de venir leur faire des olïres de services à leur descente de la voiture, car il est rare qu’il n’y ait parmi eux quelques Valh·¢usi¢r.r. Les Pullmaszkrs, comme les commissionnaires dont ils ont emprunté le costume, se chargent de porter à l’hôtel les malles et bagages du voyageur qui a bien voulu les charger de ce soin. Pour se mettre à l’abri de leurs atteintes, il ne faut pas perdre de vue un seul instant celui quel’on a chargé de ses hagages, surtout au détour des rues, et s’il survient un embarras de voitures. Les V alt1·¢uszkr.r connaissent toutes les sinuosités, tous les passages de Paris, aussi ils savent disparaître comme l’éclair. Si l’on ne veut pas être volé par les Pullmsàsrs, il ne faut se servir que des commissionnaires spécialement attachés à l’administration des voitures que l’on vient de quitter, ou, ce n qui vant mieux encore, prendre un liacre.

vanage (faire un). — Faire gagner d’abord celui qu’on veut duper plus tard. Ce terme n’est employé que par les voleurs et joueurs de province.

VELO, s. m. — Postillon. VELOSE, s. f. — Poste aux chevaux.

VERMINE, s. m. — Avocat, défenseur.

VENTERNE, s. m. — Fenêtre.

venternier, s. m. — Voleur qui s’introduit dans l’intérieur des appartements par les croisées laissées ouvertes.

Les premiers vols à la venterne furent commis, à Paris, en 1814, lors de la rentrée en France des prisonniers détenus sur les pontons anglais ; ceux de ces prisonniers qui précédemment avaient été envoyés aux îles de Ré et de Saint-Marcou, étaient pour la plupart d’anciens voleurs ; aussi, à leur retour, ils se formèrent en bandes et commirent une multitude de vols ; dans une seule nuit plus de trente vols commis à l’aide d’escalade vinrent effrayer les habitans du faubourg Saint-Germain, mais peu de temps après cette nuit mémorable, je mis entre les mains de l’autorité judiciaire trois bandes de Venterniers fameux ; la première, composée de trente-deux hommes, la seconde de vingt-huit, et la troisième de seize ; sur ce nombre total de soixante-seize, soixante-sept furent condamnés à des peines plus ou moins fortes.

Il serait facile de mettre les Venterniers dans l’impossibilité de nuire ; il suffirait pour cela de fermer à la tombée de la nuit, et même durant les plus grandes chaleurs, toutes les fenêtres, pour ne les ouvrir que le lendemain matin.

Les savoyards de la bande des fameux Delzaives frères, étaient pour la plupart d’adroits et audacieux Venterniers.

Un vol à la venterne n’est quelquefois que les préliminaires d’un assassinat. Des Venterniers voulaient dévaliser un appartement situé à l’entresol d’une maison du faubourg Saint-Honoré ; l’un d’eux entre par la fenêtre, visite le lit, ne voit personne, bientôt il est suivi par un de ses camarades, et tous deux se mettent à chercher ce qu’ils espéraient trouver, mais bientôt ils aperçurent une jeune dame endormie sur un canapé ; elle avait au col une chaîne et une montre d’or ; elle roupille, dit à son compagnon, l’un des Venterniers Delzaives, surnommé l’Écrevisse, il faut pesciller le bogue et la bride de jonc (il faut prendre la chaîne et la montre d’or) ; mais si elle crible (crie), répond le second Venternier, le nommé Mabou, dit l’Apothicaire ; si elle crible dit encore l’ Écrevisse, on lui fauchera le colas (on lui coupera le col). La jeune dame qui paraissait endormie, et qui entendait, sans en comprendre le sens, les paroles que prononçaient les voleurs, eut assez de prudence et de courage pour feindre de toujours dormir profondément ; aussi il ne lui arriva rien.

Le receleur de la bande dont Delzaives, dit l’Écrevisse, était le chef, se nommait Métral, et était frotteur de l’impératrice Joséphine. On trouva chez lui des sommes considérables.

J’ai fait aux voleurs de la bande de Delzaives une guerre longue et incessante, et je suis enfin parvenu à les faire tous condamner.

VERBE (Salir sur le), v. a. — Vendre à crédit.

VERDOUZE, s. f. — Pomme.

VERDOUZIER-ère, s. — Fruitier, fruitière.

VERGNE, s f. — Ville.

VERGNE MEC, s. f. — Ville capitale.

VERSIGOT, s. — Versailles.

VERT EN FLEURS. — (Voir Emporteur, Emportage à la Cotelette.)

* VERVER, v. a. — Pleurer.

* VEUVE, s. f. — Potence.

VICELOT, s. m. — Petit vice, défaut de peu d’importance.

VIGIE. — Les conducteurs de diligences ou de voitures publiques ne sauraient exercer une 202 VIG

trop grande surveillance lorsqu’ils auront sur l’impériale de leur voiture des sacs d’argent et en même temps des voyageurs ; car les individus qui, par goût ou par raison d’économie, ’veulent toujours y être placés, sont très-souvent des voleurs à la Vague, qui ne laissent pas échapper, si elle se présente, l’occasion de s’emparer des objets ou du numéraire placés près d’eux.

