Les conférences des instituteurs allemands

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LES CONFÉRENCES DES INSTITUTEURS ALLEMANDS.


I

… « Et surtout nous ordonnons aux pasteurs… de tenir tous les mois, au presbytère, une conférence avec les maîtres d’école « in Matre und Filialen » (de la paroisse et des annexes), et de leur prescrire « le pensum » qu’ils devrons traiter pour le catéchisme et autres matières, de leur indiquer quel cantique, quel psaume, quel verset de la Bible ils devront faire apprendre par cœur à leurs élèves.

» Les pasteurs leur montreront comment ils auront à noter les points principaux du sermon du dimanche, afin d’interroger les enfants sur cet objet ; ils leur signaleront les lacunes qu’ils auront constatées dans leur inspection quant à la méthode, à la discipline, à tels autres points faibles, afin que les maîtres d’école puissent convenablement remplir leurs devoirs. »

Voilà ce qu’écrivait le roi de Prusse dans l’article 95 des General-Land-Schul-Reglement du 12 août 1763, l’année même où il finissait la guerre de Sept ans en annexant la Silésie à son. royaume. Frédéric II n’était pas seulement un conquérant ; il était aussi un pédagogue.

Cette disposition de son Règlement général des écoles contient le germe de l’institution des conférences d’instituteurs en Allemagne.

Mais Frédéric ne se contenta pas de promulguer cette remarquable ordonnance ; il savait se faire obéir : « Le pasteur qui, contrairement à mon attente, se sera montré négligent dans la visite des écoles et dans les autres devoirs que lui impose ce règlement, ou qui n’aura pas assujetti les sacristains et instituteurs à l’observation scrupuleuse de ces prescriptions, sera averti d’abord ; s’il ne tient pas compte de cet avertissement, suspendu « cum effectu » pour un certain temps, et, s’il y avait. nécessité, frappé même de révocation… car nous voulons expressément que les pasteurs considèrent l’instruction et l’éducation de la jeunesse comme une des principales et plus importantes parties de leur mission. »

Les ordres du roi furent exécutés ; les conférences eurent lieu. Paroissiales d’abord, elles ne tardaient pasà devenir cantonales, pour s’étendre ensuite aux districts et aux provinces. Plus tard l’institution franchit les frontières de la Prusse pour s’acclimater dans les autres États allemands. En 1830, presque toute l’Allemagne avait ses conférences d’instituteurs.

L’autorité scolaire encouragea, provoqua, dirigea ces réunions. Il va sans dire qu’à mesure que le personnel enseignant s’améliora, que le niveau de l’instruction primaire s’éleva, l’inspecteur local n’avait plus à tracer à l’instituteur son travail jour par jour. On pouvait faire un pas en avant, entreprendre des travaux pédagogiques. Ainsi des instructions des gouvernements provinciaux de 18928, 1839, 1836, prescrivent aux pasteurs et curés, inspecteurs des écoles, de réunir et de présider en personne les conférences des instituteurs et aspirants-instituteurs de leurs circonscriptions chaque premier mercredi du mois, d’indiquer à l’avance fes catéchisations et autres travaux écrits qu’ils auront à préparer, et de faire faire alternativement par chaque instituteur des leçons d’épreuve aux enfants d’une école convoquée à cet effet ; « d’aider ainsi les maîtres plus âgés qui n’ont pas été formés dans les nouveaux séminaires d’instituteurs, ou les maîtres moins doués que leurs collègues, à se familiariser avec de meilleures méthodes d’enseignement ; et de tirer profit, pour la préparation des aspirants, du savoir des instituteurs intelligents et distingués qui possèdent une instruction plus avancée. »

Tout le programme des conférences d’instituteurs est résumé dans ces recommandations : familiariser les anciens avec les nouvelles méthodes, faire profiter les plus jeunes de l’expérience des anciens ; les unir tous, jeunes et vieux, par les liens de la confraternité.

Mais peu à peu des conférences libres s’ouvrirent à côté de ces réunions officielles, obligatoires, dirigées par les chefs hiérarchiques des instituteurs. Seulement cette fois l’initiative partit des petits États. La Prusse, au lieu de favoriser les conférences libres comme elle l’avait fait pour les conférences officielles, les vit de mauvais œil, et les interdit. Elle fut d’ailleurs initiée en cela par l’Autriche et par la Bavière. Aussi les conférences libres se développèrent-elles plus particulièrement dans les États secondaires et principalement dans les duchés saxons et dans la Saxe royale.