Voici comment procèdent ordinairement les ’voleurs à la Vigie :

L’un d’eux retient une place sur la voiture qu’il veut débarrasser d’une partie de son chargement, et un complice qui sait à quel endroit et quel moment il exploitera, se rendra à l’avance au lieu convenu, et lorsque la voiture y arrive à son tour, il attend pour se mettreà son poste que la I/igzie lui ait fait un signal ; si les voleurs désirent s’emparer d’un sac d’argent, Q celui d’entre eux qui est placé sur l’impériale de p la voiture attache le sac, le laisse couler jus- j qu’à terre, puis il lâche la corde ; si au con- J traire ils ont jeté leur dévolu sur des valises 0¤ r des petits paquets, il les jette tout simplement sur la route, le complice les ramasse’, et tout ( est dit. I

Deux vols à la Vigie viennent d’être commis aux environs de Paris. Les vols à la Vigie ont été inventés, dit-on, par le nommé Salvador, célèbre voleur du Midi, guillotiné au bagne pour avoir blessé un argousin.

VILLOIS, s. m. — Village.

VINGT-DEUX, s. m. — Couteau. Terme des voleurs flamands et hollandais.

VIOCQUE, s. m. — Vieux.

VIOCQUIR, v. a. — Vieillir.

VIOLON (Sentir le), v. a. — Etre sur le · point de devenir misérable. VlOLONÉ-ÉE, s. — Celui ou celle qui est misérable, mal vêtu. ·

VISE AU

TREFFLE, s. m.—Apothicaire.

VOL AU

VENT, s. f. — Plume.

VOLANT, s. m. — Pigeon. ’..

VOLANT, s. m. — Manteau. .

VOUZAILLES, p. p. — Vous.

VOYAGEUR (Vol. au). — Les vols au Voyageur se commettent tous les jours à Paris ou aux environs. Voici comment procèdent les voleurs qui emploient ce truc. L’un d’eux se met en embuscade sur l’une des grandes routes qui conduisent à Paris, et il 204 VOY.

reste au poste qu’il s’est assigné jusqu’à ce qu’il avise un voyageur doué d’une physionomie convenable, et porteur d’un sac qui paraisse lourd et bien garni. Lorsqu’il a trouvé ce qu’il cherchait, le voleur s’approche. Tout le monde sait que rien n’est plus lacile que de lier conversation sur la grande route. À Eh bieulcamzr h rade, dit-il au pauvre diable qui chemine vers la capitale, courbé sous le poids de son havre-. sac, vous allez à Paris, sans. doute. —oui, monsieur, répond le voyageur.—ll est, dit-on, ’bien facile d’y faire fortune, aussi je fais comme vous. Connaissez-vous Paris ? — Ma foi non, je n’y suis jamais venu. — Absolument comme moi, je ne connais ni la ville ni ses habitons ; aussi, comme il n’est pas très-agréable de vivre tout-à fait seul, nous nous logerons dans le même hôtel. ~ Cette proposition, faite par un étranger, ne surprend pas un étranger, aussi. elle est ordinairement acceptée avec empresse ment. Les deux nouveaux camarades s’arrêt0¤1 au premier cabaret qui se trouve sur leur chemin, boivent une bouteille de vin, que le veleur veut absolument payer, et continuelâ marcher de compagnie. « Vous avez un sac qui parait tliablement lourd, dit le voleur. —|l VOY 205

n’est effectivement pas léger, répond le voyageur ; il contient tous mes effets et une petite somme d’argent.—.I’ai mis mon bagage au roulage ; on voyage plus commodément lorsque l’on n’est pas chargé. -·— J’aurais du faire comme vous, répond le voyageur à cetteob- ’ nervation, en donnant un léger coup d’épaule. —Vou€ paraisse : fatigué, permettez-moi de porter votre sac un bout de chemin. — Vous ètes trop bon’. — Donnez donc. » Le voyageur, charmé de pouvoir alléger un peu ses épaules, quitte son sac, qui passe sur celles du voleur, qui parait ne pas s’apercevoir du poids qui les surcharge. Enfin, on arrive à Paris ; on ne sait où descendre, mais avec une langue on arriverait à Rome. Aussi les deux nouveaux habitans de la capitale ont bientôt trouvé une hôtellerie. Le voleur y dépose le sac qu’il n’a pas quitté, et, comme il faut, dit-il, qu’il aille chercher de l’argent chez un parent ou un. ami de sa famille, il sort et prie le voyageur de l’accompagner. Le voleur, qui connaît parfaitement Paris, fait faire à son compagnon mille tours et détours, de sorte que celni-ci croit être à une Iieue au moins de l’hôtellerie lorsqu’il n’en est qu’à cent ou cent-cinquante pas. 206 VOY—VRl Je viens enfin de trouver mon oncle, lui dit enlîn le voleur, ayez la bonté de m’attendre dans ce cabaret, je ne fais que monter et descendre. ~ Lorsque le voyageur est installé devant une bouteille à quinze, le voleur, au lieu h de monter chez son oncle, court bien viteà Pauberge, s’excuse auprès de Paubergiste de ce qu’il ne loge pas chez lui, et demande le sac, qu’on lui remet sans difficulté, puisque c’est lui qui l’a apporté. ’ VRIMALION, s. l’. — Ville.

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