II

Vint le mouvement de 1848, et ce cri universel qui parcourut la Confédération de la Baltique aux Alpes, du Rhin à la Vistule : l’Allemagne sera une, et Francfort sa capitale. Et c’est cette même année que des instituteurs saxons et hambourgeois convièrent tous leurs collègues allemands à se réunir en une grande assemblée des instituteurs qui se donnait pour mission de porter dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement primaires unité qu’on n’avait pas réussi à mettre dans l’organisation du pays.

Nous avons montré ailleurs[1] quelle fut la fortune diverse de cette Assemblée générale des instituteurs allemands (allgemeine deutsche Lehrerversammlung) de 1853 à 1874 ; comment elle fut d’abord poursuivie par la Prusse qui défendit à ses instituteurs d’v prendre part ; comment Ernest II, duc de Saxe-Cobourg-Gotha, « le plus Allemand des princes allemands », la sauva en accueillant les instituteurs trois fois dans son duché ; comment le nombre des membres du Congrès alla sans cesse en augmentant en s’élevant de 200 à 300 au début, à 2,000 et à 3,000 ; comment, à partir de 1863, et surtout à partir de 1866, le Congrès prenait un caractère politique grand-allemand d’abord, puis prussien ; comment, après avoir chanté à Mannheim, en 1863, la patrie allemande, le peuple allemand, les écoles allemandes, l’unité allemande, la charrue et le glaive allemands, les frontières allemandes « non loin en deçà de Paris », après avoir acclamé une Allemagne une et grande, avec la suppression de l’Autriche et de la Prusse, et Francfort pour capitale, l’Assemblée siégea en 1869 à Berlin, et fut heureuse et fière de l’épithète de fidèles compagnons d’armes que le prince de Bismarck donna à ses membres en 1874 à Breslau.

Le Congrès n’avait plus ce caractère exclusivement pédagogique et scolaire des premiers jours ; il était devenu une assemblée politique, un instrument de la Prusse toute puissante.

III

Avant de continuer l’histoire, du Congrès depuis 1874, il convient de rappeler comment fonctionne cette assemblée qui n’a ni statuts, ni règlement, ni budget. Les membres qui y assistent élisent le président de la session et les deux vice-présidents. Le dernier jour de la session, ils élisent également une commission permanente, ou plutôt ils renouvellent les pouvoirs de la commission existante, qui est chargé d’organiser le Congrès suivant. Cette commission s’entend avec les municipalités et les instituteurs de la ville désignée pour le prochain rendez-vous. Elle provoque la création d’un comité local qui prépare la réception des adhérents et le programme de l’emploi des trois jours. Pour être membre il suffit d’appartenir à l’enseignement à quelque titre que ce soit, comme instituteur, ou professeur, ou directeur, ou inspecteur, ou membre d’un comité scolaire, et de verser une cotisation de 3 à 4 francs, dont le produit sert à subvenir aux frais divers du Congrès : logements à prix réduits, correspondance, location des salles, impressions, sténographie, fêtes. L’excédant des recettes est consacré à une œuvre d’instruction primaire.

On le voit : assemblée ouverte à tous ; peu ou point de réglementation ; mécanisme ingénieux dans sa simplicité.

Il faut ajouter que le Congrès est dirigé, depuis sa fondation, par une Commission permanente qui a la confiance du personnel des instituteurs : MM. Hoffmann, inspecteur à Hambourg, élu président chaque année depuis 1851 ; Berthelt, inspecteur à Dresde, rédacteur du Journal général des instituteurs, organe du Congrès ; Dr Maurice Schulze, surintendant et inspecteur du duché de Saxe-Gotha, secrétaire de la Commission permanente.

Il a successivement étudié toutes les questions pédagogiques que peuvent soulever l’organisation scolaire d’un pays et les méthodes d’enseignement à suivre pour assurer aux enfants des écoles une instruction suffisante et une bonne éducation. Pour s’en faire une idée, il suffit de repasser la liste des principaux objets traités dans ces assemblées depuis 1849 jusqu’à ce jour.

1849. Nuremberg. — Préparation des instituteurs (écoles normales) ; — école primaire commune aux enfants de toutes les classes.

1851. Hanovre. — L’enseignement des notions de sciences à l’école primaire ; — les qualités d’un bon livre de lecture ; — les associations en faveur des écoles ; — les bibliothèques populaires.

1852. Gotha. — La prière à l’école primaire ; — le développement de l’éducation nationale allemande.

1833. Salzungen. — L’instruction religieuse et morale à l’école primaire ; — les jardins d’enfants considérés comme préparation et introduction aux écoles primaires.

1854. Pyrmont. — L’enseignement de l’histoire ; — l’importance et la nécessité d’une statistique scolaire ; — la gymnastique à l’école primaire.

1855. Hambourg. — L’enseignement maternel ; — l’enseignement géographique ; — les rapports de l’instituteur avec les familles ; — l’enseignement du calcul ; — ce que le maître peut apprendre de son élève.

1856. Gotha. — L’enseignement pratique de la langue parlée et écrite ; — l’amour du travail ; — nécessité pour l’instituteur de comprendre l’agriculture, les connaissances usuelles et l’économie domestique dans son programme d’enseignement.

1857. Francfort. — Éducation des filles.

1858. Weimar. — Hygiène scolaire ; — discipline dans les écoles de filles et dans les écoles de garçons ; — enseignement agricole.

1860. Coethen. — Enseignement de la botanique à l’école normale et à l’école primaire ; — enseignement des écoles de filles et des écoles de garçons.

1861. Coethen. — L’instituteur allemand ; — l’instruction religieuse chrétienne ; — pourquoi la collaboration des institutrices dans la direction et l’enseignement des écoles de filles est désirable ? — l’enseignement de la littérature dans les écoles. normales.

1862. Géra. — Principes qui doivent présider à la confection d’un programme d’enseignement ; — l’éducation du caractère ; — la mission des femmes ; — l’instruction formelle et l’instruction matérielle.

1863. Mannheim. — Que doit faire l’école primaire pour éveiller et développer l’amour de la patrie ? — le peuple allemand, les écoles allemandes, les instituteurs allemands ; — — l’enseignement par la mémoire, par l’intelligence ; — la pédagogie dans les œuvres d’Uhland ; — l’enseignement de l’histoire naturelle dans les écoles normales ; — l’organisation d’une école à plusieurs classes ; — l’école doit-elle être un établissement de l’État ou un établissement communal ?

1865. Leipzig. — Le but et la signification de l’assemblée générale des instituteurs allemands ; — l’école de l’avenir ; — la législation scolaire appropriée à la société moderne.

1867. Hildesheim. — Comment l’école doit-elle combattre la superstition ? — quel est le devoir de l’école en présence du service militaire obligatoire ?

1868. Cassel. — Les synodes scolaires ; — l’éducation théorique et pratique à l’école primaire ; — l’obligation de l’État de pourvoir à l’éducation des enfants pauvres.

1869. Berlin. — La Prusse et la pédagogique allemande ; — la science et son enseignement sont libres ; — le travail et le capital.

1870. Vienne. — La préparation des instituteurs, l’organisation des écoles normales, la création d’une chaire de pédagogie à chaque université ; — la religion et la science ; — la création d’une association générale de tous les instituteurs allemands ; — l’éducation des femmes.

1872. Hambourg. — L’école nationale allemande ; — l’inspection des écoles ; elle doit être confiée à des inspecteurs pris dans le corps des instituteurs ; — l’école primaire engagée dans une voie fausse et périlleuse ; il faut qu’elle soit un établissement d’éducation avant d’être un établissement d’instruction ; — l’influence de la situation et des tendances politiques, religieuses et sociales sur l’école primaire ; — les programmes d’enseignement,

1876. Erfurt. — L’action disciplinaire de l’école ; — moyens à employer pour améliorer l’éducation et la moralisation du peuple allemand.

1877. Furth. — Quelles doivent être les qualités de l’inspecteur de l’enseignement primaire ? — à l’école il faut préparer les enfants non pour l’école, mais pour la vie ; — la réforme de l’orthographe allemande. — Nécessité d’une statistique scolaire uniforme.

IV

Le Congrès ne s’est pas réuni en 1875. Augsbourg et Nuremberg avaient été indiqués comme lieu de réunion, mais les deux villes ne purent le recevoir, et on désigna Darmstadt. Mais cette ville ne se soucia sans doute pas de voir dans ses murs une assemblée qui l’année précédente avait prêché l’absorption des petits États par la Prusse ; elle prétexta le manque de logements, et l’autorité militaire, à laquelle on s’était adressé pour obtenir le matériel nécessaire pour transformer les écoles en vastes dortoirs, ne put ou ne voulut pas faire droit à la demande du comité local.

Les réunions trop nombreuses de Berlin, de Vienne, de Hambourg, de Breslau, les questions irritantes qui y furent portées à l’ordre du jour, l’agitation auxquelles elles donnèrent lieu dans la presse, firent réfléchir les promoteurs du Congrès. Ils se demandèrent s’il ne valait pas mieux provoquer des assemblées moins nombreuses, composées uniquement de membres qui y viennent pour faire un travail sérieux avec le désir de s’instruire et d’apporter à leurs collègues les fruits de leur expérience ; et surtout s’il ne convenait pas de veiller au nombre et au choix des orateurs, au lieu de donner la parole au premier venu sur la première question venue.

« Recherchez la qualité plutôt que la quantité des discussions que vous abordez, leur dit un instituteur rédacteur d’un journal pédagogique silésien, jugez l’assemblée non par le nombre, mais par la valeur de ses membres ; si c’était possible, écartez tous ceux qui n’y viennent que pour faire à peu de frais un voyage amusant, voir du pays et passer une semaine agréable avec des collègues. Moins le Congrès est nombreux, plus il sera facile de discuter et d’étudier sérieusement, d’éviter des débats extravagants, d’arriver à des résolutions pratiques. Et surtout faites un choix sévère dans les rapports proposés. Exigez que ces rapports soient annoncés six semaines à l’avance par le journal général des instituteurs allemands. Jusqu’ici vous vous êtes contentés de faire connaître les questions annoncées par leur simple titre. Qu’arrivait-il alors ? L’instituteur qui éprouvait le besoin de parler, préparait à l’avance son petit discours pour ou contre, et cherchait à le placer quand même pour que son nom figure au journal… ce qui donnait souvent à nos comptes rendus un aspect fort singulier.

» Il est certain que nos réunions, composées d’instituteurs accourus de tous les États de l’Allemagne, devaient avoir quelque chose de disparate ; les opinions les plus contradictoires s’y rencontraient ; il leur manquait l’ensemble et l’harmonie nécessaire pour marcher vers un but bien déterminé. Eh bien, ce sera précisément un des résultats atteints par le Congrès de mettre dans le corps des instituteurs cette homogénéité qui lui manque, et cette unité de vues si désirable sur les grandes questions d’éducation et d’instruction, de leur inspirer cet esprit pédagogique de Pestalozzi, qui est toujours encore notre maître à tous.

» Il n’en est pas de même des questions d’organisation, qui diffèrent nécessairement d’un État à l’autre ; ce qui est vrai pour la Prusse ne l’est plus pour la Bavière ; ce qui convient à nos anciennes villes libres, où règne l’esprit communal et républicain, ne peut pas s’appliquer au féodal Mecklenbourg, où le patron du village a des pouvoirs presque souverains. Ces questions-là sont du domaine des conférences provinciales. Vouloir les discuter dans les grandes assises du Congrès, c’est battre de la paille vide.

» Ne vous contentez pas de demander que les rapports soient annoncés par leur titre seulement. Exigez que l’orateur fasse connaître, explicitement et. en détail, les différents points sur lesquels portera son discours, et les résolutions qu’il se propose de soumettre au Congrès. Et, avant tout, limitez le nombre des orateurs admis à prendre la parole sur le discours du rapporteur. N’admettez les propositions nouvelles ou amendements introduits dans les thèses annoncées que s’ils sont présentés par écrit et signés par trente membres au moins. Et enfin, quand il s’agit de voter, ne procédez pas par main levée dans une assemblée de 2 à 3,000 personnes dont les deux tiers ne savent pas de quoi il s’agit. On ne peut appeler cela une assemblée libre discutant sérieusement sur des questions bien élucidées et bien comprises. Il peut arriver facilement que ces résolutions soient enlevées par un petit nombre de meneurs. Réservez les votes à la commission permanente et aux délégués des différentes conférences provinciales. »

Ces recommandations sensées et pratiques, sorties de la plume d’un homme qui a l’expérience des assemblées délibérantes, — il est membre de la Chambre des députés, — étaient faites au mois d’avril 1874 et publiées dans l’organe du Congrès. Elles n’empêchèrent ni les extravagances de langage ni les résolutions irréfléchies de Breslau.

La Commission permanente, de son côté, se préoccupa vivement d’une situation qui menaçait de déconsidérer le Congrès, et elle profita de l’interruption des séances de l’Assemblée en 1873 et en 1874, pour convoquer les représentants des conférences d’instituteurs les plus considérables à des sessions, restreintes à trente ou quarante membres, tenues à Cassel en 1873 et à Gotha en 1875.

V

Dans un autre milieu, à Berlin surtout et à Leipzig, de jeunes instituteurs prussiens et saxons, À opinions plus avancées, essayèrent dès 1871 de fonder, une Association des instituteurs allemands (deutscher Lehrerverein), qui, si elle parvient à se substituer au Congrès, en changera complètement le caractère. Cette association a pour but, d’après l’article 1er de ses statuts : de donner à l’école primaire une situation conforme au rôle qu'elle joue dans l’État ;

Élever le niveau de l’instruction des maîtres ;

Amener une organisation scolaire conforme à l’état actuel de la science pédagogique ;

Obtenir une dotation suffisante de l’instruction primaire ;

Assurer à l’instituteur une situation en rapport avec l’importance de ses fonctions ;

Confier la surveillance et la direction des écoles à des hommes du métier.

Comme moyen d’arriver à ce but, l’article 2 recommande à ses membres l’étude, les lectures, le travail personnel, les travaux dans les conférences cantonales, la participation à toutes les sociétés d’instruction primaire et d’éducation ; la diffusion par la voie de la presse de notions exactes sur la véritable mission de l’école primaire, et par conséquent l’action sur les assemblées législatives et les gouvernements.

Le Conseil d’administration se compose des présidents de toutes les conférences d’instituteurs qui sont affiliées à l’association, lequel nommera dans son sein un Comité central.

Il devra y avoir chaque année une assemblée des délégués des différentes conférences, à raison d’un délégué par cent membres adhérents. Mais le comité central peut convoquer des assemblées générales de tous ses membres. Le budget de l’Association se compose des cotisations fixées au chiffre très-modeste de 10 pfennings (12 1/2 centimes ) par an et payées par tous les membres des conférences affiliées. Comme mesure transitoire, le comité central de l’Association devra s’entendre avec la commission permanente du Congrès existant, provoquer, s’il est possible, une fusion avec le Congrès.

À la place d’une assemblée libre, ouverte, il s’agissait de mettre une association formée, réglementée, reconnue par le gouvernement, englobant peu à peu toutes les conférences particulières des États allemands.

Les anciens membres, les fondateurs du Congrès, s’opposent depuis plusieurs années à ce projet de fusion ; ils ne veulent pas laisser absorber une institution vieille de trente ans par une association nouvelle, à laquelle certains reprochent, à tort ou à raison, de vouloir faire de la propagande démocrate-socialiste sur le terrain de la pédagogie.

Les promoteurs et partisans de l’Association reconnaissent le bien produit depuis 1849 par le Congrès, mais ils voudraient que cette assemblée pût parler, peser sur les gouvernements et sur l’opinion publique, avec l’autorité d’une association ayant une existence légale.

Les partisans du Congrès répondent que c’est précisément son caractère d’assemblée libre qui lui a permis de traverser la période critique de 1853 à 1860 ; qu’il est difficile de concilier une réglementation et des statuts uniformes avec les législations diverses sur les associations dans les différents États, — ainsi la loi de la Bavière interdit aux associations de ce pays de s’affilier in corpore à une association étrangère ; — que les étrangers et notamment les Autrichiens et les Hongrois de langue allemande ne pourraient plus prendre part au même titre aux séances du Congrès, lequel cesserait alors d’être une assemblée ouverte à tous.

Dans la réunion de Gotha en 1875, on essaya la conciliation, et on décida que la commission permanente du Congrès et le comité central de l’Association des instituteurs allemands convoqueraient, de concert, en 4876, à Erfurt, une assemblée générale des représentants des diverses conférences des instituteurs allemands, à raison d’autant de délégués que les conférences comptent de fois cent membres, lesquels délégués auront seuls droit de vote.

(A suivre.)

G. Jost,
Inspecteur de l’enseignement primaire à Paris.

  1. Les Conférences des instituteurs allemands. — 21e Congrès tenu à Breslau en 1874 (Ch. Delagrave, Paris, 1877).